59 À la découverte de l’autre : réflexions et témoignages

Comment les étudiantes et étudiants en communication publique qui ont réalisé ces portraits au cours de l’hiver 2016 ont-ils vécu cette expérience? Qu’ont-ils appris de leur participation au projet Québec ville ouverte dans le cadre de leur parcours universitaire? Ces rencontres ont-elles transformé leur perception des personnes réfugiées, de leurs concitoyens et concitoyennes de Québec, d’eux-mêmes et d’elles-mêmes? Voici quelques réponses, d’abord recueillies en groupe, puis individuellement dans le journal de bord tenu par chaque étudiante ou étudiant. Ces paroles sincères et directes prouvent hors de tout doute l’immense potentiel de la rencontre, de l’écoute et du dialogue pour lutter contre les préjugés et le racisme, ainsi que pour renforcer le désir de vivre ensemble.

Réflexions collectives

Au regard des rencontres que nous avons réalisées dans le cadre de cette enquête, il est possible de conclure à l’unanimité que cette expérience a été très enrichissante. Si, au départ, quelques-uns se sentaient réticents face au fait d’entrer dans l’intimité et dans les expériences personnelles de ces personnes réfugiées, nous avons tous été agréablement surpris de leur désir de partager leur histoire. L’exil et les atrocités vécues par ces personnes nous ont rappelé notre chance d’habiter dans un pays pacifique et démocratique, ainsi que notre devoir d’en faire plus pour les accueillir. Après l’écoute de ces récits touchants et humains, une véritable prise de conscience s’imposait. En effet, nous avons réalisé qu’en ayant une attitude d’ouverture envers les réfugiés, nous pouvions tous, à notre manière, contribuer à leur rêve d’un monde meilleur, en plus de faciliter leur accueil.

L’ensemble de nos rencontres nous a également permis d’avoir une vision différente du processus d’accueil des réfugiés et d’en connaître davantage sur les différents moyens déployés par le Centre multiethnique de Québec, ainsi que sur l’aide apportée par les nombreux bénévoles qui donnent leur temps gratuitement pour cette cause. La motivation de ces personnes à aider les autres était très inspirante; nous avions tous sous-estimé la charge de travail que ce genre d’engagement peut représenter. Après la réalisation de ce projet, nous constatons que les travailleurs et les bénévoles qui s’impliquent auprès des réfugiés, de près ou de loin, sont des personnes très généreuses qui possèdent des valeurs axées sur le don de soi. Elles contribuent à faire de Québec une ville plus ouverte sur le monde et plus tolérante. Elles ont toutes notre admiration!

Nous croyons sincèrement que c’est en entrant en contact avec les réfugiés, bénévoles, travailleurs et chercheurs que nous réussirons à diminuer la peur de l’Autre et à rassurer les personnes inquiètes face à l’arrivée des réfugiés, ce qui était le but de cette enquête.

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Ces rencontres nous ont fait comprendre l’importance de l’ouverture envers autrui. Elles nous ont permis de prendre davantage conscience de la chance que nous avons de vivre ici et du réel impact que peuvent avoir nos actions sur ces personnes. Les histoires qui nous ont été racontées nous ont incités à nous mettre à la place des personnes réfugiées pour tenter de mieux saisir leur réalité. Nous avons réalisé à quel point nous aimerions que d’autres personnes nous accueillent si nous devions faire face à ces dures réalités.

C’est d’ailleurs ce que nous pensons qu’il serait bénéfique de mettre de l’avant pour amenuiser la peur de l’Autre dans la population et éviter le rejet : montrer, dans les médias ou ailleurs, un visage plus humain de toutes ces personnes qui doivent faire face à l’adversité; montrer leur désir de contribuer à l’enrichissement de notre société et les belles réussites qu’ils ont accomplies. Hélas, il y a des gens qui ont des perceptions erronées envers les personnes réfugiées, perceptions qui sont souvent amplifiées par des discours stigmatisants, relayés un peu partout. C’est important de modifier les appréhensions en proposant une image plus véridique et un discours plus réfléchi. Les personnes réfugiées font souvent de gros efforts, notamment au niveaux scolaire et professionnel, pour s’intégrer dans la société et c’est important de le démontrer.

Les personnes que nous avons rencontrées nous ont permis de comprendre à quel point notre ouverture envers les autres peut avoir de réelles répercussions positives sur notre propre bonheur, ne serait-ce que parce que poser un geste d’aide est gratifiant. Ces gestes nous permettent d’être fiers de nous et de sentir que nous avons fait une différence dans la vie des autres.

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Après ces rencontres et ces échanges, nous avons retenu qu’il est primordial de s’ouvrir aux autres pour mieux vivre ensemble. Cette expérience nous a ouvert les yeux sur certains préjugés que nous avions. Certains mythes sont tombés, comme celui de croire que les réfugiés profitent généralement de l’État-providence et que la plupart ont des pensées extrémistes. Aujourd’hui plus sensibilisées, nous voyons certains aspects de l’arrivée et de l’intégration des réfugiés sous une perspective différente. Il est difficile de connaître réellement leurs conditions de vie, mais nous avons eu la chance d’avoir un aperçu de ce qu’une famille d’ailleurs et des aidants peuvent vivre. Poser des questions sur leur intégration peut parfois représenter une situation délicate ou même un sujet tabou. Grâce à ce projet, nous avons pu aller de l’avant afin de poser des questions plus pointues.

En tant qu’équipe, nous n’étions pas fermées, mais nous n’avons pas tendance à aller spontanément vers les personnes venant d’ailleurs. En rencontrant des bénévoles qui ont eu cette volonté, nous avons réalisé que non seulement il ne faut pas porter de jugement, mais il serait bon aussi de faire des gestes concrets. Il y a un travail à faire sur l’ouverture. Nous pensons qu’une des raisons qui nous poussent à avoir peur est le pouvoir des médias. Il est normal d’avoir peur, car il y a de réelles tragédies humaines dans le monde. Il ne faut cependant pas généraliser et nous ne devons pas nous empêcher d’accueillir les réfugiés avec générosité et empathie.

