Djibouti
27 Houssein Ahmed Nour
Raphaël Bertrand
Houssein Ahmed Nour naquit en 1987 à Djibouti. Il quitta sa famille à l’âge de 23 ans pour venir s’installer à Québec. En effet, obtenant d’excellents résultats scolaires à l’école, il fut sélectionné par la province de Québec pour venir étudier dans la capitale nationale dans un domaine qui l’intéressait grandement : l’informatique de gestion.
Arrivée à Québec
À son arrivée en 2010, Houssein n’avait ni famille ni amis au pays. Heureusement, sa connaissance du français, l’une des langues officielles de Djibouti, facilita grandement son intégration, d’autant plus que de nombreuses ressources gouvernementales furent mises à sa disposition pour accélérer son adaptation à sa nouvelle vie. Peu après son arrivée, il rencontra deux autres Djiboutiens ayant obtenu leur visa de résidence en même temps que lui. En plus de devenir ses colocataires, ils furent également ses premiers amis au Québec.
Bien qu’ayant encore peu de connaissances dans le domaine de l’informatique de gestion, Houssein entreprit ses études avec succès au Cégep Limoilou. Trois ans seulement après son arrivée dans la belle province, il obtint son diplôme d’études professionnelles. Trouver du travail par la suite ne fut pas un problème; il fut recruté par une firme de consultation informatique pour laquelle il travaille encore aujourd’hui. La même année, sa femme vint le rejoindre à Québec. Ils ont un petit garçon, né au Québec et âgé d’un peu plus d’un an.
Adaptation à l’environnement et à la culture québécoise
À son arrivée au Québec, Houssein vécut un véritable choc culturel. N’ayant jamais vu de neige de sa vie, son premier hiver fut assez difficile. Refusant de se laisser décourager par le froid québécois, Houssein entreprit alors de suivre des cours… de ski de fond! « Cela m’a permis de m’intégrer plus facilement et de faire des connaissances! Maintenant, chaque hiver, je fais du ski de fond », explique-t-il. Habitué à des températures minimales de 30°C au Djibouti, il dit pouvoir maintenant apprécier l’hiver et s’être équipé en conséquence. Voir son environnement changer du tout au tout au courant de l’année était complètement nouveau pour lui, mais il considère aujourd’hui le changement des saisons comme étant l’une des choses qu’il préfère du Québec.
Au-delà de l’aspect climatique, Houssein dut modifier certaines de ses habitudes de vie. Par exemple, il n’était pas habitué à payer des taxes sur les produits qu’il achète en magasin. « Chez moi, on négocie. Le vendeur me dit qu’il vend une telle chose pour 1 000 pièces, moi je lui offre 500 pièces, je l’achète finalement pour 700. Ici, on te dit que c’est 10 pièces et finalement on te dit que c’est 12 », témoigne-t-il. Personne ne lui ayant expliqué ce phénomène à son arrivée, il reçut souvent quelques réponses agacées de la part des vendeurs.
Houssein remarque que la plupart des Québécois ne savent pas grand chose de l’Afrique et notamment de son pays natal, dont seules trois ou quatre de ses connaissances connaissaient l’existence avant de le rencontrer. Si Houssein avait des conseils à donner aux nouveaux immigrants venus d’Afrique, il leur dirait de faire attention à leur attitude envers les autres. Par exemple, un homme ne devrait pas agir avec les femmes comme il le ferait à Djibouti. Selon lui, un jeune célibataire pourrait ici être accusé de harcèlement sans se douter que son comportement est inacceptable au Québec. Un autre conseil qu’il aimerait donner serait d’être honnête. Houssein apprécie que les Québécois soient des gens francs et directs. Il croit qu’il s’agit d’une belle valeur et que les futurs immigrants devraient y porter attention.
Se sentir chez soi
Houssein se sentit bien accueilli dès son arrivée au Québec. De manière générale, il trouva les Québécois gentils, chaleureux et souriants. Plusieurs éléments de son quotidien changèrent, mais souvent pour le mieux. Il découvrit avec bonheur un service de transport en commun fiable et efficace ainsi qu’une omniprésence des technologies. À Djibouti, l’accès à Internet et même à des ordinateurs est souvent difficile. Ainsi, sans avoir encore revu d’amis ou de membres de sa famille djiboutienne depuis qu’il vit au Québec, Houssein put néanmoins rester en contact avec son pays natal grâce aux technologies comme Skype.
Toutefois, certains événements récents tels que le débat sur le port des signes ostentatoires ou encore sur les accommodements raisonnables ont souvent pesé lourd sur Houssein et sa femme. En effet, s’il respecte et apprécie les valeurs québécoises, il trouve dommage que l’État cherche à s’incruster dans la vie personnelle et religieuse des gens. Sa femme étant voilée et travaillant dans la fonction publique, ce sujet touche directement Houssein, qui ressent une certaine montée de l’intolérance dans la population, en particulier depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis. Il croit fermement que ce genre d’événement politique a un impact direct sur l’attitude des Québécois envers les minorités et les immigrants. Selon lui, un État qui resserre les règles en matière d’immigration sous la pression d’une intolérance populaire ne peut qu’entraîner des conséquences négatives sur la société. Houssein dit lui-même avoir remarqué une différence dans le regard que portent les gens sur lui et sur sa femme.
Sur une note plus positive, Houssein prévoit faire, dans les prochains mois, un voyage à Djibouti pour retourner voir sa famille et ses amis qu’il n’a pas revu depuis son grand départ. Sa femme et lui se questionnent souvent sur l’avenir de leur fils, car ils tiennent à l’élever selon les traditions et la culture djiboutiennes, tout en veillant à son intégration harmonieuse à la culture québécoise. Être en mesure de trouver un équilibre sain entre ces deux cultures est le défi que se donne cette jeune famille pour les années à venir.
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