Burkina Faso

6 Wilfried Ouedraogo

Stéphanie Audet

Wilfried Ouedraogo est à l’origine un Ouagalais, c’est-à-dire un habitant de Ouagadougou, la capitale et la plus grande ville du Burkina Faso. Il est arrivé au Québec à l’âge de 18 ans, déjà adulte, il y a maintenant 15 ans.

Décisions

Wilfried avait envie de voir le monde. Il ne fait pas partie des immigrants qui veulent à tout prix quitter leur pays pour éviter des conflits ou des dangers potentiels. Il a toujours été curieux de ce qui se passe ailleurs. Lui qui aimait étudier, il a décidé de profiter de son statut d’étudiant pour voyager. Il a donc choisi de se tourner vers l’Université Laval pour ses études.

Il était clair pour Wilfried qu’il allait s’envoler vers le Canada puisque ce pays était bien connu de sa famille. Son père avait quitté le Burkina Faso dans les années 1970 afin d’étudier à Montréal et en gardait de très bons souvenirs. Wilfried avait donc une certaine confiance dans le pays où il allait s’installer. Outre le fait de suivre les traces de son paternel, il savait par le bouche-à-oreille que le Québec allait lui offrir une belle qualité de vie, une sécurité incomparable à d’autres endroits, ainsi que des frais de scolarité abordables. C’était aussi très réconfortant pour Wilfried de choisir un endroit où l’on parlait français, une langue qu’il connaissait bien.

Son arrivée au Québec

Bien que muni de beaucoup d’informations sur le Québec, Wilfried est tout de même arrivé tout seul en terre canadienne. Ne connaissant personne à sa nouvelle destination, il n’a été accueilli par personne. Seuls les employés de l’aéroport ont pu lui montrer le chemin vers la sortie de l’établissement. On peut donc dire que son arrivée fut, de ce point de vue, difficile. Arrivé à l’extérieur de l’aéroport, il faisait face à son nouveau quotidien. Il a dû, très rapidement, apprendre à apprivoiser son nouvel environnement sans l’aide de quiconque.

Malgré cette difficile arrivée, Wilfried a trouvé que le Québec était un peuple qui voulait aider les nouveaux arrivants à s’intégrer. Comme son père le lui avait raconté, il a constaté que les Québécois étaient non seulement accueillants, mais aussi ouverts d’esprit. Ce comportement lui a donné confiance dans son choix. Il s’est donc engagé dans divers sports et activités sociales pour échanger avec autrui. Étant un garçon très sociable chez lui, en Afrique, il était très important pour lui de s’efforcer de retisser des liens aussi forts dans son nouvel environnement que dans sa ville natale.

Outre le climat, Wilfried a aussi dû apprivoiser le système universitaire québécois qui, selon lui, est beaucoup plus pragmatique que le système français en vigueur dans les universités de son pays. Mais son temps d’adaptation n’a pas été très long. En effet, ses quatre années universitaires se sont déroulées dans le succès, au point qu’il n’a guère rencontré de difficulté à trouver un emploi par la suite. Il m’a également souligné qu’il a été facile pour lui de comprendre le système politique du Québec, ainsi que la culture québécoise.

Regard sur le Québec

Wilfried pense que les Québécois regorgent de belles valeurs, notamment la franchise et la persévérance qu’il remarque chez les personnes qu’il côtoie. Il constate cependant un certain manque d’ouverture au Québec, voire même au Canada en général. Il donne l’exemple de la religion, qui, selon lui, est rejetée pour plusieurs raisons qu’il comprend mal. Même la religion catholique, c’est-à-dire la religion traditionnelle de la majorité des Québécois, lui semble n’avoir plus beaucoup de place aujourd’hui dans la société. Il estime que les Québécois ont tort de penser que c’est en ignorant les religions qu’on respecte mieux les différences. La peur de l’étranger ou de l’arrivée d’immigrants le laisse aussi perplexe. Il constate cependant que lorsque le peuple québécois est bien informé, la peur en question se dissout. Encore faut-il que les gens veuillent s’informer…

Selon Wilfried, l’Afrique est un réel tabou pour les Québécois qui tendent à penser que sa terre natale est condamnée à une misère généralisée. Mais ce n’est pas une bonne vision de l’Afrique, dit-il, les Québécois ne sont pas réellement informés sur ce qui se passe là-bas. Une meilleure information changerait cette vision. Ceux qui sont piqués par la curiosité et qui s’envolent vers l’Afrique avouent qu’ils sont surpris et qu’ils ne s’attendaient pas du tout à ce qu’ils ont vu, vécu.

Sa vie actuelle

Wilfried Ouedraogo est très bien intégré à la société québécoise. À la suite de ses études, il a trouvé un emploi dans son domaine. Il est le président de « Québec Immobilier International » qui a trois buts : l’accompagnement lors de l’achat d’une propriété au Québec, l’accompagnement lors de l’achat à l’international, ainsi que l’accompagnement dans le transfert de connaissances entre le Canada et les pays émergents. Sa compagnie fait donc le pont entre le Canada et l’Afrique.

Bien que le travail lui prenne tout son temps, Wilfried accorde beaucoup d’importance à ses relations interpersonnelles au Québec. Il s’est fait de très bons amis, avec qui il a tissé des liens très forts, voire même aussi forts que les liens avec ses amis d’Afrique. Un projet n’attend pas l’autre, dit-il. Partager des projets, c’est selon lui la meilleure façon de s’épanouir et d’échanger avec les autres. Pour lui, ce fut bénéfique! Il m’avoue même qu’il pense avoir tiré le meilleur de sa vie au Québec. Il s’est établi ici et veut y rester. Comme il partage tout ce qu’il apprend avec ses amis d’Afrique lorsqu’il va les visiter, son expérience n’est pas seulement bénéfique pour lui, mais aussi pour ceux qui l’entourent.

Message aux Québécois et aux potentiels immigrants

Wilfried pense que la meilleure recommandation à donner aux potentiels immigrants au Québec est d’avoir l’esprit ouvert. Il leur sera ainsi plus facile d’assimiler les nouvelles valeurs auxquelles ils seront confrontés et de s’intégrer tant du côté professionnel que social. Le Québec est une terre d’accueil formidable, facile d’accès et surtout épanouissante.

Très analytique, Wilfried estime que les Québécois ne devraient guère s’inquiéter des immigrants, puisque le gouvernement est sélectif dans cette démarche, qu’il choisit ses immigrants. Il souligne l’importance de ceux-ci pour l’essor économique, social et culturel du Québec. Avec le vieillissement de la population, le faible taux de natalité ainsi que la retraite des baby-boomers, les immigrants auront un rôle primordial, voire de choix dans l’avenir du Québec.

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Wilfried Ouedraogo

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