25 Malika X.
Justine Beaupré
Malika est née au Maroc et est âgée de 32 ans. Elle décida de venir rejoindre son mari, déjà installé au Québec, pour élever leur famille.
Sa vie au Maroc
Malika vivait à Fè avec sa famille élargie. Elle fit des études en sciences expérimentales à l’université. En étudiant dans ce domaine, elle savait qu’elle s’ouvrait une foule de portes pour son avenir. Ce programme lui permit de continuer ses études à l’université en langue anglaise.
Ce fut pendant la dernière année de ses études, en 2010, qu’elle rencontra son futur mari établi au Québec. La rencontre fut facile, car ils avaient déjà des intermédiaires qui se connaissaient. Leur premier contact se fit via Skype, ils échangèrent et correspondirent pendant plusieurs mois avant de se rencontrer.
Ce fut tout juste après leur deuxième rencontre et le retour de son futur mari au Québec qu’elle reçut une visite des plus surprenantes. La famille de son futur époux cogna à la porte de ses parents et lui demanda si elle voulait l’épouser.
Le mariage
Ils signèrent leur acte de mariage en 2011. Cet acte les rendit officiellement mari et femme. Les célébrations du mariage eurent lieu six mois plus tard.
Pendant les six mois qui séparèrent l’acte de la célébration, Malika et sa famille organisèrent le mariage. Son mari était retourné au Québec. La planification de ce mariage fut pour elle un moment de famille, heureux et motivant.
Après son mariage, la nouvelle mariée décida d’arrêter ses études afin de se concentrer sur sa vie de famille. Elle n’était pas obligée d’arrêter d’étudier, mais elle le fit par choix afin de s’occuper de sa famille. En effet, elle tomba rapidement enceinte de sa première fille.
Les démarches d’immigration
Les démarches pour l’immigration de Malika furent très longues. En effet, quelques mois après la fin des célébrations maritales, elle et son mari entreprirent les démarches afin qu’elle puisse aller le rejoindre au Québec. Le phénomène des « mariages blancs »[1] avait jeté la méfiance dans les milieux consulaires et compliqua son processus d’immigration. Elle dut prouver aux autorités que son mariage était légitime. Le couple dut envoyer des copies de conversations Skype et passer une foule d’épreuves afin d’obtenir le feu vert pour son immigration. Il aura fallu plus de 24 mois pour réaliser toutes les procédures afin qu’elle puisse aller rejoindre son mari. Son mari venait la visiter deux fois par an, pour un ou deux mois afin qu’ils puissent se voir et passer du temps en famille.
Son arrivée au Québec
C’est au printemps 2015 pour qu’elle mit les pieds pour la première fois au Québec. Enceinte de sept mois et accompagnée de son aînée âgée d’à peine un an, Malika trouva le voyage épuisant. En arrivant ici, elle se trouvait dans une situation plus avantageuse que beaucoup d’immigrants. Son mari avait déjà un appartement qui permit d’héberger la famille dès leur arrivée. De plus, elle n’arriva pas seule au Québec. En plus de sa fille, elle était accompagnée de son oncle et de sa tante. Cette arrivée au Québec tourna en grosse réunion familiale qui dura près d’une semaine.
En raison de ces facteurs, son adaptation fut plus douce que pour beaucoup d’autres personnes, comme son mari par exemple. Elle n’a pas trop ressentit le manque de son pays et de sa famille étant donné que quelques membres de sa famille arrivèrent avec elle.
Vie au Québec
Contrairement à certains immigrants qui détestent l’hiver, Malika adore la neige.
À un certain moment, elle voulut essayer de travailler afin de bien s’intégrer dans la société. En effet, « pour intégrer [la société], il faut contacter les gens ». Elle parlait le français en arrivant ici, mais celui-ci était loin d’être parfait. Avoir un travail lui permit d’apprendre les particularités québécoises de la langue et de mieux comprendre la nouvelle société dans laquelle elle se trouvait. Elle comprend maintenant très bien le français, elle a seulement parfois quelques difficultés à s’exprimer ou à comprendre l’accent et les expressions québécoises. À ce jour, Malika ne travaille plus, car elle a décidé de prendre du temps avec les enfants.
La famille, une valeur importante
Dans sa vie, la famille s’est toujours avérée très importante et glorifiée. Chaque célébration, événement ou rencontre était transformé en grande réunion familiale où tout le monde était invité à participer. L’organisation de son mariage est une preuve de l’importance de la famille et de sa participation. Cette valeur, si chère à ses yeux, s’observe très peu au Québec, selon elle. La valeur de la famille est beaucoup plus présente au Maroc. Toutefois, elle décida d’intégrer cette valeur propre à sa culture marocaine à son mode de vie familial ici à Québec.
Les enfants et l’identité
Ses enfants sont marocains et québécois. Elle explique que, chaque jour, ses enfants lui apprennent le québécois. Elle ne pourrait pas être plus heureuse de voir ses enfants intégrer le mode de vie et de comprendre la culture québécoise. Elle souhaitait voir ses enfants s’intégrer aux autres à la garderie, ce qui arriva. Malika se sentait chanceuse de les voir se sentir si bien parmi les autres enfants.
À la maison, elle parle arabe à ses enfants, mais ceux-ci lui répondent autant en français qu’en arabe, preuve de leur adaptation à leur nouveau pays. Elle est heureuse de voir ses enfants intégrer la culture québécoise, mais elle a aussi quelques craintes.
En effet, elle ne peut pas s’empêcher d’avoir peur que ses enfants se retrouvent sans identité et qu’ils sentent qu’ils n’ont pas leur place, ni ici ni au Maroc. Les enfants n’ont pas de souvenirs du Maroc, ils se sentent québécois. Toutefois, les autres enfants québécois les perçoivent différemment en raison de leur apparence physique, ce qui est susceptible de créer un malaise chez les enfants. Aussi, lorsque ses filles retournent au Maroc, leur arabe n’est pas parfait comme celui des autres Marocains. Les enfants courent donc le risque de se sentir étrangères au Québec comme au Maroc.
- Mariage contracté occasionnellement avec pour unique objectif de faciliter l’immigration d’un.e partenaire fictif/fictive. ↵