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Les rencontres que nous avons faites avec les personnes réfugiées et les différents intervenants ont été grandement enrichissantes. En effet, chacun d’entre nous a été en contact avec des gens formidables nous permettant d’être plus conscientisés et informés à propos de l’arrivée des réfugiés.

En ce qui concerne les réfugiés, nous avons constaté que les deux personnes interrogées ont été très bien accueillies lors de leur arrivée. Elles nous ont dit s’être bien intégrées malgré les différents obstacles qu’elles ont pu rencontrer. Elles sont très reconnaissantes de ce que le Québec et sa population ont fait et font encore pour elles. Nous avons remarqué qu’elles chérissent le Québec et qu’elles sont fières d’y habiter. Il est surprenant de voir à quel point elles ont intégré un grand nombre de valeurs et de normes québécoises.

Pour ce qui est des intervenants et de la professeure qui fait de la recherche sur les réfugiés, nous retenons l’importance de faire tomber les barrières de la peur. Aussi, une bonne intégration est primordiale. Pour ce faire, les réfugiés doivent avoir la possibilité d’échanger avec les gens d’ici, et ce, afin d’éviter une ghettoïsation. C’est en allant à la rencontre des réfugiés et en échangeant avec eux qu’on réalise qu’ils sont des humains comme tout le monde.

Dans un autre ordre d’idées, nous constatons l’importance de la francisation dans le processus d’intégration des réfugiés. Effectivement, en parlant français, ceux-ci peuvent interagir plus aisément, ce qui facilite leur quotidien. Par exemple, être en mesure de poser des questions à un commis d’épicerie ou de pouvoir demander son chemin fait en sorte que les réfugiés retrouvent une certaine liberté et indépendance. Bref, il faut être patient avec les réfugiés, car leur adaptation relève d’un long processus.

De plus, nous avons réalisé que tous les réfugiés arrivent avec une histoire et des bagages différents, ce qui fait en sorte que leur parcours d’intégration est lui aussi différent. L’un des aspects de ces portraits qui devrait être mis de l’avant pour rassurer les citoyens inquiets est ce qu’a dit Anja, soit qu’il est normal que les Québécois et les réfugiés aient tous les deux peur, et ce, surtout parce qu’ils « ne savent rien de l’autre ». Apprendre à connaître l’autre est la meilleure manière d’éliminer la crainte. Toutefois, il faut d’abord reconnaître et accepter nos peurs pour ensuite les affronter. Aussi, comme José Miguel le souligne, les réfugiés arrivent avec des connaissances qui peuvent être bénéfiques pour la société québécoise. Effectivement, ceux-ci ont de nouvelles idées ou techniques qui peuvent aider au développement dans différents domaines. Finalement, la population doit savoir que les ressources pour aider les réfugiés sont nombreuses et que les réfugiés sont passés par un processus de sélection rigoureux.

Cette enquête nous a fait prendre conscience de la réalité des personnes réfugiées qui arrivent à Québec. En espérant que les lecteurs de cet ouvrage seront, tout comme nous, plus outillés, plus ouverts d’esprit et plus sensibilisés à la question des réfugiés, nous souhaitons que ce livre rende la société plus tolérante et que cela donne envie aux citoyens de Québec d’aller à la rencontre des nouveaux arrivants et d’apprendre à les connaître.

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Les rencontres que nous avons effectuées auprès de personnes réfugiées à Québec nous ont appris beaucoup sur le sujet. Nous avons pu réellement comprendre l’impact de leur exil à Québec sur leur vie. Cela nous a permis de nous interroger davantage sur ce que peuvent vivre les réfugiés avant d’arriver ici.

Il est vrai qu’il y a un travail à faire avec la population au sens où elle n’est pas consciente que l’accueil des personnes réfugiées est une étape déterminante pour ceux-ci et que l’aide qui leur est offerte par les organismes est indispensable. Afin de rassurer les « inquiets » et d’aider la région de Québec à accueillir ces personnes sans qu’elles aient de craintes ou qu’elles se sentent rejetées, il est important de s’informer à propos des gens qui les ont côtoyés et qui les côtoient encore aujourd’hui. Chaque personne ayant fait partie du processus d’intégration des réfugiés à Québec peut témoigner qu’il s’agit d’êtres humains, comme nous.

Les portraits nous montrent l’importance qu’il faut accorder au « vivre ensemble » et à l’entraide. La ville de Québec est un lieu de sécurité autant pour les citoyens et citoyennes que pour les personnes réfugiées qui s’y installent : c’est pourquoi l’ouverture d’esprit doit être une valeur privilégiée par la population québécoise. En accueillant les réfugiés ici, nous faisons réellement une différence et cela peut nous permettre d’en apprendre beaucoup sur les autres cultures. L’image des réfugiés est souvent ternie par les préjugés et rares sont ceux qui prendront le temps de s’intéresser à leur pays d’origine, à leurs valeurs et leur culture. Les gens inquiets devraient prendre le temps de s’informer et de les côtoyer pour comprendre que leur arrivée parmi nous n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire.

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Ces rencontres ont été très enrichissantes pour l’équipe. Certaines entrevues furent réellement émouvantes. Avec nos examens, nos cours, nos travaux et nos emplois, nous perdons la notion des véritables problèmes. Cette expérience a été très révélatrice; nous avons mis de côté nos problèmes quotidiens pour comprendre la dure réalité des personnes réfugiées. Nous avons appris que malgré les efforts mis en place par le gouvernement et les organismes et services d’accueil pour les réfugiés, il y a encore beaucoup de travail à faire. Par contre, nous sommes fiers de voir à quel point la population québécoise s’est mobilisée pour venir en aide aux réfugiés. Nous avons aussi compris qu’il est important de continuer à les aider après leur installation.

