45 Hélène Normand, bénévole pour la paroisse Saint-Yves

Lara-Catherine Desrochers

Madame Hélène Normand est une femme généreuse qui a de l’énergie et de l’amour à revendre. Elle est bénévole pour la paroisse Saint-Yves de Québec depuis février et parraine une famille de réfugiés syriens. Madame Normand a 61 ans et elle n’est pas prête à ralentir son rythme de vie. Elle carbure aux nouveaux projets, à la découverte de nouvelles cultures et de nouvelles rencontres. Après avoir dévoué sa carrière à un métier des plus altruistes qui soient, celui d’infirmière, madame Normand a pris sa retraite il y a cinq ans et elle crie haut et fort à quel point la retraite, c’est merveilleux. Selon elle, tant et aussi longtemps que la santé est au rendez-vous, il faut savoir mettre son temps au profit des autres et de faire le bien autour de soi. « La retraite, c’est une des plus belles parties de ma vie. Je me garde occupée et j’ai la chance incroyable de faire de nouvelles rencontres comme la famille de réfugiés que je marraine depuis deux mois. Je suis tellement contente! »

Là où tout a commencé

C’est lorsqu’elle a entendu parler que la paroisse Saint-Yves de Québec était à la recherche d’encore plus de bénévoles pour parrainer des réfugiés syriens qu’elle a sauté sur l’occasion pour continuer de venir en aide à ceux et celles dans le besoin. Ce besoin de bénévoles l’a immédiatement interpellée. Madame Normand se sentait très concernée par l’arrivée massive de réfugiés syriens. Pour elle, il est de notre devoir à nous, les Québécois de partager la chance de vivre dans une société sécuritaire. L’idée de parrainer une famille de réfugiés lui trottait dans la tête depuis un moment déjà, mais c’est avec les responsables de la paroisse Saint-Yves qu’elle a décidé d’aller de l’avant. La paroisse Saint-Yves n’est pas un organisme gouvernemental, les services rendus à la communauté sont tous orchestrés et financés par la sphère privée. Cela permet notamment une approche plus personnalisée aux gens qui bénéficient des services de la paroisse. C’est ce qui a convaincu madame Normand que c’était l’endroit idéal pour s’impliquer. De plus, c’est cette approche personnalisée qui fait de Québec une place de choix dans l’accueil des réfugiés.

Première expérience de bénévole avec des réfugiés

En février 2016, madame Normand rencontra une jeune famille de Syriens. Un homme de 31 ans, sa femme de 29 ans et leurs deux jeunes enfants âgés. Protestants et très croyants, ils considèrent avoir eu un parcours privilégié. En effet, lorsque la crise a éclaté en Syrie, la famille a eu la chance de se réfugier au Liban pendant un an. Là-bas, ils ont été pris en charge par un pasteur qui leur a déniché un petit appartement. Ils n’ont donc pas connu la vie dans un camp de réfugiés. Cette famille, que madame Normand accueille, démontre beaucoup de motivation. Ils sont extrêmement reconnaissants de l’accueil qui leur est fait. Le père de famille ne cesse de répéter à quel point sa famille est bénie d’avoir la chance de recommencer une nouvelle vie au Canada. Madame Normand est persuadée que la famille ne tardera pas à se sentir bien à Québec et que leur intégration se déroulera merveilleusement bien grâce à leur grande volonté.

Lors de l’arrivée, la paroisse prend en charge toutes les dépenses reliées à l’accueil et l’intégration à Québec pendant la première année. La famille ne doit pas recevoir d’assistance sociale de la part du gouvernement. La paroisse paie leur appartement et leur alloue un montant par mois afin de subvenir à leurs besoins de base. Madame Normand s’est engagée aurprès d’eux pour une durée d’un an, conjointement avec un homme qui désirait aussi les parrainer. Durant un an, elle apportera son soutien aux membres de la famille. Elle leur rend visite deux à trois fois par semaine. Ces gens jouissaient d’une qualité de vie similaire à celle des résidents de Québec dans leur pays d’origine. Les habitudes de vie sont différentes sur certains aspects et c’est pour cela que des bénévoles comme madame Normand sont essentiels à l’intégration afin de leur enseigner ces différences et les aider à comprendre. Avant d’entreprendre des activités amusantes avec la famille, il faut leur montrer comment faire l’épicerie dans les grandes surfaces, la différence entre les livres et les kilos, ouvrir un compte de banque, gérer leur nouveau budget, etc. Il faut se préoccuper de tous les petits détails afin de faciliter leur intégration au sein de la société québécoise. Par exemple, il a fallu déployer beaucoup d’efforts afin de programmer la carte de banque du père de famille afin qu’il puisse l’utiliser en anglais en attendant qu’il apprenne et maîtrise le français. Madame Normand rend également visite aux organismes d’aide comme des banques alimentaires afin de familiariser la famille avec les services auxquels ils ont accès.

La famille vit dans un bel appartement spacieux dans Vanier, tout près des centres d’achats. C’est en faisant des recherches actives dans les environs que madame Normand a été en mesure de trouver plusieurs endroits et services qui peuvent être utiles à la famille syrienne. Les services aux citoyens ne sont pas suffisamment connus. Mais madame Normand se donne à 110 % pour trouver toute l’aide disponible pour ses précieux protégés. Près du domicile de la famille syrienne se trouve une école de français venant exclusivement en aide aux réfugiés désirant apprendre le français rapidement pour intégrer des cours de français officiels. Ils y offrent des cours gratuitement trois fois par semaine.

