40 Audrey Lord, membre d’Entraide Universitaire Mondiale du Canada
Catherine Prémont
Audrey Lord est une jeune femme née dans la ville de Québec. Au moment de la rencontre, elle est conseillère en affaires internationales au ministère des Relations internationales et de la Francophonie. Audrey possède un bagage fort intéressant au niveau culturel et témoigne d’un engagement impressionnant dans sa communauté.
Intérêt pour les cultures
Malgré son jeune âge, elle a déjà voyagé dans plus d’une vingtaine de pays différents à travers le globe. Ses voyages furent pour la plupart dans les pays du Sud. Elle a eu notamment la chance d’explorer quelques pays de l’Asie du Sud-Est tels que le Vietnam, la Thaïlande, la Malaisie et l’Indonésie. Elle visita aussi le Burkina Faso en Afrique, ainsi que plusieurs régions d’Amérique centrale comme le Panama, le Costa Rica, le Nicaragua et le Honduras. Elle fit également quelques séjours dans plusieurs pays d’Europe. Ayant toujours eu une grande curiosité pour la diversité culturelle, elle commença à vraiment développer un intérêt particulier pour les différences entre les peuples lorsqu’elle voyagea dans d’autres pays. Lorsqu’elle était plus jeune, raconte-t-elle, elle souhaitait se fondre dans la culture du pays qu’elle visitait, voire être comme les locaux du pays. « Je me souviens avoir demandé maintes fois à ma mère si j’avais l’air américaine ou espagnole, selon l’endroit où on se trouvait » affirma-t-elle. En vieillissant, elle comprit qu’il se dégageait une réelle beauté derrière la diversité culturelle et cessa donc de vouloir être comme les autres. Dès lors, elle commença tranquillement à découvrir l’énorme potentiel d’apprentissage et de développement personnel que pouvaient lui apporter des rencontres avec des individus originaires d’ailleurs. Le déclic se fit lors de ses études collégiales où elle commença réellement à côtoyer des immigrants et immigrantes. Audrey dit qu’elle « adore apprendre des autres cultures et comprendre leurs subtilités ».
Lors de sa deuxième année de baccalauréat, Audrey décida de s’impliquer au sein d’un comité local appelé Entraide Universitaire Mondiale du Canada sur le campus de l’Université Laval. Elle cherchait justement une association pouvant lui permettre d’acquérir de meilleures compétences dans le domaine des relations internationales; l’EUMC-Laval lui permit d’avoir une expérience plus pratique et enrichissante. L’EUMC est une association véhiculant plusieurs valeurs, telles que l’entraide, la promotion de l’éducation, le multiculturalisme ainsi que la lutte contre la pauvreté. En s’impliquant dans ce comité, Audrey ne s’attendait pas à l’ampleur que toute cette expérience allait prendre dans sa vie. Par la suite, elle décida de s’impliquer dans le programme d’étudiants réfugiés (PÉR) et de participer au parrainage de deux étudiants réfugiés par année, et ce, depuis maintenant trois ans. Ceci fut un moment marquant dans son parcours puisqu’après coup, elle prit la décision de réorienter son champ d’études vers les enjeux des migrations forcées.
Engagement auprès des personnes réfugiées
Son engagement auprès des personnes réfugiées lui permit de faire un lien direct avec ses études. Le fonctionnement du programme d’étudiants réfugiés se base sur le parrainage complet de deux étudiantsou étudiantes, autant du point de vue financier et social que scolaire. Audrey explique que, concrètement, cela signifie qu’avant l’arrivée des personnes réfugiées à Québec, une sélection des personnes parrainées est faite par le comité. Les procédures d’immigration sont également prises en charge, ainsi que la vérification de l’admissibilité à l’Université des personnes choisées. En effet, accueillies comme étudiantes à l’Université Laval, elles deviennent résidentes permanentes du Canada dès qu’elles arrivent. Elles ne sont donc plus réfugiées à leur arrivée à Québec.
Ensuite, le comité doit s’assurer de faire la réservation des chambres dans les résidences et de les meubler entièrement. Les membres du comité s’engagent ensuite à trouver des vêtements adéquats pour la température à Québec puisqu’il s’agit d’un grand changement par rapport au pays d’origine des personnes réfugiées. Les membres du comité vont les accueillir à l’aéroport et c’est à ce moment que le processus d’acclimatation débute.
