Togo
50 Epiphane Koku Kavegue
Joanie Moreau
Né au Togo, Epiphane Koku Kavegue est le quatrième d’une famille de sept enfants. Après des études en Russie, il est arrivé au Québec il y a 15 ans avec le statut de réfugié politique.
Avant le Québec
À la fin des années 1980, M. Kavegue est allé en Russie pour étudier l’ingénierie. Il a appris le russe pendant sa première année et a étudié ensuite dans une école d’ingénierie mécanique pendant cinq ans. En Russie, il se maria avec une femme ukrainienne et ils eurent un garçon qui a aujourd’hui 24 ans.
Epiphane Kavegue parle le français, qui est la langue officielle du Togo, l’anglais et le russe, mais sa langue maternelle est l’éwé. Voici quelques mots de cette langue : Mi efoa, qui signifie « vous allez bien? » et peut servir à dire « bonjour » et « salut ». Le Mi signifie « Vous » en s’adressant à une personne plus âgée ou à un groupe de personnes, car efoa, s’il est employé seul, est plutôt un terme familier.
Direction : la ville de Québec
En 1992, après ses études en Russie, Epiphane Koku Kavegue est retourné au Togo avec sa famille. Cependant, pour des raisons sociopolitiques, il a choisi de quitter son pays. « Il y avait des problèmes politiques, ça n’allait pas bien, c’est devenu dangereux pour notre sécurité, donc j’ai dû quitter », mentionne M. Kavegue. Le peuple togolais s’était levé pour revendiquer ses droits, mais le pouvoir en place n’a jamais respecté ce mouvement. M. Kavegue a fait son choix : « Ou bien tu restes et tu peux mourir un jour, ou tu quittes le pays ».
Il fit une demande pour être reçu comme réfugié au Canada. Sa demande acceptée, il arriva à Québec avec sa famille en avril 2001, il y a de cela maintenant 15 ans. Il avait choisi le Canada, car c’était un pays en paix où les citoyens disposaient d’une vraie liberté d’expression, ce qui était loin d’être le cas au Togo à l’époque.
Un peu avant son arrivée avec sa famille, un comité d’accueil du Centre multiethnique de Québec avait fait la plus grande partie des démarches liées à leur installation prochaine, comme la recherche d’un logement. À leur arrivée, les membres du Centre leur ont fait visiter quelques logements afin de leur permettre de choisir celui qu’ils préféraient.
Ses débuts en tant que Québécois
M. Kavegue s’adapte très bien partout où il va, que ce soit en Russie ou en Europe : « quand tu décides de voyager, et bien il faut s’adapter. C’est plus facile pour toi de t’adapter que de laisser les gens s’adapter à toi ».
La recherche d’emploi a été plus complexe. À son arrivée, ses acquis et de ses compétences n’ont pas été reconnues par le Québec. Ce manque de reconnaissance allait l’empêcher de travailler dans son domaine. Il a donc suivi le processus lui permettant d’adhérer à l’Ordre des ingénieurs du Québec. Puisque c’est un long processus, M. Kavegue en a profité pour suivre en plus des formations connexes à sa spécialité, comme le dessin par ordinateur. Il travaille maintenant chez Tetra Tech (anciennement BPR), dans le domaine informatique plutôt que mécanique.
Epiphane Kavegue n’a pas vécu beaucoup de racisme à son arrivée au Québec, mais il admet qu’il a sans doute subi une certaine forme de discrimination lors de sa recherche d’emploi. C’est ce qu’il a trouvé le plus difficile à son arrivée. Puisqu’il est un étranger, il croit que c’est peut-être la preuve d’un manque de confiance des employeurs envers les nouveaux venus.
On dirait que vu que j’ai étudié au Togo, on me dit « ah, il n’a pas les atouts ». Mais j’ai aussi étudié en Russie et c’est un pays très développé!
Il pense que ce système ne favorise pas les étrangers. Il dénonce d’ailleurs l’inexistence de structure pour les accueillir et les encadrer afin de les aider à se trouver un emploi.
Même le plus petit boulot que j’aurais pu avoir était très difficile à trouver.
Parfois, M. Kavegue trouve que les gens ne sont pas à l’écoute ou font semblant de ne rien comprendre. Parce que, dans la tête des Québécois, les étrangers ne parlent pas bien la langue française. Malgré tout, son arrivée au Québec fut une expérience très positive pour lui.
Différences de culture
Je pense que les Québécois ont un peu peur des étrangers, alors que nous, on n’a pas peur de l’étranger.
Dans sa culture, lorsqu’on voit un étranger, on va plutôt l’accueillir, puisqu’il y a de fortes chances qu’il n’ait ni parents ni amis. M. Kavegue explique que si un ami québécois avait à aller au Togo, il demanderait automatiquement à sa famille de l’accueillir et l’héberger sans rien lui demander en retour. En plus de le prendre en charge, sa famille le présenterait à tous les voisins et à la famille, même si cet ami était dans les faits un parfait inconnu. Au Québec, il sent davantage de la méfiance ou de la peur d’être dérangé plutôt que cette hospitalité. Il a tout de même souligné que ça n’enlève rien aux Québécois, car c’est une façon de faire à laquelle ils ne sont pas habitués, comparativement à ceux qui viennent d’ailleurs.
Aussi, dans la culture africaine, la salutation est très importante et constitue une marque de respect, alors que ce n’est pas si important pour les Québécois.
Pour ce qui est de la nourriture, Epiphane Kavegue s’est très bien adapté. Au Togo, ils mangent beaucoup de produits à base de maïs, ce qu’il retrouve ici. Avec cet ingrédient, il est possible de faire d’innombrables recettes, dont de la farine. À partir de cette farine, les Togolais peuvent faire du gruau, appelé bouillie, de la pâte, accompagnée de différentes sauces (de poisson, de viande, de tomates) accompagnées par toutes sortes de légumes, ainsi que des desserts.
En somme, on peut dire qu’Epiphane Koku Kavegue a bien vécu la transition dans sa nouvelle vie au Québec. C’est un homme avec un esprit très ouvert et s’adapte rapidement partout où il va. Cette ouverture d’esprit lui semble essentielle pour bien vivre une expérience d’immigration.
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