42 Marie-Pierre Tremblay-Bruyère, bénévole

Catherine Paquet

Marie-Pierre Tremblay-Bruyère est une jeune femme qui travaille comme analyste de solutions d’affaires. Dans son temps libre, elle aime voyager et découvrir de nouvelles cultures. Marie-Pierre est titulaire d’une maîtrise en développement international et en gestion de l’action humanitaire. En 2012, dans le cadre d’un stage en approvisionnement et logistique, elle s’est rendue en République Démocratique du Congo pendant huit mois. Elle est très généreuse et aime aider les gens dans le besoin. Ce qu’elle aime le plus des autres cultures, c’est leur façon différente de voir les choses, leurs valeurs qui divergent des siennes et bien entendu des échanges qui sont souvent très enrichissants.

Les différentes cultures, une passion

La passion de Marie-Pierre pour les autres cultures lui est venue de son intérêt pour les voyages. « J’ai commencé à voyager à l’âge de 14 ans et j’ai eu dès lors la piqûre de découvrir d’autres pays ». Elle aime interagir avec d’autres cultures, apprendre comment ces gens vivent, leurs coutumes, les éléments qui sont différents des nôtres, se retrouver dans un endroit fondamentalement différent de ce qu’elle connaît. C’est sa curiosité et son désir d’en apprendre davantage et de voir la vie sous un autre angle qui lui a permis de développer le goût de découvrir le monde.

Marie-Pierre a choisi la maîtrise en développement international, car c’était une belle continuité avec son baccalauréat en administration des affaires, concentration logistique. De plus, cette maîtrise lui a permis d’aller chercher une spécialisation dans le domaine de l’action humanitaire. La maîtrise en sciences de l’administration, gestion du développement international et de l’action humanitaire permet de travailler dans plusieurs domaines d’intervention : camps de réfugiés, défense des droits, développement durable, agriculture et environnement, eau, assainissement et santé, éducation, microfinance ou commerce équitable, nutrition et alimentation. Cependant, à la suite de ses études, il a été très difficile de trouver des offres dans le domaine malgré le besoin criant des autres pays en matière d’action humanitaire. Elle s’est donc engagée bénévolement auprès des personnes réfugiées.

Expériences sur le terrain

Lors de son voyage en République Démocratique du Congo, Marie-Pierre était stagiaire en logistique et approvisionnement. Dans le but de réaliser et mener à terme les projets subventionnés par des bailleurs de fonds comme l’Agence canadienne de développement international et l’UNICEF, elle procédait à l’achat de tout le matériel utilisé sur les différents terrains situés dans le Nord et l’Est du pays. À ce moment, les projets étaient regroupés dans le domaine de la sécurité alimentaire, c’est-à-dire l’achat de graines pour faire pousser des légumes, l’achat de cochons d’Inde pour que les gens en fassent l’élevage et puissent se nourrir. Elle avait aussi pour mandat d’acheter des médicaments divers pour prévenir le choléra, traiter les cas de malnutrition infantile et acheter l’équipement requis pour la construction des puits d’eau potable.

Je m’occupais d’élaborer les différents documents nécessaires pour procéder à l’achat des biens selon le montant total d’achat, je procédais aussi à l’évaluation de la marchandise pour ultimement déterminer le fournisseur qui obtiendrait le contrat. Ensuite, il fallait rédiger le contrat avec le fournisseur et superviser la livraison des biens et la distribution sur les bases.

Alors qu’elle était à Bukavu, des rumeurs mentionnaient que les rebelles allaient prendre le contrôle de la ville. Par mesure de sécurité, elle a été évacuée jusqu’à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo. Cette revendication des rebelles est la rébellion du M23. D’après le Human Rights Watch (HRW), les membres du M23 « sont responsables de crimes de guerre commis à grande échelle, y compris des exécutions sommaires, des viols et des recrutements de force » (Emerson, 2012 : en ligne). Marie-Pierre a visité le camp de réfugiés à Kalehe qui est dans le territoire du Sud-Kivu en RDC. Ce camp de réfugié congolais fait la manchette depuis quelques années, car il a été pris d’assaut par les rebelles et plusieurs meurtres, viols et disparitions y sont commis. Marie-Pierre n’est pas restée très longtemps dans le camp. « Je n’étais pas à l’aise. C’était horrible et triste de voir les enfants souffrir de malnutrition. » Très ébranlée par les drames humains qu’elle a vu, Marie-Pierre a refusé de visiter une clinique pour les gens atteints de choléra.

