Module 9 : Considérations déontologiques et juridiques

44 Faire de la recherche dans un partenariat nord-sud

Valéry Ridde

Présentation du thème et de l’auteur du chapitre

En Afrique subsaharienne et en Haïti, une très grande partie des recherches sont effectuées dans le contexte d’un partenariat international avec des institutions et des personnes de pays à revenus élevés. Ce contexte, fort de multiples enjeux de pouvoirs, entraine des défis particuliers pour les étudiant-e-s impliqué-e-s dans ces partenariats pour leurs recherches. Ce texte aborde les questions associées à l’utilisation des données et la signature scientifique dans le cadre de ce type de partenariat.

Valéry Ridde est directeur de recherche au CEPED depuis décembre 2017 (http://www.ceped.org), une Unité Mixte de Recherche associant l’Université Paris Descartes et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Il est en affectation à l’ISED de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar.

Un contexte de recherche qui implique des partenariats

Réaliser une thèse de doctorat en Afrique subsaharienne ou en Haïti réclame, comme ailleurs dans le monde, des conditions d’encadrements, d’enseignements et de disponibilités de données optimales pour répondre aux questions de recherche. Pourtant, un déséquilibre majeur subsiste dans le monde puisque ces conditions ne sont pas toujours réunies en Afrique subsaharienne ou en Haïti. Dans ces contextes, les professeur-e-s sont souvent plus rares et moins disponibles, les enseignements et l’encadrement sont parfois moins accessibles et moins soutenus, et les budgets permettant une collecte de données d’une ampleur très insuffisante et largement apportés par l’extérieur. Par exemple, au Bénin et au Niger, la recherche en sciences sociales est notamment minée par le fait que les professeur-e-s d’universités sont plus impliqué-e-s dans des consultations lucratives que dans leurs travaux académiques et encadrement des étudiant-e-s (Olivier de Sardan, 2011). En Côte d’Ivoire, le financement public consacré à la recherche en santé correspond à moins de 1% du budget national de santé. En 2008, au Burkina Faso, 87% des projets de recherche dans le domaine de la santé étaient financés par des partenaires extérieurs (Sombié et al., 2013).

Ainsi, dans ce contexte particulier, la grande majorité des recherches sont nécessairement réalisées en partenariat entre des collègues et des institutions situées dans des pays à faibles et à très hauts revenus (Droz et Mayor, 2009; Vidal, 2014) afin de disposer des ressources nécessaires. Il ne s’agit pas là de classer les individus, car certain-e-s professeur-e-s et chercheurs et chercheuses nées en Afrique subsaharienne ou en Haïti enseignent dans des universités du Canada ou d’Europe; ou l’inverse. Mais il faut simplement reconnaître que ces formes de partenariats impliquent obligatoirement divers enjeux de pouvoirs (par exemple dans le choix des questions de recherche, des méthodes, des modalités de gestion des budgets, de la diffusion des connaissances, etc.) liés à ces différences institutionnelles (et individuelles) qu’il ne faut pas occulter (Godard et al., 2014; Ouattara et Ridde, 2013; Ridde et Capelle, 2011). Ils doivent donc être nécessairement considérés dans toute pratique de recherche. Cela est essentiel à prendre en compte car les chances sont grandes, dans ce contexte de rareté de ressources, que les étudiants et étudiantes d’Afrique subsaharienne ou d’Haïti soient impliqué-e-s et parties prenantes de ces collaborations internationales. Ils  et elles doivent donc être bien averti-e-s de ces enjeux et tenter de les (re)connaître pour mieux les appréhender et prévenir, lorsque possible, les désagréments éventuellement occasionnés. Les défis de ces partenariats sont nombreux et ils ne peuvent être tous explicités dans ce texte. On se concentrera donc sur ceux qui surgissent le plus souvent, dont on parle le moins en public (des secrets publics (Geissler, 2013)), qui ne sont pas suffisamment abordés dans les guides de partenariats (voir encadré ci-dessous).

