Conclusion

54 À la découverte de l’autre : réflexions et apprentissages

Comment les étudiantes et étudiants en communication publique qui ont réalisé ces portraits au cours de l’automne 2016 ont-ils vécu cette expérience? Qu’ont-ils appris de leur participation au projet « Québec ville ouverte » dans le cadre de leur parcours universitaire? Ces rencontres ont-elles transformé leur perception des immigrantes et immigrants africains, du Québec, d’eux-mêmes et d’elles-mêmes? Voici quelques réponses, d’abord recueillies en équipe, puis individuellement, dans le journal de bord tenu par les étudiantes et les étudiants. Ces paroles sincères et directes prouvent hors de tout doute l’immense potentiel de la rencontre, de l’écoute et du dialogue pour lutter contre les préjugés et le racisme, ainsi que pour renforcer le désir de vivre ensemble.

Réponses collectives

Ce projet nous a permis d’ouvrir nos horizons et d’en apprendre davantage non seulement sur une autre culture, mais également sur les dessous du phénomène de l’immigration qui est souvent méconnu du plus grand nombre. Nous entendons souvent parler des côtés les plus négatifs de l’Afrique, des conditions difficiles dans lesquelles certains de ses habitants sont contraints de vivre. Nous avons fortement apprécié de découvrir l’envers de la médaille : nous avons appris à connaître des individus fiers de leurs racines et de leur pays d’origine. Ce fut très enrichissant et même émouvant de les voir en parler avec autant d’émotion, prêts à s’ouvrir afin de répandre cette fierté contagieuse. Au final, nous pensons que ce projet est très formateur, non seulement au niveau personnel, mais aussi académique. Il nous a permis en effet de briser certaines barrières et de faire ce que l’on fait de mieux en tant que communicateurs et communicatrices : écouter et donner la parole. Voilà la beauté de ce projet. Nous en sortons grandis, avec quelques pas de plus dans nos bagages personnels et professionnels respectifs. Merci.

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À la suite de nos rencontres, nous avons tous été agréablement surpris de l’intégration des personnes que nous avons rencontrées. Alors que certains immigrants sont pleinement engagés dans la communauté, d’autres ont créé leur propre compagnie. Ces rencontres nous ont permis de connaître des gens ayant une scolarité remarquable, un courage enviable, une gentillesse sans mesure et une persévérance des plus admirables. Ces personnes ont été comme un vent de fraîcheur qui nous a montré une autre dimension de la vie. Effectivement, bien qu’ils aient appris beaucoup en étant au Québec, nous avons tout autant appris d’eux par leur parcours et leurs valeurs. Que ce soit sur le plan culturel ou même moral, il est intéressant de discuter et d’apprendre différents modes de pensée. Qui a dit que nous devons tous avoir un parcours et des origines semblables? La curiosité et l’échange sont des richesses partageables et il n’en tient qu’à chacun de nous de démontrer de l’ouverture face à ces échanges. Aujourd’hui, les frontières sont quasi inexistantes face à toutes les possibilités que nous avons de découvrir le monde et les différentes cultures. Dans un monde où nous avons toujours soif de voyages et de découvertes d’autres pays, il est également possible d’apprendre tout autant par l’échange et la communication avec des immigrants maintenant devenus québécois. Nous avons trop souvent des idées préconçues de l’inconnu et c’est ce qui freine trop souvent notre curiosité. Faisons le premier pas et intéressons-nous à la diversité culturelle. Nous en serons tous gagnants.

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En rédigeant ces portraits, nous avons réalisé que malgré une certaine ouverture d’esprit, les Québécois et Québécoises ne connaissent pas réellement les pays d’Afrique. Plusieurs personnes ont une idée très stéréotypée de cette région du monde, ce qui est problématique. Selon nous, cette ignorance serait la raison qui expliquerait pourquoi des Québécois et Québécoises sont encore sceptiques par rapport à l’arrivée de nouveaux immigrants. Nous croyons donc que nous avons collectivement encore du chemin à faire. En effet, il serait à notre avantage de nous ouvrir davantage aux autres cultures, afin d’approfondir nos connaissances sur le monde qui nous entoure. En étant plus curieux et en laissant nos préjugés de côté, nous apprendrons à mieux vivre ensemble. On se dit ouvert, mais en fait, qu’est-ce qu’être ouvert? Selon nous, être ouvert n’est pas seulement accepter l’autre, mais c’est aussi apprendre à le connaître et à briser les préjugés. Même s’ils peuvent paraître inoffensifs, des commentaires tels que « Alors comme tu es Africain, tu as plusieurs femmes? » alimentent l’ignorance, les stéréotypes et la fermeture d’esprit. Cependant, nous pensons que c’est aussi aux immigrants à aider à briser ces idées préconçues, car il y a encore de l’éducation à faire auprès de la population québécoise. On remarque d’ailleurs qu’il y a encore beaucoup trop de personnes qui croient que l’Afrique est un pays et non un continent. Enfin, nous croyons que d’engager des conversations avec des Africains comme nous l’avons fait nous permet de mieux saisir leur culture et leur vision du monde. S’intéresser à l’autre, que ce soit en voyageant ou en abordant autrui, permettrait un meilleur « vivre ensemble ».

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En somme, nos rencontres ont toutes été très enrichissantes. Nous avons ouvert nos yeux et nos cœurs sur la réalité des immigrants au Québec. Il nous a été possible de discuter avec des personnes dont les discours sont rarement entendus dans l’espace public. Ces discussions ont permis d’élargir nos horizons et de nous transporter dans un monde sans barrières ni préjugés. Nous avons retenu qu’être Africain n’est pas une question de couleur de peau, mais bien une façon d’être. Du moment que l’on s’ouvre aux autres cultures, nous découvrons ce qui nous unit et comment nous pouvons bien vivre ensemble. Les immigrants dont nous avons relaté les récits nous ont fait part que c’est l’ignorance des Québécois qui crée un mur avec les nouveaux arrivants. La résilience de ces personnes est ce qui nous a le plus marqué lors des rencontres des dernières semaines. Malgré les obstacles qu’elles ont dû surmonter, elles sont optimistes envers l’avenir de l’immigration au Québec puisque le peuple a besoin de cette dernière. Nous sommes tous des immigrants et nous devons faire preuve d’une ouverture plus grande face à ces nomades. D’un côté comme de l’autre, ces rencontres ont été bénéfiques. Elles nous ont permis d’échanger et de comprendre les fondements de nos réticences face à l’autre. Au final, tout le monde en ressort épanoui et grandi. Il serait bien de créer plus d’occasions d’échange puisque selon eux, les Québécois sont prêts à accepter la nouveauté et ils ne demandent qu’à comprendre la réalité des immigrants.

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Malgré quelques problèmes relatifs à la communication et à la prise de rendez-vous avec nos interviewés, nous avons grandement apprécié cette expérience culturelle. Pour chacun de nous, ce projet a permis d’en apprendre davantage sur la situation des immigrants africains, ainsi que sur l’accueil que les Québécois leur offrent en général. En bref, nous retenons principalement que, malgré l’ouverture et l’aspect chaleureux du peuple québécois, il y a tout de même beaucoup de travail à faire pour mieux intégrer nos nouveaux arrivants. Il reste encore un sentiment d’inquiétude bien ressentie au sein de la population locale quant à l’arrivée massive de nouveaux immigrants. Au Québec, on peut croire que cet aspect est encore plus présent en raison de notre culture particulière. Notre peuple a bataillé depuis la fondation de la province afin de conserver sa langue française et sa culture particulière. Nous avons résisté à l’assimilation anglophone pendant des siècles. Certains Québécois voient l’arrivée des immigrants comme une nouvelle menace pour cette langue et cette culture et pensent qu’il existe maintenant deux fronts de bataille. Toutefois, comme mentionné par certains de nos intervenants africains, ils viennent ici pour les bonnes raisons. Ils ne viennent surtout pas pour changer notre culture ou nos traditions. Bien au contraire, ils tentent de s’adapter et de se retrouver dans leur nouvelle culture tout en y apportant de nouveaux éléments pour la faire grandir et l’enrichir. Il est important de reconnaître leur courage et leur détermination. C’est d’ailleurs un aspect que nous avons tous ressenti lors de nos entrevues respectives. Nous pensons que ce projet servira à bien plus qu’à rassurer les inquiets. En effet, il permettra de mieux informer les québécois sur la situation vécue par les arrivants et de nous ouvrir les yeux sur notre propre système d’immigration. Cela permettra également à tous de voir l’envers de la médaille et de faire preuve de plus d’empathie. Mieux comprendre l’autre serait le premier pas vers un meilleur climat de vivre ensemble. En conclusion, nous remercions les participants de ce projet. Leurs paroles nous confirment leur bonne volonté et leur collaboration.

