59 Lumbalú
Paul Mvengou Cruz Merino
Les Lumbalú sont des cérémonies funéraires spécifiques aux populations afro-colombiennes de la communauté San Palenque. Cette dernière a été un palenque fortifié, c’est-à-dire un territoire ou un village fondé par les esclavagisé-e-s africain-e-s qui ont résisté à l’esclavage. Il est situé près de Carthagène qui fut le principal port négrier, durant l’époque coloniale, de la Colombie. Le port de Carthagène, comme celui de Veracruz au Mexique, reçut principalement des esclavagisé-e-s originaires d’Afrique centrale. Ces cérémonies funéraires sont destinées aux personnes ayant été membres de la confrérie de la communauté. Le terme fait référence au nom du tambour principal qui est utilisé pour les chants et la danse funéraires. Le vocable lumbalú désigne en kikongo la mélancolie. L’organisation en confréries par les esclavagisé-e-s africain-e-s fut une organisation transversale à toutes les colonies ibériques durant l’époque coloniale. Les chants funéraires portent des traces de références à l’Afrique centrale, comme Luango, Congo, Angola, Zumbi. Il s’agit donc d’une pratique associant musicalité, oralité, corporalité et religiosité (celle des cultes des morts) relevant d’une vision du monde non européo-centrée. Elle montre ainsi la persistance d’un savoir-être et savoir-faire ayant résisté aux épistémicides coloniaux.
Références
Escalante, Aquiles. 1989. « Significado del Lumbalú, ritual funerario del Palenque de San Basilio ». Huellas 26 : 11-24.
Friedmann, Nina. 1990. « Lumbalu: ritos de la muerte en Palenque de San Basilio, Colombia ». Filología y Linguistíca 16 (2) : 51-63.
Hernández, Rubén. 2014. « Identidad cultural palenquera, movimiento social afrocolombiano y democracia ». Reflexión política 16 (31) : 94-113.
Voir à ce sujet : https://www.youtube.com/watch?v=0PSvBL-zAJM