6 Amine Bouhia

Sandra Gomez-Dresdell

Amine Bouhia est originaire de la capitale du Maroc, Rabat. Cela fait maintenant 12 ans qu’il est arrivé en sol canadien avec son père et sa sœur, laissant sa mère au Maroc. C’était en 2005, alors qu’il n’était âgé que de 16 ans.

Le grand départ

C’est le père d’Amine qui a pris la décision de déménager au Canada, alors qu’il avait un très bon emploi au Maroc : il était chargé de mission auprès du premier ministre. Ce n’était donc pas pour lui qu’il a pris cette décision, mais bien pour ses enfants, car au Canada les conditions de vie lui paraissaient meilleures.

À l’âge de 16 ans, il peut être difficile d’accepter la décision de ses parents de déménager, surtout lorsqu’il s’agit d’un tout nouveau pays qui est complètement inconnu. Toutefois, Amine a considéré positivement cette décision et a suivi son père pour le plaisir de découvrir de nouveaux horizons et de nouvelles cultures. La province de Québec fut choisie parce que le père d’Amine y connaissait beaucoup de personnes, tant au niveau professionnel que personnel. De plus, mis à part le berbère et l’arabe classique, le français est une langue parlée au Maroc, ce qui poussa la famille Bouhia à choisir la province de Québec comme terre d’accueil. En effet, en déménageant dans une ville francophone, cela leur évitait de devoir apprendre une nouvelle langue en plus d’apprendre une nouvelle culture.

Étant donné que c’est son père qui avait pris la décision de déménager au Canada, Amine ne se souvient pas très bien du processus d’immigration. Toutefois, il se rappelle que c’était très long et qu’ils s’étaient même soumis à certains tests médicaux avant de pouvoir immigrer. De plus, la demande d’immigration n’était pas à la portée de tout le monde, car très sélective. En effet, pour faire la demande et être accepté au terme de ce processus d’environ deux ans, son père a dû prouver son niveau d’études en montrant certains diplômes. Paradoxalement, ces diplômes qui ont permis l’acceptation de la demande d’immigration de la famille d’Amine n’ont pas été reconnus ici. « Tu dois retourner à l’université ou faire des équivalences », remarque Amine.

Son arrivée en terre inconnue

Excité et apeuré d’arriver dans un pays inconnu, Amine fut plutôt surpris par l’accueil qu’il reçut. En effet, son accueil se passa très bien, ce qui peut parfois ne pas être le cas pour tous les nouveaux arrivants. Dans une situation comme celle-là, il peut être difficile de prévoir la réaction des gens. En plus de changer de pays, Amine devait affronter les aléas liés au changement d’école et d’amis, une situation qui peut être stressante et difficile. Mais, pour Amine, tout cela se déroula à merveille.

Amine et sa famille sont arrivés au Canada en 2005 et sont allés s’installer à Nicolet, une ville proche de Trois-Rivières. Il ne se souvient pas exactement de sa première journée au Canada hormis le long processus à l’aéroport, mais sa première journée à l’école reste pour lui un souvenir indélébile. En effet, à son arrivée à l’école secondaire Jean-Nicolet, il fut frappé par la courtoisie des professeurs et des élèves. Il n’aurait pas pu avoir un meilleur accueil. Il n’a donc pas été trop déboussolé lors de son arrivée au Canada. Le fait d’avoir vécu un bon accueil aida beaucoup à son intégration.

Franchement, à part le climat, rien n’a été difficile. Quelques soucis avec l’accent au début, mais rien d’alarmant.

Amine fut quelques temps perturbé par l’accent québécois, ce qui lui causa parfois quelques difficultés de compréhension.

Quitter son pays d’origine pour un pays inconnu n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain. Même pour la famille Bouhia, cela n’a pas été une décision facile à prendre. Amine en tire une leçon valable pour ceux qui souhaitent venir s’établir au Québec : arriver en étant le plus jeune possible pour éviter la tentation du communautarisme, car lui, il a eu la chance d’avoir un père qui avait compris cela.

La vie dans la Capitale-Nationale

À son arrivée au Canada, Amine a habité deux ans à Nicolet. Ensuite, il a déménagé à Trois-Rivières où il a commencé des études en sciences de la nature au Cégep de Trois-Rivières qu’il a abandonnées après un an, par manque d’intérêt. Il a ensuite travaillé pendant un certain temps dans un bar. Quatre ans plus tard, Amine a décidé de déménager dans la ville de Québec pour recommencer de nouvelles études en foresterie au Cégep de Sainte-Foy. Après avoir fait ses études collégiales, il a entamé des études universitaires dans le même domaine, mais il abandonna, car le coeur n’y était pas.

Depuis six ans aujourd’hui, Amine habite dans la ville de Québec et il se sent heureux d’y être. Il habite seul et il travaille actuellement à temps partiel dans un restaurant et à temps plein à Laurier Québec. Il entretient de bonnes relations avec beaucoup de Québécois. En effet, la plupart de ses amis sont québécois. D’ailleurs, avant de déménager à Québec, il ne connaissait personne de sa communauté, puisqu’il n’y a pas beaucoup d’immigrants à Trois-Rivières et à Nicolet. Il juge l’absence d’immigrants à Trois-Rivières lors de son séjour dans cette ville comme quelque chose de positif, car il s’est vu contraint de s’intégrer en fréquentant des Québécois.

Amine est souvent tenté de retourner au Maroc, mais en fin de compte, il réalise qu’il est très bien ici. Il retourne au Maroc au moins une fois par année pour des vacances et pour voir sa famille, avec qui il est toujours en contact. Le Canada est maintenant son pays, il s’y sent beaucoup plus en sécurité. Dans un futur proche, Amine souhaite retourner à l’université, même s’il ne sait pas encore dans quel domaine.

Le Québec et sa culture : une différence

La valeur québécoise qu’il apprécie le plus est l’honnêteté des gens. Au Maroc, les liens familiaux sont très importants, contrairement au Québec. C’est d’ailleurs ce qu’il apprécie le moins.

Ce que j’aime le moins, ce sont les valeurs familiales et l’intolérance que les gens ont parfois, mais ça, c’est un problème planétaire maintenant!

La culture marocaine est très différente de la culture québécoise. D’ailleurs, il arrive souvent que des préjugés surgissent. Amine trouve que certains Québécois ont une perception négative, mais pas tous.

Parfois, je tombe sur des gens qui y sont allés, alors ils me partagent leurs expériences et la plupart du temps, c’est positif!

Message de Amine

Finalement, Amine a un seul message à transmettre aux Québécois qui s’inquiètent de l’arrivée des immigrants au Canada : « Les Québécois sont eux aussi des immigrants! Pourtant, ils se sont bien intégrés avec le temps ». C’est d’ailleurs grâce aux immigrants que le Canada peut être fier de sa diversité. Chacun participe et redonne à la culture québécoise, qu’on soit une personne née au Canada ou non.

Crédit : Amine Bouhia et Sandra Gomez

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