12 Mehdi Laribi

Charlène Brochu

سلام اسمي مهدي وأنا أحب البيرة

Bonjour à tout le monde, je m’appelle Mehdi et j’aime la bière.

Âgé de 22 ans, Mehdi Laribi obtiendra au printemps 2017 son diplôme en Techniques de l’informatique au Cégep Garneau. Jonglant entre l’école, les emplois, les loisirs et sa famille, il a su s’intégrer à la vie québécoise et s’imprégner de la culture de son pays d’accueil. Voici le portrait d’un jeune homme posé possédant de bonnes valeurs avec qui j’ai eu le plaisir de m’entretenir autour d’un verre de bière.

De l’Algérie au Québec

Il avait 14 ans lors du grand départ. « Je me souviens de ce moment comme si c’était hier ». Il savait important de dire au revoir à ses amis les plus chers. D’un côté, il était excité de quitter l’Algérie pour une première fois, mais de l’autre, il sentait qu’il ne reviendrait pas de sitôt.

Il ne parla pas de tout le voyage. « J’étais en état de choc », explique-t-il. Après tout, une nouvelle vie l’attendait. Ce jour-là, il quittait à la fois sa ville d’origine, Alger, située au bord de la mer, mais aussi ses amis d’enfance et une panoplie de souvenirs qu’il n’oublierait jamais.

Mehdi arriva en terre québécoise le soir du 26 juin 2009, avec son père, sa mère et sa sœur ainée. Des amis algériens, établis depuis plusieurs années au Québec, vinrent les accueillir à l’aéroport. C’est d’ailleurs dans leur demeure qu’ils vécurent le premier mois de leur expérience québécoise.

Sa famille et lui avaient choisi de venir s’installer à Québec dans l’optique d’une vie meilleure. Il s’agissait d’une décision des parents, qui voulaient le meilleur pour leurs enfants : une meilleure qualité de vie, de meilleurs soins de santé, mais surtout, de plus grandes opportunités en ce qui concerne l’avenir professionnel de leurs deux adolescents. « Je les trouve courageux et je les remercie pour tout », dit Mehdi, reconnaissant.

Le début de l’expérience

Admis au Séminaire des Pères Maristes, dans l’arrondissement de Sainte-Foy, Mehdi commença, à l’automne 2009, sa troisième année du secondaire. Ce fut un réel défi, car bien qu’il connaissait quelques mots français, c’était la première fois qu’il étudiait entièrement dans la langue de Molière. En Algérie, il parlait principalement arabe avec ses amis. Ici, « tout était différent ». Il eut beaucoup de difficulté, dans les premiers mois, à comprendre ce que les gens de son âge lui disaient, à défaut de les faire répéter continuellement. Heureusement, les amis qu’il rencontra durant son parcours scolaire ainsi que ses professeurs l’aidèrent à s’intégrer et à bien maîtriser le français.

Quoi dire du premier hiver? Mehdi et sa famille furent sidérés par le froid et la neige : « Mon père voulait travailler de la maison pour ne pas avoir à sortir à l’extérieur! », se souvient-il. Mehdi, quant à lui, s’adapta plus rapidement, car quelques mois plus tard, certains jeunes de sa classe l’introduisirent au ski alpin sur les montagnes entourant la ville de Québec. Malgré la barrière de la langue, la pratique du ski l’aida à se faire des amis. « Jamais je n’aurais cru que j’enfilerais des skis pour autre chose que glisser sur le sable! », dit-il en riant. Contre toute attente, Mehdi pratiqua les sports de glisse fréquemment, si bien que cela devint une réelle passion.

Par ailleurs, il conserva certaines habitudes d’Algérie, comme celle de ne pas consommer de porc et ses produits dérivés. Toutefois, il dit avoir facilement introduit la nourriture québécoise dans son alimentation. Son mets favori est sans aucun doute la poutine classique, qu’il adore, et la bière!

La vie québécoise

Aujourd’hui, Mehdi affirme aimer sa vie dans la belle ville de Québec. Il se dit chanceux d’être entouré de bonnes personnes et de sa famille.

Il travaille actuellement comme consultant en informatique pour une compagnie sous-traitante de Promutuel. Son emploi y est assuré lorsqu’il sera diplômé. De plus, comme il ne s’arrête jamais, il travaille également la fin de semaine à la station de ski de Stoneham! D’ailleurs, avec ses amis du secondaire adeptes de ski et de snowboard, il a fondé en 2015 le groupe Vagabones Family, qui produit des vidéos de sports de glisse. Ce groupe d’athlètes sportifs se démarque encore aujourd’hui sur Internet par leurs prouesses.

Néanmoins, Mehdi n’est pas parvenu à garder le contact avec ses amis d’Algérie : la distance a eu raison de ses nombreux efforts pour conserver un lien. Puisqu’une partie de sa famille habite encore en Algérie, il visite ses tantes et sa grand-mère aux trois ans environ, car le voyage coûte malheureusement très cher.

Sa vision

Intégrez-vous! C’est ça qui fait la différence.

Mehdi ne note rien de négatif concernant l’inclusion des musulmans dans la société québécoise. Pour lui, les Québécois sont un peuple ouvert d’esprit désirant donner une chance aux nouveaux arrivants. Cependant, il souligne que pour s’inclure dans cette société occidentale, « il faut y mettre du sien ». Participer à des activités hors de sa zone de confort ou avec des gens qu’on ne connait pas sont pour Mehdi les meilleures façons de se tailler une place et de se sentir chez soi dans son pays d’accueil. C’est le principal conseil qu’il tient à donner aux nouveaux immigrants.

Selon Mehdi, la façon péjorative de percevoir les pays arabes est « un phénomène mondial, même occidental ». Toutefois, il trouve la grande majorité des Québécois, qu’il connait du moins, ouverts à la différence. D’ailleurs, à la suite de l’attentat du 29 janvier 2017 à la grande mosquée de Québec, il dit n’avoir jamais reçu autant de soutien de la part des gens de son entourage. Jamais il n’a eu l’idée de retourner dans son pays d’origine.

Ses croyances

Mehdi explique qu’en arrivant à Québec, il s’est aperçu qu’il existait plusieurs façons de penser et de vivre bien différentes de celles qu’il connaissait. Cela l’a rebuté au départ. Toutefois, avec quelques années de recul, il remarque avoir modifié sa pratique religieuse et certaines de ses croyances, raison pour laquelle il boit aujourd’hui de la bière. Il se considère comme un jeune adulte stable, heureux et professionnel, et affirme n’avoir « aucun stress concernant l’avenir ». Ayant adopté la mentalité québécois, il conserve néanmoins dans son cœur plusieurs valeurs algériennes dont il ne pourra jamais se dissocier. C’est avec fierté qu’il affirme être heureux de tout ce qu’il a accompli, au Québec, jusqu’à maintenant.

Son rêve

Mehdi planifie déjà son avenir. Son but : travailler d’arrache-pied, puis partir vivre sur un bateau et voyager autour du monde. Plein d’ambitions, à plus court terme il se voit faire une carrière en informatique. Il rêve, « comme un peu tout le monde », dit-il, d’avoir une « idée incroyable qui changerait la vie des gens, qui ferait la différence ».

Tout excès devient défaut.

Crédit : Mehdi Laribi

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