Cameroun
17 Annick Kwetcheu Gamo
Williams Gravel
Faites-le quand même…
Les gens sont souvent déraisonnables, illogiques et centrés sur eux-mêmes,
Pardonne-les quand même…
Si tu es gentil, les gens peuvent t’accuser d’être égoïste et d’avoir des arrière-pensées,
Sois gentil quand même…
Si tu réussis, tu trouveras des faux amis et des vrais ennemis,
Réussis quand même…
Si tu es honnête et franc, il se peut que les gens abusent de toi,
Sois honnête et franc quand même…
Ce que tu as mis des années à construire, quelqu’un pourrait le détruire en une nuit,
Construis quand même…
Si tu trouves la sérénité et la joie, ils pourraient être jaloux,
Sois heureux quand même…
Le bien que tu fais aujourd’hui, les gens l’auront souvent oublié demain,
Fais le bien quand même…
Donne au monde le meilleur que tu as, et il se pourrait que cela ne soit jamais assez,
Donne au monde le meilleur que tu as quand même…
Tu vois, en faisant une analyse finale, c’est une histoire entre toi et Dieu,
cela n’a jamais été entre eux et toi.
– Mère Teresa de Calcutta
Enfance camerounaise
Annick Kwetcheu Gamo naquit dans la ville de Loum, située à environ trois heures de la capitale économique nommée Douala. Elle vécut dans un large cocon familial composé de sa mère, ses cousins, ses cousines, ses oncles, ses tantes et ses grands-parents. Annick appartient à l’ethnie bamiléké, dont font partie les Bafang, les Bangu et les Batchingou.
Comme tous les enfants, elle alla à l’école et en profita pour s’amuser en faisant des bêtises, en courant un peu partout, mais aussi en cueillant des goyaves et des mangues dans les arbres. Son moment préféré était lorsqu’elle dansait dehors, lors de la saison des pluies qui se déroule du mois de mai au mois de septembre. Rester à l’intérieur n’était pas une option, le meilleur moyen de développer le plein potentiel de l’imagination d’un enfant était de faire des poupées avec des herbes hautes, des téléphones à l’aide de boîtes de conserve et des voitures en bois.
Un parcours français
Dès l’âge de dix ans, Annick déménagea en France avec sa famille et y habita jusqu’à ses 23 ans. Elle vécut principalement à Paris, mais aussi dans les villes avoisinantes. Entretemps, elle voyagea beaucoup afin de découvrir de nouvelles cultures et des endroits magnifiques comme l’Australie. Lorsque ce fut le temps de choisir l’université pour ses études, Annick choisit « Grenoble École de Management », située dans la région Rhône-Alpes.
Plus tard dans son cheminement, elle apprit que son école avait une entente avec l’Université Laval située à Québec. Elle postula pour un échange international et eut le choix entre l’option de six mois (une session) ou l’option d’un an (deux sessions). Elle choisit de se diriger vers le Québec pendant un an, car elle trouvait que la province canadienne était moins dépaysante que la Chine où certains de ses amis se rendirent. Au Québec, la langue officielle est le français, donc elle pouvait partir de la France sans s’inquiéter de devoir apprendre une nouvelle langue. Son choix fut aussi influencé par son intérêt envers la mentalité nord-américaine et par la bonne image du Canada. À l’âge de 23 ans, Annick prit donc son envol vers le Québec afin de commencer un MBA (maîtrise en administration des affaires) en gestion internationale pour une durée d’un an.
Arrivée à Québec
À son arrivée, elle eut quelques problèmes avec la langue québécoise, car elle ne comprenait pas toutes les expressions utilisées. La jeune Camerounaise s’habitua toutefois très rapidement au parler québécois et tomba en amour avec la ville de Québec – mais pas avec son froid légendaire! Elle fut marquée par la grandeur des centres commerciaux, des voitures et des autoroutes. Comme elle était arrivée seule sur le campus universitaire de l’Université Laval, elle choisit de s’impliquer dans des associations étudiantes comme l’APMAL (Association des Participants à la Maîtrise en Administration de l’Université Laval) afin de mieux s’intégrer. Cette association, dont elle devint vice-présidente exécutive moins de quatre mois après son arrivée, fut d’ailleurs son parachute dans la société québécoise. Elle eut un second parachute lorsqu’elle rencontra des Camerounais habitant à Québec. En se faisant des amis de son pays d’origine, elle put se reconnecter avec sa culture et échanger avec eux.