En s’impliquant au sein de ce comité, Audrey s’engage à accompagner ces personnes dans leur intégration en leur apportant du soutien dans leurs études et dans les différentes démarches pour trouver un emploi. Elle est présente pour elles afin de répondre à leurs différents questionnements et elle essaie de les présenter à des gens pour favoriser leur intégration à un réseau social. En fait, comme Audrey l’explique, il s’agit essentiellement d’être là en tant que personne ressource pour leur montrer qu’ils et elles peuvent compter sur elle à Québec. Son engagement au sein du comité lui permet de faire de belles rencontres et de découvrir plusieurs aspects de différentes cultures. Plusieurs amitiés sont même nées grâce à ce programme. À partir du moment où une amitié naît entre elle et les nouveaux résidents permanents, il ne s’agit plus d’une tâche, d’un travail. Audrey peut alors faire des activités sociales avec ces personnes, sans motif particulier, comme aller marcher ou bien simplement aller prendre une bouchée. « J’adore vraiment ça. Ils m’apprennent de nouvelles choses chaque jour » s’exprime-t-elle.
Les difficultés des personnes réfugiées
En ce qui concerne les principales difficultés des personnes réfugiées à Québec, Audrey explique qu’il s’agit d’une question délicate puisque chacun et chacune arrive avec son propre bagage, sa propre histoire et ses propres facilités et difficultés. Il est important de comprendre que ce sont des personnes avant d’être des réfugié-e-s. Toutefois, il est possible de cibler quelques obstacles. Parmi les personnes réfugiées qu’Audrey a eu la chance de parrainer, certain-e-s avaient le mal du pays ou d’autres avaient quelques difficultés à comprendre les interactions sociales à Québec. Doit-on donner un baiser sur les joues lorsqu’on dit au revoir ? Quelle distance physique doit-on garder avec les personnes qu’on rencontre? La barrière de la langue peut également faire obstacle aux personnes réfugiées lorsqu’elles arrivent à Québec. Le français est une langue assez complexe et les Québécois ont des expressions et un accent spécifiques qui peuvent être assez difficiles à saisir pour les étrangers. Bien que la langue représente un certain défi pour les personnes réfugiées, le climat peut aussi peser dans la balance. L’hiver est très difficile pour les personnes qui ne connaissent pas le climat québécois et les températures qui peuvent descendre sous zéro. Malgré tout, Audrey affirme que toutes les personnes réfugiés font preuve d’une résilience impressionnante.
Accueil et ouverture
Pour ce qui est des points forts de l’accueil des personnes réfugiées dans la ville de Québec, Audrey mentionne la sécurité. C’est un aspect qui est primordial pour les personnes réfugiées lors de leur arrivée dans leur pays d’accueil.
En leur ouvrant nos portes, on leur donne une nouvelle chance, une opportunité de s’épanouir et de contribuer à notre société. Je trouve que c’est génial!
Même s’il reste du travail à faire afin de sensibiliser la population, Audrey se dit fière de ce que la ville de Québec a à offrir en matière d’accueil pour les personnes réfugiées. En particulier, selon Audrey, le Centre multiethnique et les organismes de parrainage privés font un excellent travail auprès des personnes réfugiées qui s’installent à Québec.
En guise de recommandation pour faciliter l’expérience de futures personnes réfugiées à Québec, Audrey leur suggère de s’impliquer socialement dans leur nouvelle ville. Pour elle, le fait de se créer un bon réseau, d’échanger avec d’autres immigrant-e-s ainsi qu’avec des personnes natives de Québec est une formule gagnante pour mieux s’intégrer. « On a tous quelque chose à apprendre de l’autre. Autant eux, que vous » dit-elle.
Comme il a été mentionné plus tôt, il y a encore du travail à faire afin de sensibiliser la population sur l’arrivée des personnes réfugiées à Québec. Le message que veut passer Audrey aux personnes qui sont inquiètes par rapport à l’arrivée des personnes réfugiées à Québec est le suivant : « Informez-vous! Il ne faut pas avoir peur de l’autre. Apprenez à connaître ces personnes, renseignez-vous sur les situations dans lesquelles ces personnes se trouvaient avant de venir au Québec et sur l’apport économique, démographique et social de l’accueil ».
Enfin, pour les personnes qui aident et qui s’impliquent dans l’accueil des réfugiés, Audrey veut leur dire de continuer le travail qu’elles font puisque c’est essentiel d’apprendre à vivre ensemble avec les différentes cultures. Il faut également favoriser la sensibilisation auprès de la population pour accueillir encore des personnes réfugiées et leur offrir un bon soutien pour faciliter leur intégration à Québec.