Module 1 : Pour quoi et pour qui faire de la recherche?

4 Responsabilité sociale des universitaires et développement local durable : la recherche participative communautaire

Budd Hall et Rajesh Tandon

Présentation du thème et des auteurs du chapitre

Budd Hall est le co-président de la Chaire UNESCO en recherche communautaire et responsabilité sociale dans l’enseignement supérieur à l’Université de Victoria. Il est membre senior du Centre for Global Studies et travaille à la Faculté du développement humain et social. Il travaille sur les questions de connaissance, de justice et de changement transformateur depuis 1970.

Rajesh Tandon est le président-fondateur de la Society for Participatory Research in Asia (PRIA), située à New Delhi, en Inde, et co-président de la Chaire UNESCO en recherche communautaire et responsabilité sociale dans l’enseignement supérieur. Il est un leader international dans les domaines de la gouvernance démocratique, de la société civile comme source de connaissances, de la recherche participative et de la responsabilité sociale de l’enseignement supérieur. Il travaille depuis plus de 45 ans sur ces questions.

De nombreux débats récents sur l’enseignement supérieur ont porté sur la qualité, le financement et la mobilité des étudiant-e-s. Des questions plus larges sur la pertinence sociale de l’enseignement supérieur commencent tout juste à être soulevées à nouveau. Un rapport publié récemment par le Réseau universitaire mondial pour l’innovation (GUNI) l’affirme clairement :

Social responsibility emerges as the need to reconsider the social relevance of universities in light of the encounter of the local with the global, regarding priorities, demands, impacts and knowledge needs in the context of globalization. The competitiveness of nations – as the only way to achieve progress – should be balanced with inclusive social development and sustainability of the entire global population. (GUNi, 2014 : 38)

Cette question ne peut être traitée de manière adéquate que si l’on s’accorde sur le fait que l’objectif primordial de l’enseignement supérieur est le « bien public » partagé. Les établissements d’enseignement supérieur (ESS) et les universités sont donc des institutions publiques qui contribuent aux biens publics, indépendamment de la nature de leur financement. Traiter l’enseignement supérieur comme un bien privé, financer par les étudiant-e-s qui en bénéficient, comme l’ont fait valoir les économistes, revient à réduire considérablement les contributions réelles et potentielles de l’enseignement supérieur (GUNi, 2017). Il faut reconnaître que l’objectif de l’enseignement supérieur doit être défini différemment dans le contexte social contemporain, indépendamment des moyens de financement d’une université ou d’un EES particulier. Lors de la conférence internationale sur les objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU accueillie par GUNi en septembre 2017, Federico Mayor, ancien directeur général de l’UNESCO, a fait remarquer que :

Universities have abandoned their previous commitment to educating future citizens. In this world where globalisation of indifference is growing, universities must prepare their students as citizens who practice and value freedom, equality and solidarity. (Tandon, 2014 : 3)

Dans de nombreuses sociétés, régions et communautés, les EES sont parmi les institutions les mieux dotées en ressources. Ils disposent d’énormes infrastructures physiques (salles de classe, laboratoires, résidences, bureaux, installations de loisirs, etc.) qui sont de loin supérieures à tout ce dont disposent les communautés locales, ou même les agences gouvernementales locales. Et une grande partie de cette infrastructure est sous-utilisée, si on la considère dans une optique de 24 heures par jour. Les établissements d’enseignement supérieur disposent également d’une énorme capacité numérique en termes de matériel, de logiciels et de ressources humaines. Ils disposent de ressources financières, de dotations et de flux de revenus considérables, et leurs ressources intellectuelles et capacités y sont inégalées. Plus important encore, les EES possèdent une énergie, un engagement et un espoir jeunes, comme en témoignent leurs étudiant-e-s. En outre, pour promouvoir l’engagement dans la société, les universités ont élargi leur mission de service, dans laquelle les étudiant-e-s sont encouragé-e-s à contribuer au développement des communautés.

Toutefois, les fonctions essentielles d’enseignement et de recherche sont restées à l’écart de cet engagement. Un enseignement et une recherche engagés peuvent permettre aux universités de contribuer plus directement à la réalisation d’ODD pertinents au niveau local et adaptés au contexte. L’initiative « Recherche et innovation responsables » (RRI) de l’Union européenne en est un exemple classique. La RRI est une action clé du programme Science with and for Society (SWAFS) d’Horizon 2020 (H2020). La Commission européenne définit la RRI comme :

une approche qui anticipe et évalue les implications potentielles et les attentes sociétales en matière de recherche et d’innovation, dans le but de favoriser la conception d’une recherche et d’une innovation inclusives et durables[1].

