4 I.H. X, Irak

Jean-Michel Lafontaine

C’est en 2012 que I.H. (pseudonyme), une femme d’âge mûr, posa le pied en sol québécois pour la première fois. D’origine irakienne, plus précisément de la ville de Bagdad, I.H. eut, comme la majorité des personnes demandant l’asile, un parcours bien particulier. Les étapes qu’elle dut franchir avant de pouvoir demander refuge au Canada ne furent pas simples. Après avoir quitté Bagdad, elle fut forcée de passer par la Jordanie afin de pouvoir déposer une demande d’asile, et ce, avec l’aide des Nations Unies (ONU) qui la référèrent ensuite au Canada. Si l’ONU l’aida ainsi, c’était pour qu’elle puisse enfin fuir la guerre en Irak.

La guerre

Débutée en 2003, la « troisième guerre du Golfe » éclata lorsque les forces occidentales, majoritairement nord-américaines, se donnèrent pour objectif de faire tomber le régime de Saddam Hussein, objectif qui fut d’ailleurs atteint après une vingtaine de jours de raid. Cette guerre, qui était censée se terminer après le retrait des forces américaines en 2011, reprit toutefois de plus belle avec l’arrivée du groupe État islamique dans ce coin du globe.

Lors de l’entrevue, I.H., qui ne parle pas français, mais qui le comprend, se trouvait sur son lieu de travail, une épicerie du chemin Sainte-Foy tenue par des membres de la communauté arabe. Aidée par une autre dame qui maîtrise la langue française, il nous a été possible de lui poser certaines questions.

Arrivée et difficultés

À propos de son arrivée au Québec, elle nous confie d’abord à quel point elle avait trouvé difficile de laisser sa famille derrière elle, surtout ses enfants. En effet, sa famille avait décidé de ne pas venir vivre au Canada. Bien qu’ils gardent encore aujourd’hui contact avec leur mère, les enfants de I.H. ont choisi de rester faire leurs études là-bas.

Elle nous explique ensuite que la barrière de la langue représenta une grande difficulté d’intégration. En effet, le fait de ne pas parler français complexifia son arrivée dans la ville de Québec, une ville où le français est encore plus indispensable que dans une métropole comme Montréal. Elle recommande d’ailleurs aux personnes immigrantes et réfugiées non francophones d’opter pour les provinces anglophones du Canada s’ils ou elles considèrent ce pays comme terre d’accueil, la barrière linguistique y étant moins difficile.

I.H n’eut pas la possibilité de travailler lors de sa première année à Québec. Elle fut obligée de suivre des cours de français dans le but de faciliter son intégration. Mais, selon son témoignage, ce cours était trop difficile pour elle et « pas du tout adapté aux personnes réfugiées ». I.H dut donc redoubler d’efforts pour essayer de le réussir. Elle affirme arriver aujourd’hui à comprendre le français, mais ne le parle encore que très peu.

Outre la langue, qui est selon I.H. l’un des plus gros défis auxquels font face les personnes qui se réfugient au Québec, le temps d’attente dans les hôpitaux ainsi que la traduction des termes médicaux sont deux problèmes qui ne facilitent pas la vie quotidienne des personnes nouvellement arrivées.

Sur le plan social, I.H. se fit rapidement des amis dans la communauté arabe de la ville de Québec. Bien qu’elle ait aujourd’hui un cercle social plutôt restreint, elle se dit somme toute heureuse de la vie qu’elle mène au Québec, puisque « ici, il y a la paix », ce qui est inestimable à ses yeux. De plus, depuis son arrivée, I.H. dit ne pas avoir vécu de discrimination en raison de ses origines ou du fait qu’elle ne parlait pas français.

Recommandations

Bien qu’elle n’ait pas grand-chose à reprocher à sa terre d’accueil, I.H. a tenu à mentionner à la fin de l’entrevue qu’il y avait un grand manque à combler en ce qui concerne la quantité et la disponibilité de l’ensemble des professionnels de la traduction. Peu de gens le savent, mais ce sont les traducteurs et traductrices qui établissent le premier contact avec les personnes réfugiées quand elles arrivent au pays. Ils et elles sont donc les principales personnes ressources lorsque les personnes réfugiées ont un problème ou ont besoin de prendre un rendez-vous médical, par exemple. I.H. souhaite que des actions concrètes soient entreprises dans l’objectif d’augmenter le nombre des traducteurs et traductrices afin de permettre aux futures personnes réfugiées de s’adapter plus facilement à leur terre d’accueil.

Irak. Source : https://pixabay.com/fr/hillah-irak-paysage-d%C3%A9sert-nature-80384. Crédit : 12019

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Québec ville refuge Droit d'auteur © 2016 par Florence Piron est sous licence Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, sauf indication contraire.

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