Le livre liquide : ouvert, fluide, collaboratif

Mélodie Faury & Marie-Anne Paveau

Dynamiques et inscriptibles, ces espaces n’ont sans doute pas fini de nous surprendre. Plusieurs auteurs, plusieurs thèmes, des textes, des discussions, des illustrations, un projet commun : tout cela ne ressemblerait-il pas à… un livre, ouvert, fluide, collaboratif, modifiable? en un mot, numérique? (Marie-Anne Paveau, 2 décembre 2012)

Qu’est-ce qu’un liquid book?

L’idée du liquid book est de proposer des livres d’un nouveau genre : nés de textes moissonnés sur des carnets de recherche et des blogs, ils présentent des modes d’écriture native du web, hypertextuelle, augmentée et multimédiatique. Comme les blogs, les ouvrages permettent de naviguer de fenêtre en fenêtre, de regarder tout en lisant, de lire tout en écoutant. Comme les blogs, ils font entendre plusieurs voix, celles des auteur.e.s des billets devenus textes, mais aussi celle des commentateur.trice.s qui ont augmenté l’écriture initiale en la rendant interactive.

Liquide, cela veut dire multiple dans les formes d’expression (texte, hypertexte, image, son), polyphonique dans la nature de l’écriture (l’augmentation par les commentaires) et évolutif dans les contenus de la recherche. Un liquid book accueille la variété des approches, des écritures et des langues. Il a l’ambition de photographier l’état de la science en ligne à un moment donné de sa diffusion, en la rendant accessible par l’éditorialisation et le partage.

En lien direct avec le contexte d’une mise en valeur de la recherche en ligne en sciences humaines et sociales sur la plateforme Hypothèses, ce livre liquide propose des textes soigneusement sélectionnés dans les contenus du carnet de recherche collectif Les Espaces réflexifs, et éditorialisés de manière à constituer un livre.

Un livre ouvert et collaboratif

L’image liquide souligne la dynamique mobile des textes mais aussi, et surtout, la liberté des lecteur.trice.s dans leurs parcours de lecture. Le liquid book est en effet un livre dans lequel on se balade, pas seulement en tournant les pages, mais en musardant d’un texte, d’une page, d’un site à l’autre via les liens hypertexte. Ces circuits relèvent autant de la lecture que de l’écriture et le.a lecteur.trice collabore finalement à l’écriture du livre. Comme le soulignait Marin Dacos dans la présentation du premier Read Write Book, le livre liquide est inscriptible :

En entrant dans l’ère de l’informatique en réseau, le livre semble appelé à devenir de plus en plus réinscriptible. Il n’est plus seulement séquentiel comme autrefois, dans cette fameuse chaîne du livre qui mène de l’amont vers l’aval en ligne droite. Il est aussi réticulaire. Comme un oignon, il se pare de multiples couches, un ensemble d’informations ajoutées par des dizaines de métiers différents, qui participent à une vaste entreprise d’enrichissement documentaire, et par des auteurs secondaires qui, par leurs inscriptions, contribuent, à toutes les étapes de la vie du texte, à enrichir la grille de lecture du texte, à ajouter des strates supplémentaires au texte initial (Dacos, 2010, § 4).

Une des strates principales est celle des commentaires. Comme les anciens marginalia, les commentaires de la technologie moderne augmentent la forme et le sens des textes de voix différentes de celles de l’auteur.e : la forme du blog a été pensée comme un dispositif conversationnel dans le cadre du web social, de manière à permettre les échanges et les dialogues, que le web statique des sites ne permettait pas. Quand le blog devient livre, il n’est plus formellement monologique : il ne restitue plus que la voix unique, même si elle est elle-même tissée d’échos, d’un.e auteur.e unique, selon le modèle encore dominant actuellement, mais il devient polyphonique dans son écriture même, les interventions des lecteur.trice.s apparaissant matériellement dans l’œuvre. C’est en cela que le livre liquide est collaboratif et l’on verra apparaître dans celui-ci certains commentaires sous forme d’encadrés qui constituent ces inscriptions d’auteur.e.s secondaires dont parle Marin Dacos.

Inscriptible, collaboratif et dynamique, le livre liquide se doit d’être ouvert, à tous les sens du terme et notamment juridique : les contenus de Réflexivité(s), textes et images, comme de l’ensemble de la collection et des Éditions science et bien commun sont publiés sous licence Creative Commons, permettant leur reprise, partage et modification gratuites sous certaines conditions selon la licence choisie parmi les six disponibles. Réflexivité(s) est publié sous condition d’attribution des contenus sans utilisation commerciale (CC BY-NC) : « Cette licence permet aux autres de remixer, arranger, et adapter votre œuvre à des fins non commerciales et, bien que les nouvelles œuvres doivent vous créditer en citant votre nom et ne pas constituer une utilisation commerciale, elles n’ont pas à être diffusées selon les mêmes conditions » (site Creative Commons, « À propos des licences « ).

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Crédit photographique : « Looping Colors », 2005, galerie de Randy Son Of Robert sur Flickr, CC BY 2.0

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