3 Aymane I., Syrie

Caroline Pelchat

Aymane I. est arrivé au Québec à l’hiver 2016, avec ses six enfants âgés de moins de neuf ans et son épouse enceinte d’un septième. Originaires de la ville d’Alep en Syrie, ces personnes étaient en plein cœur du conflit qui a envahi leur pays depuis maintenant quelques années. Halab, qui est le mot arabe pour désigner cette grande ville, est la deuxième région la plus peuplée de Syrie, ainsi que sa capitale économique.

Ce qui les poussa à fuir

Initialement, le conflit en Syrie a débuté en 2011, alors que « […] plusieurs manifestations visant à encourager des réformes démocratiques ont eu lieu dans diverses villes partout en Syrie » (Affaires mondiales Canada 2016). Située au nord du pays, Alep est entrée en état de guerre, situation dramatique qui a pris davantage d’ampleur au cours de l’année 2016. Des frappes aériennes russes, de nombreux hommes et femmes tuées, la formation de groupes de rebelles, une situation humanitaire très difficile : c’est ce qui constituait la réalité de cette famille syrienne au moment de son départ. Elle devait vivre avec le bruit des bombardements à toute heure du jour ou de la nuit, la mort d’amis ou de membres de la famille et la destruction progressive de la ville. Chaque jour était à recommencer pour Mohamed et sa femme, qui devaient se faire rassurants auprès de leurs six enfants. Ils avaient également comme devoir de garantir leur survie.

Arrivée à Québec

Laissant derrière eux amis et famille, ils arrivèrent à Québec en février. Ils reçurent un accueil chaleureux, oui, mais assez chargé. En fait, ils eurent droit à plusieurs séances d’information au Centre multiethnique de Québec afin de les préparer le plus rapidement possible à la vie québécoise. La famille dut trouver un appartement, se procurer des vêtements chauds pour affronter la fin de l’hiver et trouver le mobilier nécessaire pour meubler l’appartement. Le voisin du dessus leur donna volontiers un divan en cuir pour leur salon. Des citoyennes et citoyens québécois et arabes vivant à Québec depuis un bon moment vinrent aussi leur rendre visite pour leur donner des biens divers tels qu’une télévision, un autre canapé, des tapis, un ensemble de cuisine et bien plus. Toutes ces personnes bienveillantes se renseignaient régulièrement auprès de la famille pour s’assurer que tout allait pour le mieux et qu’elle ne manquait de rien.

Aymane I. affirme qu’il n’a absolument rien à redire en ce qui concerne l’accueil reçu dès les premières secondes où son épouse, ses six enfants et lui-même mirent les pieds sur le sol québécois. Selon lui, le système mis en place pour accueillir l’arrivée massive des personnes réfugiées syriennes était bien ficelé et ne comportait aucune lacune. Il affirme également que les Québécois et Québécoises qu’il eut la chance de rencontrer durant cette expérience étaient « ouverts d’esprit, chaleureux et dévoués ».

La température sous le point de congélation, les tempêtes de neige et le vent glacial donnèrent certes un peu de fil à retordre à Aymane I. et sa famille. N’ayant jamais vécu d’hiver aussi froid et enneigé, ils eurent un peu de difficulté à s’adapter. Lors des premiers jours qui suivirent leur arrivée, les membres de cette famille n’étaient pas préparés à devoir s’habiller autant pour sortir à l’extérieur. Ils avaient déjà entendu parler de l’hiver québécois, mais ils n’avaient pas imaginé qu’il serait aussi rude. L’arrivée du printemps les a donc réjouit grandement.

La langue fut néanmoins un obstacle pour Aymane I., sa femme et ses enfants. En fait, ils et elle ne connaissaient que quelques mots en français en arrivant, ce qui n’était pas suffisant pour se débrouiller à l’épicerie, à la pharmacie ou à l’école. Aymane I. dénicha heureusement une épicerie-boucherie halal sur le chemin Sainte-Foy. Ainsi, il s’assura de pouvoir être servi dans sa langue natale et, par le fait même, de pouvoir acheter des produits qui lui sont familiers. Il ajoute que sa femme ne cuisine que des repas typiques de leur pays. Ils n’ont pas encore eu la chance de goûter à des mets québécois, mais ils sont ouverts à le faire éventuellement. La langue est également une barrière importante à la recherche d’un emploi. Au moment d’écrire ces lignes, Aymane I. n’a pas encore reçu d’informations à ce sujet, il attend donc de se faire guider par les responsables qui l’ont accueilli en février dernier.

Aujourd’hui

Parmi leurs six enfants, seulement deux sont en âge d’aller à l’école. Le plus vieux est en première année et le second en maternelle. Deux semaines seulement après leur arrivée, ils étaient déjà sur les bancs de l’école primaire de leur quartier, qui a à cœur la multiethnicité. En effet, son slogan est « La culture au cœur de notre école ». Aux dires d’Aymane I., ses deux enfants ont été placés dans des classes régulières, mais ils sont suivis par des auxiliaires à la traduction afin de les aider dans leur apprentissage du français et dans leur adaptation à leur nouvelle vie.

Alep, Syrie. Source : https://pixabay.com/fr/syrie-alep-citadelle-entr%C3%A9e-tour-1886425. Crédit : DianneKet78

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