38 Jane X.
Alexandra Dupéré-Migneault
J’ai beaucoup voyagé auparavant, mais je ne suis jamais partie de chez moi en laissant famille et amis pour m’installer ailleurs. Donc, je savais que ça allait être un peu difficile au départ, mais j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis lancée.
Le 23 août 2015 est le jour de l’arrivée de Jane à Montréal. La jeune femme de 28 ans, célibataire et sans enfant, venait de quitter son pays d’origine, la Tunisie, pour vivre ce qui allait être l’expérience de sa vie. Elle se retrouvait donc pour la première fois au Québec, seule avec sa valise et son désir de découvrir le monde. Bien qu’elle se considère comme une personne à l’esprit un peu bohème et qui aime découvrir de nouvelles cultures, venir étudier dans un autre pays était une expérience complètement nouvelle pour elle.
Les premiers jours à Québec
Dès le lendemain de son arrivée, Jane se dirigea à Québec vers l’Université Laval, l’endroit où elle souhaitait poursuivre ses études. C’est d’ailleurs à cet endroit que toute son aventure dans ce nouveau pays commença. Grâce au personnel d’accueil de l’Université et de la direction des résidences, Jane eut en main toutes les informations concernant les inscriptions et les logements. Toutefois, malgré la gentillesse et la bienveillance de toutes ces personnes, ce fut le début d’une semaine plutôt difficile pour cette nouvelle résidente du Québec. Elle avait du mal à trouver un logement, puisque toutes les chambres des résidences sur le campus étaient déjà occupées. Heureusement pour elle, elle eut la chance de rencontrer d’autres étudiants qui lui permirent de trouver un endroit où habiter. Une autre difficulté qu’elle rencontra fut la langue québécoise et ses expressions particulières. « J’ai dû faire un effort pour comprendre l’accent québécois et les quelques mots et expressions que je ne connaissais pas », précise-t-elle. Puis, au fil du temps, elle rencontra des gens qu’elle qualifia de « formidables, gentils, serviables et très ouverts ». Elle apprécia d’ailleurs dès son arrivée la manière de vivre des Québécois qui ressemblait, selon elle, beaucoup à celle de son pays.
Bien qu’elle redoutait son premier hiver, puisqu’elle était habituée à des températures plus clémentes avec beaucoup de soleil et des hivers doux, tout se déroula plutôt bien, grâce aux conseils des gens rencontrés ici.
Une expérience enrichissante et de belles rencontres
Aujourd’hui, près de deux ans après son arrivée, elle mentionne qu’il y a encore quelques expressions propres aux Québécois qu’elle ne connait pas. Toutefois, avec le temps et après avoir côtoyé plusieurs personnes, elle a fini par s’habituer à l’accent de la région, tout comme ceux qui lui sont proches se sont habitués à son accent. Jane étudie à temps plein en marketing à l’Université Laval et occupe un emploi à temps partiel. Elle considère avoir très bien réussi son intégration dans son nouveau milieu, en partie grâce aux nouvelles amitiés qu’elle a développées. Elle consacre d’ailleurs la majeure partie de son temps libre à sa vie sociale, ses amis étant québécois, tunisiens, mexicains, français, colombiens, etc. Malgré la distance, ses origines demeurent importantes pour elle, et elle précise à cet effet : « Je garde bien entendu des liens profonds avec ma famille restée en Tunisie et mes amis dans mon pays ».
Elle ne regrette rien de sa décision d’aller étudier à l’étranger et semble, au contraire, en être très heureuse. Son expérience lui a permis de créer de nouvelles amitiés, découvrir une nouvelle culture et un mode de vie en partie différent du sien.
J’ai été élevée dans une famille très ouverte et où les traditions et la religion sont des actes personnels. J’ai vécu dans le respect de la diversité des opinions et des convictions, la tolérance. Est-ce à cause du fait que je suis le produit d’un mariage mixte et que j’ai la chance de vivre au sein d’une famille ouverte que je me suis très vite adaptée à la vie québécoise? Je ne sais pas. Bref, je suis restée en contact avec ma famille via les réseaux sociaux. Certes, la distance rend encore plus difficile le départ, puisque j’ai toujours été très proche de ma famille et de mes amis, mais le fait d’être entourée par mes nouveaux amis a énormément facilité mon séjour à Québec.
De plus, pour Jane, le Québec représentait un choix logique pour poursuivre ses études, d’abord pour la langue française qu’elle maîtrisait, ensuite pour l’excellence et la notoriété internationales du système d’enseignement. Par ailleurs, selon ses dires, elle se sentait « en phase avec la culture québécoise et les valeurs qu’elle prône ».
J’apprécie grandement la tolérance du peuple québécois et les valeurs d’intégration de la diversité au Québec. Je pense que ça constitue en partie la richesse de cette province. De plus, le Québec est une société démocratique mettant de l’avant les valeurs de liberté, laïcité et égalité. Toutes ces valeurs m’animent et me touchent.
Partager son expérience
Pleine de bonnes intentions et ravie de son expérience plus que positive, Jane n’hésite pas à dire aux gens d’oser voyager et explorer de nouveaux pays. Elle recommande vivement à ceux qui veulent venir vivre la même expérience à Québec de bien planifier leur arrivée. Ensuite, elle suggère de s’impliquer dans plusieurs activités, de sortir et rencontrer des personnes, québécoises ou non, pour vivre pleinement l’expérience. À l’université, par exemple, faire partie d’associations et s’intégrer dans la vie étudiante est une autre voie vers la pleine intégration.
Selon elle, la diversité constitue une richesse pour un peuple. Elle soutient qu’il faut
accepter les différences et vivre ensemble pour un monde meilleur, pour encore plus de tolérance et d’amour pour les générations futures. La peur de l’autre, les idées reçues et le refus de l’autre ne font que nourrir les conflits et la haine envers les autres cultures.
Par ailleurs, elle ajoute que les habitants du Québec ont souvent tendance à percevoir les pays arabes comme des pays où tout le monde est musulman. Des croyances telles que le port du voile imposé à la femme plutôt que relevant d’un choix personnel ou l’obligation de pratiquer la religion sont bien présentes dans l’esprit des Québécois, bien qu’il ne s’agisse pas de vérités fondées. Ils posent parfois des questions, cherchant à comprendre pourquoi certaines femmes arabes ne sont pas voilées, pourquoi ils ne consomment pas d’alcool ou de porc. Il ne s’agit là que d’une simple curiosité de la part des gens qui ne connaissent peut-être pas si bien cette autre culture. Jane pense « qu’en communiquant, on arrive à faire passer notre point de vue et notre opinion ».