30 Sophia X.
Kim Trépanier
Sophia grandit dans la ville de Fès, au Maroc. Une grande ville au climat agréable et serein qu’elle compare au Vieux-Québec, entre autres à cause de l’architecture des bâtiments et de son charme. Elle décrit sa ville comme étant paisible et agréable à vivre, sans guerre ni corruption. Une ville où les touristes sont bien accueillis et bien traités.
L’arrivée au Québec
Sophia raconte son arrivée au Canada comme étant une très belle expérience, mais qui fût très longue dû aux déplacements longs et parfois compliqués. « Mon mari m’attendait à avec des fleurs, j’ai été très bien accueillie et très contente d’être arrivée. Ce fut un stress de venir m’installer ici, mais un bon stress. »
La raison pour laquelle Sophia décida de venir à Québec fut le regroupement familial. En effet, son mari vivait déjà au Canada depuis quelques années et occupait un emploi dans le domaine de l’informatique. Elle eut beaucoup de plaisir à découvrir la ville de Québec avec l’aide de son mari.
À mon arrivée, mon mari m’a fait découvrir la ville. Nous avons eu beaucoup de plaisir, c’était la fête!
Son adaptation et sa vie au Québec
Il était inévitable de parler de l’accent québécois lors de l’entrevue, un accent qui définit la culture québécoise.
J’adore l’accent québécois, je trouve ça très beau. Même si au début j’avais de la difficulté à comprendre, j’ai appris à bien l’interpréter.
Je suis allée chercher ma carte d’assurance maladie avec mon mari et je n’arrivais pas à comprendre ce que la dame au comptoir me disait. Mon mari, habitué à l’accent québécois, riait de moi sans méchanceté, il était amusé. Ce fut très drôle comme expérience. Je peux dire que c’était la première expérience avec l’accent québécois où j’ai eu de la difficulté à comprendre, mais avec le temps je m’y suis habituée. Il y a cependant des termes et expressions que je n’arrive pas à comprendre. Je demande leur signification et j’apprends.
Sophia trouva rapidement du travail chez Target. Elle se sentait appartenir à une famille au sein de l’entreprise, mais elle arrêta d’y travailler pour mettre au monde sa petite fille. Sophia pratique encore sa religion ici et n’a aucun problème avec la nourriture. Elle continue à préparer des mets propres à son pays et a trouvé des aliments marocain dans des épiceries spécialisées.
La famille
À son arrivée, les seules personnes qu’elle connaissait étaient son mari et les deux sœurs de celui-ci. Sophia parle de la culture familiale avec enthousiasme. Elle souligne l’importance de la famille et le fait qu’ils habitent tous ensemble. La cohésion familiale se renforce autour des repas qui se prennent toujours en famille. Dans sa culture, il est important de rester soudé avec ses proches. D’ailleurs, même après son mariage, elle passait encore beaucoup de temps dans sa maison familiale. Aussi, lorsqu’ils doivent voyager ou se rendre à un endroit, ils y vont tous ensemble.
Ouverture d’esprit
Aujourd’hui, Sophia travaille pour les magasins Le Château. Elle garde un lien très fort avec sa famille et ses proches avec qui elle communique chaque jour. Elle considère avoir un très bon lien avec la culture québécoise, avec les gens et la ville de Québec. Sophia sent qu’elle est bien acceptée ici, qu’il y a une ouverture d’esprit qui est présente et elle se sent chez elle. Elle y croit encore, malgré l’attentat du 29 janvier 2017 perpétré par un Québécois contre les musulmans du Centre culturel islamique de Québec. Sophia garde toutefois en mémoire un acte de discrimination dont elle fut victime.
Je marchais dans la rue et une femme s’est arrêtée pour me crier des bêtises. Elle me cria de retourner dans mon pays et que je n’étais pas la bienvenue ici. Ce fut un moment très douloureux, j’étais en larme.
Pour elle, ce fût difficile, puisqu’elle venait tout juste d’arriver au Canada. Elle croit sincèrement que l’acceptation des immigrants est importante, qu’il incombe aux Québécoises et Québécois de s’ouvrir aux autres cultures et d’être assez matures pour propager l’amour et non la haine. De s’ouvrir aux nouveaux arrivants, de s’intéresser à leur culture, à leur pays et à leur bagage personnel.
À son tour, Sophia m’a posé une question : « À qui la Terre appartient-t-elle? » J’ai eu le réflexe de dire : « À tout le monde ». Elle rétorqua : « Non. En fait, la Terre n’appartient à personne, nous sommes des visiteurs et nous repartons pour laisser la place à d’autres personnes. »
Les médias
Sophia s’attriste de la fausse représentation que véhiculent parfois les médias sur le monde arabe et de ses conséquences sur les immigrants. En effet, il est difficile pour les immigrants, particulièrement ceux d’origine arabe, d’être acceptés lorsque les médias projettent une image aussi négative et stéréotypée de leur culture et de leur religion. Elle aimerait faire entendre aux Québécois que c’est seulement une minorité qui entretient des discours haineux, que les immigrants arabes cherchent à faire partie de la culture québécoise et qu’ils ont besoin d’être acceptés, puisque le Québec est désormais leur nouvelle maison. Elle considère que nous formons une communauté, malgré nos différences. En limitant la propagation des stéréotypes, les gens pourraient modifier leur regard sur les immigrants arabes se faire leur propre opinion.