44 Gilberte Dubé, bénévole à la Maison Zoé-Blais
Jean-Benoît Dubé
Mme Dubé est une bénévole de 93 ans d’origine québécoise qui participe activement à l’intégration des personnes réfugiées dans le secteur Vanier de Québec, à la Maison Zoé-Blais. Elle passe beaucoup de temps avec l’équipe en place et avec ceux et celles qui en ont besoin.
Actions
Grande adepte de tricot et de couture, madame Dubé se plait à mettre en relation des personnes réfugiées de divers pays tels que la Bosnie, le Bhoutan, le Népal et le Rwanda en leur transmettant sa passion et son expertise chaque semaine. Dans ses ateliers, elle discute avec les nouveaux arrivants et arrivantes tout en leur permettant de se réaliser de façon créative. Selon elle, les personnes réfugiées montrent beaucoup de potentiel et prennent un malin plaisir à exprimer leur créativité. Il est à noter que madame Dubé préconise une approche humaine dans le déroulement de ses ateliers. En effet, malgré les différences culturelles, religieuses et linguistiques, elle utilise la démonstration et s’assure que ses apprentis se sentent confortables et épanouis.
Opinion
Selon elle, la plus belle chose qui se réalise dans ses ateliers est humaine. Elle explique qu’il est possible d’observer un réel cheminement chez les réfugiés au fil des rencontres. Elle explique qu’au début ils sont souvent timides, parfois même méfiants, mais qu’après quelques rencontres, ils s’ouvrent et partagent beaucoup! Ses activités permettent à ces individus d’éprouver de la fierté. Également, il est à noter que la Maison Zoé-Blais investit beaucoup de temps dans la recherche de donateurs pour permettre aux réfugiés de bien manger et de se vêtir.
Elle donnait en exemple une jeune fille qui était extrêmement timide à son arrivée, mais qui, à la suite des diverses rencontres, a su devenir le « petit rayon de soleil » de la Maison. C’est les yeux remplis de fierté qu’elle expliquait que son implication permettait de rassurer et de faciliter le passage en terre d’accueil pour ces gens.
Défis
Les principaux défis évoqués par madame Dubé dans ces rencontres se situent sur les plans culturel, linguistique et personnel. Elle explique qu’il existe parfois un conflit entre les mœurs des réfugiés et les siens. Entre les valeurs, les habitudes de vie, les relations conjugales, il apparaît parfois difficile de bien se comprendre. Elle explique que les différences culturelles liées au statut de la femme sont difficiles à surpasser. Il est à noter qu’au moment où ce sujet était sur la table, toutes les employées et bénévoles ont acquiescé en citant le guide « Découvrir le Canada » qui stipule qu’ici, femmes et hommes sont égaux. D’un point de vue communicationnel, le fait que madame Dubé ait des problèmes d’audition et que les réfugiés qui fréquentent la Maison Zoé-Blais soient généralement en phase de francisation a pour effet de rendre plus laborieux le déroulement des activités. Il ne va pas sans dire que cette bénévole passe par dessus cette barrière linguistique en parlant avec les signes et en utilisant des mouvements simples et facilement imitables. D’un point de vue plus personnel, il s’avère évident pour elle que plusieurs réfugiés se sentent incapables d’interactions sociales par sentiment d’incapacité. Il est à noter qu’il ne s’agit pas ici d’incapacité linguistique, mais de barrières liées au sentiment de réalisation personnelle. Les réfugiés ayant vécu dans les camps de réfugiés pendant plusieurs années se sentent parfois incapables de s’accomplir ou de s’exprimer, ce qui représente une barrière considérable pour eux.
Recommandations
Lorsque nous avons interrogé madame Dubé et Annie Théroux, qui donne également de son temps à la Maison Zoé-Blais, sur leur opinion par rapport aux Canadiens qui craignent l’arrivée de réfugiés syriens et aux messages parfois haineux circulant dans les médias, les deux nous ont répondu qu’elles recommandaient fortement à quiconque doutant de la bonté de ces personnes de se rendre à la Maison Zoé-Blais et de les rencontrer. Elles expliquent que ces gens ont déjà assez souffert dans leur pays et doivent traverser un bon nombre d’épreuves sans avoir, en plus, à se battre contre des préjugés fondés sur la peur et l’ignorance.
Elles insistent aussi sur l’importance de ne pas stigmatiser ces individus. Les conditions économiques et culturelles forcent souvent ces gens à vivre dans des HLM qui sont remplis d’autres réfugiés. Elles expliquent que cela a pour effet de les ralentir dans leur francisation et dans leur intégration. Elles insistent sur le meilleur taux de réussite et d’intégration sociale chez les jeunes, car ils baignent dans leur culture d’accueil à l’école.
Réflexion personnelle
Après avoir rencontré madame Dubé, nous avons compris qu’il n’est pas nécessaire de s’appeler Martin Luther King pour faire une différence. Il y a autour de nous une grande quantité de gens qui sont dans le besoin. Que ce soit par nos actions, par nos dons ou par notre temps, il est facile de redonner au suivant, surtout lorsqu’on rencontre des bénévoles qui donnent autant.