Évidemment, pour rassurer les « inquiets », il faut les informer de la situation et s’assurer qu’ils comprennent bien le sujet : les personnes réfugiées fuient des problèmes économiques et politiques, elles ne sont pas ici pour « voler » nos emplois, elles sont à la recherche d’une terre sécuritaire où elles peuvent vivre en paix, sans peur de se faire bombarder. Pour ce faire, nous devons valoriser les réfugiés et leurs familles.

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Les rencontres nous ont permis de comprendre les enjeux et le contexte d’accueil des personnes réfugiées. En effet, ces personnes veulent s’intégrer, mais elles veulent conserver leur culture, leur racine, un ancrage, car cela fait partie de leur identité et est un gage de réussite pour faciliter leur intégration. Nous ne pouvons pas leur demander d’oublier leur culture au profit de la nôtre, car cela serait impossible et non souhaitable. Nous avons également compris un peu mieux le sentiment que ces personnes ont à leur arrivée : un sentiment de bonheur et de soulagement, mais marqué aussi par la perte de repères. En effet, les épreuves sont nombreuses : non-reconnaissance de la scolarité, de l’expérience, difficulté d’apprentissage de la langue et de la culture de la société d’accueil. Après ce choc culturel, le courage dont ces personnes fait preuve pour s’adapter et s’intégrer dans leur nouvel environnement est immense.

Ces rencontres ont donc permis d’humaniser les personnes qui arrivent à Québec. Cela nous pousse à vouloir les soutenir, à dire aux autres qu’il faut accueillir ces humains, ces familles chez nous et les aider à se sentir chez eux. Nous avons appris que ces personnes n’ont souvent pas le choix du pays où elles vont atterrir. Elles arrivent au Québec souvent apeurées, inquiètes et déstabilisées. Elles ne sont pas préparées mentalement aux défis qui les attendent. C’est pour ces raisons qu’il faut les accueillir à bras ouverts, car ce n’est pas en se fermant à elles que nous allons les aider à s’intégrer. Elles doivent elles aussi faire de nombreux efforts pour ne pas s’isoler et aller à la rencontre des Québécois afin de mieux s’intégrer. Nous avons tout à bâtir ensemble, car nous pouvons apprendre les uns des autres et enrichir nos vies communes.

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Tous les membres de l’équipe ont réellement apprécié cette expérience enrichissante. Rencontrer autant des chercheurs que des bénévoles ou des réfugiés nous a permis de comprendre toutes les facettes de la réalité des réfugiés au Québec. Avant les rencontres, nous étions conscients qu’être réfugié ne devait pas être toujours facile. Par contre, il n’y a rien comme rencontrer des personnes face à face, découvrir leur vécu à travers leurs yeux, leurs paroles, leurs témoignages. De plus, nous avons vraiment vu ce que les travailleurs ou les bénévoles apportent aux nouveaux venus au Québec. Nous avons aussi réalisé que les réfugiés ont changé la vie de plusieurs Québécois auxquels ils ont ouvert l’esprit et fait réaliser la chance qu’ils avaient d’être ici. Par rapport aux autres pays accueillant des réfugiés, le Canada, et plus précisément le Québec, semble une place de choix. En effet, après cette expérience, nous avons réalisé que le Québec offre tout ce qu’une personne réfugiée peut espérer afin de rendre cette expérience moins difficile. La barrière la plus grande semble être celle de la langue. Tout de même, les centres de francisation semblent de mieux en mieux préparés pour aider les réfugiés. En général, toutes les personnes impliquées que nous avons rencontrées semblaient dire qu’il s’agissait de l’expérience d’une vie et nous pouvons dire qu’en seulement quelques rencontres, nos vies ont également changé.

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Notre équipe a appris beaucoup de ces diverses rencontres. En effet, bien que nous ayons chacune rencontré une personne exprimant un point de vue particulier, tout semble être relié. Les informations reçues se valident entre elles. Nous avons compris que les réfugiés quittent leur pays par obligation et par peur des représailles. Une fois rendus au Québec, ils font face à d’autres défis : ils ne luttent plus pour leur survie, mais ils doivent s’acharner à s’adapter dans une autre société. Leur intégration est freinée par la barrière de la langue et le manque d’ouverture de certaines personnes. En fait, leur intégration dépend de deux variables importantes : la langue et le boulot. De nombreuses difficultés sont rencontrées, mais les réfugiés ne semblent pas s’y arrêter. Ils utilisent les ressources mises en place pour eux, au plus grand plaisir des bénévoles et des travailleurs des organismes d’aide aux réfugiés. Ces bénévoles et travailleurs sont outillés pour leur donner une base qui facilitera leur adaptation. Cependant, nous avons pu constater qu’un service d’accueil adapté et un suivi plus adéquat pourraient grandement faciliter la tâche des braves gens qui trouvent refuge ici au Québec.

Une population mieux informée pourrait aussi aider les réfugiés à mieux s’intégrer. En effet, la communauté québécoise ne semble pas poser un bon diagnostic sur l’arrivée de réfugiés, sans doute à cause du manque d’informations complètent et neutres. Les réfugiés ne choisissent pas leur situation, ils la subissent. Leur culture ne fait pas d’eux des terroristes. Ils sont en situation d’urgence et fuient, eux aussi, ces actes répréhensibles. Le cas de la Syrie a fait couler beaucoup d’encre, mais le Canada accueillait déjà des réfugiés, et ce, depuis fort longtemps. Ils sont sélectionnés de façon rigoureuse, ce qui devrait rassurer la population. Ces portraits et témoignages devraient ouvrir l’esprit de certains pour permettre de jouir d’un vivre ensemble sain et harmonieux.

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Ces rencontres riches en émotions avec des gens ayant un bagage de vie unique permettent de faire tomber les barrières et les préjugés face à la différence de l’Autre. Selon nous, encore aujourd’hui, il y a trop de citoyens qui craignent l’inconnu. Nous pensons fermement qu’il est important de stimuler les contacts avec l’Autre en organisant une panoplie d’activités rassembleuses qui favorisent le vivre ensemble. Pour une société ouverte, le partage des cultures peut être enrichissant et gratifiant. Québec peut être une ville ouverte. L’arrivée massive de réfugiés syriens est l’occasion idéale pour témoigner de cette volonté d’aller à la rencontre des différences.