Les 11 principes selon la commission suisse pour le partenariat scientifique avec les pays en développement (sic) (2012)

  1. Définir l’agenda ensemble
  2. Interagir avec les parties prenantes
  3. Clarifier les responsabilités
  4. Être redevable aux bénéficiaires
  5. Promouvoir l’apprentissage mutuel
  6. Renforcer les capacités
  7. Partager les données et les réseaux
  8. Diffuser les résultats
  9. Mettre en commun les bénéfices et les mérites
  10. Mettre en œuvre les résultats
  11. Pérenniser les résultats

Accessible sur : https://11principles.org 

L’utilisation des données

Dans ce type de partenariat, il est très fréquent que les étudiants et étudiantes participent à la collecte des données. Ils et elles sont parfois directement impliqué-e-s pour la réalisation de leur thèse de doctorat ou alors uniquement recruté-e-s comme employé-e-s temporaires pour la collecte des données qui seront ensuite destinées aux chercheurs et chercheuses. Dans les deux cas, il est essentiel de clarifier, avant de démarrer la collaboration, avec tous et toutes les partenaires, les questions d’utilisation des données collectées dans ce contexte. Un étudiant ou une étudiante qui a réalisé des enquêtes par questionnaires quantitatifs ou des entrevues qualitatives dirigées par des chercheurs et chercheuses dans le cadre d’un tel partenariat ne peut pas utiliser les données pour son mémoire ou sa thèse sans en demander l’autorisation préalable. La plupart du temps, si une telle entente (sur papier dans l’idéal) est passée, cela ne pose aucun souci. Les chercheurs et chercheuses sont généralement très heureux et heureuses de valoriser la recherche étudiante mais cela doit être autorisé et décidé collectivement en toute transparence. Les données appartiennent aux chercheurs et chercheuses responsables de la recherche, ce qui est généralement bien défini dans la convention de collaboration signée au préalable de tout partenariat. Les étudiants et étudiantes peuvent en demander une copie avant de s’engager. Deux études de cas sont disponibles dans deux articles de la revue canadienne de bioéthique pour réfléchir à l’utilisation des données dans ce contexte de partenariat, en mettant notamment au jour les enjeux éthiques et la place des étudiants et étudiantes (Ridde, 2017; 2018).

À l’inverse, la personne qui encadre le mémoire ou la thèse d’un étudiant ou d’une étudiante dans le contexte de ce partenariat n’a pas le droit de s’approprier ces données. Un-e professeur-e d’université, un chercheur ou une chercheuse d’une institution n’a donc pas le droit d’utiliser cette thèse (ou ces données) à ses propres fins, notamment de publication scientifique sans l’autorisation préalable de l’étudiant-e. Il est évidemment possible qu’une collaboration s’instaure entre ce-tte professeur-e et l’étudiant-e pour une publication subséquente au mémoire ou à la thèse. Mais les questions de signature de l’article ou du chapitre du livre doivent être abordées (voir section suivante). Une étude de cas abordant en partie cette problématique a été développée dans un article de la revue canadienne de bioéthique (Carillon et Ridde, 2018).

Il est évident que ces situations sont délicates tant les enjeux de pouvoir sont nombreux. Il est plus facile de l’écrire dans ce texte que de résoudre le problème quand il arrive. Mais si cela survient, il faut très rapidement en parler, en toute transparence, et tenter de trouver une juste solution. Et si cela n’est pas possible, il faut chercher une médiation auprès de personnes sans conflit d’intérêt et compétente. Les institutions académiques et les bailleurs de fonds de la recherche devraient disposer de telles solutions et informer leurs membres des procédures disponibles.

