18 Zineb X.
Julie St-Pierre
Zineb, 26 ans, est originaire de Casablanca au Maroc. Elle arriva à Québec le 3 janvier 2013, pour étudier un an à l’Université Laval. Zineb est venue dans une ville qu’elle ne connaissait pas du tout, avec un permis d’étude et l’envie de changer d’air. C’est une recherche sur Google qui l’a menée ici, puisqu’elle souhaitait suivre un programme spécialisé en relations publiques. Elle voulait par la suite poursuivre ses études en Europe, mais ce n’est pas ce qui s’est produit. Elle a fait la rencontre de son mari ici, lui aussi originaire du Maroc. Puis, Zineb obtint un permis de travail post-diplôme d’un an qu’elle renouvela pour trois ans en tant que conjoint de fait. Aujourd’hui, elle est résidente permanente du Canada.
Arrivée au Québec
Son arrivée s’est bien déroulée. Les résidences de l’Université Laval sont un milieu idéal pour faire de nouvelles rencontres quand on est un étudiant étranger. Zineb s’est fait de nouveaux amis dès le lendemain de son arrivée, ce qui facilita grandement son intégration. Le programme d’accueil de l’Université Laval met en place une visite des lieux, plusieurs activités, permet de rencontrer des Québécois et d’améliorer le séjour des étrangers en général.
Zineb maîtrise à la fois très bien le français et l’arabe. Comme sa mère est d’origine française, elle a toujours parlé le français et elle a fréquenté les missions françaises au Maroc, ce qui a certainement contribué à son intégration à Québec.
Malgré son parcours brillant, elle a vécu quelques difficultés lorsqu’elle s’est lancée sur le marché du travail et décida de retourner au Maroc en 2015. Ce n’est qu’après son mariage qu’elle décida de revenir ici. Le domaine des communications à Québec est plus fermé, mais son mari n’eut pas de difficultés à trouver du travail en informatique.
Zineb a quelques fois été victime de discrimination, notamment à cause de son nom, lorsqu’elle était à la recherche d’un emploi. Elle a même déjà dû sortir d’une boutique, car elle ne s’y sentait pas en sécurité.
Lors de son premier hiver elle n’a pas été affectée par le froid, probablement à cause de l’excitation, mais les hivers suivants, et encore aujourd’hui, se sont avérés plus difficiles et moins réjouissants. Aussi, elle a réalisé que l’ouverture qu’elle appréciait des Québécois pouvait parfois s’avérer être de l’hypocrisie. Les Québécois sont curieux de nature, lui posent beaucoup de questions sur ses origines, sa culture et sa religion, mais certains s’en servent pour l’attaquer par la suite. Elle trouve par contre les Québécois très honnêtes dans leur façon d’être en général, comparativement à d’autres cultures.
Zineb trouve que les gens d’ici sont compliqués. Aussi, elle trouve que le fait que les étudiants puissent manger et bouger en classe est un peu étrange. Également, elle n’était pas habituée à être payée à l’heure : au Maroc, les travailleurs perçoivent une paie forfaitaire, peu importe le nombre d’heures réellement travaillées et sans prévoir les pauses et les repas. Aussi, au Maroc, il n’y a pas d’emplois étudiants, mais plutôt des stages. Les parents soutiennent financièrement leurs enfants jusqu’à ce qu’ils soient mariés. Les mariages sont d’ailleurs très religieux et occupent une plus grande place qu’ici. De plus, Zineb pratique le ramadan, ce qui ne dérange pas ses occupations ici, mais nécessite une plus grande adaptation, puisque tout le monde ne le fait pas ici. Autre curiosité, ce n’est qu’au bout de six mois que Zineb a pu s’adapter au fonctionnement des taxes ici, tout un casse-tête au début. Elle trouve encore le système de santé plutôt difficile, car ne pas avoir de médecin de famille ne facilite pas les choses lorsque vient le temps de consulter un médecin.
Ce qui lui manque du Maroc, c’est principalement sa famille bien sûr, même si la technologie aide pour garder contact. La bonne nourriture, les fruits et le soleil du Maroc lui manquent aussi beaucoup.
Sortir de l’ignorance
Selon Zineb, plusieurs Québécois ne connaissent pas l’Afrique ou la connaissent très mal. Soit ils pensent que l’Afrique se trouve en Asie, qu’il s’agit d’un pays et non d’un continent ou que tous les Africains ont la peau noire, soit ils ne savent pas la situer géographiquement. Beaucoup pensent qu’elle a appris le français ici ou qu’elle est réfugiée.
Les gens qui s’inquiètent de l’arrivée des immigrants devraient savoir que le Canada sélectionne les candidats en tenant compte de plusieurs paramètres. Tous les dossiers sont révisés en entier et les immigrants sont sélectionnés selon leur niveau de scolarité, leur compte en banque et leur casier judiciaire.
Zineb a gardé contact avec quelques amis québécois rencontrés à l’Université ou dans le cadre de son travail, mais son cercle d’amis est composé majoritairement d’arabes. Il est donc parfois difficile de les regrouper puisqu’il existe encore quelques barrières culturelles. Pour les Québécois, il n’est pas très naturel d’aller chez les gens pour souligner les occasions spéciales, ce que Zineb a l’habitude de faire avec ses amis. De plus, comme ils parlent tous arabe et français, leurs conversations changent souvent de langue, ce qui peut être surprenant pour les non-arabophones.
La suite?
Pour l’instant Zineb désire rester au Québec pour un bon moment. Nouvellement engagée dans une agence d’organisation d’événements en tant qu’agente aux communications, elle se voit y faire carrière, mais elle rêve tout de même d’une retraite sous le chaud soleil du Maroc.
Son conseil pour les nouveaux arrivants :
Quand on arrive dans un pays qui n’est pas le nôtre il faut savoir s’adapter, rester ouvert, ne pas imposer sa culture ou sa religion. Si tu choisis de découvrir un pays, ce n’est pas pour amener tout ton bagage culturel avec toi. Tu peux le garder chez toi et le faire découvrir aux gens qui le demandent, mais ne pas chercher à s’imposer. Il faut être ouvert d’esprit, être prêt à accepter les remarques des gens, puisque les gens ne savent pas forcément d’où tu viens.