Ce qui anime une bénévole

Grande voyageuse, madame Normand a été en contact avec les autres cultures à maintes reprises pendant sa vie. Elle a toujours démontré un intérêt très fort pour la découverte et aime s’imprégner d’une culture qui n’est pas la sienne. Les autres cultures ont quelque chose à apporter à ceux qui se laissent emporter par les coutumes et les mœurs inconnus ou différents. Madame Normand encourage les voyages et l’ouverture sur le monde, c’est ce qui fait  selon elle la beauté de notre monde.

Dans leur pays, le jeune père de famille était coiffeur. Lorsqu’il parlera français et qu’il sera un peu plus à l’aise avec la langue, madame Normand compte bien rendre visite aux salons de coiffure du voisinage pour l’aider à se trouver un emploi dans son domaine. De plus, étant donné les croyances religieuses de la famille, il est très important pour elle d’aider le couple et les enfants à s’intégrer à la communauté chrétienne de Québec. Les semaines suivant leur arrivée, madame Normand a remarqué que la jeune mère était surprise de constater la présence de mosquées à Québec. Lorsqu’elle sera plus familière avec le français, madame Normand compte bien lui expliquer l’importance de la diversité culturelle et religieuse à Québec; tous ont le droit de pratiquer leur religion.

Selon elle, il ne fait aucun doute que la difficulté principale que rencontrent les réfugiés au Québec est le français. Certains d’entre eux, comme le père de famille que madame Normand accueille, parlent anglais. La jeune mère qu’elle marraine a pour sa part fait des études en littérature en Syrie et a eu la chance d’apprendre un peu le français. C’est un avantage considérable pour cette famille de réfugiés. Les enfants sont jeunes, ce qui leur permet une intégration plus facile dans les classes du primaire. Toutefois, la barrière de la langue est définitivement ce qui ralentit l’intégration des membres de la famille puisque, dans leur cas, ce n’est pas la motivation ni l’entrain qui manquent. À Québec, les gens ne parlent pas tous anglais. Bien entendu, le climat représente un défi important pour les nouveaux arrivants.

Madame Normand recommande aux gens de se projeter dans la réalité des réfugiés, ce qui permettrait de faciliter leur intégration à Québec. Il faut encourager les gens à se montrer curieux; bien vite, on se rend compte que ces gens sont comme nous. Ils n’ont simplement pas eu la chance de vivre dans un pays sécuritaire. Ils ont droit à la même liberté que nous. Les gens qui se réfugient ici ne recherchent qu’une chose, c’est d’être heureux et de se sentir en sécurité. À Québec, nous avons la possibilité d’offrir cette qualité de vie.

Madame Normand ne cesse de dire à quel point c’est une expérience extraordinaire d’accueillir des réfugiés à Québec. Elle considère être choyée de pouvoir offrir de son temps à une famille qui a tout le futur devant elle et qui est à la poursuite du bonheur. Madame Normand tient à ce que les gens de Québec qui pourraient s’inquiéter soient au courant de toute la volonté qui anime ces réfugiés. Ils ne demandent pas mieux que de contribuer à la société qui les accueille. « Il faut s’entraider et ne pas avoir peur l’un de l’autre », dit-elle avec une voix puissante et pleine de vigueur. S’ils semblent distants ou renfermés, c’est souvent parce que leur culture est si différente de celle des Québécois. Madame Normand reste émerveillée par l’entrain de la plus jeune fille qui vient tout juste de commencer la maternelle. Dès la première journée, elle s’est fait des amis et avait déjà fait d’énormes progrès avec le français. Il y a une leçon à retenir dans l’intégration de cette petite fille de six ans à peine : si tous les résidents de Québec pouvaient avoir la même attitude que de jeunes enfants de la maternelle par rapport aux réfugiés, cette ouverture bienveillante, notre ville serait définitivement des plus invitantes.

BILAN

Madame Normand m’a démontré qu’en devenant bénévole auprès des réfugiés, tout le monde y trouve son compte. Madame Normand respire le bonheur, elle se sent bien, son quotidien lui apporte beaucoup de satisfaction personnelle. La famille qu’elle aide lui apporte joie et sourires toutes les semaines depuis février.

Je crois qu’il devrait y avoir plus de communication dans les médias afin de promouvoir le bénévolat dans le cadre de l’arrivée des réfugiés. Trop de messages négatifs sont propagés par rapport aux efforts qu’il faut déployer pour les accueillir. Trop peu d’information est transmise à la population dans le but de démontrer ce que l’action humanitaire et l’engagement en tant que bénévole peut apporter individuellement, mais aussi aux réfugiés. La société individualiste dans laquelle nous vivons nuit fortement à l’intégration adéquate des réfugiés. C’est en écartant les barrières qui nous séparent des autres qu’immigrants réfugiés et Québécois de souche pourront vivre en harmonie sans avoir peur. La peur de la différence, c’est la source de bien des problèmes, et ce, partout dans le monde. À Québec, nous voulons devenir une société d’accueil, mais il faut devenir un exemple pour le reste du monde en démontrant qu’ici la différence est la bienvenue et qu’ici la différence fait la richesse de notre société moderne.

En rencontrant madame Normand, j’ai compris que ce sont des gens comme elle qui font toute la différence. Son ouverture d’esprit change des vies. Lorsque le temps me le permettra, je m’investirai sans doute dans une cause comme la sienne et j’inviterai mon entourage à faire de même. J’ai envie d’accepter la différence et d’accueillir cette différence dans ma vie, les bras ouverts.

Drapeau de la Syrie. Source : https://pixabay.com/fr/syrie-drapeau-drapeau-national-162435. Crédit : OpenClipart-Vectors

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