La signature scientifique

Dans le monde de la recherche, la reconnaissance passe essentiellement par la publication scientifique, qu’elle soit sous la forme d’un article révisé par les pairs, un chapitre d’ouvrage collectif révisé par les coordinateurs et coordonatrices ou toute autre forme de production écrite. Il est donc essentiel de respecter les personnes qui ont participé à la production de connaissances issues de la recherche. Mais ce respect ne doit pas toujours nécessairement se traduire par la signature d’un article ou d’un chapitre. Par exemple, une personne qui n’a collaboré, dans un partenariat scientifique, qu’à la seule passation d’un questionnaire quantitatif ou transcription d’une entrevue qualitative ne se qualifie pas pour être autrice d’une production. Son nom pourra figurer dans la section des remerciements de l’article. En effet, pour participer à la signature d’un produit scientifique, il faut y avoir contribué intellectuellement de manière substantielle. Par exemple, dans le domaine de la santé (les pratiques changent selon les disciplines), les normes internationales précisent que l’on peut être auteur ou autrice d’un article uniquement si on respecte les quatre conditions de l’encadré ci-dessous. La présence du et est importante dans cet encadré.

Règles concernant les auteurs et autrices de productions scientifiques, adaptées du International Committee of Medical Journal Editors (2013)
  • Contribution substantielle à la conception ou au devis de l’étude, ou l’acquisition et l’analyse des données, ou l’interprétation des données; et
  • Écriture d’une première version de la publication ou relecture et révision en apportant une contribution critique intellectuelle; et
  • Approuver la version finale pour publication; et
  • Accepter d’être garant-e de tous les aspects du travail, notamment à l’égard de la précision ou de l’intégrité du contenu de l’article et de la pertinence de l’étude et des analyses

En signant un texte scientifique, une personne s’engage donc sur le contenu et la rigueur des analyses. Elle pourra en répondre à l’avenir.

Une fois décidé qu’une personne se qualifie comme autrice d’un texte, il faut décider de l’ordre de tous les auteurs et de toutes les autrices. Les règles varient grandement d’une discipline à une autre et il ne serait pas raisonnable dans ce texte de proposer une solution valable pour tous les contextes. Dans le domaine de la santé publique par exemple, le premier auteur ou la première autrice est généralement la personne qui a contribué le plus à l’ensemble du processus (de l’idée de la recherche à l’écriture de l’article en passant par la rédaction du protocole et l’analyse des données) tandis que le dernier ou la dernière est souvent la personne la plus expérimentée qui apporte une certaine caution scientifique, quelle que soit sa place dans le partenariat international. Il existe évidemment de nombreuses dérives à ce système où certaines personnes contraignent leurs collègues pour être systématiquement autrices des textes de leur laboratoire alors qu’elles n’ont contribué à rien dans la recherche et qu’elles ont à peine lu, au mieux, l’article. On appelle cela des auteurs ou autrices fantômes. Normalement, un étudiant ou une étudiante doit obligatoirement être le premier auteur ou la première autrice de toutes les productions tirées de sa thèse ou de son mémoire. L’exemple du Togo montre les défis du respect de ce type de règles dans certains milieux, comme celui de la santé. En effet, sur les 28 thèses publiées (sur 41 réalisées de 1990 à 2016), en dermato-vénéréologie à l’Université de Lomé, dans seulement 3,6% des cas, l’étudiant-e au doctorat a été le premier auteur ou la première autrice de l’article (Mahamadou et al., 2021). Dans certaines disciplines (santé, biologie, etc.), le ou la professeur-e qui a encadré ce travail étudiant peut être (sans que cela soit une obligation) coauteur ou coautrice des textes issus de la thèse mais dans d’autres (sciences politiques, anthropologie, etc.) cela n’est pas la norme.