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Bien que les immigrants que nous avons interrogés aient des histoires très différentes, nous pouvons affirmer à l’unanimité que ce projet d’écriture a constitué pour nous tous une expérience d’ouverture sur le monde et nous a permis d’apprécier les différences culturelles entre le Québec et les pays africains. Les discussions ont aboli certains préjugés ou stéréotypes souvent véhiculés, nous permettant de mieux connaître la réalité des immigrants africains qui viennent s’établir au Québec. Les rencontres se sont avérées, dans plusieurs cas, très inspirantes. Celles-ci nous ont permis de rencontrer des personnalités très diversifiées ayant des projets et des rêves en réalisation. Nous avons appris beaucoup en partageant nos expériences avec les autres. Nous avons également constaté que les immigrants ont une excellente perception des Québécois, et ce, malgré les expériences plus négatives qu’ils ont pu vivre, ce qui témoigne de leur grande capacité d’acceptation et d’adaptation. Ce sont des personnes ayant un grand cœur et qui ont accepté de nous raconter leur vécu dans une ambiance très conviviale. Nous pouvons dire que ce projet nous a donné envie de voir plus loin et de briser certaines barrières qui auraient pu empêcher une rencontre. Nous devons aller de l’avant et discuter avec des gens comme ceux que nous avons rencontrés, car ils ont des histoires fabuleuses à nous raconter et elles méritent d’être écoutées. Merci beaucoup pour ce beau projet, en souhaitant qu’il puisse se réaliser encore et encore au fil des sessions.

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À la suite de nos rencontres avec certaines personnes de la communauté africaine de la ville de Québec, nous avons ressenti une curiosité sur une nouvelle culture que nous n’avions pas eu la chance de connaître auparavant. Ces rencontres nous ont conscientisées à la réalité que vivent au quotidien les gens qui ont immigré à Québec. Cela nous a permis de découvrir des affinités avec des gens qui ont une histoire différente de la nôtre et ainsi, constater que les barrières n’étaient peut-être qu’une construction sociale. Ça a ouvert nos horizons vers une nouvelle culture et, de ce fait, nous avons envie d’en apprendre davantage sur leur mode de vie, leurs valeurs, leurs coutumes et leurs habitudes de vie.

De plus, aller à la rencontre de ces Africains nous a amené à nous renseigner sur leur pays d’origine et leur contexte social, ce qui nous a beaucoup appris sur les différents pays de l’Afrique. En plus d’en avoir appris davantage sur nous-mêmes, nous avons également appris sur notre société qui a accueilli les immigrants. Il s’agit d’un aspect de notre société que nous connaissons moins en tant que personnes natives de la province de Québec. Nous avons réalisé que nous étions peu informées par rapport à l’immigration à Québec et qu’être plus outillées à ce sujet nous permettrait d’approfondir notre dialogue avec les immigrants africains. Ces rencontres nous ont fait réaliser la difficulté d’adaptation que peuvent vivre ces personnes en arrivant dans notre ville, et qu’il est important pour tous les citoyens de contribuer à leur bonne adaptation.

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Ce que nous avons retenu de ces rencontres, c’est que les Québécois sont beaucoup plus accueillants et ouverts d’esprit que nous pouvions le croire. La plupart des personnes rencontrées nous ont d’ailleurs fait part qu’elles n’avaient pratiquement jamais vécu de racisme à Québec, autant pour elles que pour leurs enfants. Également, nous avons pu voir d’un nouvel angle l’immigration africaine au Canada. Selon la vision que les médias donnent de l’Afrique, nous avions l’impression que les Africains venaient au pays pour des raisons davantage politiques ou encore économiques. Cependant, durant les rencontres, nous avons constaté que, dans de nombreux cas, ils immigrent au Québec parce qu’ils ne peuvent pas faire leurs études dans leur pays ou parce qu’ils rêvent d’avoir un diplôme nord-américain.

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Nous avons compris que notre perception concernant la situation des immigrants africains était erronée, en raison de l’image négative de l’Afrique projetée dans les médias. Lors de nos rencontres, nous avons appris que le train de vie en Afrique n’est pas aussi souffrant et désagréable qu’on peut le penser et qu’il y a aussi des gens qui y vivent bien. C’est que, dans les médias, on parle de l’Afrique seulement quand ça va mal.

Nous pensons que les Québécois et Québécoises n’ont pas à être inquiets de l’arrivée des nouveaux immigrants. Nos participants ont tous effectué leurs études au Québec ou, du moins, ils sont en voie d’obtenir leur diplôme. Ainsi, ils contribuent à la société en rentrant, par la suite, sur le marché du travail. De ce fait, ils participent également à l’économie provinciale. Les immigrants que nous avons interviewés viennent tous de villes industrielles ou métropolitaines, des capitales. Ils connaissent le fonctionnement de la ville et le comportement à adopter. Ils ne viennent pas nécessairement de petits villages de campagne, comme se l’imagine la majorité.

Nous sortons tous grandis de ces rencontres. Nous en avons appris beaucoup sur l’immigration et les démarches qui permettent celle-ci. Nous avons entendu de belles histoires de famille, mais aussi de persévérance scolaire et professionnelle. Nous avons eu droit à des récits sur la poursuite du bonheur et l’envie de donner à notre progéniture un avenir toujours plus beau.

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Nous avons énormément retenu de nos rencontres. Le fait de rencontrer des personnes issues d’une autre culture qui ont immigré dans notre province, notre pays, fait réaliser de nombreuses choses. Chaque personne a vécu des situations aussi particulières qu’inusitées dès son arrivée au Québec. Il est très intéressant de découvrir les difficultés qu’elles ont pu rencontrer, mais également de voir qu’aujourd’hui, elles arrivent à se sentir québécoises malgré toutes les épreuves auxquelles elles ont dû faire face. La question identitaire est un aspect très important et récurrent dans les discours des différentes personnes rencontrées. Cela nous a fait réaliser à quel point les enjeux sont importants pour quelqu’un qui vient de l’étranger. Par exemple, la majorité de nos interlocuteurs et interlocutrices ont vécu des expériences d’immigration avant même d’arriver au Canada. Ils ont tous dit que leur arrivée au Québec était plus facile que leur arrivée dans d’autres pays européens. Plusieurs de ces personnes sont maintenant actives dans l’accueil des nouveaux immigrants qui vivent une situation similaire à la leur. Elles ont conscience de la situation que ces derniers peuvent vivre et n’hésitent pas à les encourager. Elles s’enthousiasment à l’idée de conseiller les nouveaux arrivants sur la culture québécoise.

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Touchantes et inspirantes, ces rencontres nous ont apporté l’ouverture. Tout d’abord, une ouverture d’esprit par rapport à l’autre : sa réalité, sa situation, ses différences et son vécu. Les personnes rencontrées nous ont touchées droit au cœur par leur générosité et leur humanité. Nous sommes allées à la rencontre de gens extraordinaires au parcours hors du commun. Ces personnes nous ont fait grandir, et ce, en quelques heures à peine. C’est une chance que nous avons de vivre au Québec. Le pacifisme de notre peuple et sa tolérance envers l’autre sont de l’or. Mais, pour certaines d’entre nous, ces rencontres ont donné lieu à une prise de conscience malheureuse : le racisme est toujours bien présent dans nos sociétés. Cette présence est subtile, mais elle existe. La peur de l’inconnu prend encore beaucoup de place dans notre quotidien. L’ouverture d’esprit est une clé indispensable à la vie en communauté. Comme peuple, nous avons encore du chemin à faire de ce côté. Les immigrants ont beaucoup à apporter au Québec et à notre pensée collective. C’est à nous de saisir cette unique chance d’humanisme et d’entraide mutuelle par le partage de nos cultures. Dans ce contexte, la peur est l’ennemie de l’ouverture.

Témoignages individuels extraits des journaux de bord des auteurs-étudiants et auteures-étudiantes

Lorsque madame Florence Piron nous a expliqué son projet qui consistait à créer un livre avec des témoignages de personnes venant d’Afrique, j’étais loin de me douter que je rencontrerais un homme qui changerait ma perception des personnes immigrantes au Québec. En fait, cette rencontre m’a permis d’ouvrir les yeux sur une autre culture et de mieux comprendre tous les aspects et les difficultés liés à l’immigration. L’homme que j’ai eu la chance de rencontrer est, selon moi, un exemple de courage et de détermination.

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J’ai beaucoup apprécié ce projet. En effet, il m’a permis de sortir de ma zone de confort et d’aller à la rencontre de deux personnes qui ont un parcours de vie formidable, qui ont vécu de grandes choses dont je n’aurais pu me douter sans avoir eu la chance de les rencontrer pour faire leur portrait. Je me suis donc rendu compte que c’est en allant directement à la source, c’est-à-dire en abordant les gens directement sur le terrain que l’on peut mieux comprendre leur histoire, leurs valeurs, leur culture et toutes les épreuves qu’ils ont traversées pour se rendre jusqu’ici. Avant ce projet, je n’avais pas conscience de tout le temps et les efforts requis pour immigrer et s’adapter à une nouvelle culture. Une fois arrivés ici, ils vivent l’inconnu. Que ce soit le froid, la neige, la nourriture, le nom des rues, tout est à apprendre. Ils doivent donc s’adapter, se trouver une place et repartir à zéro. Un très grand courage est nécessaire pour passer au travers de toutes ces étapes pour arriver à un mode de vie similaire à celui que des Québécois et Québécoises natifs.

