51 À la découverte de l’autre : réflexions et apprentissages

Notre rencontre prouve l’unicité de chaque être humain et déconstruit par la même occasion les jugements hâtifs à l’égard d’une population d’ensemble.

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J’ai l’impression que c’est presque tabou de s’intéresser aux autres cultures, comme si on considérait les autres comme des animaux dans un zoo. Je sais que je ne devrais pas me sentir comme ça, mais il y a une telle pression de ne pas être raciste qu’on réagit de manière à plutôt tous se considérer les mêmes plutôt qu’à s’intéresser à nos différences et à vouloir en apprendre plus sur les autres.

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Avant de rencontrer son père, je lui ai demandé ce que j’avais le droit ou non de faire (par exemple lui serrer la main ou le regarder dans les yeux). Il s’est moqué de moi en me disant que son père était maintenant québécois. Je devais le traiter de la sorte. Au final, il avait raison et j’étais même gênée de lui avoir demandé cela.

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Je savais que les Québécois ont une certaine peur envers les Arabes, surtout avec les attentats terroristes qui surviennent. Toutefois, les gens qui ne sont pas informés croient que tous les Arabes sont des terroristes et ne font pas la différence entre « Arabe » et « Musulman ».

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J’ai constaté que les gens aiment raconter leur histoire et voir qu’on les comprend, qu’on s’intéresse à eux et qu’on parvient en quelque sorte à vivre avec eux les moments de leur vie qui font d’eux les personnes qu’elles sont. Je crois que si nous avions une plus grande ouverture d’esprit et que nous intéressions davantage aux habitudes de vie des personnes qui sont différentes de nous, le racisme et les préjugés seraient moins présents.

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J’ai besoin de faire un effort pour ne pas adopter ces perceptions, j’ai besoin de me déprogrammer. Je ne me considère pas raciste, mais je mentirais si je disais que les médias et l’environnement dans lequel je vis ne m’affectent pas, ne me conditionnent pas, ne me prédisposent pas à avoir certaines perceptions. J’ai honte de ce que je vais dire, parce que ce n’est pas ce que je pense rationnellement, mais les premières émotions que je ressens lorsque je vois une personne, lors de la première fraction de seconde, ce sont les stéréotypes véhiculés par la société.

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Je me rends compte que sortir de notre pays aide à réduire les préjugés, il faut un jour se retrouver l’étranger de quelqu’un pour comprendre. Ceux qui n’ont jamais voyagé et qui ne s’intéressent pas aux autres cultures sont souvent plus fermés et ne comprennent pas la réalité des immigrants, ce qui peut mener à la discrimination.

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Ces préjugés, ces préférences et ces attitudes témoignent de la désinformation dont nous sommes victimes en Occident, tant nos gouvernements ont intérêt à conserver cette crainte et cette haine de la culture arabe.

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Selon lui, les médias parlent tellement souvent des immigrants, notamment des musulmans, de façon négative que les citoyens ont l’impression d’être envahis par les autres cultures. En réalité, la population québécoise est composée de seulement 3 % de musulman. Le traitement fait par les médias n’est pas objectif et je crois que c’est un facteur de nuisance.

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Je crois que la crainte de la différence est justifiée, toutefois, c’est le rejet face à la peur qui ne l’est pas.

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Je me suis aussi rendu compte que la société renvoie une mauvaise image des immigrés, surtout en France. En effet, la société insiste souvent sur le fait qu’ils sont trop nombreux, qu’ils ne viennent pas pour de bonnes raisons. Je trouve qu’elle ne montre pas assez les problèmes que ces gens subissent dans leurs pays et rendent leur intégration plus compliquée, car certaines personnes vont croire ce que les médias disent et ils vont se sentir menacés.

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Ce qui me marque, en tant que Française, c’est que le racisme est tellement présent en France : parti politique d’extrême droite, de nombreuses personnes qui s’assument comme étant racistes, ainsi que les amalgames dus aux attentats.

Ils sont si courageux

Il y avait quelque chose de spécial dans le fait de rencontrer une personne tout à fait inconnue et d’avoir la chance de l’entendre me raconter l’histoire de sa vie alors que je lui étais tout aussi inconnue. Elle me partageait son histoire avec une telle sincérité, c’était vraiment touchant. Je pouvais ressentir le bonheur qu’elle avait de partager des moments et souvenirs précieux de sa vie et, lorsqu’elle se replongeait dans son passé, je pouvais entrevoir derrière la femme, la petite fille qui avait dû grandir dans un milieu en guerre. Étant une enfant de la guerre, elle a une vision différente de la vie et surtout, de la paix. Pour elle, la paix est quelque chose de précieux. Nous sommes tous conscients que la paix est importante dans le monde et nous sommes réellement choyés de pouvoir vivre dans un pays en paix, mais cette chance, nous l’oublions parfois. Oublions les différences et concentrons-nous plutôt sur ce qui nous unit afin de conserver cette paix le plus longtemps possible.

