23 Anouar Idkhiri

Audrey Marineau

À l’âge de 18 ans, Anouar décida de quitter le Maroc pour continuer ses études au Québec. Ce désir de découvrir d’autres régions et même d’autres pays faisait partie intégrante de sa personnalité. Son arrivée fut remplie de péripéties, l’obligeant à passer 48 heures à l’aéroport de Montréal, pour ensuite se rendre à sa destination finale de Trois-Rivières. Au départ, Anouar était supposé vivre cette aventure à Moncton, mais peu de temps avant son départ, il pencha pour le Québec. C’est grâce à plusieurs échanges et conseils sur les forums en ligne qu’il put prendre cette décision. Beaucoup de gens lui recommandaient le Québec pour son dynamisme. On lui disait également qu’il y trouverait plusieurs ressortissants de son pays, mais son choix du Québec fut motivé plutôt par son désir de s’ouvrir aux autres et de découvrir de nouvelles choses.

Trois-Rivières

Même si c’était à l’autre bout du monde, Anouar était excité à l’idée de partir dans une si grande aventure. Contrairement à plusieurs Marocains qui s’installaient plutôt en Europe, il se reconnaissait davantage dans un pays bilingue comme le Canada. Il eut le plaisir de se faire accueillir par l’agente de recrutement des étudiants internationaux de l’Université de Trois-Rivières. Afin de faciliter son intégration, elle invita Anouar au restaurant en compagnie de son mari et de ses enfants. Le lendemain, ils allèrent voir une partie de baseball. Il se sentit alors en confiance en ayant le sentiment que tout se passerait bien. Installé à Trois-Rivières, il côtoya des Français et des Belges. À l’Université du Québec à Trois-Rivières, il entama des études en génie industriel. D’ailleurs, lorsqu’il était encore au Maroc, il avait étudié en génie aéronautique pendant un an. Ce fut un gros changement pour lui, un nouvel environnement, de nouveaux amis, bref, un nouveau mode de vie. Lors de cette première session, Anouar s’interrogeait : aimait-il réellement la vie au Québec? Mais son interrogation ne dura pas bien longtemps. En effet, il suffit de deux semaines dans son pays d’origine durant les vacances des fêtes pour réaliser qu’il avait pris une bonne décision en décidant de quitter le Maroc. Il ne souhaitait pas faire toutes ses études au Maroc, car il n’appréciait pas tellement le système d’éducation là-bas. Il aimait bien son pays, mais la mentalité des gens du Maroc ne le rejoignait pas sur tous les points.

Arrivée à Québec

Anouar emménagea dans la ville de Québec et entama des études en programmation au collège CDI. Il trouva également un emploi à temps partiel à la boutique Spring. D’ailleurs, au grand plaisir de sa gérante, il apporta un atout intéressant à la boutique en pouvant communiquer facilement avec les clients ne parlant pas français. En effet, en plus de l’arabe et du français, Anouar avait appris l’anglais et le berbère et développa une base en espagnol. Il déménagea avec des Tunisiens dans un appartement. Habité par la volonté de s’ouvrir à autrui, Anouar tissa des liens avec beaucoup de personnes d’origines diverses. Il devint même ami avec un Colombien travaillant à Québec comme barbier. Il trouva toutefois une plus grande facilité à se lier d’amitié avec des filles, puisqu’il remarqua que plusieurs garçons québécois étaient moins ouverts, en ce sens qu’ils préféraient se côtoyer entre eux dans des groupes fermés. Cependant, cela n’empêcha pas Anouar d’apprécier le Québec en général, et le Canada en particulier. Il y trouva quelques similitudes avec son pays d’origine. De son point de vue, les deux pays sont chaleureux et accueillants.

Désir de s’ouvrir au monde

Avant de venir au Canada, il eut la chance de visiter plusieurs pays. Il avait voyagé à travers la France, l’Italie, Dubaï et Hong Kong. Son père avait fondé sa propre compagnie lorsqu’il était assez jeune et put visiter plusieurs endroits à travers le monde avec son fils. Il voulait d’ailleurs qu’Anouar fasse des stages un peu partout dans le monde. Aujourd’hui, Anouar souhaite faire le tour du monde, non pas seulement comme touriste, mais aussi et surtout pour acquérir de l’expérience et sortir de son autarcie. Il vise des pays ayant un grand potentiel culturel, des pays où « ça bouge ». Il pense à des places comme l’Europe, le Moyen-Orient, le Maghreb et l’Afrique. Il n’est donc pas surprenant de remarquer qu’il a beaucoup d’intérêt pour la politique et qu’il possède une bonne culture générale.

Perspectives d’avenir

Contrairement à plusieurs, Anouar ne chercha pas à s’établir dans un environnement composé de ressortissants de son pays d’origine. En prenant la décision de partir à l’aventure, il savait qu’il devrait se débrouiller seul et être en contact avec une multitude de nouvelles personnes. C’était d’ailleurs ce qu’il cherchait, car l’inconnu ne lui faisait pas peur du tout. C’est en échangeant avec les gens du Québec et en s’ouvrant à eux qu’il eut la possibilité de mieux comprendre la langue française et l’accent québécois. Selon lui, les immigrants qui ont le plus tendance à critiquer leur expérience au Québec n’ont probablement pas tenté de s’intégrer et de s’ouvrir aux autres. De son côté, Anouar se fondit totalement dans son nouvel environnement et s’ouvrit à autrui. C’est de cette manière qu’il réalisa la chance qu’il avait de vivre des expériences hors de l’ordinaire au Québec. C’est avec confiance et fierté qu’il parla aux autres de son origine arabe. Sa religion musulmane le guidait dans son quotidien. Une citation fut très importante pour lui et il décida de l’inclure dans sa philosophie de vie et voir les événements qui se produisent de façon constructive :

Et il se peut que vous détestiez une chose alors qu’elle est bonne pour vous; et il se peut que que vous aimiez une chose alors qu’elle est mauvaise pour vous. Allah sait, et vous, vous ne savez pas (Al-Baqarah : 216).

La religion est pour lui un signe de vie et cela lui tient énormément à cœur.

Sa famille compte beaucoup à ses yeux, c’est pourquoi il reste en contact avec ses parents et ses sœurs en communiquant avec eux toutes les semaines. Il se fit d’ailleurs tatouer en arabe la phrase « La famille ne se remplace jamais ». Une couronne est incluse dans son tatouage pour représenter la royauté. Pour lui, sa famille est comme un petit empire avec son roi et sa reine représentés par les parents, et leurs enfants.

Pour la suite des choses, Anouar reste encore indécis, puisqu’il souhaite explorer plusieurs parties du monde. Il pense peut-être étudier l’administration à l’université, pour suivre les traces de son père en lançant sa propre compagnie. Il ne se prend pas la tête avec de petits soucis de la vie quotidienne, il voit grand et est ouvert à plusieurs propositions en ce qui concerne son futur. Chose certaine, il n’a pas fini de découvrir le monde.

Crédit : Anouar Idkhiri et Audrey Marineau

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