Ceci étant dit, nous étions une équipe motivée, bien que sceptique au départ, à trouver des personnes prêtes à collaborer à l’enquête. Après des démarches ardues, nous avons été renversés par l’accueil empreint d’humanité des gens généreux que nous avons rencontrés. Ils ont été dévoués en nous partageant des souvenirs tantôt intimes et tantôt douloureux. Ce qui nous a frappés, c’est leur grand désir et leur grande volonté de s’intégrer et de prendre part activement à la vie citoyenne québécoise. Même si ces gens n’ont pas nécessairement choisi leur terre d’accueil, ils sont déterminés à s’intégrer et très optimistes quant à leur nouvelle vie.

Les travailleurs et les bénévoles, quant à eux, n’ont pas peur d’investir beaucoup de temps et d’efforts pour soutenir la cause qui leur tient à cœur : l’accueil, l’intégration et le bien-être des réfugiés. Nous sommes en admiration face à ces gens passionnés qui ne comptent pas leurs heures. Ils se dévouent corps et âme pour l’Autre. Nous sommes extrêmement fiers de contribuer à cet ouvrage collectif qui, espérons-le, fera tomber les barrières et les préjugés.

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Cette enquête nous a permis de nous familiariser avec les mesures d’accueil en place et la situation des réfugiés, ici, à Québec. Notre première observation a porté sur les réfugiés arrivés avant l’invention d’Internet. Nous en avons retenu que ces personnes avaient été chanceuses, parce qu’à l’époque où elles sont arrivées, la discrimination, le racisme et la xénophobie n’étaient pas aussi médiatisés qu’aujourd’hui. Des individus ont connu une bonne adaptation dans leur lieu d’accueil, puisque la peur et la colère que la population québécoise semble désormais entretenir face aux personnes réfugiées n’étaient pas encore véhiculée à la vitesse grand V sur Internet. Il serait si plaisant de pouvoir revenir en arrière afin que les nouveaux arrivants reçoivent un accueil semblable.

Nous avons également rencontré des immigrants et des réfugiés dans leur cours de francisation. Plusieurs étaient enchantés à l’idée de savoir qu’un livre serait écrit afin de faciliter l’accueil des réfugiés, en plus de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls. Des professeurs de français au Phénix de Sainte-Foy conseillent aux Québécois d’accepter les différences et d’être tolérants. Ils déclare nt également qu’il est important pour les Québécois de ne pas voir les réfugiés et les immigrants comme étant une menace pour l’économie de la province, mais plutôt comme des alliés.

Une étudiante du groupe de francisation s’est informée pour savoir si on allait donner des conseils aux citoyens du Québec sur la manière d’accueillir les réfugiés. Elle voulait leur dire d’être patients avec les immigrants et les réfugiés. Elle aimerait qu’ils soient un peu plus au courant de la situation des personnes qui arrivent d’un autre pays. Elle nous a révélé qu’elle ressentait la peur dans les médias québécois vis-à-vis l’arrivée des réfugiés et des immigrants comme si notre population les voyait comme une menace. Il y a des croyances selon lesquelles ils volent les emplois et l’argent des Québécois. C’est un préjugé et à cause de ce type de croyance populaire, les immigrants et les réfugiés sont victimes d’une certaine colère de la part de notre population.

En réaction à cette remarque, nous leur avons parlé du fait que nous avions seulement appris cette année, après 16 ans d’études, ce qu’était vraiment une personne réfugiée et dans quel contexte elle venait s’installer au Canada. Au terme de cette discussion, nous avons trouvé qu’il serait pertinent qu’on apprenne plus jeune, à l’école, ce qu’est un réfugié et un immigrant, pour faire taire les préjugés qui circulent à leur sujet au Québec.

François Deschamps, quant à lui, nous a montré ce que c’était que d’être engagé dans une cause, et ce, jusqu’au bout. Sa carrière musicale et ses actions politiques se rejoignent dans le seul but de défaire l’ignorance et la haine.  Cela commence par l’enseignement, la prévention et la promotion de la paix et de la tolérance. L’entrevue a beaucoup tourné autour des groupuscules d’extrême-droite, de la menace qu’ils représentent pour la collectivité et l’intelligence commune. S’il ne prône pas la violence en premier recours, il craint cependant que les membres de ces groupuscules n’aient pas le même raisonnement que lui.

Elle a démontré bien vite qu’en s’engageant bénévolement auprès de gens dans le besoin, tout le monde y trouve son compte. Elle respire le bonheur, elle se sent bien, son quotidien comme bénévole lui apporte beaucoup de satisfaction personnelle. La famille qu’elle aide lui apporte joie et sourires toutes les semaines depuis février.

Il devrait y avoir plus de communication dans les médias afin de promouvoir le bénévolat dans le cadre de l’arrivée des réfugiés. Trop de messages négatifs sont propagés par rapport aux efforts qu’il faut déployer pour les accueillir. Trop peu d’information est transmise à la population dans le but de démontrer ce que l’action humanitaire et l’engagement en tant que bénévole peuvent apporter individuellement, mais aussi aux les réfugiés. La société individualiste dans laquelle nous vivons nuit fortement à l’intégration adéquate des réfugiés. C’est en mettant fin aux barrières qui nous séparent des autres cultures que les immigrants, réfugiés et citoyens québécois pourront vivre en harmonie sans avoir peur. La peur de la différence, c’est la source de bien des problèmes, et ce, partout dans le monde. À Québec, nous voulons devenir une société d’accueil, un exemple pour le reste du monde en démontrant qu’ici la différence est la bienvenue et qu’elle fait la richesse de notre société moderne.