Elle implique que les acteurs sociaux (chercheurs et chercheuses, citoyen-ne-s, décideurs et décideuses politiques, entreprises, organisations du tiers secteur, etc.) collaborent tout au long du processus de recherche et d’innovation afin de mieux aligner à la fois le processus et ses résultats sur les valeurs, les besoins et les attentes de la société. En outre, la déclaration de Rome de 2014 sur la RRI indique sur quoi les initiatives futures devraient se concentrer. En particulier, la déclaration appelle les institutions européennes, les États membres, les autorités régionales et les organisations performantes en matière de recherche et d’innovation à orienter leurs actions en (Angelaki, 2016) :

  • Renforçant les capacités de la RRI par le biais d’une variété d’outils tels que la sécurisation des ressources disponibles et le soutien aux initiatives mondiales;
  • Révisant et adaptant les paramètres en fournissant des lignes directrices pour la mise en œuvre et l’évaluation de la RRI;
  • Mettant en œuvre des changements institutionnels qui favorisent la RRI dans les organismes de recherche et d’innovation, en examinant leurs propres procédures et pratiques afin d’identifier les possibilités et les obstacles, en faisant participer la société civile, en élaborant et en mettant en œuvre des stratégies et des lignes directrices, en adaptant les programmes d’études et en proposant des formations, et en incluant les critères de la RRI dans l’évaluation et l’appréciation du personnel de recherche.

Un enseignement supérieur socialement pertinent s’applique à tout ce que fait une université : enseignement, recherche et service. Il s’applique à toutes les disciplines et facultés, et pas seulement aux départements extra-muros ou d’extension. En outre, les EES – historiquement reconnus comme des institutions publiques – ont été les lieux de production de la connaissance. Dans le contexte des ODD, lorsque nous réalisons le besoin de « perspectives alternatives de la connaissance » pour combler le déficit de connaissances nécessaire à leur réalisation, la fonction « recherche » des EES gagne en pertinence (Marcel et Marniesse, 2017). Cependant, la réalisation des ODD nécessite une approche innovante des missions de l’enseignement supérieur, et ce dernier doit être façonné de manière à contribuer à la réalisation des ODD à long terme, en particulier la mission de recherche. Dans cette optique, il est important d’être « engagé-e » d’une manière mutuellement bénéfique.

Des attentes accrues à l’égard de la recherche

L’innovation est considérée comme essentielle aux transformations des activités humaines qui permettront d’atteindre les ODD (Angelaki, 2016) Comme nous ne pouvons plus nous permettre de faire comme si de rien n’était, l’appel à l’innovation est largement répandu dans tous les secteurs. Les attentes croissantes dans le domaine de la recherche revêtent une importance particulière. Dans le contexte des ODD, la recherche doit apporter une contribution bien plus importante que celle qu’elle a traditionnellement apportée. Outre la compréhension des phénomènes, la recherche est désormais perçue comme capable d’apporter de nouvelles solutions, en appréciant et en intégrant d’autres perspectives de connaissances. Force est de constater que face à la complexité des défis et face aux cibles des ODD en temps réel, la société civile, les politiques, les donateurs et les acteurs et actrices privé-e-s ont des attentes réelles et croissantes.

Pour répondre à ces attentes, il est nécessaire de renforcer la contribution sociale de la recherche, entre autres dans divers domaines du développement socio-économique. Il est temps de combler le fossé entre la recherche et la société, de manière à ce que la première puisse contribuer aux résultats de développement de la seconde. Des leçons peuvent être tirées du modèle des boutiques des sciences en Europe qui poursuivent des recherches sur la base de questions de recherche émanant de la communauté. Le modèle de la RRI montre aussi comment la recherche peut être utilisée de manière responsable et innovante pour favoriser les objectifs de développement. Leur réalisation nécessitera également de trouver de nouvelles solutions à divers défis socio-économiques, et de nouvelles connaissances seront essentielles à cette fin. Les universités peuvent établir des partenariats avec les communautés et les parties prenantes locales afin de co-créer de telles connaissances adaptées aux contextes et aux décideurs locaux et décideuses locales. La co-création de ces connaissances est une condition préalable à la recherche de solutions durables. Cela constitue, par essence, le fondement de la « recherche engagée », qui exige de dépasser les notions traditionnelles de recherche descendante (dictée par les universitaires) pour adopter une forme de recherche plus collaborative/participative, dans laquelle les questions de recherche sont formulées en fonction des besoins de la communauté locale. La recherche est alors conçue en collaboration avec les parties prenantes locales qui sont touchées par le problème particulier et en vue de le résoudre (Marcel et Marniesse, 2017).