Au niveau des ressemblances entre le Québec et la France, Annick mentionne la politique : « La politique, c’est de la politique ». Par contre, une grande différence émerge entre les deux pays : la religion. Annick est chrétienne catholique et va à l’église tous les dimanches, et ce, encore aujourd’hui. Elle trouve que la religion est beaucoup moins présente chez les Québécois, comme le démontre la fermeture de plusieurs églises, dont celle qu’elle fréquentait.
Comprendre les Québécois
À propos des valeurs et des traits particuliers des Québécois, Annick estime la société québécoise a un côté entrepreneurial et pragmatique beaucoup plus développé qu’en France : « La valeur du réseau est importante et les règles du jeu sont plus établies ici qu’ailleurs », mentionne-t-elle. C’est une caractéristique des Québécois qu’elle a compris rapidement. En revanche, elle ne peut comprendre la manie de vouloir tout traduire en français, comme les titres des films et les noms des magasins, ce qui ne se fait pas en France. Selon elle, la loi 101 qui vise à préserver la langue française dans l’espace public québécois pourrait nuire à long terme aux citoyens au niveau professionnel.
Elle a vécu une expérience de racisme au Québec, mais ce ne fut pas assez pour qu’elle généralise et considère tous les Québécois comme des racistes. Cette situation lui fit mal, mais elle garda en tête que la source du racisme est avant tout l’ignorance.
Une vision tronquée de l’Afrique
Avec les images qui leur sont présentées à la télévision, les Québécois pensent encore que la misère règne partout en Afrique. Selon Annick, ils ne savent pas que le continent est en pleine émergence et qu’il se développe très rapidement. Aussi, certaines personnes tendent à voir les immigrants comme des gens qui veulent fuir leur pays, alors que la plupart veulent venir habiter ici par choix.
Annick organise d’ailleurs au mois de mai 2017 le Forum Jeunesse Afro-Québécois qui portera sur l’intégration des jeunes afro-descendants au Québec. Un des thèmes sera les idées reçues sur les Africains de la part des Québécois, mais aussi l’inverse.
Recommandations pour les futurs Africains du Québec
Annick conseille fortement aux nouveaux arrivants de s’impliquer socialement afin de ne pas s’isoler. Il est facile de se refermer sur soi-même lorsque nous ne connaissons personne. Pour elle, l’implication étudiante est un bon moyen de développer des relations avec les gens : « Aller vers les autres et prendre le risque d’initier le contact, c’est la solution ». Annick veut que les Québécois comprennent que les images présentées aux nouvelles ne sont que des préfabrications de peur, car elles ne montrent que le pire. Il faut parler avec les gens pour comprendre leur réalité et arrêter de les juger. Elle dit que nous sommes tous des êtres humains et nous devrions nous parler, car parfois il y a un grand écart entre deux cultures.
Le présent et le futur
Maintenant âgée de 29 ans, cela fait six ans qu’Annick habite au Québec. Elle travaille dans une compagnie d’assurance avec un permis de travail (résidente) et considère la possibilité de devenir citoyenne canadienne, puisqu’elle sera éligible à partir de 2019. Depuis la fin de ses études, elle a gardé contact avec ses amis de l’APMAL et les Camerounais qu’elle avait rencontrés. Elle dit avoir beaucoup aimé son expérience à l’Université Laval, car elle y a fait des rencontres extraordinaires. Annick retourne régulièrement au Cameroun durant l’hiver québécois afin de profiter de la chaleur de son pays d’origine.
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