Au bout du compte, nous en retirons une expérience positive pour chacun et chacune d’entre nous. Une expérience qui aura même donné envie à certains membres de l’équipe de s’impliquer bénévolement pour aider les réfugiés. Une expérience que nous souhaitons à tous.

Témoignages individuels

Les préjugés

J’avais des préjugés qui me venaient des médias et d’un manque d’information dans mon milieu. Franchement, je suis une fille de la campagne, et donc j’étais influencée par une certaine « fermeture » envers les autres cultures, y compris envers les immigrants et les réfugiés. Il est certain que j’ai toujours tenté de combattre les préjugés et les stéréotypes que j’entendais autour de moi. Cependant, je m’opposais à ceux-ci sans connaître.

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Les différents portraits m’ont permis de m’ouvrir les yeux sur certains préjugés que j’avais, sans m’en rendre compte. En effet, je sais maintenant que les réfugiés n’ont pas d’idées extrémistes comme certains médias de masse le suggèrent et non, les réfugiés ne viennent pas ici pour profiter de notre système.

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Ce projet m’a fait réaliser que les personnes qui se réfugient, c’est une réalité. Elles sont bien présentes dans notre société. Depuis des mois, on entend parler de leur venue dans notre pays, dans notre ville, mais on ne les voit pas, les personnes réfugiées. Les gens s’acharnent à les haïr, à en avoir peur, à mettre tous les fléaux du monde sur leur dos, et pourtant, elles ne sont pas les responsables. On ne les voit pas agir, pour les juger ainsi. On ne les connait même pas. On ne sait pas quel emploi elles occupaient dans leur pays d’origine, ni quelle formation elles ont. On ne sait même pas ce qu’elles ont acquis, ni ce qu’elles ont perdu. On ne sait pas si elles étaient riches ou pauvres, si elles étaient heureuses ou non, si elles aimaient leur pays d’origine ou pas. On n’en sait rien. Pourtant, ce sont les méchants dans l’esprit de plusieurs.

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Certaines de mes coéquipières, lors de discussions dans le cadre de ce travail, ont avoué avoir peur que le fait d’accueillir des réfugiés ou des immigrants nuise à la préservation de la culture des Québécois.

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À Noël, lors des réunions familiales, il y avait beaucoup de débats sur le sujet de l’arrivée des réfugiés syriens. Je voulais toujours défendre mon point de vue en disant que l’arrivée des Syriens n’était pas dangereuse pour le Canada, mais je n’avais pas nécessairement de bons arguments pour le faire. Je disais simplement que c’était un acte qui les aidait à se sortir du terrorisme et à sauver leur famille du danger.

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J’ai vu à quel point les préjugés dans la société sont présents et nourris par les médias. Ces derniers n’avaient malheureusement aucun autre choix que de couvrir les différents événements terroristes à travers le monde. Cependant, cette couverture médiatique a mené à une peur en société qui n’a pas été déconstruite à l’intérieur de ces mêmes médias.

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En participant au projet sur les réfugiés, je me suis rendu compte que le sujet était plutôt mal traité dans les médias. Souvent, ce qu’on entend sur les réfugiés n’est pas nécessairement positif, voire même inquiétant. Les médias et Internet diffusent beaucoup d’informations de style sensationnaliste pour accrocher les lecteurs, mais le côté humain tend à disparaître.

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J’ai appris que c’est un sujet encore très méconnu et mal maitrisé pour la plupart des Québécois. En rencontrant plusieurs personnes réfugiées ou impliquées avec ceux-ci, je me suis dit qu’on était bien loin de se douter de l’histoire et du bagage que portent ces gens.

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Avant de prendre part à ce projet, je me suis rendue compte que je n’étais pas du tout informée et que je n’accordais pas assez d’importance aux réfugiés qui s’installent dans ma région.

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Souvent, nos perceptions et nos croyances à l’égard des réfugiés sont fondées sur une inconnaissance, sur les stéréotypes et sur les préjugés à l’égard des réfugiés qui sont répandus au sein de la société.

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Pour être franc avec vous, et je dois vous avouer que j’en suis honteux, j’ai déjà entretenu des préjugés à l’égard des réfugiés, car je n’en avais jamais rencontrés et je me fiais grandement aux discours répandus dans les médias.

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Je n’ai jamais porté une attention particulière aux réfugiés, ici, dans la ville de Québec. Puisque je ne connais personne qui soit réfugiée, cette réalité me semblait hors de portée, je ne sentais pas que je pouvais faire une différence. Mais le projet m’a démontré le contraire, car le simple fait d’en parler est déjà un grand pas vers l’avant.

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J’ai été très marquée par l’ignorance qui règne autour de la situation des réfugiés. Nous ne connaissons que très peu leur situation et les médias ne nous montrent pas, à mon avis, la misère à laquelle ils sont confrontés.

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Depuis quelques mois, j’entends plusieurs Québécois débattre sur l’arrivée des Syriens dans notre province. Plusieurs d’entre eux sont contre leur arrivée et les traitent délibérément de terroristes. J’étais l’une de ces personnes il n’y a pas si longtemps. Ma rencontre avec des réfugiés a totalement changé ma façon de penser. Je suis maintenant l’un de ceux qui encouragent les réfugiés syriens à venir s’installer au Québec et à les défendre. Je remercie Mme Piron de m’avoir permis de rencontrer ces gens formidables et de m’avoir fait apprécier davantage les différences culturelles.

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En parlant avec eux, j’ai vite compris que je vivais dans l’ignorance totale face à leur situation.

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Ce projet a été une révélation en soi. Ça a permis de lever le voile sur la réalité des réfugiés et de mieux comprendre les défis auxquels ils ont fait face et ceux d’aujourd’hui.

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Côtoyer toutes ces différentes personnes m’a ouvert les yeux et je leur suis reconnaissante d’avoir partagé leur histoire avec nous.

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Non seulement son témoignage a fait diminuer plusieurs préjugés que j’avais à l’égard de réfugiés, mais ce travail a aussi été très bénéfique pour elle, me disait-elle.

