19 Hind Adil

Mélanie Labonté

Hind Adil, 38 ans, réside au Québec depuis quelques années avec son mari. Elle attend prochainement le passage de la cigogne qui leur apportera une petite fille, leur premier enfant. Originaire du Maroc, précisément de Marrakech, Hind exerçait le métier d’enseignante de français et des techniques de communication à l’université avant de venir s’installer à Lévis.

Départ du Maroc

Après avoir longuement réfléchi, Hind et son mari Hicham décidèrent de changer de continent par goût de l’aventure. Son mari, ayant longtemps vécu en Europe, voulait habiter et découvrir un nouvel endroit. C’est donc après plusieurs investigations et grâce à des amis habitant à Montréal qu’ils furent convaincus : Québec serait leur nouvelle destination. Ce qui les persuada fut la possibilité d’habiter un endroit où on parle français et l’opportunité pour eux de trouver du travail rapidement.

Arrivée au Québec

Hind mit les pieds en sol québécois le 10 avril 2012 avec son mari. Ils arrivèrent à l’aéroport de Montréal où ils furent accueillis par leurs amis qui habitaient au Québec. Ils côtoyèrent très peu de Québécois durant les premiers jours, car ils étaient avec leurs amis. Les premiers jours furent un peu difficiles du fait de l’éloignement de leur famille. Hicham s’était aussi blessée peu de temps avant leur départ, ce qui fit en sorte que leurs déplacements furent très limités.

Pour ce qui est du premier contact avec la culture québécoise, leurs amis leur conseillèrent de regarder le film Monsieur Lazhar. C’est à ce moment qu’ils entendirent pour la première fois l’accent québécois, accent qu’ils trouvèrent très charmant! Ils se promenèrent dans la ville de Montréal à quelques reprises pour connaître leur nouvel environnement. Lors de ses visites dans la ville, Hind remarqua très vite que l’architecture ne ressemblait pas du tout à ce qu’elle s’était imaginée du paysage québécois. Elle fut très surprise, car elle avait en tête des bâtiments ressemblant au style européen ou bien américain. Elle constata que l’architecture québécoise était très différente! De plus, c’est à cette période de l’année que la grève étudiante contre la hausse des frais de scolarité se déroulait. Hind et son mari furent témoins de cet évènement et ils eurent leur premier contact avec la politique du Québec.

Après 18 jours passés à Montréal, ils sont allés à Thetford Mines afin de rencontrer une intervenante de l’organisme Immigration-ICI pour les aider à trouver du travail, ce qui ne fut pas évident, car presque tous les postes en enseignement étaient comblés. Aussi, Hind  ressentit pour la première fois un choc culturel. Elle sentait davantage le regard des autres, car elle et son mari étaient les seules personnes d’origine arabe présentes dans la ville. Après seulement dix jours, ils décidèrent de déménager à Lévis, car ils voulaient habiter dans une ville plus grande que Thetford Mines, mais tout de même à échelle humaine. Aussi, un ami marocain résidait à Saint-Rédempteur depuis peu et sa présence fut appréciée pour visiter Québec. Ils trouvèrent un logement dont le propriétaire était d’origine marocaine également. Ils ont donc été très bien accueillis et le fait de bien parler français leur a été très utile. Puisqu’il y avait très peu de femmes voilées à ce moment à Lévis, Hind trouvait difficile de se faire dévisager partout où elle allait. Elle sentait le regard des autres sur elle et n’appréciait pas du tout cette situation. Ayant une très grande facilité d’adaptation, elle tenta de comprendre la réaction des gens. Aujourd’hui, elle explique qu’il y a de plus en plus de femmes musulmanes et elle ne s’en fait plus avec ce que les autres peuvent penser.

Portrait du Québec

Depuis son arrivée au Québec, Hind a énormément appris sur la culture québécoise, qu’elle apprécie beaucoup. En effet, elle souligne le sens de la débrouillardise et des responsabilités des Québécois. Elle adore aussi leur humour! Elle fut également surprise de tout le temps qui était alloué au travail à chaque semaine. L’horaire de travail de 40 heures par semaine fut une expérience unique pour elle, une rupture avec le Maroc. Elle fut surprise de voir que les Québécois pratiquent très peu la religion, alors que la religion occupe une place très importante dans sa vie. Finalement, une chose à laquelle elle dut s’adapter est le fameux hiver québécois! Pour elle et son mari, il s’agissait d’un énorme changement, mais ils surent très bien s’y adapter.

Style de vie aujourd’hui

Aujourd’hui tout va très bien pour Hind! Elle a un nouveau travail qu’elle aime, elle a plein d’amis québécois, son mari a ouvert son restaurant et elle va bientôt devenir maman. Avant sa grossesse, elle avait débuté un doctorat en technologie éducative. Elle et son mari ont aussi maintenu leurs traditions religieuses, qu’ils pratiquent entre eux à la maison. Ils ne vivent pas vraiment les traditions du Québec, n’ayant jamais eu l’occasion de se joindre à des rassemblements de familles québécoises pour célébrer les grands évènements de l’année.

De plus, elle contacte régulièrement sa famille au Maroc pour prendre de leurs nouvelles et elle va leur rendre visite aux deux ans. C’est en étant éloignée de son pays d’origine qu’elle a davantage prit conscience de ses propres valeurs et cela a fait en sorte qu’elle apprécie encore plus le Maroc. Aujourd’hui, elle le voit différemment et sous un œil plus touristique à chaque fois qu’elle y va. Elle et son mari suivent beaucoup l’actualité du Maroc, pour garder les liens leur pays d’origine. Aussi, le fait d’être éloignés de leurs proches a été très bénéfique pour elle et son mari. En effet, ils se sont beaucoup rapprochés tous les deux. Le fait d’habiter dans un nouveau pays a fait d’eux un couple plus soudé. En raison de toutes ces nouvelles expériences, elle en a énormément appris sur elle-même.

Le message de Hind aux Québécois

Les Québécois ne devraient pas s’inquiéter de la venue d’immigrants. Avant d’arriver au Québec, Hind et son mari ont dû attendre plus de trois ans en raison de toutes les enquêtes à effectuer. Tout est filtré! Selon elle, l’apport des immigrants dans le processus de construction du pays est immense. Les immigrants, en plus d’être une ressource humaine considérable pour le pays, contribuent aussi à enrichir le paysage culturel grâce à leurs expériences, leurs connaissances et leurs différences. Comme elle le dit elle-même : « Les Québécois ne réalisent pas qu’ils ont besoin d’immigrants ». Aussi, elle recommande fortement que l’équivalence des diplômes soit reconnue pour permettre aux immigrants de mieux s’intégrer économiquement. Ceux qui arrivent au Canada sont sélectionnés, filtrés. Elle mentionne qu’il ne faut donc surtout pas être inquiet!

Crédit : Hind Adil

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