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Il y a deux semaines environ, j’étais dans l’autobus de ville. J’ai remarqué qu’en rentrant dans l’autobus, un Africain saluait tous les gens qui se trouvaient à l’intérieur. Plusieurs ne l’ont pas vu puisqu’ils étaient concentrés sur leur téléphone cellulaire. Moi, par contre, je l’ai vu et je l’ai salué. J’ai tout de suite pensé à la dame africaine que j’ai eu la chance de rencontrer pour le projet. En effet, lors de l’entrevue elle m’avait mentionné que lorsqu’elle était arrivée ici, elle disait bonjour à tout le monde, comme en Afrique, mais que personne ne lui répondait. Elle m’a même confié qu’elle trouvait cela triste. Lorsque ce fut à mon tour d’être saluée par l’homme, je lui ai répondu. Je suis convaincue qu’avant ce projet, je n’aurais pas réagi de la même manière. Le projet m’a donc beaucoup conscientisée. J’ai d’ailleurs très hâte de lire les différents portraits réalisés pour ce livre.

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J’ai appris à travers ce projet que nous sommes tous des êtres humains à part entière, des citoyens qui ont le droit de parler et d’être écoutés en retour. Je pense que souvent, ces droits devraient être rappelés à ceux qui sont nos décideurs : leur rappeler qu’eux aussi, avant d’être des citoyens politiciens, sont des êtres humains.

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J’ai adoré faire ce projet. Cela m’a permis de connaître deux nouvelles personnes géniales. Leur histoire est fascinante, mais ce qui l’est encore plus, c’est leur culture. Elle est tellement différente de la nôtre. Je suis maintenant plus ouverte envers les autres. J’avais parfois tendance à juger vite les personnes. Maintenant, j’apprends à les connaître et j’écoute leurs histoires. Ce qui forge quelqu’un, ce n’est pas seulement son pays d’origine ou encore sa religion, mais également ses expériences de vie et les deux personnes que j’ai rencontrées sont riches en histoire. L’une a fait preuve de beaucoup de résilience depuis qu’elle est arrivée au Québec, tandis que l’autre a fait preuve de beaucoup d’ouverture et d’humour.

Ces rencontres m’ont également appris des choses sur le peuple québécois, sur nos valeurs, mais aussi sur nos préjugés et notre attitude face aux nouveaux arrivants. J’ai appris que certains Québécois n’agissaient vraiment pas convenablement avec les nouveaux arrivants. Une des personnes que j’ai rencontrée a raconté que certains citoyens de Québec ont refusé de lui serrer la main à l’église parce qu’elle était noire. C’est triste de voir qu’en 2016, la situation n’a toujours pas changé. Nous devrions être plus ouverts aux autres. L’autre personne a, quant à lui, tenu à me dire que les Québécois manquent seulement d’information sur les Africains et que c’est pour cette raison qu’ils jugent rapidement. Ils craignent de se faire assimiler. Toutefois, il soutient également que le peuple québécois gagnerait à s’ouvrir sur le monde.

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Au fil de ma rencontre, je me suis rendu compte qu’un simple « bonjour » peut valoir beaucoup. Ça m’a touché que la personne que j’ai rencontrée prenne beaucoup de temps pour me parler de l’importance de se faire dire « bonjour ». Ça ne coûte rien, en plus. C’est si simple et ça peut tellement faire du bien. Je me suis dit que dorénavant j’essayerai de dire plus souvent « bonjour » aux gens que je croise.

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Dans ma rencontre, j’ai abordé la question des préjugés avec la personne rencontrée. Elle m’a répondu qu’il ne fallait pas en vouloir aux gens qui émettent des préjugés, car ce n’est qu’un signe de leur ignorance. Elle m’a expliqué que, de son point de vue, il fallait simplement expliquer la réalité de chacun et développer un dialogue pour mieux se comprendre et abattre les stéréotypes. C’est vrai que nous avons tendance à nous insurger et à nous fâcher contre ceux qui propagent des idées négatives associées aux gens différents, alors que la plus grande sagesse serait plutôt de les éduquer. À mon avis, le dialogue est la clé pour défaire les injustices sociales.

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Le projet en lui-même a été une aventure assez dépaysante puisqu’il différait totalement des autres projets scolaires du programme. C’était vraiment stimulant, mais aussi un peu inquiétant, car on nous confiait la voix de quelqu’un d’autre. Raconter la vie de quelqu’un, on ne peut pas prendre ça à la légère! Surtout que le but du livre est de créer un lien entre les Québécois et les immigrants. Il fallait donc être capable de bien véhiculer les opinions et les messages des personnes rencontrées. Pour ma part, je n’ai pas fait de cours en journalisme, je n’ai donc jamais appris de techniques d’entrevue, ni même suivi de cours en écriture. J’y suis vraiment allée avec ma sensibilité et mon désir d’exactitude.

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Le projet spécial m’a permis de pouvoir écrire sur un sujet qui me passionne. Les immigrants vivent tous des situations différentes et il me semble important de montrer les difficultés auxquelles ils font face. Toutefois, je trouve important de montrer à quel point le Québec est une terre d’accueil remarquable pour tous les individus qui souhaitent s’y installer. Il est bel et bien certain que ce n’est pas sans aucune difficulté, mais il reste que le Québec est une terre d’accueil extraordinaire. Cet ouvrage représente l’une des valeurs qui me tient le plus à cœur : laisser la parole à tous. Les histoires des uns et des autres sont fascinantes. Je relirai attentivement chaque ligne de cet ouvrage. Je n’avais pas réellement de préjugés face à la communauté africaine. Je pense que ce constat me vient de mon expérience en Afrique, de ma vie là-bas. Je suis toujours attachée à cette culture, si riche, de l’Afrique. J’ai pris un énorme plaisir à écrire sur la personne que j’ai rencontrée. Je recommencerais le cours demain matin pour pouvoir partir à la rencontre d’autres communautés, qui me sont peut-être encore inconnues.

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J’ai trouvé ce projet très intéressant et très formateur. Je dois avouer qu’au début, je n’étais pas convaincu du lien entre ce projet et le cours d’éthique de la communication. Cependant, c’est tout au long de ce projet que j’ai appris à l’apprécier. L’homme que j’ai rencontré était un ancien enseignant aujourd’hui à la retraite. Il m’a fait voir un côté plus inspirant et plus heureux de l’Afrique – un côté dont on n’entend pas souvent parler, un côté qui n’est pas beaucoup médiatisé. Cet homme m’a fait comprendre certaines sphères de sa culture, mais aussi de la mienne. Il m’a montré que la différence est essentielle au développement de la culture et d’une société. Comme il me l’a dit souvent, « il faut voir cette différence comme une différence qui contribue et non comme une différence qui s’oppose ». C’est intéressant et inspirant de voir quelqu’un parler de ses origines avec autant d’émotions et de passion. J’ai eu la chance de discuter avec un homme fier d’être Sénégalais, mais aussi fier d’être Québécois. Deux vies complètement différentes, mais qui se complètent.

Cette rencontre et ce projet m’ont permis de me rendre compte qu’encore aujourd’hui, malheureusement, la discrimination est toujours présente, mais de manière plus subtile. Elle est tellement subtile que c’est parfois difficile de mettre la main dessus. C’est triste de constater que dans notre société, les gens n’acceptent toujours pas les différences.

La beauté de ce projet a été d’apprendre davantage sur une autre culture. L’homme que j’ai rencontré m’a appris comment bien mélanger le meilleur des deux cultures. Il m’a répété tout le long de notre entrevue qu’il était fier d’avoir encore un lien d’appartenance fort avec ses origines. J’ai adoré discuter avec un homme aussi passionné par son métier, par ses origines, par la vie. C’est un homme inspirant et notre conversation fut une belle expérience que je garderai dans mes souvenirs.

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Quel projet touchant! Je me réjouissais déjà à l’idée de faire ce travail, mais je ne m’attendais pas à ce que cette rencontre me marque autant. La personne que j’ai rencontrée, réfugiée politique habitant au Québec depuis plus de vingt ans, s’est dévoilée comme une femme forte, altruiste, mais surtout très humble. Et elle l’est! Sa vie ne fut pas toujours facile. Malgré sa réserve au début de la rencontre, elle a réussi au bout de deux heures à s’ouvrir un peu plus et à m’avouer sa réalité. Cependant, je n’ai pas voulu montrer cette partie-là dans le portrait, car je comprenais que cela n’était pas l’image qu’elle voulait donner de sa vie au Canada ni comment elle percevait sa vie ici. Étant préposée aux bénéficiaires, elle est souvent confrontée à des moments difficiles. Certains de ses patients crient au meurtre quand ils la voient à l’entrée de leur chambre et n’hésitent pas à l’injurier de tous les noms: « sale noire », « tu vas me donner des maladies », ou « ne me touche pas ». J’ai osé lui demander si elle considérait ça comme du racisme, car pour moi il n’y avait pas d’autres mots pour expliquer cette méchanceté envers elle. Je fus surprise de la sagesse de sa réponse. Pour elle, le mot racisme n’existe pas, car sa connotation est trop forte, elle n’aime pas employer ce mot. Non, pour elle ce n’est pas du racisme, mais simplement de l’ignorance. Pour elle, ces remarques sont éphémères et lui passent au-dessus de la tête, car cela représente une toute petite minorité parmi les gens incroyables qu’elle a pu rencontrer ici. Désireuse de retourner dans son pays pour sa retraite dans quelques années, ce sont des moments enrichissants et heureux qu’elle souhaite ramener avec elle et non ceux-là.