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J’ai appris que seules les personnes qui craignaient pour leur vie en raison de persécution personnelle étaient admissibles au statut de réfugié. J’étais complètement bouleversée! Toutes ces autres personnes dont la vie est en danger à cause de la guerre n’ont pas droit à ce recours. J’ai alors compris pourquoi il y en avait autant qui prenaient le risque de passer par la Méditerranée. Lorsqu’on entre dans un pays, si retourner dans le nôtre est dangereux pour notre vie, sans le critère des persécutions personnelles, le pays est dans l’impossibilité de vous renvoyer chez vous. Il suffit juste de franchir une frontière, cette ligne invisible qui sépare des dictatures des démocraties et des conflits de la paix. Ces personnes n’ont droit à aucune protection sous prétexte qu’on ne leur en veut pas à eux personnellement. Les gouvernements occidentaux n’ont-ils jamais entendu parler des dommages collatéraux? De la ville assiégée d’où il était impossible de sortir et où la famine a menacé de nombreuses personnes? Je n’en revenais pas à quel point c’était injuste et arbitraire.

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J’ai appris à ne pas me fier uniquement sur ce que les médias nous disent et d’utiliser mon esprit critique pour comprendre ce que ces personnes ressentent en venant dans un pays inconnu et pas uniquement ce que nous ressentons en les accueillant.

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Même si je savais que les gens réfugiés vivaient des choses difficiles, j’ai été étonnée de voir à quel point elles pouvaient l’être.

Difficulté et peur de la rencontre

J’ai été surprise de constater que nous avons de la misère à aller vers l’Autre, que ce soit par peur ou par gêne et que, pourtant, nous gagnerions beaucoup à le faire.

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Une expérience qui suscitait d’abord de la peur chez moi, puisque je croyais que la personne en question allait me rejeter et refuser de s’ouvrir à moi par rapport à sa vie. Je n’avais pas peur à cause de nos différences de culture, de coutumes, de religion, de langage, bien loin de là. J’avais plutôt peur, car c’était la première fois que je devais m’incruster dans la vie d’un inconnu et lui soutirer des informations personnelles. J’étais plutôt déstabilisée. Cette peur était probablement due au fait que je savais que ces personnes ont vécu des moments très difficiles, voire des atrocités, dans leur vie et que je me sentais impuissante par rapport à tout cela.

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Malgré les difficultés, ils ont trouvé important de partager leur parcours et de se livrer à des étrangers. Il s’agit d’un acte que je respecte grandement. Un peu paradoxal dans certains cas, lorsque l’on sait que certaines personnes ne les accueillent pas en situation d’urgence et de danger alors qu’eux ils se livrent à nous. Cela prouve bien leur reconnaissance, je crois.

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Avant les rencontres, nous étions conscients qu’être réfugié ne devait pas être toujours facile. Par contre, il n’y a rien comme rencontrer des personnes face à face, voir leur vécu à travers leurs yeux, leurs paroles, leurs témoignages.

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Ce projet m’a permis de me placer dans leur peau et de mieux comprendre tous les enjeux et les difficultés qu’ils vivent en arrivant. Je suis aussi beaucoup plus empathique qu’auparavant, car je n’imaginais pas à quel point les séjours dans les camps de réfugiés pouvaient être longs et difficiles.

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Ce projet m’a amené à renverser la situation. Et si c’était moi, mon père, ma sœur et ma mère? Et si notre quartier était bombardé, que nous devions partir avec seulement un petit sac de linge vers des camps où l’eau est une rareté? Et si nous attendions simplement de pouvoir être en sécurité? Je voudrais qu’un pays m’ouvre ses bras tout grands et que ses habitants sachent à quel point je ne leur veux aucun mal. Je crois que ce travail aura peut-être permis d’ouvrir les yeux à certains qui nous liront.

Ils sont si courageux

Ces histoires me paraissaient presque irréelles tellement elles me semblaient horribles. Lorsque j’ai quitté le restaurant où nous avions eu notre longue discussion, j’étais un peu ébranlée par toutes ces confidences touchantes, mais surtout j’étais remplie d’admiration pour cette femme qui a traversé toutes ces épreuves et qui a choisi avec courage de rebâtir sa vie malgré tout au Québec, loin de sa famille.

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Pour eux, venir vivre au Québec est un grand défi à relever. Chaque jour, ils s’acharnent à leur adaptation qui ne semble pas des plus faciles. Leur intégration est freinée par la barrière de la langue et le manque d’ouverture d’esprit de certaines personnes. Malgré ces difficultés, les réfugiés ne baissent pas les bras.

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Les personnes réfugiées sont des gens courageux. Je suis contente de voir qu’il y a beaucoup de gens derrière eux, prêts à les aider dès leur arrivée au Québec.

Ce que les personnes réfugiées nous apportent

Nous avons aussi réalisé que les réfugiés ont changé la vie de plusieurs Québécois : ils ont ouvert leur esprit et fait réaliser la chance qu’ils avaient d’être ici.

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Je crois même que ça pourrait être très bénéfique pour nous. Bref, je suis convaincue qu’on pourrait utiliser l’arrivée de tous ces réfugiés pour le bien de notre société. Je suis sûre qu’en les incluant dans notre société, nous deviendrons meilleurs.

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Pour ma part, l’inconnu me fait un peu peur. L’inconnu de la culture. Ce projet m’a par contre permis de voir à quel point c’est enrichissant de se lancer à la rencontre de chacun. À quel point il n’y a ni peur, ni gêne à avoir. Seulement un respect mutuel. C’est LA chose la plus importante. S’ils disaient qu’ils ne voulaient pas me parler de tel aspect, je les respectais. De nombreux apprentissages et souvenirs resteront avec moi suite à ce projet.

Les personnes réfugiées sont des humains, comme nous

J’ai appris à voir plus loin. J’ai appris à voir des humains. Ces humains, dans le cas des réfugiés, ont souvent vécu des situations terribles, inhumaines. Ils ont survécu. Ainsi, je les vois encore plus comme des « superhumains ».