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Cependant, à la suite de ma rencontre, je réalise davantage à quel point il faut du courage pour changer de pays. Je crois que c’est un fait que les habitants de Québec oublient parfois. Les immigrants ont eu la témérité de venir dans un pays inconnu et de tout recommencer, pour la plupart.

Ce que les personnes immigrantes nous apportent

Je suis contente, car ce projet m’a permis de rencontrer une femme réellement inspirante, et pas seulement en tant qu’immigrante marocaine. En discutant avec elle, j’ai pu voir, en sa personne, une force de caractère incroyable. C’était un privilège pour moi d’entendre ce qu’elle a vécu et surtout de discuter de divers sujets.

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J’ai pu me rendre compte que ce que beaucoup de personnes pensent par rapport aux étrangers qui arrivent dans des pays occidentaux diffère de la réalité. Certaines personnes qui refusent d’ouvrir les frontières pour laisser entrer des migrants disent parfois que ces derniers sont irrespectueux, ingrats par rapport aux aides qu’ils reçoivent à leur arrivée, etc. Au contraire, la personne que j’ai interrogée a une reconnaissance sans fin pour le Canada, pour la chance qu’on lui offre et fait tout ce qui est en son pouvoir pour rendre à la société ce qu’elle a reçu. Cette personne est respectueuse de tout ce qui se fait dans son nouveau pays d’accueil et c’est à mon avis le cas de la très grande majorité des gens qui fuient la guerre et qui ne souhaitent rien d’autre que vivre en paix.

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Il me dit que dès qu’il entend des propos incorrects, racistes ou injustes, il se lève et va plaider sa cause. Ma rencontre avec lui m’a inspiré à me battre moi aussi pour ce que je trouve injuste. À informer les gens au mieux de ma connaissance quant à leurs préjugés souvent construits grâce à nos médias occidentaux…

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Ce qui m’a marqué également dans l’entrevue, c’est lorsqu’elle m’a dit : « Je suis Québécoise, mes enfants sont Québécois et on a envie de faire grandir la société québécoise ».

Les personnes immigrantes sont des humains, comme nous

Il n’y a rien de plus incertain et unique que l’être humain. Il faudrait qu’on se donne la chance d’exister, qu’on se donne la chance d’être « un » afin de devenir un « nous » sain et fort.

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Je n’avais plus l’impression que j’avais affaire à un étranger, j’ai pu entrevoir un aperçu de l’être humain qu’il était. J’ai découvert une sensibilité chez lui qui m’a complètement désarmée, un excellent sens de l’humour et le désarroi qui se cache derrière chaque personne qui s’efforce de faire son possible pour rester fort.

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J’ai réalisé que nous sommes tous humains, peu importe la couleur de notre peau, peu importe notre langue, notre accent ou nos croyances. Ce qui nous unit, c’est le fait d’être humain.

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J’ai été surprise de voir toutes les similitudes entre nous, malgré les contextes différents dans lesquels nous avons grandi.

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Ce qu’il disait apprécier de notre société, c’est la facilité de mobilisation ainsi que le soutien offert par les Québécois lors de drames humains. Ceci démontre que nous sommes un peuple au service de la collectivité et prêt à se retrousser les manches pour venir en aide aux autres. Je retiens donc que notre nation n’est pas la plus sexy, mais qu’on peut compter sur nous en temps de crise. De plus, ce qui me fait apprécier encore davantage mon pays et ma province, c’est qu’ici tout est possible, dans la mesure où nous nous unissons. Je sais maintenant que l’autre est différent surtout dans l’œil des médias, mais qu’en réalité, la simplicité des échanges interculturels témoigne de leur beauté.

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Ce sont des gens comme nous, qui ont un cœur et un cerveau. Même si nous n’avons pas les mêmes valeurs ou la même mentalité, ce sont quand même des humains qui méritent le respect et l’amour.

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En parlant avec la personne, j’ai réalisé qu’elle partageait de nombreuses valeurs semblables aux miennes, dont l’ouverture sur le monde, sur la politique, etc.