Dans le contexte de partenariats scientifiques, ces enjeux de signature scientifique sont au cœur des débats et prêtent (presque) toujours à des conflits. La pandémie de COVID-19 et les multiples recherches et publications en résultant n’a fait qu’exacerber cette question. Il est donc essentiel qu’un débat serein, transparent et juste s’instaure très tôt dans la création du partenariat. L’existence d’une politique interne au projet de recherche sur l’utilisation des données et la signature scientifique peut être une solution pour soutenir, en amont, ces discussions. Un article présente et analyse la production d’une telle politique dans le contexte d’un partenariat international pour des recherches au Burkina Faso et peut servir d’exemple pour permettre aux étudiants et étudiantes d’en parler avec leurs professeur-e-s et collègues (Ridde et al., 2016). Il faut certainement espérer que la crise COVID-19 puisse devenir une fenêtre d’opportunité pour aborder ces enjeux et trouver des solutions justes dans le débat contemporain, par exemple, de la décolonisation de la santé mondiale (Ridde et Filliol, 2021).

Bibliographie commentée

Carillon, S. et Ridde, V. (2018). Rapport de pouvoir entre enseignante et doctorante : utilisation de données de recherche et signature scientifique. Revue canadienne de bioéthique, 1(2), 91‑93. https://doi.org/10.7202/1058281ar

Une étude de cas pour penser la collaboration entre un étudiant ou une étudiante et la personne qui encadre sa thèse. L’étude de cas soulève notamment la question de l’utilisation des données.

Droz, Y. et Mayor, A. (2009). Partenariats scientifiques avec l’Afrique : Réflexions critiques de Suisse et d’ailleurs. Karthala. https://archive-ouverte.unige.ch/unige:14802

Un livre un peu ancien mais toujours d’actualité sur les partenariats scientifiques.

Geissler, P. W. (2013). Public secrets in public health: Knowing not to know while making scientific knowledge. American Ethnologist, 40(1), 13‑34. https://anthrosource.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/amet.12002

Une belle réflexion anthropologique conceptuelle et empirique sur ces questions dont tout le monde a conscience mais que personne ne souhaite évoquer en public, comme celles de l’utilisation des données de recherche et de la signature scientifique.

Godard, B., Hunt, M. et Moube, Z. (2014). Éthique de la recherche en santé mondiale : la relation Nord-Sud, quel partenariat pour quelle justice sociale ? Global Health Promotion, 21(2), 80‑87. https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1757975913519143

Une des rares réflexions sur les enjeux d’éthique et de justice sociale lors des partenariats de recherche en santé mondiale. Un appel au dialogue est lancé.

Olivier de Sardan, J.-P. (2011). Promouvoir la recherche face à la consultance. Autour de l’expérience du Lasdel (Niger-Bénin). Cahiers d’études africaines, 202‑203(2‑3), 511‑528. https://journals.openedition.org/etudesafricaines/16759

Une réflexion proposée par un socio-anthropologue présent en Afrique de l’Ouest depuis plus de 40 ans et s’interrogeant sur les défis de voir les chercheurs et chercheuses se transformer en consultant-e-s.

Ouattara, F. et Ridde, V. (2013). Expériences connues , vécues … mais rarement écrites . À propos des relations de partenariat Nord-Sud. Nouvelles Pratiques Sociales, 25(2), 231‑246. https://www.erudit.org/en/journals/nps/2013-v25-n2-nps01030/1020832ar/abstract/

Une analyse réflexive sur les défis des partenariats scientifiques proposée par deux chercheurs travaillant en Afrique de l’Ouest francophone.

Ridde, V. et Capelle, F. (2011). La recherche en santé mondiale et les défis des partenariats Nord-Sud. Revue canadienne de santé publique, 102(2), 152-156. https://doi.org/10.1007/BF03404166

Les résultats d’une recherche empirique pour mieux comprendre le point de vue des chercheurs et chercheuses du Nord et du Sud sur les défis des partenariats.