Briser l’ignorance, voilà l’objectif, la motivation première de ce projet. Nous pouvons tant apprendre de ces personnes. Cela peut paraître prétentieux, mais cette rencontre fut une révélation. Je savais, en passant la porte de chez cette femme, que mon choix de carrière allait tout simplement être une continuité, un prolongement de ce projet. La vie nous envoie des signes et ce fut le cas pour ma part le 18 novembre 2016. Je veux me battre pour l’égalité, l’intégration et les droits des minorités, quelles qu’elles soient. En aucun cas, je ne mentionne la volonté de devenir la mère Teresa de demain, je risquerais de tomber de haut. Cependant, je pense que chacun peut agir à son échelle et à sa façon. Comme je le mentionnais au début de la session, travailler au sein d’une ONG ou d’un OSBL est quelque chose que j’ai toujours souhaité. Mon choix s’affirme de jour en jour.

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Si le projet spécial m’apparaissait au départ comme un banal travail de session, je peux maintenant dire que je ressors de ce cours avec la motivation et l’enthousiasme d’avoir contribué à un tel projet. Même si on vit dans une société ouverte au multiculturalisme, je dois avouer qu’avant ce projet, j’avais quelques préjugés sur la culture africaine. Je m’attendais donc à devoir faire un travail de session comme à l’habitude, mais sans plus. Par contre, l’intérêt des personnes rencontrées lors de ce projet et l’amour de leur culture dont elles font preuve ont réussi à semer une petite graine au fond de moi et, qui sait, peut être germera-t-elle un jour et j’aurai envie de visiter ce continent. Les témoignages recueillis m’ont donné l’envie de m’ouvrir et de retirer les barrières et préjugés que j’entretenais bien malgré moi. Je constate que même si sur le plan culturel plusieurs éléments nous éloignent, j’ai envie d’en connaître davantage sur ces personnes.

Ainsi, ce projet qui m’apparaissait banal en début de session s’est transformé en un projet d’envergure et d’ouverture à l’autre. Sur le plan personnel, c’est donc une richesse et je comprends mieux pourquoi je dois faire un tel travail. C’est donc encore plus motivant et instructif que les travaux que nous avons l’habitude de faire à l’université. Par contre, à de nombreuses reprises, j’ai été surprise des réponses et des réactions de certaines personnes de notre société envers les immigrants. Je me suis parfois sentie gênée de cette méfiance de la part de ma société même si, pour leur part, les Africains étaient très sereins avec cette idée.

J’ai donc trouvé ce projet très inspirant et après réflexion, je me considère chanceuse d’être née dans un pays sans guerres ni conflits et de pouvoir vivre dans une société multiculturaliste où il est possible d’échanger et de s’ouvrir à d’autres cultures. Si on tente de mieux comprendre et de s’ouvrir à la culture des autres, les conflits disparaissent et nous pouvons vivre ensemble et mieux nous comprendre.

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Le projet spécial a suscité chez moi de grandes réflexions et des remises en question. Ces rencontres m’ont amené à voir les choses différemment. D’abord, lorsque l’on parle des barrières entre nous, les Québécois, et les immigrants en général, je pense dorénavant qu’elles n’existent pas réellement en dehors de la construction que nous nous faisons de celles-ci. Nous sommes probablement plus responsables que nous le croyons de ces barrières ou difficultés à entretenir des relations fluides et sans préjugés avec les immigrants. Plus personnellement, j’ai découvert en moi une curiosité par rapport au vécu de ces immigrants. Lors des entrevues, plus on discutait, plus j’avais envie d’en savoir davantage. Je trouve ces personnes absolument inspirantes et je réalise à quel point nous vivons une vie facile au Québec, du moins, pour la majorité des personnes. D’ailleurs, je pense que nous devrions nous inspirer de leur modèle familial. Lors de l’une des entrevues de mon équipe, il y a un des immigrants qui a dit : « lorsque nous sommes malades, le premier remède est la présence de l’autre ». Je pense sincèrement que je vais m’en souvenir toute ma vie. Ici, au Québec, notre fierté, bien malgré nous, nous empêche ou nous fait hésiter à demander de l’aide. Pourtant, il est vrai que les relations humaines sont l’une des plus grandes richesses. Bref, je crois que le partage des connaissances et des valeurs entre les Québécois et les immigrants peut réellement conduire à un peuple plus riche, et je ne parle pas d’argent.

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J’ai beaucoup aimé ce projet, car en plus de nous permettre de contribuer à un ouvrage collectif, il nous a permis de faire des rencontres très enrichissantes. Pour ma part, j’ai beaucoup appris en discutant avec la femme que j’ai rencontrée, car elle avait beaucoup de choses à me dire à propos de la société québécoise, de la France et de l’Afrique. Merci encore pour ce beau projet, car il nous permet de sortir de notre zone de confort et d’aller de l’avant pour entamer des discussions très intéressantes. Ce sont des gens simples et normaux que nous avons rencontrés et ce sont ces personnes qui ont les meilleures histoires à nous raconter.

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Je reconnais que je n’ai rencontré qu’une personne et que chaque personne peut vivre l’immigration au Québec différemment (et j’ai bien hâte de lire les autres portraits). Mais après en avoir parlé à d’autres étudiants, j’ai réalisé que c’était un apprentissage très similaire. Les Africains immigrants au Québec sont reconnaissants, estiment généralement avoir vécu un accueil exceptionnel et apprécient leur vie au Québec. Je ne veux pas dire que je m’attendais à entendre des expériences de vie et d’intégration plus difficiles, mais je dois dire que j’ai été surpris par le fait que rares sont les expériences peu agréables qui nous ont été racontées. La personne que j’ai rencontrée a vraiment mis l’accent sur le fait que les gens à Québec sont là pour aider. On doit seulement être ouvert et ne pas avoir peur d’aller vers les gens. J’ai compris qu’au Québec, comparé à d’autres endroits, beaucoup de services s’offrent aux immigrants, ce qui facilite leur intégration.

Toutefois, ils existent encore des préjugés et stéréotypes chez les gens. Il semble y avoir un manque d’éducation ou d’ouverture dans une petite partie de la population. C’est quelque chose qu’on devrait améliorer en tant que société. Nous devons comprendre que, de plus en plus, nous formons une société multiculturelle et que chaque citoyen mérite le même traitement, peu importe son origine.

En somme, ce qui m’a le plus marqué est la personnalité de la personne que j’ai rencontrée. Après seulement quelques années au Québec, elle a déjà beaucoup d’expérience dans des associations et a de nombreux réseaux d’amis. De plus, elle m’a expliqué qu’elle a vécu quelques situations embarrassantes, qu’on pourrait dire racistes, mais que l’important est de savoir ce qu’on vaut. Si on le sait, des situations comme celles-là vont moins nous déranger et on va reconnaître que c’est plutôt « l’autre personne qui a un problème ». Je trouve que sa personnalité marquée par l’ouverture et la confiance en soi est exemplaire.

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J’ai énormément apprécié ma rencontre. Je suis tombé sur un homme intelligent, naturel et ouvert. Il n’était pas du tout gêné et la conversation fut agréable. Je n’avais pas eu la chance dans ma vie de pouvoir parler avec un Africain de la vie sur ce continent. Toutes mes connaissances me viennent des médias (reportages, articles, témoignages, etc.). Comme je suis une personne qui s’informe intelligemment, en consultant beaucoup de sources et en faisant preuve de jugement critique, je n’entretiens pas vraiment de préjugés ou de stéréotypes envers les Africains. Quand mon interlocuteur m’a raconté ce que pensaient certains Québécois de l’Afrique et des Africains, ça ne m’a pas surpris, mais plutôt désolé. Il m’a dit que plusieurs personnes croyaient encore qu’il n’y avait pas de villes, pas d’écoles, que tous les gens parlaient des dialectes, ne mangeaient pas à leur faim et avaient des religions animistes. C’est fascinant que certains Québécois ne soient pas capables de changer leur perception de l’Afrique. Bien sûr qu’il y a des victimes de la faim et de la pauvreté, mais ce n’est pas tout le monde.

C’est surtout ce discours que j’ai retenu. Un discours basé sur la déconstruction des préjugés et des fausses images. Cette personne souhaite que les habitants du Nord comprennent réellement la vie en Afrique. Il note que les médias montrent l’Afrique quand ça va mal, ce qui entretient une image négative du continent. Les lunettes qu’utilisent les médias teintent la vision de tout le monde. Les « Médecins Sans Frontières » et autres sont aussi des organismes qui cultivent la perception négative pour continuer d’amasser notre argent. Dans certaines régions d’Afrique, les gens vivent dans des conditions inimaginables, c’est vrai, mais il ne faut pas généraliser. Ensuite, mon interlocuteur m’a fait comprendre que sa vie a été tout de même « facile » par rapport à d’autres. En effet, fils de militaire, il a grandi dans la capitale et a toujours pu aller à l’école. Il a eu de la nourriture en quantité suffisante et un toit. « Quand tu n’es pas en train de lutter pour ta survie, tu peux te concentrer sur autre chose. » Il a eu de bonnes notes dans son parcours scolaire et a pu décrocher des bourses pour aller étudier en Belgique. De là, sa vie a été complètement transformée. Cela m’a montré qu’il y a des choyés partout. Par ailleurs, une bonne amie à moi est allée faire une mission d’aide humanitaire de plusieurs mois au Sénégal et ses histoires m’ont aussi fait réaliser que les Africains sont des êtres heureux. Leur côté très spirituel les aide beaucoup. Même si la technologie commence à transformer leur culture, les valeurs familiales et amicales sont très présentes et ils sont bien tant qu’ils sont ensemble.