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Je suis venu étudier au Québec pour m’ouvrir à une nouvelle culture, rencontrer des individus différents. Ainsi, ce projet m’a permis de rencontrer un étudiant marocain avec qui je suis resté en contact. Nous avons partagé nos expériences mutuelles de l’adaptation au Québec et du ressenti face à notre pays d’origine. Ce projet a été enrichissant, au-delà de l’aspect « scolaire » et c’est ce que je recherche aujourd’hui dans mes études. Je ne veux pas devenir un citoyen formaté à l’école, à qui on a enseigné une manière unique de travailler et de penser la société. Je recherche cette diversité de points de vue, cette réflexion permanente à propos de ce qui m’entoure.

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Le fait de s’intéresser à des gens qui ont une culture différente de nous nous fait nous rendre compte qu’au fond, nous ne sommes pas différents. Je crois que si tout le monde avait une plus grande ouverture d’esprit et qu’il s’intéressait à ce que d’autres peuvent faire qu’eux ne font pas, le racisme et les préjugés existeraient peut-être, mais ils seraient moins présents.

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Lors de l’entrevue, j’ai réalisé à quel point le fait d’immigrer au Québec pouvait constituer une expérience positive. Je pense donc que c’est un devoir d’être accueillant et de contribuer à la bonne intégration des immigrants. De nos jours, la société québécoise est constituée d’une diversité d’individus d’origines diverses et je crois que c’est ce qui en fait sa richesse. Étant une Québécoise d’origine chinoise, je comprends très bien cet enjeu de mélange de culture.

Le Québec est ouvert

J’ai appris que les personnes immigrantes ont, somme toute, un coup de cœur pour le Québec avant même d’y être. Que l’ouverture d’esprit et l’accueil de la grande majorité des résidents rendent leur intégration plus facile. Les Québécois ont une belle réputation aux quatre coins du monde et les événements du 29 janvier reflètent un cas isolé.

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D’un point de vue social, je n’ai pu faire autrement que de constater à quel point notre image est belle à l’international. Malgré bien des accrochages avec la question de l’immigration (je pointe ici la Commission des accommodements raisonnables en 2007 ou encore la controversée Charte des valeurs du PQ plus récemment), le Québec semble conserver une image d’ouverture remarquable en Afrique, au nord du moins, en Tunisie et au Maroc.

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On réalise aussi que la culture québécoise baigne dans un mélange multiculturel. Le Canada est un pays très jeune. Il a été créé à cause des mélanges culturels. Il a survécu à cause des mélanges culturels. Il vit aujourd’hui à cause des mélanges culturels. Un Québécois de souche n’existe pas. Nous sommes tous issus d’immigrants.  Soyons fiers de notre culture multiethnique et réalisons la chance que nous avons de vivre cette diversité culturelle à tous les jours.

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La discussion m’a démontré que ce n’est pas tous les immigrants qui ont une mauvaise vie dans leurs pays, mais que le Québec leur a proposé quelque chose de plus intéressant.

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Le projet spécial m’a fait réaliser que nous avons beaucoup de chance d’habiter dans une ville sereine comme Québec. C’est vrai que notre ville n’est certainement pas parfaite, mais nous sommes très choyés de ne pas vivre dans le chaos ou la guerre.

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Ces rencontres m’ont transformé.e

Ce travail m’a permis de relier plusieurs domaines importants pour moi : l’écriture, la rencontre avec les autres, l’ouverture d’esprit… Et le petit plus qui motive, c’est l’impact réel de notre travail au sein de la société.

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J’ai toujours été centré sur moi, sur les gens qui m’entouraient. Je ne m’étais jamais préoccupé de ce qui se passait ailleurs dans le monde, même si je m’informais, comme la plupart des gens. Je me considère maintenant comme une meilleure personne, non pas parce que je pose des gestes différents, mais bien parce que je suis plus ouvert d’esprit par rapport à certains sujets. Je m’intéresse davantage aux autres, à ce qu’ils pensent.

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Cette entrevue m’a permis de me remettre en question face au temps que je consacrais aux personnes que j’aime.

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J’ai découvert l’implication dans le milieu associatif grâce à ma participation à Amnistie Internationale et je compte bien poursuivre cette activité à mon retour en Suisse. Ce cours d’éthique m’a également donné la volonté de m’impliquer de façon active dans la politique et de rejoindre un parti qui œuvre dans le même sens que mes valeurs. Cette décision et toutes les réflexions que j’ai menées durant la session m’ont permis de reprendre espoir : à partir du moment où on décide de s’engager, on n’est plus esclave des décisions prises par les autres. On se réapproprie son pouvoir d’action et on peut à nouveau rêver d’un monde meilleur, puisqu’on agit concrètement pour le construire.