33 Sœur Nicole Daigle, Maison Zoé-Blais pour femmes en difficulté

Célina Bédard, Gabriel Bolduc, Jean-Benoît Dubé et Gabriel Théberge

Nous avons rencontré Sœur Nicole Daigle qui travaille à la Maison Zoé-Blais dans le quartier de Vanier, à Québec. La maison, fondée en 1984 et placée sous la direction de Sr Daigle depuis 1997, a pour mission principale de « venir en aide aux femmes en situation de pauvreté ou de difficulté » (Renier et Vachon-Bellavance, 2011 : en ligne). On y offre divers services, dont un comptoir alimentaire et un vestiaire, ainsi que des cours de tricot, de tissage et de cuisine. En 2011, on y accueillait des femmes de 11 nationalités différentes, plusieurs d’entre elles n’ayant pas la citoyenneté canadienne et ne parlant que très peu le français. En plus des autres services, la maison offre également des cours de français et de préparation à l’examen de citoyenneté. Sr Daigle travaille de concert avec Sr Raymonde Dumont, ainsi qu’avec une quarantaine de bénévoles, pour offrir tous ces services aux femmes dans le besoin.

Parcours d’une femme qui a la vocation d’aider

Sœur Nicole Daigle débuta sa carrière à la Maison Notre-Dame-de-la-Garde à Cap-Rouge, pour ensuite travailler au Centre d’accueil l’Escale. Puis, en 1975, elle fut nommée directrice d’une résidence pour étudiantes à Saint-Augustin où elle travailla neuf ans tout en complétant parallèlement une formation en éducation spécialisée et des études en théologie. En 1997, elle devint directrice de la Maison Zoé-Blais où, encore aujourd’hui, elle se dévoue corps et âme pour venir en aide aux femmes québécoises et immigrantes dans le besoin.

Avant son arrivée à la Maison Zoé-Blais, celle-ci n’accueillait que des femmes québécoises. Depuis, la mission de la maison a quelque peu changé puisque Bosniaques, Croates, Serbes et Colombiennes, pour ne nommer que quelques nationalités, ont demandé du soutien aux bénévoles dévoués de la Maison Zoé-Blais. Cette nouvelle vocation est principalement due aux nombreuses guerres civiles qui font rage un peu partout sur la planète. Les arrivants de ces pays en guerre s’installent souvent en grand nombre dans le quartier de Vanier. Ils demeurent donc à proximité de la Maison Zoé-Blais et peuvent profiter de ses services.

Sr Daigle explique que, dernièrement, plusieurs familles bhoutanaises et népalaises se sont réfugiées à Québec. Ces nouveaux arrivants sont souvent analphabètes et souffrent de surdité, de problèmes de vision et d’autres maladies causées par les conditions de vie difficiles dans lesquelles les familles ont vécu avant d’arriver au Québec. Certaines n’ont jamais eu d’eau potable ou d’électricité à la maison. Il est donc difficile pour elles de s’intégrer rapidement au mode de vie nord-américain, dans lequel la consommation est au centre de bon nombre de nos activités. Les personnes réfugiées doivent donc être bien encadrées dès leur arrivée afin de s’adapter à leur société d’accueil et d’adopter un rythme de vie adapté.

Don de soi et autres valeurs

Sœur Nicole Daigle n’a pas beaucoup voyagé. Cependant, elle a appris à s’intéresser aux autres cultures en venant en aide aux nombreuses femmes nouvellement arrivées au Québec. Elle tente toujours de s’adapter aux caractéristiques propres à chacune pour mieux les accommoder. En tant que Sœur, les valeurs principales qui la guident sont la générosité et l’altruisme. Elle accorde une très grande importance au don de soi. Elle mentionne qu’en « travaillant avec des immigrants, on apprend avec eux ». Elle s’abreuve de la reconnaissance des nouveaux arrivants qui, au départ, sont méfiants face à la gratuité des services offerts et à la gentillesse des bénévoles qui les accueillent, mais qui, avec le temps qui passe, se laissent aider et participent aux activités offertes par la Maison Zoé-Blais.

Une journée typique à la Maison Zoé-Blais est difficile à décrire en quelques lignes, puisque tous les jours y sont différents. Certaines activités reviennent néanmoins régulièrement. Le lundi et mardi, on enseigne la couture, le tricot et le tissage, le mercredi, le vestiaire et le comptoir alimentaire sont ouverts aux femmes participant aux activités, et le jeudi, on offre une préparation à l’examen de citoyenneté. Sr Daigle coordonne le tout et participe de temps à autre aux activités avec les bénévoles et les femmes présentes.

Points forts de l’accueil des personnes réfugiées à Québec

Lorsque nous lui avons posé la question sur les points forts de l’accueil des personnes réfugiées à Québec, SDaigle a vanté les nombreux services offerts pour leur permettre de s’intégrer à la culture québécoise. Cependant, le travail à faire est énorme afin que ces personnes puissent un jour retrouver une vie normale et devenir de vrais citoyens canadiens. Elle mentionne certains cas où des personnes réfugiées se sont permis de profiter du système en utilisant l’argent donné par l’État pour subvenir à des besoins loin d’être essentiels. Cependant, le gouvernement et les organismes sont de plus en plus vigilants face à ces pratiques. Lorsqu’elle apprend qu’une personne bénéficiant des services de la Maison Zoé-Blais utilise l’argent qu’elle reçoit du gouvernement canadien pour aller rendre visite à des amis dans leur pays d’origine, par exemple, elle refuse leur requête d’aide à leur retour.

D’un autre côté, elle est stupéfaite de voir à quel point les personnes réfugiées sont généralement vaillantes et veulent réussir à s’intégrer. Bien rares sont les personnes réfugiées qui vont refuser un emploi, quel qu’il soit, afin de gagner un peu d’argent. Elle a un message pour les Québécois et Québécoises qui s’inquiètent de l’arrivée de personnes réfugiées : elle leur conseille d’aller à leur rencontre et de constater de leurs propres yeux à quel point elles sont travaillantes, assidues et courageuses. Finalement, elle se dit contente de constater l’évolution concernant l’aide fournie aux personnes réfugiées qui arrivent au Québec et elle espère que les bénévoles et travailleurs continueront à travailler dans ce sens afin que ces personnes se sentent véritablement acceptées dans notre belle culture québécoise.

Aide aux femmes en difficulté. Source : https://pixabay.com/fr/mains-compassion-aider-vieux-soins-699486. Crédit : jclk8888

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