Au final, cette rencontre a pu me donner une belle image de ce continent, tout en gardant en tête qu’il y a des conflits et des problèmes graves de pauvreté. Cependant, ce n’est pas que ça! J’ai beaucoup apprécié cette vision optimiste de l’avenir. Cela a changé en moi mon attitude face aux pays africains. Ils sont dirigés par des hommes perfides qui corrompent la police et l’armée pour que personne ne puisse se soulever. Ces présidents élus « démocratiquement » utilisent toutes sortes de magouilles pour conserver le pouvoir et l’argent. Je suis persuadé que je ne ferais pas mieux si j’étais né dans ce pays. Je comprends maintenant que nous avons un devoir d’aider les Africains en leur permettant de venir s’instruire chez nous et d’acquérir des connaissances. Après, ils pourront transformer les choses dans leurs pays respectifs.

Pour ceux qui souhaitent rester ici, il faut absolument que la société leur offre un emploi à la hauteur de leurs compétences. Trop d’Africains sont réduits à des emplois au bas de l’échelle même s’ils sont brillants et cultivés. C’est un problème qu’il ne faut pas nier. J’ai, finalement, retenu que les Québécois devraient peut-être changer leur rapport avec la générosité. Selon cet homme, les gens se reposent sur les gouvernements pour aider les plus pauvres d’ici et ne font pas beaucoup pour eux. On nie un peu la misère, ici. Ça m’a fait réfléchir. Je devrais tenter de compatir davantage avec ceux qui n’ont pas la même chance que moi. En Afrique, la générosité est une valeur omniprésente. C’est dans leurs veines de donner. « Comme tu es le seul à l’étranger, les gens supposent que tu as de l’argent- tu as beau [leur] expliquer, ils pensent que tu as l’argent ». Alors il donne. Autant qu’il peut. Il le fait pour sa famille, pour l’honneur, pour le bonheur. C’est un comportement qui est plus fort que lui. C’est sa culture. Notre attitude individualiste nous éloigne de plus en plus des autres. Attention!

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Initialement, j’avais quelques appréhensions à propos du projet spécial en classe. Je me demandais en quoi celui-ci allait nous servir d’un point de vue académique. Je voyais en ce projet une tâche de plus à accomplir pour l’obtention de mon baccalauréat. Mais honnêtement, je peux le dire haut et fort maintenant, je me suis énormément trompé quant à l’utilité de ce projet. Je crois qu’il s’agit de l’un des projets les plus enrichissants que j’ai eu à faire lors de mes études universitaires. Le fait de rencontrer et de communiquer avec un immigrant africain m’a sorti de ma zone de confort et m’a surtout permis de vivre une expérience que je pourrais qualifier d’incroyable et d’inusitée. La personne qui a partagé avec moi quelques moments de sa vie était d’ailleurs très sympathique, ce qui a facilité la communication entre elle et moi en plus de rendre la rencontre plus que plaisante!

La personne que j’ai rencontrée n’a certes pas eu un processus d’immigration des plus dramatiques, mais cela n’enlève rien à tout le courage qu’il lui a fallu pour quitter son pays natal et faire le saut dans l’inconnu. Pour ma part, je ne crois pas avoir le même courage de quitter ma vie actuelle, surtout tout le confort de cette vie. Il s’agit d’une chose que certaines personnes, qui vivent généralement dans des conditions difficiles, sont dans l’obligation de faire pour améliorer leurs conditions de vie. Et pour ça, je leur lève mon chapeau.

J’ai posé à mon interlocuteur une question sur le racisme. Il m’a dit n’avoir jamais vécu à Québec de situations dans lesquelles il aurait fait face directement à du racisme. Un seul événement pourrait être en lien avec du racisme. Il cherchait un endroit et avait tenté de demander des informations à des passants. Il m’a notamment parlé d’un individu qui était en voiture. Cette personne, pour une raison qu’il ignore toujours, l’a évité et ne lui a pas répondu, comme s’il le craignait. Il pourrait s’agir d’une situation indirecte de racisme ou de peur liée à la couleur de sa peau.

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Ma rencontre avec la personne dont je devais faire le portrait a certainement été une de mes plus belles expériences de la session. Je pense que ça m’a fait réaliser à quel point on prend souvent pour acquis la chance qu’on a au Québec de vivre en toute liberté. J’ai vraiment réalisé que, pour cet homme et pour beaucoup d’immigrants au Québec, rien n’est tout cuit dans le bec et il faut qu’ils travaillent très fort pour s’intégrer et réussir. Pourtant, j’ai remarqué qu’ils le font avec énormément d’esprit positif et qu’ils se considèrent extrêmement privilégiés d’être ici. Pour moi, cette attitude est un exemple dont je veux m’inspirer. Je veux apprendre à affronter la vie comme ça, avec plus d’esprit positif et surtout profiter de la chance que j’ai de vivre ici au Québec. Je réalise que je me plains souvent pour rien… Notre rencontre m’a permis de me remettre à ma place, si je peux le dire comme ça. Pourtant, mon père est lui aussi immigrant, mais on dirait que j’oublie parfois par quoi il est passé. Je trouve ça admirable, vraiment.

Ce que j’ai trouvé moins génial, c’est de constater qu’au Québec, encore aujourd’hui, il y a du racisme et des préjugés à l’égard des Africains et des autres groupes minoritaires. J’ai tellement de mal à l’accepter. Je ne comprends pas pourquoi le racisme existe, ça me donne mal au cœur. Mais comme l’homme que j’ai rencontré me l’a bien expliqué, les gens agissent souvent ainsi parce qu’ils ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas – ce n’est pas par méchanceté.

La leçon que j’en tire, c’est que tout le monde devrait être forcé d’interagir avec plein de gens de cultures différentes : ça devrait faire partie de l’apprentissage scolaire et de notre éducation, selon moi. Pourquoi ne pas envoyer les enfants en séjour à l’étranger obligatoirement au moins une fois dans leur parcours scolaire? Pourquoi pas les adultes aussi? Je pense que ça aiderait beaucoup de personnes à vaincre cette peur de l’autre qu’on retrouve encore trop souvent dans notre société supposément égalitaire. À ce sujet, je constate que cet idéal de société égalitaire au Québec n’est pas exactement la réalité. Il y a encore beaucoup trop d’injustices sur le marché du travail pour les personnes africaines et beaucoup d’autres groupes. Je pense que nous devons tous travailler pour changer les choses. En tant que future professionnelle, c’est certainement quelque chose qui m’amène à réfléchir beaucoup. Si cela m’arrivait à moi, je trouverais ça tellement injuste, alors je pense qu’il faut penser à tous les autres à qui ça arrive se mettre à leur place. On est tous des êtres humains au même titre! Il faudrait que ce soit quelque chose dont on parle davantage dans les médias et dans les débats de société. J’ai confiance que si on s’y mettait tous ensemble, on pourrait atteindre l’égalité, la vraie. Il faut arrêter de traiter l’autre comme un étranger.

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Ma rencontre avec deux immigrants africains a été la première occasion de ma vie de découvrir la culture africaine. Cette rencontre m’a sensibilisée à la réalité que vivent les Africains immigrants dans leur quotidien. Il ne s’agit pas de deux mondes différents, le leur et le nôtre. Leur réalité se rapproche beaucoup de notre routine quotidienne. Cette rencontre m’a permis de créer des liens et de remarquer que les barrières ne sont qu’une construction sociale. En effet, notre opinion se forge à partir des préjugés qui circulent dans la société et les médias. Avant la rencontre, le plus gros préjugé qui me venait à l’esprit lorsque je pensais à l’Afrique était la pauvreté matérielle universelle. Pourtant, lorsque le sujet a été abordé lors de notre rencontre, j’ai été surprise de constater que les deux personnes ne considéraient pas la pauvreté comme le seul enjeu important. À l’inverse de ce que je pensais, plusieurs Africains vivent dans des maisons équipées d’air climatisé, par exemple.

J’ai trouvé généreux de la part de ces personnes de partager avec nous leur propre histoire et les sentiments qu’elles ressentent au sujet de l’intégration dans notre ville. Cela n’a pas dû être facile pour ces personnes qui devaient exprimer une partie de leur vie personnelle.