Ridde, V., Hunt, M., Dagenais, C., Agier, I., Nikiema, A., Chiocchio, F., Bonnet, E. et Somé, P.-A. (2016). Une politique concernant les données issues d’un programme de recherches interventionnelles en santé mondiale. BioéthiqueOnline, 5, 1-34. https://doi.org/10.7202/1044267ar

Un article décrivant le processus conduit par une équipe de recherche internationale pour formuler une politique interne d’utilisation des données et de signature scientifique. La politique est présentée en annexe de l’article et peut servir de modèle pour l’adapter à d’autres contextes.

Ridde, V. (2017). Des enjeux éthiques liés à l’utilisation des données de recherches en collaboration internationale. BioéthiqueOnline, 6, 1-3. https://www.erudit.org/fr/revues/bo/2017-v6-bo03572/1044621ar/

Une étude de cas pour réfléchir au recours à des assistant-e-s de recherche pour la collecte de données et des enjeux éthiques de leur utilisation.

Ridde, V. (2018). L’utilisation de données de recherche sans votre accord lors d’un partenariat de santé mondiale. Revue canadienne de bioéthique, 1(2), 22‑23. https://doi.org/10.7202/1058275ar

Une étude de cas permettant de comprendre les défis de l’autorisation préalable de l’utilisation de données dans le contexte d’un partenariat de recherche.

Ridde, V. et Fillol, A. (2021). Santé Mondiale. Anthropen. https://doi.org/10.47854/anthropen.vi0.51161

Une analyse du concept de santé mondiale et notamment une mise en perspective des enjeux de pouvoir dans les partenariats de recherche en santé mondiale.

Sombié, I., Aidam, J., Konaté, B., Somé, T. D. et Kambou, S. S. (2013). The state of the research for health environment in the ministries of health of the Economic Community of the West African States (ECOWAS). Health Research Policy and Systems, 11(35), 1-11. https://doi.org/10.1186/1478-4505-11-35

Un article proposant un état des lieux des institutions et des politiques de recherche dans le domaine de la santé des pays de l’Afrique de l’Ouest.

Vidal, L. (2014). Expériences du partenariat au Sud: le regard des sciences sociales. IRD éditions. https://core.ac.uk/download/pdf/39828935.pdf

Un ouvrage collectif sur les expertises et les bonnes pratiques selon les chercheurs et chercheuses impliqué-e-s dans des partenariats scientifiques internationaux. De nombreuses réflexions provenant de plusieurs domaines et pays sont présentées, notamment en Afrique et enAsie.

Références complémentaires

Costello, A. et Zumla, A. (2002). Moving to research partnerships in developing countries. Br Med J, 321, 827-29.

Dowdy, D. (2006). Partnership as an ethical model for medical research in developing countries: The example of the “implementation trial”. J Med Ethics, 32, 357-60.

Gaillard, J. (1994). North-South research partnership: Is collaboration possible between unequal partners? Knowledge, Technology and Policy, 7(2), 31-63.

Global Forum for Health Research. (2002). The 10/90 Report on Health Research 2000. Sheila Davey. https://www.files.ethz.ch/isn/20413/10.90.FULLTEXT.pdf 

Jentsch, B. et Pilley C. (2003). Research relationships between the South and the North: Cinderella and the ugly sisters? Soc Sci Med, 57(10), 1957-67.

Mahamadou, G., Saka, B., Gnassingbé, W., Akakpo, S., Téclessou, J., Kombaté, K., Tchangai-Walla, K. et Pitché, P. (2021). Place des thèses et mémoires dans les publications scientifiques des enseignants de dermato-vénéréologie de l’université de Lomé (Togo). Médecine Tropicale et Santé Internationale.

Olivier, C., Hunt, M. R. et Ridde, V. (2016). NGO-researcher partnerships in global health research: benefits, challenges, and approaches that promote success. Development in Practice, 26(4), 444-455. https://doi.org/10.1080/09614524.2016.1164122

Rakowski, C. (1993). The ugly scholar: Neocolonialism and ethical issues in international research. Am Sociologist, 24, 69-86.

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