Les pratiques de recherche engagées et responsables contribuent non seulement à renforcer la responsabilité publique des EES, mais jouent également un rôle précieux dans la résolution des défis sociaux et des besoins de développement d’une société ou d’une nation (FICCI, 2017). Une recherche universitaire engagée de haute qualité dans des domaines stratégiques pour le développement peut contribuer à l’élaboration de bonnes politiques et à la découverte de solutions à des problèmes clés dans tous les domaines d’intervention des ODD. Les appels à cette forme de recherche engagée ont joué un rôle essentiel dans l’établissement de la validité et de l’adéquation de la « recherche participative communautaire » (RPC), en tant qu’outil susceptible de fournir des solutions durables à des défis sociaux cruciaux et de contribuer ainsi à la réalisation des ODD.

Recherche participative communautaire

L’intérêt croissant des universitaires et des praticien-ne-s pour la recherche de nouveaux moyens d’étudier et de relever des défis sociaux complexes s’est doublé, ces dernières années, d’une demande croissante de la part des communautés pour une recherche communautaire, et non plus seulement sur les communautés. Le nouvel accent mis sur la recherche translationnelle pour améliorer les résultats des interventions dans des sociétés et des contextes divers a également mis en lumière le potentiel des approches de la recherche orientées vers l’action et fondées sur la communauté (The Association of Commonwealth Universities, 2015). La RPC est une approche ou une orientation pour mener des recherches, et non une méthode. Elle fournit une structure et un mécanisme pour une recherche collaborative et rigoureuse, utilisant des méthodes bien établies ou émergentes, avec un accent sur la communauté. La RPC met les chercheurs et les chercheuses au défi d’écouter et d’apprendre des groupes qu’ils et elles essaient de connaître et d’aider, de solliciter et de respecter leurs contributions, et de partager le pouvoir, l’information et le crédit des réalisations avec ces groupes (Minkler et Wallerstein, 2008). Le Community Health Scholars Program de la W. K. Kellogg Foundation définit la RPC comme : « a collaborative process that equitably involves all partners in the research process and recognizes the unique strengths that each brings. CBPR begins with a research topic of importance to the community with the aim of combining knowledge and action for social change » (Minkler et Wallerstein, 2008 : 6). La RPC commence par un sujet de recherche important pour la communauté dans le but de combiner la connaissance et l’action pour le changement social. Avec de nombreuses traditions connexes de recherche-action et de recherche participative, la RPC renverse le paradigme plus traditionnel de la recherche appliquée dans lequel le chercheur ou la chercheuse externe détermine largement les questions posées, les outils employés, les interventions développées et le type de résultats et d’effets documentés et valorisés (Horowitz et al., 2009).

Concrètement, la RPC est basée sur les principes suivants (Gaventa, 1993) :

  • Elle est participative.
  • Il s’agit d’une démarche coopérative, qui engage les membres de la communauté et les chercheurs et chercheuses dans un processus commun auquel tous et toutes contribuent de manière égale.
  • Il s’agit d’un processus de co-apprentissage.
  • Elle implique le développement de systèmes et le renforcement des capacités des communautés locales.
  • Il s’agit d’un processus d’empowerment qui permet aux participant-e-s de mieux contrôler leur vie.
  • Elle permet de trouver un équilibre entre la recherche et l’action.

S’engager dans une recherche socialement responsable pour atteindre les ODD

Afin d’atteindre les ODD, une transformation sociale est nécessaire, et tous les acteurs et toutes les actrices doivent être mobilisé-e-s. Grâce à la RPC, il est possible d’encourager le renforcement des collaborations entre les chercheurs et chercheuses, les communautés et la société civile pour promouvoir la contribution sociale de la recherche. La RPC peut contribuer efficacement au développement de nouvelles connaissances et idées sur divers défis sociétaux liés aux ODD, et jouer un rôle important dans l’élaboration de solutions durables pour réponde à ces défis. Essentiellement, étant donné qu’elle se base sur la communauté et qu’elle implique des valeurs liées à la participation et à la recherche pour le co-apprentissage et la co-génération de connaissances, la RPC a la capacité de s’attaquer à des problèmes locaux (tels que l’eau, l’assainissement, la gestion des ressources, l’égalité entre les sexes, etc.). Trois moyens pratiques peuvent être facilement adoptés dans le cadre de la RPC pour que cette dernière contribue à une compréhension éclairée des ODD :

