Côte d’Ivoire
26 Jahia X
Athena Masson Wong
Jahia (pseudonyme) est une jeune femme de 23 ans qui vit à Québec depuis 2013. Originaire de Côte d’Ivoire et plus précisément de sa capitale économique, Abidjan, elle vient d’une famille principalement constituée de femmes : elle a trois sœurs aînées et un frère. L’une de ses sœurs réside à Montréal, mais le reste de sa famille est toujours en Côte d’Ivoire. Jahia est célibataire et sans enfants – pour l’instant, dit-elle.
Le grand départ
Avant de décider de quitter son pays, Jahia étudiait dans une université privée de sa région. Un jour, elle eut une discussion déterminante avec sa sœur qui résidait à Montréal depuis quelques années. Celle-ci la questionna sur ses aspirations professionnelles et lui suggéra de voyager afin d’élargir ses horizons. Jahia débuta sa réflexion et en vint à la conclusion qu’il lui fallait effectivement tenter l’expérience de partir, ce qui lui permettrait à la fois de découvrir une nouvelle culture et d’approfondir sa formation universitaire et ses activités professionnelles. Elle décida de marcher dans les pas de sa sœur et d’opter pour le Canada, plus précisément pour le Québec, attirée par la qualité de la formation offerte, les opportunités d’emploi et, bien sûr, l’usage du français comme langue officielle, qu’elle parlait déjà. Elle savait également que la province était cosmopolite, ayant en tête l’exemple de la ville de Montréal qui regorgeait, dit-elle, de communautés culturelles diverses. Elle se tourna toutefois vers la ville de Québec, séduite par l’excellente réputation de l’Université Laval dans les milieux universitaires de Côte d’Ivoire.
Son arrivée à Québec
Les premiers moments furent assez difficiles, mentionne-t-elle, notamment parce qu’elle ne connaissait personne et qu’elle arrivait dans un environnement bien différent du sien. Cependant, elle fut très bien accueillie par un ancien président de l’Amicale Ivoiro-Canadienne de Québec (l’AMICQ), association qui vise à réunir les étudiants, le travailleurs et les visiteurs d’origine ivoirienne résidant dans la capitale nationale, mais également les gens d’autres nationalités. Il aida Jahia à trouver un parrain qui, à son tour, lui procura une aide précieuse pour s’installer et s’intégrer dans sa nouvelle vie.
La langue représenta pour Jahia un défi d’adaptation plus grand qu’elle ne l’imaginait. Bien qu’issue d’un pays francophone, elle trouva les expressions et l’accent québécois souvent difficiles à comprendre. Cependant, elle tient à souligner que les Québécois furent toujours sympathiques avec elle et surtout très courtois, malgré l’incompréhension linguistique qui entravait parfois leur communication.
Jahia fut rapidement enchantée par son expérience universitaire au Québec. Selon elle, la formation qu’elle reçoit à l’Université Laval était de qualité et les enseignants étaient toujours disponibles, motivant les élèves à prendre contact avec eux lors de difficultés. Elle trouva néanmoins difficile la recherche d’un emploi étudiant, surtout en raison de son manque d’expérience professionnelle sur le sol québécois. Mais elle réussit quand même à s’en dénicher un. Quant au climat, elle fut évidemment surprise par le froid mordant de l’hiver québécois, qu’elle trouve encore difficile à supporter, mais elle trouve cependant la neige magnifique. Tout de même, ajoute-t-elle, « disons que je me sens mieux en été! ».
Sa perception de la société québécoise
Jahia trouve les valeurs québécoises souples, généreuses, ouvertes et accueillantes.
Ce que j’apprécie le plus, c’est que les femmes et les hommes ont les mêmes droits, tout comme dans mon pays d’origine, contrairement à certains pays où les droits de la femme sont piétinés, où la femme est « chosifiée », où elle est toujours réduite et où elle est appelée le « sexe faible ».
Elle admire également « la fierté, l’authenticité qu’affirment les Québécois en général, leur acharnement au travail, surtout le travail bien fait. […] Ils sont toujours prêts à aider les autres ». La courtoisie et le respect sont deux autres valeurs qu’elle remarque fréquemment autour d’elle. De plus, elle trouve que l’importance de la famille semble clairement ancrée dans les valeurs québécoises. « C’est une chose que j’aime beaucoup, car moi aussi, l’une de mes valeurs repose sur ma famille », dit-elle.
Sa vie à Québec
Bien installée, Jahia occupe présentement un emploi à Québec et a désormais quelques amis d’origine québécoise. Elle garde cependant une relation très serrée avec sa famille restée en Côte d’Ivoire. Les amis de son pays natal sont également toujours bien présents dans sa vie. Malgré la distance, elle réussit à garder le contact avec les gens qu’elle aime grâce à Facebook.
Jahia a un message pour les nouveaux immigrants : « Dans le processus d’immigration, il faut toujours bien s’informer afin de pouvoir se préparer et mieux s’adapter à la vie au Québec. Les ambassades, les consulats, les amis et les connaissances sont là pour vous aider. » Elle aimerait également dire aux Québécois qu’ils ne devraient pas s’inquiéter de l’arrivée d’immigrants, car
les immigrants n’ont pas pour objectif d’envahir et de s’approprier le pays d’accueil. Ils participent au développement de celui-ci : ils travaillent pour et avec les Québécois et les Canadiens, ils payent les impôts et les taxes, etc., et ils acquièrent les connaissances nécessaires qui leur permettront éventuellement de développer leur pays d’origine. Ils veulent par-dessus tout se construire des relations et entretenir de bons liens avec leur entourage d’accueil.
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