48 François Bourque, Le Soleil

Steffy Theetge

François Bourque est journaliste et chroniqueur au journal Le Soleil. Il s’intéresse à la question des réfugiés depuis longtemps, ayant personnellement visité un camp de réfugiés en Autriche dans les années 1990. En 2015, par intérêt personnel et parce qu’il s’agissait d’une question d’actualité, il voulut raconter l’histoire d’une communauté arrivée depuis quelques années à Québec, afin de mieux comprendre son processus d’intégration à la culture québécoise. Découvrant les Rohingyas, une communauté musulmane persécutée par les bouddhistes en Birmanie, il alla à leur rencontre et publia plusieurs textes à leur sujet en octobre 2015 (voir les références ci-dessous).

Il s’agit d’une communauté opprimée depuis plusieurs décennies en Birmanie, mais qui était en 2015 plutôt méconnue au Québec. Plusieurs des réfugiés rohingyas installés à Québec sont nés dans des camps au Bangladesh où leur famille s’était réfugiée en fuyant la Birmanie. Ils n’ont connu aucun autre statut civique, ont manqué de liberté, ont manqué de tout, relate François Bourque. Leur trajectoire jusqu’à Québec est à peu près la même, mais, après une intégration plus ou moins difficile, elle diverge selon les personnes.

Rencontre avec les Rohingyas

François Bourque rencontra des membres de cette communauté d’abord au Centre multiethnique de Québec, puis dans leur milieu de vie. Formant une communauté peu connue à Québec, les Rohingyas étaient fiers qu’un journaliste s’intéresse à eux. Ils étaient contents de pouvoir raconter leur histoire. Bien que la tristesse due à la séparation des familles soit présente, François Bourque a tout de même senti le soulagement de ces personnes d’être ici au Québec. Il a également constaté que leur culture était toujours présente.

Lorsqu’il rencontra des familles, il échangea surtout avec les hommes qui maîtrisaient mieux la langue française. En effet, ce sont les hommes de la famille qui suivaient les cours de francisation, tandis que les femmes restaient à la maison. Il rencontra également une mère monoparentale de la même communauté qui parlait très bien le français et qui évoluait tout aussi bien dans son travail. Aujourd’hui, cette femme, qui s’est très bien intégrée, redonne à sa communauté.

Des hauts et des bas

Les procédures complexes de réunification des familles et les divergences de langue, de culture et de religion sont les principales difficultés vécues par les réfugiés selon François Bourque. En venant au Québec, plusieurs laissent derrière eux des frères, des sœurs, des membres de leur famille avec qui ils ont vécu des événements tragiques. Une telle séparation est grandement éprouvante. Par ailleurs, les cours de francisation offerts à Québec ne semblent pas toujours adaptés à leur situation, puisque plusieurs d’entre eux n’ont jamais été à l’école dans leur propre pays. Ils doivent donc être alphabétisés tout en apprenant une langue étrangère. Les tâches les plus banales sont parfois source d’énormes difficultés à leur arrivée à Québec.

Bien que le Centre multiethnique offre des ressources aux réfugiés, François Bourque croit que l’idéal serait une adaptation personnalisée et un accompagnement par des Québécois qui seraient jumelés aux réfugiés. Selon lui, le soutien régulier et personnalisé est important et éviterait l’isolement, tel un réseau d’accueil organisant un parrainage entre familles québécoises et familles réfugiées. Ceci permettrait aux réfugiés de mieux s’adapter et d’être mieux compris, mais favoriserait aussi une meilleure compréhension des réfugiés dans la communauté québécoise.

Au Québec

Certaines difficultés vécues par les réfugiés émergent plutôt de la culture québécoise. La peur, l’ignorance et les préjugés sont malheureusement présents dans notre société. Pour François Bourque, il y a un danger d’amalgame. L’ignorance et les préjugés engendrent la peur. En écrivant ses articles, il veut montrer comment fonctionne réellement le processus d’accueil des réfugiés. Il veut présenter les faits pour amener les gens à réfléchir et à être plus éclairés dans leur jugement. Pour lui, il est important de faire comprendre que les réfugiés ne peuvent pas être des terroristes, car le gouvernement fait au préalable une sélection rigoureuse des personnes qui seront accueillies comme tel.

François Bourque pense que les médias sont au centre d’un cercle vicieux dont la peur ressentie par certains citoyens est un moteur. Il attend avec impatience le moment où les médias mettront en valeur les accomplissements des citoyens de Québec sans égard à leur origine ou à leur statut de réfugié, mais simplement pour souligner leur contribution à la société québécoise. En particulier, il espère que les articles écrits sur des personnes réfugiées à Québec montreront qu’elles sont devenues des acteurs et actrices de la société québécoise à part entière.

Références

Bourque, François (15 octobre 2015) : « S’intégrer à Québec : le cas des Rohingyas ». Le Soleil. http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201510/14/01-4909995-sintegrer-a-quebec-le-cas-des-rohingyas.php

Bourque, François (15 octobre 2015) : « Les réfugiés rohingyas désillusionnés ». Le Soleil. http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201510/14/01-4910001-les-refugies-rohingyas-desillusionnes.php

Bourque, François (16 octobre 2015) : « Rohingyas à Québec : les réfugiés aux pieds nus ». Le Soleil. http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201510/15/01-4910460-rohingyas-a-quebec-les-refugies-aux-pieds-nus.php

François Bourque

 

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