Motivations personnelles

« J’ai décidé de m’engager auprès des réfugiés syriens parce que j’ai pu constater à quel point l’accueil et l’intégration sont cruciaux pour tout nouvel arrivant. » L’ancien amoureux de Marie-Pierre était un réfugié afghan. Il était arrivé seul au Canada à l’âge de 18 ans.

Comparativement à ses amis, qui sont arrivés en même temps que lui, je pense que le fait d’avoir rapidement été en contact avec ma famille et mes amis l’a grandement aidé pour s’intégrer à la culture québécoise et aussi pour apprendre le français.

Marie-Pierre a travaillé auprès des personnes réfugiées pendant un mois et attend l’arrivée d’autres Syriens et Syriennes pour recommencer son bénévolat. Durant ce mois entier de travail, elle a conduit ces personnes à la clinique de Sainte-Foy, les amenaient dans les épiceries ou au Dollarama. Marie-Pierre mentionne qu’elles sont très reconnaissantes d’être ici et sont très respectueuses et polise envers les autres. Il reste encore des milliers de personnes dans les camps de réfugiés. Ceux et celles qui sont arrivés se considèrent très chanceux de pouvoir commencer une nouvelle vie sans craindre de se faire tuer à cause de la guerre. Marie-Pierre communiquait avec eux en parlant anglais ou par gestes, la majorité des personnes réfugiées ne connaissant ni le français ni l’anglais.

Aider les personnes réfugiés à surmonter les difficultés

Selon Marie-Pierre, les principales difficultés auxquelles font face les personnes réfugiées sont la culture, la langue et le climat. Elle trouve que la prise en charge des personnes réfugiées par le Centre multiethnique est très bonne. Elle considère que l’organisme a pu développer une expertise et une très bonne équipe pour faciliter l’intégration des personnes réfugiées.

Ils ne sont pas laissés à eux-mêmes, ils passent par le centre qui s’occupe de répondre à leurs besoins primaires. Pendant les premières semaines, ils n’ont pas à se préoccuper de l’inscription à l’école des enfants, de faire l’épicerie, de trouver un logement, toute la paperasse gouvernementale.

Pour Marie-Pierre, l’élément clé dans l’accueil des personnes réfugiées est la communication et le recrutement d’interprètes pour faciliter cette communication.

Sinon, je pense que la société québécoise est généralement assez ouverte pour accueillir des réfugiés. Ils arrivent dans un pays comme le Canada qui bénéficie d’une bonne qualité de vie, c’est sécuritaire, tranquille en comparant bien sûr aux pays d’où ils arrivent.

Marie-Pierre Tremblay-Bruyère aime apprendre des autres cultures et croit que tout le monde devrait s’ouvrir, car les gens qui immigrent au Québec et y trouvent refuge ont beaucoup de choses à nous apprendre. Elle souhaite que les Québécois et Québécoises se mettent dans la peau de ces personnes qui ont toujours vécu dans la peur : peur des conflits armés, peur de ne pas arriver à se nourrir et à nourrir ses enfants. Il faut que tout le monde se rappelle que les réfugiés ont les mêmes aspirations que nous, c’est-à-dire travailler, aller à l’école, être en sécurité et voir leurs enfants grandir. Les Québécois-es doivent se renseigner auprès du gouvernement canadien et de l’ONU, car le processus de sélection est très complexe, ce qui leur fera réaliser qu’il est pratiquement impossible que des terroristes se faufilent au Canada.

Voyage au Congo. Crédit : Marie-Pierre Tremblay-Bruyère

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