Cette rencontre m’a permis d’être en contact avec le continent africain et de comprendre le contexte social dans lequel vivent nos concitoyens qui en viennent. Je n’ai pas seulement appris sur l’Afrique, mais également sur ma propre société. J’ai découvert la compassion que partagent les citoyens pour accueillir et intégrer le mieux possible les immigrants. Plusieurs services et ressources existent afin d’aider et d’encourager les nouveaux arrivants dans leur cheminement d’intégration. Bref, ce projet m’a ouvert les yeux tant au niveau du continent africain que de ma propre société. Les immigrants doivent se sentir comme chez eux et les citoyens de la vile de Québec doivent faire preuve de compassion, d’intégrité et de partage.

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Honnêtement, lorsque j’ai vu que notre projet consistait à rencontrer des inconnus et à faire leur portrait, j’ai tardé à me mettre au travail. Pourtant, j’ai été grandement étonnée à la suite de la rencontre que j’ai eue avec un couple d’immigrants d’Afrique centrale. Ça fait franchement du bien de prendre le temps de s’asseoir avec des gens comme eux et de discuter de plusieurs sujets. Alors qu’il était prévu que l’entrevue ne dure que trente minutes, tout se passait tellement bien et le couple était tellement intéressant et ouvert que je suis restée deux heures finalement! J’ai appris à les connaître et ils ont pris du temps pour me connaître aussi, ce que j’ai beaucoup apprécié. En jasant, nous avons constaté que nous nous étions déjà croisés à quelques reprises lorsque j’étais au secondaire, puisque je jouais au basketball avec leur plus jeune fille. Je me suis rendue compte d’un grand défaut chez moi : lorsque je ne suis pas certaine qu’une activité va me plaire, j’y vais souvent à reculons. Mais au moment où je suis entrée dans la maison de la famille, j’ai tout de suite été bien accueillie et je me suis sentie très bien. Ils ont été chaleureux et sympathiques, ils m’ont offert du thé et un petit mélange de noix caramélisés, ce qui a enrichi mon expérience.

Ce que j’ai pu comprendre, c’est qu’en général les Québécois sont très accueillants avec les immigrants. Évidemment, chaque immigrant a son histoire et ses expériences avec notre société. Ce couple n’a jamais vraiment vécu de racisme ni de malaise social à Québec. Cependant, ils ont compris que les Québécois sont tellement ancrés dans leur société qu’ils n’ont pas conscience de la perception des autres et que ce qu’ils font n’est pas la seule manière de faire les choses. Par exemple, la famille est très importante en Afrique centrale : les membres de la famille prennent soin de tout le monde sans exception et gardent les aînés, les personnes âgées, dans la maison familiale. En revanche, au Québec, plusieurs familles placent les grands-parents dans des résidences pour personnes âgées. Au Québec, nous sommes une société qui accorde beaucoup d’importance à la carrière et nous avons tous des vies tellement chargées que parfois nous oublions de prendre du temps avec les membres de notre famille.

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Lorsque la session a commencé, je trouvais ce projet un peu ennuyant et je m’étais dit que j’allais faire ça sur le coin du comptoir. Très sincèrement, je n’en avais pas vraiment envie. Or, lorsque les gens de la COPAQ sont venus en classe pour nous parler du projet, le tout a sincèrement commencé à m’emballer. Je suis un amoureux des voyages et j’ai toujours adoré découvrir de nouvelles cultures. Partout où j’ai été sur le globe, j’ai reçu un accueil merveilleux et j’étais en mesure de classer les différentes cultures selon la manière dont j’ai été reçu. Je me suis alors dit que c’était une très belle opportunité de voir l’envers du décor, c’est-à-dire d’entendre de la bouche d’un immigrant quelle sorte d’hôte nous étions ici au Québec. La rencontre a été tout simplement une expérience de vie en soi. Je crois que j’ai appris davantage sur l’immigration et sur l’Afrique en 90 minutes de discussion avec mon invité que dans les 23 ans de ma vie. Ce projet n’a été que bénéfique puisque c’est assez rare que nous ayons la chance de discuter pendant des heures avec une personne qui nous raconte son histoire.

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C’est enrichissant de savoir comment ces personnes ont réussi à s’adapter à notre culture et à notre rythme de vie. Cela en dit beaucoup sur notre propre histoire, nos propres valeurs, notre propre manière de vivre. Je suis toutefois fier de voir que nous avons dans la région des exemples de belles réussites d’intégration sociale. Je crois que ça témoigne d’une terre d’accueil qui est en mesure d’intégrer les gens venus d’ailleurs en leur permettant de garder leur culture, mais en leur transmettant également la nôtre. Cet échange permet à notre culture québécoise de s’enrichir en même temps. Je peux vous dire que ma culture s’est enrichie en faisant ce projet. J’ai une vision tout à fait nouvelle de l’Afrique et des immigrants.

J’ai également appris sur ma culture québécoise et vu comment elle est en évolution constante vers une lignée de tolérance, d’ouverture et d’acceptation. Et j’en suis très fier, car les autres cultures nous apportent plein de petits cadeaux pour rendre la nôtre encore plus attrayante et mature. Notre société est de en plus ouverte à avoir davantage d’immigrants chaque année qui vont venir changer le portrait du Québec et qui vont contribuer à une nation plus prospère. Nous évoluons ainsi comme société, que ce soit dans nos valeurs, notre mode de vie, nos goûts, etc. N’est-ce pas génial d’avoir une pluralité d’options en alimentation, en musique, en mode, en techniques, etc.? Notre expertise générale est également renchérie par l’arrivée de personnes qui amènent leurs trucs et conseils ici.

En ce qui a trait aux préjugés, je crois que nous avons la peur de l’étranger assez facile. Nous avons peur de lutter sur deux fronts pour notre culture, c’est-à-dire sur le premier front avec les anglophones de l’Amérique du Nord et sur le second front avec les immigrants venus d’autres continents. Plusieurs Québécois sont racistes, car ils ont peur de se faire assimiler à une culture dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. Personnellement, je ne crois pas que les gens débarquent au Québec en ayant dans le viseur l’objectif de changer notre culture. Le temps des explorateurs est révolu. Puis, lorsque je regarde mes grands-parents, des gens profondément racistes, je me dis qu’il ne s’agit que de la sous-éducation ou encore d’une méconnaissance totale de l’autre. Je crois toutefois que ce phénomène va s’estomper avec le temps et avec les générations. Bref, il s’agit d’une superbe idée de nous avoir fait faire ce projet. Quelle belle façon de découvrir de nouveaux horizons.

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En ce qui concerne le racisme, il me vient tout de suite à l’esprit une histoire racontée par la personne que j’ai rencontrée. C’était en France. Une vieille femme qu’il ne connaissait pas s’est mise à l’insulter simplement en raison de sa couleur de peau. Il m’a dit que des gens refusent encore de servir les personnes à la peau foncée dans les magasins, et ce, même au Québec.

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Tout d’abord, j’ai eu la chance d’interviewer un homme exceptionnel. Ce qui m’a frappé sur le coup, c’est sa convivialité. Je suis à peine arrivé dans son bureau que je sentais déjà qu’il était content que je sois là. Il ne voyait pas notre rencontre comme une perte de temps. Je lui ai dit que l’entrevue ne serait pas bien longue et il m’a répondu : « Ce n’est pas grave si c’est long, je me suis réservé du temps pour pouvoir répondre à tes questions et ça me fait plaisir ».

Durant l’entrevue, j’ai vu la confiance qui se dégageait de cet homme. Je voyais qu’il était fier de lui et de ses origines. Encore aujourd’hui, il se sent redevable à son pays d’origine. Je lui ai alors demandé pourquoi il avait ce sentiment de devoir quelque chose à son pays alors que c’est lui qui a mis les efforts pour avoir sa qualité de vie au Québec. Il m’a répondu : « C’est grâce à mon pays si j’ai cette vie. Oui, j’ai fait les efforts, mais cette facette de ma personnalité m’a été transmise par l’endroit où je suis né. » En comparaison, jamais je ne dirais que c’est à cause du Québec que j’ai obtenu mon baccalauréat. Est-ce parce que je suis trop individualiste? Je n’en sais trop rien. Ce que je sais toutefois, c’est que cet homme est une personne avec le cœur sur la main. J’en suis même venu à penser qu’il aime réellement plus son entourage que lui-même. Il remerciait ses cousins, ses voisins, sa famille et ses amis pour l’aide qu’il a reçue, sans jamais dire qu’il était bon.

Ce projet fut une expérience enrichissante. Je me suis rendu compte que j’étais bien là où je suis et que je n’ai pas encore vécu de réelles épreuves jusqu’à maintenant. Ce projet m’a démontré que ce n’est pas toujours l’atteinte de l’objectif qui compte, mais bien le parcours pour se rendre jusqu’à celui-ci.

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J’ai discuté de racisme avec la personne que j’ai rencontrée. Elle m’a affirmé que, pour sa part, elle n’avait pas vécu de telle situation, à la différence de sa fille. Par exemple, lorsque sa fille travaillait au Macdonald, il est arrivé que des gens n’aient pas voulu être servis par elle et que certains aient évité de toucher sa main lorsqu’elle redonnait la monnaie. Je trouve cette situation tristement désolante et je suis très déçue que de telles choses se produisent. Je trouve que c’est une attitude absolument dépassée et surtout injustifiée.