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Cette expérience m’a confirmé à quel point il est néfaste de s’arrêter aux différences entre les gens. Le projet m’a permis de mettre un visage, d’humaniser le phénomène des réfugiés. Au fond, nous sommes tous les mêmes et il n’y a rien de plus beau que de collaborer et de vivre ensemble harmonieusement.

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Avec ce projet, je me suis aussi rendu compte que derrière des traits culturels, des habitudes ou un langage différent, les réfugiés sont des gens comme nous qui ont de l’ambition et des rêves, ceux d’une vie meilleure.

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J’ai réalisé que, tout comme pour eux, deux de mes valeurs fondamentales sont la famille et le respect.

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J’ai mis de côté ces préjugés et j’ai pu voir que cette personne, qui ne venait pas du même pays que moi et qui n’avait pas la même culture, avait toutefois des grandes valeurs que je partage.

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J’ai été profondément touchée par ces gens, par leur histoire. J’ai vu que peu importe d’où on vient, beaucoup de gens sont bien intentionnés et qu’il ne faut pas perdre espoir en notre monde.

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Discuter avec quelqu’un qui s’est bien intégré peut aider à faire tomber les préjugés et déconstruire les fausses croyances que l’on entretient à leur égard. Finalement, ces gens sont comme vous et moi, des êtres humains qui souhaitent retrouver un train de vie normal et être heureux à nouveau.

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Ça m’a touché et ça m’a fait réaliser à quel point ces gens sont des êtres humains tout comme nous.

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Tout d’abord, j’ai constaté que ces individus avaient véritablement vécu la misère et qu’il était de notre devoir de leur venir en aide. En faisant preuve d’une conscience éthique, nous ne pouvons simplement pas être indifférents face à cette réalité.

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Ils nous permettent d’entrer un peu dans leur intimité et de nous laisser voir une autre version de leur parcours, qui ne nous est pas souvent présentée par les médias. Ces rencontres ont donc permis d’humaniser les personnes qui arrivent au Québec. Cela nous pousse à vouloir les soutenir, à dire aux autres qu’il faut accueillir ces humains, ces familles, chez nous et les aider à se sentir chez eux.

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Nous avons appris que ces personnes n’ont souvent pas le choix du pays où elles vont atterrir. Elles arrivent au Québec souvent apeurées, inquiètes et déstabilisées. Elles ne sont pas préparées mentalement aux défis qui les attendent. C’est pour ces raisons qu’il faut les accueillir à bras ouverts, car ce n’est pas en se fermant à elles que nous allons les aider à s’intégrer.

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Ma rencontre m’a démontré qu’au fond, nous sommes tous pareils : nous voulons nous épanouir, être heureux, être en sécurité et être acceptés par les gens. C’est important de s’ouvrir à l’autre et c’est que je retiens de cette expérience.

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Les préjugés que j’avais avant le projet (« ils arrivent ici et ils doivent s’adapter ») ont changé. En fait, je reconnais leur désir de vivre dans un monde meilleur et j’admire également tous les efforts qu’ils font pour s’intégrer dans la société, travailler et apprendre notre langue. Je ne crois pas que je serais capable d’en faire autant.

Bravo aux bénévoles et aux travailleurs et travailleuses

Du côté des travailleurs ou des bénévoles dans un organisme soutenant et accueillant les réfugiés, on a vraiment vu la différence qu’ils apportaient chez les nouveaux venus au Québec.

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J’ai été grandement impressionné par tout ce que les travailleurs et les bénévoles ont pu faire auprès des réfugiés pour faciliter leur accueil et leur intégration dans la société québécoise.

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C’est un travail colossal et j’admire énormément les personnes qui apportent leur aide à la cause des réfugiés. Ce que j’en retiens principalement, c’est une sensibilité à l’égard de la détresse psychologique et physique ainsi qu’à l’égard de l’état d’esprit dans lequel ces réfugiés arrivent au Québec.

Le Québec est ouvert

Ma perception a vraiment changé. Je me sens maintenant un peu comme une étrangère dans ma propre société. Je réalise à chaque jour un peu plus comment nous avons du chemin à faire. Heureusement, je remarque aussi davantage les actes qui vont dans le sens contraire du racisme, des préjugés et du rejet.

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J’aimerais que tous les bénévoles puissent raconter leur expérience dans les médias pour faire réaliser aux Québécois comment ces gens méritent d’être bien accueillis et qu’on arrête de les juger parce qu’ils ont une religion différente.

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En fait, moi ça m’a ouvert les yeux sur la bonté des gens et c’est réellement quelque chose qui m’a touchée. Il y en a beaucoup qui sont prêts à aider et qui veulent que les gens d’autres cultures se sentent bien ici.

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Je trouve que ce projet m’a montré une société que je voyais plus fermée que ce qu’elle est vraiment. En fait, avec tout ce que j’entendais à la radio, j’avais l’impression que les gens étaient beaucoup plus fermés que ce que j’ai pu constater au fil des rencontres.

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Je suis heureuse que le Canada ait ouvert ses frontières pour accueillir des gens qui avaient réellement besoin qu’on leur tende la main. Pour moi, le geste est très significatif; redonner une chance à ces gens est extraordinaire.

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Je sais qu’il existe un réseau de gens prêts à donner de leur temps pour aider un tant soit peu les autres, plus particulièrement les réfugiés. Ces gens au grand cœur permettent la propagation d’une idéologie positive à l’égard des réfugiés.

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Ce projet m’a fait prendre conscience de la chance et du confort que nous avons au Québec. Cela m’a rendue reconnaissante envers ce que j’ai, autant au niveau matériel que psychologique et social. Nous avons de bonnes ressources et ce n’est pas comme ça pour les réfugiés… Par contre, j’ai été fière de notre province. Fière du support incroyable qu’elle donne à ces nouveaux arrivants déboussolés. Je voyais dans les yeux des réfugiés leur reconnaissance envers les bénévoles et le personnel qui prenaient soin d’eux.