1. Définir des recherches utilisables localement. Les étudiant-e-s et le corps enseignant des EES peuvent formuler leurs questions de recherche de manière à produire des connaissances utiles et exploitables localement. Des interactions structurées et régulières avec les acteurs locaux – administration du district, gouvernement local, société civile, entreprises locales – peuvent générer des questions de recherche pertinentes pour la réalisation des ODD au niveau local. Par exemple, l’ODD9 vise les infrastructures résilientes et l’industrialisation durable. Les professeur-e-s et les étudiant-e-s en ingénierie pourraient étudier les lacunes spécifiques des infrastructures d’une ville ou d’un district du point de vue de la résilience. Les départements de l’énergie, des minéraux et des mines pourraient trouver des sujets de recherche intéressants sur les technologies vertes dont peut bénéficier l’industrie locale. Les étudiant-e-s et les professeur-e-s d’économie et de commerce pourraient définir leurs recherches en vue d’aider les petites et moyennes entreprises de leur communauté à devenir résilientes. Par exemple, développer un projet interdisciplinaire sur le contrôle de la qualité de l’air et des systèmes de traitement de l’eau d’entreprises qui rencontrent des défis à ce niveau serait des plus pertinents.

2. Construire des connaissances en partenariat. Les EES peuvent avoir besoin de créer des structures transfrontalières pour réaliser des partenariats transversaux. Toutefois, dans le cadre de ces partenariats, il est tout aussi important de tenir compte des différences de pouvoir existantes entre les partenaires, de leurs capacités et aptitudes respectives à contribuer au partenariat, et de son impact sur les efforts collectifs. Un partenariat bien pensé et calculé augmente à son tour l’impact qu’il a sur le processus dans son ensemble. Par exemple, l’ODD11 se concentre sur l’amélioration de la qualité de la vie urbaine. Les EES peuvent s’associer aux municipalités pour apporter de nouvelles connaissances afin d’améliorer l’urbanisation et la gouvernance des services urbains. La plupart des villes n’ont pas la capacité de générer et de maintenir des données au niveau des habitations, en particulier dans les cas de migration rapide. Plusieurs départements universitaires, dont ceux de statistiques, d’études urbaines, de planification ou d’économie, peuvent soutenir de telles recherches. Autre exemple, les études sur l’utilisation des sols dans les zones urbaines et les améliorations in situ des infrastructures de logement peuvent être menées par les facultés d’architecture, de géographie et d’ingénierie. Une fois que de tels partenariats sont établis, l’entretien continu des relations par les EES peut permettre une grande variété d’opportunités de recherche pour les étudiant-e-s et le corps enseignant à l’appui des ODD.

3. Acquérir de nouvelles compétences. La formation actuelle en méthodologie de la recherche dans la plupart des universités ne prépare pas les étudiant-e-s à établir des partenariats. Peu d’attention est accordée à des attributs tels que la pensée critique, la conscience et l’orientation éthique. En outre, la formation en méthodologie de la recherche n’enseigne pas comment intégrer les intérêts disciplinaires aux priorités locales de recherche. Les étudiant-e-s et leurs professeur-e-s ne savent pas comment partager les résultats de leurs recherches avec les parties prenantes locales, si ce n’est sous la forme d’un article de recherche rédigé pour une revue ou pour une conférence de recherche (Hall et al., 2015). Si un partenariat mutuellement bénéfique avec les communautés et les institutions locales – entreprises, gouvernement, société civile – est établi, le partenariat de recherche favorise des nouvelles connaissances et leur utilisation. Afin d’être en mesure d’entreprendre de tels partenariats et des recherches pertinentes au niveau local, les étudiant-e-s et les chercheurs et chercheuses des EES doivent développer certaines compétences supplémentaires, compétences qu’il est possible d’apprendre et d’appliquer. Plusieurs efforts novateurs ont été déployés pour former la prochaine génération de chercheurs et chercheuses aux « méthodologies de recherche participative à base communautaire » (Tandon et al., 2016). En outre, la formation à la recherche peut inclure la compréhension des multiples formes et sources de connaissances dans la société, et les compétences requises pour en tirer parti : la compréhension de l’éthique et des valeurs dans la recherche, la dynamique du pouvoir dans les partenariats, le développement de soi en tant que chercheur ou chercheuses, etc. Les compétences en matière de mobilisation des connaissances peuvent également être acquises, comme plusieurs systèmes d’EES ont commencé à le souligner (Munck et al., 2014). Par conséquent, les ESS désireux de contribuer à la réalisation des ODD grâce à leur expertise en matière de recherche devront peut-être investir dans l’acquisition de nouvelles compétences en matière de recherche, tant pour les étudiant-e-s que pour le corps enseignant.

