Bénin
1 Judicaël Alladatin
Marie-Michèle Vézina
Judicaël Alladatin, né au Bénin, vit au Québec depuis six ans, avec sa conjointe. Il travaille présentement à l’Université Laval en tant que chercheur postdoctoral en sciences sociales.
Avant de venir au Québec
Avant son arrivée au Québec, Judicaël travaillait comme assistant technique de programmes au Bénin, où il avait obtenu son diplôme d’ingénieur agro-économiste en plus d’un diplôme en économie et sociologie du développement. Il était également engagé dans le milieu communautaire à travers la création d’un organisme avec quelques jeunes amis béninois. L’emploi de Judicaël lui permettait de maintenir un lien avec le secteur universitaire, il avait donc l’occasion de se rendre à divers colloques et rencontres scientifiques, ce qui lui permettait de peaufiner son projet de thèse de doctorat.
Le choix de venir étudier à Québec
La première raison qui poussa Judicaël, ainsi que sa conjointe, à quitter le Bénin pour venir au Québec fut leur souhait commun de poursuivre les études au niveau du doctorat. Il postula pour une bourse à l’Agence universitaire de la francophonie qui est basée au Sénégal. Ayant obtenu cette bourse, ils avaient la possibilité de sélectionner n’importe quelle université francophone partout dans le monde. Ayant rencontré un professeur de l’Université Laval lors d’un congrès scientifique, le couple décida de venir à Québec et Judicaël s’inscrivit au doctorat en sociologie à l’Université Laval.
L’arrivée à Québec
À son arrivée, Judicaël Alladatin ne connaissait personne à Québec qui pouvait l’accueillir et le guider lors de son installation dans la capitale nationale. Ce fut donc son directeur de thèse qui devint sa personne ressource. Il le mit aussi en contact avec un autre étudiant originaire du Bénin qui a pu l’aider et répondre à ses interrogations.
L’installation ne se passa pas comme prévu. La réservation à distance d’un appartement ne fut pas respectée pour diverses raisons, ce qui obligea Judicaël et sa conjointe à s’installer dans un hôtel pour leur première semaine à Québec! Grâce à l’aide d’une connaissance, ils furent orientés au bout d’une semaine vers les résidences hôtelières de l’Université Laval.
Évidemment, l’arrivée à Québec nécessita un effort d’adaptation de la part de sa conjointe et de lui-même. Pour ce qui est de la religion, Monsieur Alladatin ainsi que sa conjointe étaient déjà chrétiens. Ils fréquentèrent beaucoup l’Église St-Thomas d’Aquin à Québec, un lieu qui leur permit de se recueillir, de pratiquer leur religion et qui fut un repère pour eux. De plus, « comme on est arrivé à Québec dans le mois de décembre, la température, c’était un gros choc », explique Judicaël. En effet, vivant au Bénin depuis toujours, ils n’étaient pas habitués à des températures aussi froides! Heureusement, la langue ne fut pas une embûche pour Judicaël puisque la langue officielle du Bénin, utilisée à l’école et à l’université, est le français, même si ce n’est pas sa langue maternelle.
Afin de conserver sa bourse, Judicaël devait maintenir une moyenne très élevée dans tous ses cours et s’inscrire à temps plein. Il passa donc beaucoup de temps à étudier et travailla très fort pour obtenir d’excellents résultats. Il conseille toutefois à toute personne qui désire s’installer à Québec de prendre le temps de visiter la ville, de rencontrer des gens, de ne pas s’empêcher de découvrir la terre d’accueil en consacrant tout son temps à l’école et aux études. « Pendant les quatre premières années, ma conjointe et moi étions très focalisés sur l’université […]. Moi, j’ai fini ma thèse en moins de quatre ans. Ce n’est pas courant.
La perception de la ville de Québec
Judicaël explique qu’il fut impressionné par la diversité des gens qui vivent à Québec. Avant son arrivée à Québec, il avait déjà une perception positive de la ville, mais elle se reprécisa avec le temps passé à Québec. Ne voulant pas avoir des idées ou des opinions non fondées sur la ville, Judicaël avait beaucoup lu afin de s’en faire une image juste. Il pensait, avant son arrivée, qu’un niveau d’études plus élevé donnait accès aux Québécois à une position sociale et économique plus élevée dans la société. Il a compris que ce n’était pas nécessairement le cas après déjà six ans passés à Québec.
Il a bien sûr rencontré des gens de Québec qui avaient des perceptions fausses de l’Afrique. Sans s’informer, ces personnes pensaient qu’en Afrique, il y avait toujours et partout la guerre. Cette représentation a choqué Judicaël Alladatin. « Il n’y a pas de problème à faire des critiques et des commentaires sur une partie du monde ou un pays, le problème c’est lorsque la critique est gratuite, basée sur l’ignorance et la méconnaissance totale du sujet », explique-t-il.
Vie actuelle à Québec
Au bout de six ans dans la ville de Québec en compagnie de sa conjointe et de leur jeune enfant, née il y a quelques mois, Judicaël travaille présentement à l’Université Laval en tant que chercheur postdoctoral en sciences sociales tout en accumulant des postes temporaires de professionnel de recherche. Il avait par le passé travaillé comme professeur au Cégep de la Gaspésie et des Îles. La petite famille retourne de temps à autre dans son pays d’origine pour rendre visite à la grande famille restée au Bénin.
À partir de cette expérience de vie, Judicaël aimerait passer un message à toutes les personnes ayant en tête d’émigrer d’Afrique vers le Québec. Il s’agit d’un message exprimé dans la langue fongbé, qui est régulièrement employée au Bénin, mais aussi dans certaines communautés au Nigéria et au Togo : « é man so nou an é non hi ahi ha », ce qui signifie littéralement « Quand tu n’es pas habillé comme il faut, tu ne peux pas aller au marché », ce que nous pourrions traduire par « Quand tu veux aller loin, il faut faire les choses en conséquence ».
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