Je dois dire que je me suis surprise moi-même à travers ce projet. Au début, l’idée de ce travail me rendait un peu fébrile parce que, je dois le dire, il me sortait de ma zone de confort. J’ai énormément retardé le moment où j’allais réellement me lancer dans ce travail. Puis, finalement je n’ai simplement plus eu le choix. Et ma rencontre a été tout simplement géniale. La personne rencontrée était chaleureuse et a su tout de suite me mettre à l’aise, alors que c’est moi qui aurais dû le faire. On a discuté de tellement de choses et j’ai énormément appris. Pas seulement sur elle, mais aussi sur notre société et même un peu sur moi. Avant, j’avais l’impression qu’au Québec nous étions chaleureux et ouverts, car c’est ce que les gens disent de nous lorsqu’on voyage. Pourtant, les Africains, eux, le perçoivent différemment. Nous sommes des individualistes et cela se traduit dans tout ce que l’on fait. Nous affichons et adorons notre intimité, alors que cela nous éloigne de ce qui est réellement important, comme les contacts humains. Je suis comme ça aussi. Parfois, je fais exprès d’avoir « l’air bête » pour éviter que les gens me parlent… J’ignore pourquoi, mais ça m’arrive et je ne pense pas être la seule. Pour mon invitée, nous sommes un peuple fermé qui a la conviction profonde que les rapports humains n’apportent rien, alors que c’est tout le contraire. Par ailleurs, j’ai été énormément touchée lorsqu’elle m’a dit que la principale distinction entre nos deux peuples était que, pour eux, l’humain passait nettement avant l’argent. Je trouve que c’est une valeur importante et dont les Québécois s’éloignent de plus en plus. Je crois également que, contrairement à ce que la majorité de la population peut penser, les immigrants ont beaucoup à nous apprendre et c’est pourquoi on se doit de les accueillir et de s’ouvrir à leur culture. Je pense aussi que le partage et l’ouverture sont des valeurs originelles dont le capitalisme nous éloigne constamment.

J’ai aussi été très déçue de constater que le racisme était quelque chose de très présent dans notre société. Je trouve cela très triste et j’ai de la difficulté à comprendre quelles en sont les causes. Après tout, avec un peu de recul, les immigrants sont la solution à plusieurs problémes au Québec, notamment le recul des naissances. Le Québec est une région où la diversité culturelle est très riche et pourtant plusieurs repoussent cette idée. Je garde espoir que nos jeunes sauront montrer leur ouverture face à cela et je suis persuadée que l’avenir nous le prouvera. Bref, j’ai vraiment trouvé que c’était un projet enrichissant et qu’on gagne à y participer. Pas seulement pour la réussite de ce cours, mais aussi pour notre accomplissement personnel. J’espère que vous donnerez la chance aux prochaines cohortes d’y participer également.

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En un mot, cette rencontre d’échange m’a apporté l’ouverture. Tout d’abord, une ouverture d’esprit par rapport à l’autre : sa réalité, sa situation, ses différences et son vécu. On dit souvent qu’il faut avoir marché dans les mêmes souliers qu’une personne pour pouvoir la juger. Cette rencontre m’a permis de comprendre pourquoi. Attachante et inspirante, la personne que j’ai rencontrée m’a touchée droit au cœur par sa générosité, son humanité et sa détermination. Elle a vécu des choses incroyables, parfois horribles, mais elle a toujours su demeurer positive et confiance. C’est une grande épreuve que de quitter sa terre natale pour tout rebâtir dans un nouveau « chez soi », surtout lorsqu’on a des enfants. Elle l’a fait! Son parcours est hors du commun. Elle m’a fait grandir, et ce, en quelques heures à peine. Elle m’a ouverte à la différence. J’ai réalisé que souvent, nous avons peur d’approcher l’autre. Et, pourtant, nous vivons en collectivité et n’attendons que ça, d’échanger et d’être en contact avec nos semblables! La peur de l’inconnu prend encore beaucoup trop de place dans notre quotidien. L’ouverture d’esprit est une clé indispensable à la vie en communauté. C’est une chance que nous avons de vivre au Québec. Je vous remercie, Madame Piron, de m’avoir donné la chance de vivre cette expérience. Elle m’a appris beaucoup plus qu’un cours à l’université n’aurait su le faire!

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Quel projet! J’ai adoré faire ce projet pour plusieurs raisons. D’abord, je n’aurais jamais cru autant rire durant mon entrevue. L’homme que j’ai rencontré était un personnage vraiment pince-sans-rire. Malgré la brièveté de notre entretien, une complicité certaine s’est vite installée. Ensuite, il m’a fait réaliser tellement de choses à propos de l’immigration que j’en suis ressorti grandi. J’avais déjà pris le temps de réaliser que ce pouvait être difficile et même étrange de se retrouver dans un autre pays, mais de voir quelqu’un décrire son parcours qui lui est propre m’a ouvert les yeux encore plus grands. Aussi, c’est beaucoup plus frappant de comprendre la réalité d’un immigrant quand il s’agit de notre propre ville. Quand nous entendons l’histoire d’un immigrant russe arrivé en France ou encore d’un Syrien qui immigre en Allemagne, nous pouvons comprendre ce qui lui arrive, mais jamais nous n’aurons la même perception, la même vision que s’il s’agit de notre propre ville. Pour quelqu’un qui, comme moi, est né et a été élevé à Québec, même le récit d’un immigrant à Montréal n’est pas aussi révélateur et frappant que celui de quelqu’un qui immigre dans la ville de Québec. Quand il me parle par exemple du trajet d’autobus qu’il doit faire pour aller travailler à Lebourgneuf, je sais exactement de quel trajet il s’agit puisque je l’ai moi aussi pris maintes fois. J’ai trouvé drôlement intéressant de comprendre que les gens que je croise dans le transport en commun qui n’ont pas l’air d’être né au Québec peuvent avoir exactement le même parcours que cet homme. En bref, cette expérience s’est révélée moins exigeante et beaucoup plus enrichissante que je pouvais le croire au début.

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Malgré le fait que j’ai eu beaucoup de réticences lorsque ce projet nous a été présenté, je suis très heureux d’y avoir participé! N’étant pas très familier avec l’Afrique, j’ai beaucoup aimé ma rencontre. Je pense vraiment avoir eu la chance de rencontrer une grande dame lorsque je suis arrivé dans son petit bureau du quartier Saint-Roch. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre une femme qui, alors qu’elle vivait encore en Afrique, s’est battue pour les droits de la personne et qui croyait tellement fort en ce qu’elle considérait comme étant juste qu’elle s’est retrouvée en prison pour ensuite se réfugier au Canada et y refaire sa vie. Cette rencontre m’a permis de remettre en perspective ce que je considérais moi-même comme étant « the right thing to do »! J’aime défendre mon point de vue, prendre position lors de débats, mais je me suis rendu compte que ce que je faisais n’était que superficiel, mes actions ne vont pas de pair avec mes paroles… Je dois revoir mes priorités et non pas dire ce que je pense être juste, mais aussi agir afin de concrétiser ces belles paroles. Sans actions, ces mots ne sont rien.

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J’étais persuadée que le Québec voulait rendre invisibles les signes religieux pour ne pas faire sentir aux immigrants qu’on leur imposait une manière de penser. L’homme que j’ai rencontré m’a montré le contraire : pour être ouvert de manière optimale, le Québec doit accepter toutes les religions et ce qui vient avec. Ignorer la religion serait donc plus une erreur qu’autre chose. J’ai eu l’impression que cet homme avait beaucoup plus une juste compréhension de mon peuple que moi-même. Mais pourquoi? Probablement parce qu’il garde un pied en dehors, et qu’il est plus facile d’analyser lorsqu’on sait comment ça fonctionne ailleurs. Je pense donc personnellement que les immigrants ont beaucoup à apporter au Québec, et ce, pour le bien de notre province.

J’ai toujours dit que tout le monde avait quelque chose à nous raconter, à nous apprendre. Cette rencontre en est clairement la preuve. Immigrante du bout du monde ou voisine d’à côté, chaque échange avec autrui est pertinent.

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Personnellement, je connaissais déjà la personne dont j’ai fait le portrait. Mais notre discussion m’a permis de connaître un tout autre côté de sa vie, si bien que j’ai encore plus d’admiration pour lui qu’auparavant. Au Québec, nous nous plaignons souvent « le ventre plein », comme on dit. Connaître le parcours détaillé qui a permis à mon ami de se rendre là où il est maintenant me donne la force de poursuivre mes efforts dans mes études et ma vie personnelle, car « quand on se compare, on se console ». Au fil de ses propos, j’ai découvert un Québec plus accueillant et chaleureux que je ne croyais et une culture beaucoup plus ouverte d’esprit également. Je pense que ce qu’on voit dans les médias n’est pas représentatif de la majorité des Québécois, bien qu’il y ait encore trop de comportements négatifs face à l’immigration. Dans l’ensemble, je crois que notre peuple est ouvert d’esprit et que notre société veut partager ses richesses et par la même occasion, en apprendre des autres cultures.