Tirer parti de la RPC pour atteindre les ODD

Après avoir compris les impacts et l’implication de la RPC dans le processus de développement durable, il est maintenant important de faire des efforts pour forger un écosystème où la RPC peut être utilisée de manière effective et efficace pour atteindre les cibles mentionnées dans les ODD. Voici quelques suggestions d’actions pour aller dans ce sens :

  • Les dirigeant-e-s des universités et des EES doivent encourager l’appréciation et l’apprentissage de la RPC à l’échelle de l’établissement et de son rôle dans la réalisation des ODD. Les plateformes de vice-chanceliers ou vice-chancelières et de président-e-s d’université doivent inscrire ce point à leur ordre du jour de toute urgence.
  • Les ESS doivent créer des structures institutionnelles pour faciliter les partenariats de recherche entre la communauté et le campus.
  • Les ESS doivent se pencher sur la culture de l’avancement professionnel afin de s’assurer que les crédits pour les activités communautaires sont reconnus à des fins de mérite et de promotion.
  • Les universités devraient consacrer leurs ressources au soutien de l’apprentissage, à la production de connaissances et à l’autonomisation des changements qui ont de vastes ramifications sur les « problèmes clés » (dont leur solution aurait de vastes répercussions), tels que l’éducation des filles et des femmes ou la disponibilité de l’eau potable.
  • Les ministères nationaux, provinciaux ou régionaux responsables de la politique de l’enseignement supérieur et les conseils de l’enseignement supérieur de tous les pays doivent encourager, mandater et financer cette évolution vers un lien entre la recherche et les ODD par le biais de la RPC, dans le cadre de la fonction de recherche des universités.
  • Les associations d’enseignant-e-s, de chercheurs et chercheuses et d’universités peuvent jouer un rôle mobilisateur pour générer une demande d’utilisation de la RPC comme outil d’engagement dans les ODD.
  • Les étudiant-e-s peuvent devenir des champion-ne-s pour faire avancer la cause de l’adoption de l’approche de la RPC pour la réalisation des ODD. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de leur responsabilité sociale, tout en leur donnant l’occasion de pratiquer une citoyenneté active et d’émerger en tant que citoyen-ne-s responsables. En s’engageant sur des questions d’intérêt social, ils et elles seront à même de fournir des solutions durables.
  • Les réseaux et associations internationaux d’universités et leurs dirigeant-e-s peuvent également promouvoir l’idée d’utiliser la RPC pour atteindre les ODD. L’Association internationale des universités en est un exemple. Elle n’a cessé de réaffirmer l’importance de l’enseignement supérieur et de la recherche pour le développement durable. Un rapport publié qu’elle a publié en 2016, intitulé Higher Education paving the way for sustainable development, en témoigne (AIU 2017).
  • L’UNESCO a un rôle particulier à jouer à cet égard, notamment par le biais de son réseau de chaires UNESCO. Ses 11 associations et bureaux régionaux et nationaux devraient également organiser de manière proactive des dialogues avec les universités afin de promouvoir l’application de la RPC pour atteindre les ODD.
  • Les organismes subventionnaires aux niveaux local, national et international doivent fournir des opportunités de financement pour renforcer les capacités de la RPC au sein du secteur de la société civile.
  • Enfin, la société civile doit jouer un rôle proactif en soutenant la RPC, un domaine de travail qui lui est proche. Les praticien-ne-s de la société civile doivent apporter leur expertise en matière de RPC dans le cadre de partenariats avec les universités, qui peuvent ensuite en tirer parti pour trouver des solutions aux défis locaux urgents liés aux ODD.

Même si beaucoup a déjà été fait, il reste encore énormément de travail si nous voulons que la RPC évolue vers une approche intégrale dans le cadre de la fonction de recherche du monde universitaire, et qu’elle soit utilisée pour atteindre les ODD. Elle appelle à la réunion de toutes les parties prenantes partageant les mêmes idées afin d’encourager, de promouvoir et de défendre sa cause, en tant qu’outil puissant pour le développement durable.

Bibliographie

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Gaventa, J. (1993). The powerful, the powerless, and the experts : Knowledge struggles in an information age. Dans P. Park, M. Brydon-Miller, B. L. Hall et T. Jackson (dir.), Voices of change : Participatory Research in the United States and Canada (p. 21-40). Bergin & Garvey.

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Horowitz, C. R., Robinson, M. et Seifer, S. (2009). Community-based participatory Research from the Margin to the Mainstream. Circulation, 119(19), 2633-2642. https://doi.org/10.1161/CIRCULATIONAHA.107.729863

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