À propos des traductions

Claudia Bourguignon Rougier

Une des difficultés qu’a présenté ce travail tenait au fait que le corpus considérable sur lequel il repose est très peu traduit en français. En effet,  jusqu’en 2014, les traductions de penseurs et penseuses du groupe Modernité/Colonialité étaient pratiquement inexistantes. Deux articles avaient été publiés dans Mouvements et Multitudes. Capucine Boidin avait dirigé en 2009 un numéro spécial de la revue de l’IHEAL consacré à la perspective décoloniale, ce qui constitue l’exception notable de ce début de siècle.

Remarquons néanmoins qu’à la même époque, le versant féministe décolonial était, lui, beaucoup plus représenté dans les traductions, avec cependant un décalage très important puisque un texte fondateur, comme celui de Maria Lugones, n’a été traduit qu’en 2019.

Inutile de dire que tout le travail réalisé dans le cadre des mouvements de peuples originaires est encore quasiment  invisible, et que les intellectuel-le-s latino-américain-e-s qui ont été des précurseur-e-s sont également, pour la plupart, inaccessibles aux lecteurs et lectrices francophones.

En France, avec Philippe Colin et Ramón Grosfoguel, nous avons été les premiers à éditer la seule anthologie d’auteurs décoloniaux et d’autrices décoloniales traduits en français : Penser  l’envers obscur de la modernité. Et l’atelier de traduction de la Revue d’Études Décoloniales, qui diffuse depuis quatre ans des traductions d’articles, a également traduit deux ouvrages d’Arturo Escobar : Sentirpenser avec la terre et Autonomie et design. Mais il faut bien dire que la masse des textes traduits reste infime et que des auteurs et autrices, aussi fondamentaux que Quijano, sont à peine présent-e-s dans la traduction, malgré leur prolixité.

Cela explique que malgré nos efforts pour indiquer aux lecteurs et aux lectrices des références de textes en français, cela n’ait été possible qu’occasionnellement.

Autre conséquence : pratiquement toutes les citations que les lecteurs et lectrices trouveront ont donc été traduites par nos soins. Nous ne l’avons pas précisé dans le corps du texte car cela aurait rendu la lecture pénible. Sebastien Lefèvre, qui a souvent commenté des textes de nature littéraire, a pris soin de faire figurer les deux langues. Paul Mvengou Cruz Merino a souvent fait figurer les deux textes.

La traduction est un des axes essentiels de la production d’un vrai dialogue vers le Plurivers. Pour le moment, il faut bien dire que ce travail, souvent fait bénévolement, est réalisé à la marge et dans de mauvaises conditions. Nous souffrons d’un manque crucial de traducteurs et traductrices. Cette situation est une métaphore des rapports Nord-Sud actuels.

Cette page est aussi un appel à venir nous rejoindre dans le cadre de la Minga, l’atelier de traduction de la Revue d’Études Décoloniales.

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