Au moindre petit obstacle, nous avons souvent tendance à baisser les bras. Faire le portrait de cet homme m’a rappelé que « lorsqu’on veut, on peut » parce que, comme il l’a si bien dit, « un guerrier fléchit, mais ne tombe pas ». C’est donc dans cet état d’esprit que je ferai face aux obstacles de la vie. Par la même occasion, je tâcherai de donner davantage à ma communauté, comme il le fait si bien, car c’est le plus beau cadeau qu’on puisse se faire : s’entraider.

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Sur le plan personnel, cette expérience m’a appris à m’ouvrir encore plus sur le monde. J’étais déjà quelqu’un de très ouvert d’esprit, mais les expériences vécues durant le cours, particulièrement le projet Québec ville ouverte, m’ont fait comprendre que je ne dois pas être passif par rapport à ma société, je dois participer au mouvement et faire participer les autres. C’est en agissant que les choses peuvent changer et pas en les laissant aller. Par exemple, j’ai trop souvent fermé les yeux lorsque je voyais certains gestes discriminatoires ou racistes, non pas parce que j’étais d’accord avec eux, mais parce que je n’y accordais pas une grande importance. La personne que j’ai rencontrée m’a bien fait comprendre que, sans participer directement à des gestes racistes, le fait de ne pas agir ne permettait pas d’évoluer et d’éradiquer le problème.

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Je dois admettre qu’à l’annonce de ce projet, j’étais inquiète à l’idée de rencontrer quelqu’un d’une autre culture et de l’interroger sur son intégration et sur ses origines. Je trouvais cela un peu intrusif. Mais rapidement, après la réponse chaleureuse de la femme que je devais rencontrer, j’ai adoré l’idée. En effet, lors de l’entrevue avec cette femme de grande sagesse, j’ai grandement appris sur ma culture et ouvert mon esprit à la sienne. Bien que très intéressée par le monde et ses différences, j’ai réalisé que, moi aussi, j’étais tombée dans le cliché très négatif de ce qu’est l’Afrique. J’ai rencontré une femme fière de sa culture, déterminée à réussir et à en savoir toujours plus sur ce qui la passionne. Une femme qui, en Afrique, vivait dans des conditions monétaires pas très différentes des nôtres. Par contre, la condition des femmes dans son pays n’était pas très différente de ce qu’on peut imaginer. C’est en partie pour cette raison que cette femme immigra au Québec, un Québec que j’affectionne et qui me surprend toujours de jour en jour.

J’ai toujours considéré ma culture comme étant ouverte et bienveillante. Nul doute, nous y sommes en sécurité. Mais je n’aurais jamais cru que même après 15 ans, une immigrante africaine n’aurait vécu aucun acte de racisme. Je trouve rafraichissant, au regard de tout ce qui se passe dans le monde en ce moment, que des valeurs aussi humaines soient dans le cœur de la majorité des Québécois. Je suis aussi heureuse de constater que la culture et la société dans laquelle je vis sont à l’image de mes valeurs et de ma façon de voir les contacts humains.

Notre discussion a aussi abordé un côté que je considère négatif de la culture nord-américaine et par le fait même de la culture québécoise : le fait que notre mode de vie soit beaucoup trop axé sur les choses matérielles et la performance. Cet aspect de notre culture me dérange grandement. J’ai toujours rêvé d’une société où l’être humain serait la première priorité, où le temps pour soi et pour ses proches ne serait plus un fardeau, mais bien une priorité, comme c’est le cas dans la culture d’origine de la femme que j’ai rencontrée. À mon avis, le matériel n’est que superficiel et la performance n’est qu’une illusion de bonheur. Nous nous devons de prendre le temps de nous arrêter et de profiter des simples et petites choses de la vie. Parler de ces valeurs fut pour moi très enrichissant. Je recommencerais dès demain un tel projet pour en apprendre toujours plus sur les cultures de ce monde.

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Ce projet a été touchant, mais surtout instructif. Jamais en début de session je n’aurais cru accomplir un travail aussi formateur au niveau personnel. La générosité des individus désireux de nous partager leurs expériences de vie a été inspirante. Le fait d’en apprendre davantage sur une vision du Québec et de ses coutumes bien différente de la mienne m’a appris à voir au-delà de mon petit confort. Cela m’a permis d’être plus sensibilisé aux difficultés que certaines personnes surmontent afin de venir vivre dans une société aux valeurs bien différentes. J’ai également pu apprécier l’importance accordée par ces immigrants à la langue du Québec, à sa culture, à ses formes de relations interpersonnelles et à ses lois concernant l’immigration. Ils viennent au Québec en respectant notre culture. Tout ce qui manque est une facilité des Québécois à les intégrer. En espérant que ce livre donnera espoir aux futurs immigrants africains.

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Rencontrer un jeune homme africain de mon âge fut une expérience très révélatrice. J’ai souvent été en contact avec des immigrants dans des circonstances académiques, professionnelles ou sociales, mais c’est la première fois que ce contact visait à en apprendre davantage sur eux et les rapports avec la société québécoise.

Notre discussion m’a beaucoup fait réfléchir sur l’individualisme présent dans notre société. Mon interlocuteur ne lui a jamais donné une connotation négative, mais cet aspect a été très frappant. Nous nous soucions beaucoup de notre personne et accordons moins d’importance au sentiment collectif. Nous ne connaissons plus nos voisins ou ne discutons pas avec la personne assise à nos côtés dans l’autobus.

Cette conversation a aussi suscité une remise en question. J’ai toujours eu comme préjugé que les immigrants préféraient s’entraider dans leur petite communauté plutôt que de venir chercher l’aide dans les institutions et services sociaux du Québec. Mais si nous leur donnons l’impression d’être renfermés sur nous-mêmes, pourquoi viendraient-ils chercher de l’aide auprès de nous? Cela ne m’était jamais passé par l’esprit avant de connaître la perception que les Québécois inspirent aux immigrants.

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Personnellement, cette rencontre m’a beaucoup apporté, et j’ai adoré réaliser le portrait de l’homme que j’ai rencontré. J’ai appris à le connaître autour d’une table de billard, alors qu’il avait apporté du chocolat chaud. La rencontre ayant été difficile à organiser, j’avais peur de rencontrer un homme qui viendrait répondre à mes questions à reculons, qui refuserait peut être tout simplement de me répondre et qui serait si mal à l’aise que notre échange serait délicat. Il n’en a rien été : il m’a appris des astuces de jeu, m’a fait rire et aucun sujet ne semblait tabou. Son parcours de vie a été difficile, et j’ai apprécié le fait qu’il prenne à cœur mon interview et qu’il se livre à moi. J’aurais pu l’écouter parler pendant des heures, ses paroles étant toujours pleines de sagesse. J’ai retenu plusieurs de ses conseils, à commencer par ce proverbe « À brebis tondue, Dieu mesure le vent ». Tolérant, empathique, compréhensif, il m’a parlé de son arrivée difficile à Québec avec émotion. Il n’a pas tant parlé de lui en tant que personne, de sa famille ou de ses amis, mais il m’a donné une leçon d’humilité. Il a suggéré des idées pour améliorer l’arrivée des nouveaux arrivants, des recommandations pour faciliter leur intégration, il a évoqué la nécessité d’être un soutien en tout temps, ce combat face à la peur d’aller vers l’autre, comment se sentir chez soi dans un environnement si loin du quotidien passé… Sans parler de lui, il m’en a dit beaucoup plus. J’ai saisi les traits de sa personnalité seulement en l’écoutant et en l’observant. Il est fondamentalement tourné vers l’autre au point qu’il oubliait parfois de me parler de lui et que j’étais venue à cette table de billard pour le rencontrer lui seulement. Je le remercie encore de m’avoir accordé ces deux heures de son temps et de m’avoir permis de vivre cette rencontre que je ne suis pas prête d’oublier.

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J’ai adoré faire ce projet. Il m’a permis d’en savoir un peu plus sur une personne qui, par hasard, avait été mon professeur! Dès cette époque, il m’avait impressionné et intrigué. Il m’a donné sa vision du Québec et des Québécois et m’a surpris dans ses réponses. Premièrement, il m’a spécifié que nous ne sommes pas un peuple raciste, alors que je croyais le contraire. Au contraire, il estime que nous sommes accueillants et tolérants, si bien que j’étais soudainement fier de ma société. Avant de déménager ici, il a vécu en France pendant plusieurs années et y a vécu plusieurs événements racistes, surtout après les attentats du 11 septembre 2001. À Québec, il n’a pratiquement rien vécu de négatif. Il faut aussi dire qu’il est tolérant et ne se sent pas attaqué à la moindre petite remarque – c’est un vrai blagueur.

Deuxièmement, j’ai été surpris par les points négatifs qu’il a mentionnés sur le Québec. Ils trouvent que les Québécois ne sont pas « polis » parce qu’ils disent rarement « bonjour » et « merci ». Dans son pays, tout le monde se dit bonjour et le remerciement est primordial. Ensuite, sans surprise, il m’a dit que nous étions une société individualiste, mais il m’a aussi dit que nous étions solidaires, car nous mettons beaucoup d’emphase sur le bénévolat. Il était étonné de voir à quel point les gens s’impliquaient dans des causes et à quel point il y avait des opportunités de bénévolat.

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