48 Suzanne Seif

Alexandra Plante

Suzanne Seif, née à Québec, mais habitant au Liban depuis l’âge de deux ans, est âgée de 22 ans. Elle est revenue au Québec il y a seulement quelques mois, dans le but de commencer une maîtrise en administration des affaires électroniques.

Vie au Liban

Suzanne vivait à Beyrouth avec ses deux parents et son frère aîné. Ses parents sont propriétaires d’un dépanneur. Elle vivait dans un immeuble unifamilial où chaque famille avait son étage respectif. Cet aménagement démontre l’importance qu’occupe la valeur de la famille chez Suzanne et sa famille. Le français étant la langue seconde du pays, Suzanne parle donc très bien le français, mais précise qu’elle est plus familière avec le français européen.

À Beyrouth, elle était une jeune femme très gâtée par ses parents. Le ménage et la cuisine étaient des tâches qui lui étaient inconnues, alors cela lui laissait beaucoup de temps libre pour ses passe-temps. Elle aimait bien la vie animée qu’offrait le Liban. À plusieurs endroits dans le pays, de grandes rues principales permettaient de passer du bon temps entre amis. Suzanne étant une jeune femme qui aimait beaucoup faire la fête, elle aimait donc cet aspect du Liban plus animé et divertissant.

Le départ

Ayant déjà fait son baccalauréat en administration au Liban, Suzanne désira poursuivre ses études au deuxième cycle, soit à la maîtrise en administration des affaires électroniques. C’est son père qui lança l’idée qu’elle pouvait compléter ses études supérieures dans la ville de Québec où ses parents avaient déjà habité pendant neuf ans. De plus, plusieurs membres de la famille de Suzanne étaient déjà installés ici. Suzanne précise que son père lui a donné le choix de faire ses études où elle désirait. Le fait que quelques membres de sa famille étaient déjà dans la ville de Québec fut un très gros argument qui fit pencher la balance. Comme elle avait la nationalité canadienne, les seuls processus qu’elle dut entreprendre pour son grand voyage furent le renouvellement de son passeport ainsi que le remplissage de tous les documents nécessaires pour s’inscrire à la maîtrise à l’Université Laval.

L’arrivée

C’était la première fois que Suzanne prenait l’avion de sa vie. Ce fut son frère qui l’accompagna lors de ce grand voyage vers le Québec. Elle est ensuite allée rejoindre son oncle à Montréal pour les quelques semaines qui lui restaient avant le début des cours. En seulement huit mois, elle eut donc la chance de connaître deux grandes villes au Québec, soit Montréal et Québec. Elle put donc remarquer les multiples différences entre le Québec et son pays d’origine. Elle remarqua la très grande différence entre les maisons, celles du Liban étant faites de béton. Même si Suzanne parle très bien le français, elle eut beaucoup de difficulté à s’accoutumer à l’accent et aux tournures de phrases québécoises.

Depuis son arrivée à Québec, elle put également remarquer une différence entre les traditions et les modes de vie québécois comparativement à ceux de son pays. Arrivée à Québec, elle demandait aux personnes leur attitude face à la religion et ceux-ci répondaient presque unanimement qu’ils étaient non-pratiquants. Ces aveux la surprirent énormément, car elle remarqua un nombre très élevé d’églises au Québec pour très peu de pratiquants. Elle croit que « si la religion était mieux expliquée, ici au Québec, il y aurait plus de pratiquants et les Québécois ne percevraient pas la religion comme un boulet ». Comparativement aux enfants libanais qui restent dans la maison familiale jusqu’à leur mariage, elle constata que les Québécois quittent le nid familial très tôt. Cette observation lui fit comprendre que la valeur de la famille est plus importante chez les Libanais que chez les Québécois.

Ensuite, elle eut une impression des Québécois très positive en ce qui concerne leur comportement envers les immigrants. Elle trouvait que les Québécois initiaient la conversation avec elle lorsqu’ils remarquaient qu’elle n’était pas originaire de Québec. Par contre, elle se fit dire à plusieurs reprises qu’au premier coup d’œil, les gens croyaient qu’elle était d’origine latine. Alors, elle croit que c’est peut-être à cause de cet aspect physique que le contact avec les Québécois était aussi facile.

Vie au Québec

Son frère l’initia à la danse latine à Québec. Dès lors, la danse fut une activité qui occupa beaucoup les temps libres de Suzanne. En fait, l’horaire quotidien de Suzanne se résumait principalement à l’université, le studio de danse et la maison.

Elle apprécie l’aspect plutôt « indépendant » du mode de vie québécois. Plus précisément, elle aime bien le fait que personne ne se mêle de la vie des autres, contrairement au Liban où les ragots auraient jailli de partout si elle avait décidé d’emménager avec son ancien copain avant qu’ils ne soient mariés, par exemple. Quand même, elle trouve l’hiver québécois très dur.

Elle s’est rendue compte que la plupart des Québécois ne connaissaient pas du tout la réalité du Liban et ne savent pas que c’est un pays très touristique notamment. Le fait que la langue française soit la langue seconde du pays surprend toujours un peu les gens. De plus, la diversité de religion, soit près de 18 religions différentes dans le pays, en fait un pays cosmopolite.

Message aux Québécois

Suzanne a vécu une belle intégration à Québec. Ce qu’elle apprécie le plus du mode de vie québécois est que peu de personnes ne se mêlent de la vie des autres. Les gens peuvent emprunter le style de vie qu’ils souhaitent sans se soucier que des commentaires ou des ragots naissent de ces décisions. Par contre, Suzanne est consciente que certains Québécois associent les Arabes aux « extrémistes ». Mais elle observe que c’est une minime partie de la société et qu’en général les Québécois sont curieux et initient souvent la conversation dans le but de connaître ses origines.

Chaque personne est différente dans sa manière de penser et d’agir. Il faut seulement lui parler et apprendre à la connaître.

Un petit village du Liban. Crédit : Suzanne Seif

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