24 Taïeb Moalla

Thibaud Petit

Taïeb Moalla est d’origine tunisienne. Il a grandi dans la capitale, à Tunis. En 2001, avec un diplôme de droit en poche, il décida de partir rejoindre sa compagne au Québec tout en projetant d’y poursuivre ses études de maîtrise en communication publique. Mis à part une année passée en Tunisie en 2012-2013, Taïeb réside au Québec depuis environ 15 ans. Il travaille au Journal de Québec depuis la fin de 2006.

L’arrivée au Québec

En août 2001, Taïeb s’est envolé pour le Québec avec pour point de chute l’Université Laval où il a commencé sa maîtrise en communication publique. L’arrivée de Taïeb s’est bien passée dans ce milieu qu’il a jugé très organisé, professionnel et assez protégé. Cela a aussi permis à Taïeb de découvrir et de s’initier à la culture québécoise. Taïeb pense que son statut d’étudiant a facilité son intégration et que la situation aurait sans doute été différente s’il était arrivé comme « immigrant reçu ». Comment se sont passés les premiers hivers au Québec? « L’hiver? C’est toujours difficile, même maintenant, mais on survit ».

La gentillesse québécoise

Ce qui a surtout plu à Taïeb dans ses relations avec les Québécois a été l’accueil et la gentillesse des habitants.

Il faut éviter les généralisations. Des cons, il y en a dans toutes les sociétés.

Des liens très étroits avec la Tunisie

Depuis la fin de l’année 2006, Taïeb travaille comme journaliste au Journal de Québec. Il est donc très bien intégré dans son milieu de travail et il est appelé plusieurs fois par jour pour couvrir des conférences de presse. À la fin de 2012 jusqu’à l’été 2013, il a pris un congé sans solde auprès de son employeur pour rentrer en Tunisie. Pendant cette année-là, il a travaillé comme journaliste pour une radio locale et comme correspondant pour le journal belge Le Soir. C’est le journal auprès duquel il avait fait ses premiers pas en journalisme, en 2000-2001, quand il était étudiant en droit à Tunis.

Ses liens avec la Tunisie sont encore très forts, notamment du fait que ses parents vivent toujours à Tunis. De plus, encore aujourd’hui, il reste très informé de l’actualité tunisienne. Son statut de journaliste au Québec lui a permis de développer des liens avec des Québécois, notamment au sein de la rédaction du Journal de Québec. Toutefois, ses amis les plus proches à Québec sont originaires de Tunisie.

Le printemps arabe et la révolution tunisienne

Les mois de décembre 2010 et de janvier 2011 ont été très difficiles pour Taïeb : « Je n’ai pratiquement pas dormi », se rappelle-t-il. À la suite du suicide d’un jeune marchand de fruits et légumes tunisien excédé par les tracasseries policières, des manifestations contre le chômage et  pour l’emploi ont éclaté dans tout le pays. Taïeb a suivi ces événements depuis le Québec, puisqu’il était frappé d’une interdiction de facto de se rendre en territoire tunisien pour une durée de neuf ans. Cette interdiction faisait suite à quelques articles qu’il avait écrit quelques années plus tôt contre le président tunisien de l’époque, Ben Ali. Les manifestations qui faisaient rage partout dans le pays à la fin de 2010 et au début de 2011 ont finalement poussé Ben Ali à fuir vers l’Arabie Saoudite en janvier 2011. Taïeb a été très touché par les événements, mais il n’a pu participer à la révolution qu’en écrivant quelques articles sur le sujet depuis​ le Québec pour le Journal de Québec. Ainsi, il a été le premier journaliste québécois à rédiger un article sur l’arrivée au Québec de Belhassen Trabelsi, le beau-frère de Ben Ali.

Le regard des Québécois sur les pays arabes

Pour Taïeb, les Québécois suivent d’un regard assez éloigné ce qui se passe dans les autres pays, notamment les pays africains. « Ils n’ont pas une idée très précise, ils en ont eu une un peu plus précise lors de la révolution en Tunisie, mais ils ont une idée très sommaire du monde arabe », explique-t-il. En tant que journaliste, il a remarqué que les journaux ou les bulletins télévisés n’accordent que peu d’espace au traitement de l’actualité internationale.

Selon lui, les Québécois qui sont les plus avertis doivent probablement côtoyer des personnes originaires de ces pays dans leur quotidien, au travail ou à l’école.

S’intégrer par le travail

« L’intégration se passe essentiellement par un emploi », expliqua Taïeb. Le travail est l’une des valeurs chères aux Québécois. Passer par un emploi augmente les chances de faire de nouvelles rencontres. En plus, cela permet de gagner en expérience québécoise et de régler les factures avec sérénité.

Il ne faut pas attendre un chèque du gouvernement ou rester chez soi à attendre je ne sais quoi. Travailler, c’est être partie prenante de cette société.

Taïeb explique que l’effort doit être fait par l’immigrant : il doit regarder le marché du travail. À Québec, c’est un « plancher historique », le chômage est de 4 %, « c’est très loin de l’Europe ou dans le monde arabe où certains pays sont à 20 % ». Selon lui, la société québécoise qui est accueillante et le faible taux de chômage sont les deux éléments les plus importants pour l’immigration au Québec.

Crédit : Taïeb Moalla

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