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Ce travail m’a aussi appris qu’il y a encore plusieurs personnes prêtes à aider et à donner de leur temps pour les autres. Ça m’a fait du bien de constater qu’il y a autant de gens dévoués et prêts à s’impliquer dans leur communauté.

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J’ai compris que la clé pour qu’ils s’intègrent était de leur faire une vraie place dans la société et non de simplement les regrouper tous ensemble dans des maisons ou des centres multiculturels.

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Je réalise le confort dont je profite ici, en sécurité au Canada. Franchement, je sais que ça peut sembler cliché, mais j’ai de la chance d’avoir tous ceux que j’aime près de moi (je les chéris encore plus d’ailleurs) et de pouvoir me consacrer à des activités comme étudier, faire du bénévolat, etc. alors que certains n’en ont pas la chance, en plus de devoir lutter pour leur propre vie.

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Et nous? Eh bien j’ai réalisé que plusieurs d’entre nous ont à cœur leur situation et c’est rassurant, parce qu’ensemble, il sera possible de faire changer les perceptions faussées du reste de la population et de faire du Québec une province où il fait bon vivre, peu importe ce par quoi on est passé.

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Nous devons réaliser qu’ici, au Québec, nous sommes chanceux et que nous devons offrir cette chance aux personnes qui vivent constamment dans la peur et dans la terreur.

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J’espère sincèrement que le projet va avoir une influence sur la pensée collective et qu’il va influencer les gens à faire preuve d’altruisme, de dévouement, d’ouverture, d’empathie et de respect envers les autres.

Je veux aider, m’engager

J’aimerais de tout cœur qu’ils soient intégrés à notre société. J’aimerais les côtoyer. J’aimerais être leur amie et les intégrer dans ma vie sociale pour qu’ils apprécient la vie au Québec.

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Ce n’est pas parce que je suis née au Québec que je suis la seule à avoir le droit à la paix, à la sécurité, etc. Nous sommes chanceux d’être dans un pays où la paix règne. Pourquoi ne pas en faire profiter ceux qui n’ont pas la chance d’avoir cette paix?

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Grâce à ce projet, j’ai appris à me mettre à la place de l’autre afin de comprendre ce que les réfugiés vivent ou encore les motivations qui poussent les bénévoles à s’impliquer pour la cause.

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Le projet m’a même amené à considérer faire ma part pour que les réfugiés aient la vie plus facile en arrivant au Québec. J’entreprendrais probablement des démarches pour offrir de mon temps dans un organisme qui vient en aide aux réfugiés. J’ai compris qu’il y avait une demande et j’ai surtout compris à quel point les réfugiés ont des récits de vie difficile. Je veux donc contribuer à leur rendre la vie plus facile dans leur nouvel environnement, je trouve qu’ils le méritent.

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Le projet m’a permis de constater que la force de notre peuple réside en sa diversité et en son ouverture et que nous devons accepter les différences pour enfin vivre et avancer tous ensemble.

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Je veux davantage m’engager pour contrer les injustices subies par les personnes que l’on n’écoute pas.

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J’ai tellement été touché par les histoires racontées par les réfugiés durant ce projet que je crois même m’impliquer dans un avenir rapproché dans un organisme pour leur venir en aide. Ces gens n’ont pas choisi la guerre, tout ce qu’ils désirent c’est la paix, comme nous, les Québécois.

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Définitivement, j’accorderai beaucoup plus d’importance à ce sujet et j’essayerai de m’impliquer pour changer la mauvaise perception des gens par rapport aux réfugiés.

Ces rencontres m’ont transformé.e

Toutes les personnes impliquées que nous avons rencontrées semblaient dire qu’il s’agissait de l’expérience d’une vie et nous pouvons dire qu’en seulement quelques rencontres, nos vies ont également changé.

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En somme, c’est un projet qui m’a permis de voir la situation des personnes réfugiées sous un autre angle. Il m’a permis d’exercer ma pensée critique face aux discours médiatiques qui diffusaient des messages parfois contradictoires sur le sujet.

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Rencontrer ces personnes a été très bénéfique pour moi. Elles m’ont permis de m’ouvrir davantage sur le monde et de ne pas craindre les gens différents.

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Aujourd’hui, je fais plus attention à l’autre et j’essaie de le comprendre et d’avoir plus d’empathie envers ce qu’il vit. J’essaie aussi de moins juger les gens et d’apprendre à les connaître.

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Ce projet m’a ouvert l’esprit. À vrai dire, je me croyais relativement ouverte d’esprit et ouverte aux autres, aux différences. Pourtant, en réalisant l’entrevue auprès d’un réfugié que je croyais connaître, j’ai réalisé que je ne m’ouvrais que de façon superficielle aux autres. En fait, je ne m’étais jamais vraiment intéressée aux différences et à l’histoire de la personne réfugiée dont j’ai fait le portrait et que je connaissais auparavant. En discutant avec elle, j’ai été happée par ses propos et j’ai eu envie d’en savoir plus, d’ajouter cette couleur dans ma vie et de me rapprocher d’elle, car je sais qu’elle peut m’apprendre et m’apporter beaucoup. Si je n’avais pas réalisé ce projet, peut-être que j’aurais graduellement perdu contact avec elle, mais désormais, je sens que notre amitié a atteint un autre niveau. D’ailleurs, je crois que le projet m’a autant enrichie en tant qu’individu qu’il a été bénéfique pour mon ami réfugié.

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Je suis désormais sur la voie pour ne plus me définir uniquement comme une Québécoise, mais plutôt comme une « citoyenne du monde ».

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Or, il faut arrêter de voir les autres cultures à partir de la nôtre et apprendre à vivre avec les différences pour accepter et comprendre les autres. Je crois sincèrement que ces portraits m’ont éclairée et m’ont permis d’être beaucoup plus ouverte d’esprit.

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Québec ville refuge Copyright © 2016 by Florence Piron is licensed under a Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, except where otherwise noted.

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