45 Marouene Fazzi

Mariane Chabot

Marouene Fazzi, Tunisien d’origine, arriva au Québec à l’âge de 23 ans dans le but de travailler. C’est un stage au sein du gouvernement provincial qui lui permit ainsi d’obtenir un visa de travail. Depuis plus de deux ans maintenant, Marouene possède la résidence permanente canadienne.

En route vers le Québec

C’est avec l’envie de voyager et de découvrir le monde que Marouene choisit de faire ses études à l’étranger. Force est de constater qu’il ne quitta pas la Tunisie pour des raisons de guerre ou de dangers potentiels. Il souhaitait parcourir le monde dans le but de parfaire ses connaissances dans son domaine d’étude et accroitre ses possibilités d’emploi.

De ce fait, à la suite de ses études en Tunisie, il compléta son MBA en France. Il faisait partie de l’association  AIESEC, en Tunisie et en France, et c’est grâce à elle qu’il put poser sa candidature pour divers stages autour du monde. Il fut finalement recruté par le gouvernement du Québec afin de débuter un stage au Centre des services partagés du Québec. Toutefois, la décision de venir au Canada ne s’est pas prise tout de suite, considérant les autres possibilités qui s’offraient à lui et craignant le froid qui l’attendrait au Québec. Marouene se renseigna alors auprès de quelques connaissances qui habitaient dans la belle province afin d’avoir plus d’informations sur la vie qu’on y menait. Le stage étant d’une année et demie, il décida finalement de donner sa chance à la capitale nationale. C’est muni d’un visa de travail que Marouene s’envola vers le Québec, prêt à affronter l’hiver.

L’arrivée et la vie à Québec

Marouene arriva seul dans la ville. Heureusement, les membres de l’Assas l’aidèrent grandement lors de son arrivée : il fut hébergé chez l’un des membres de l’association, lui aussi Tunisien, et emménagea dans son propre appartement après moins d’un mois. D’ailleurs, il accueillit lui-même par la suite un nouvel arrivant tunisien. « L’entraide facilite beaucoup l’intégration », témoigne-t-il. La barrière de la langue n’étant pas un problème, son intégration se fit d’autant plus facilement. Il se dit choyé de ne pas avoir souffert de problèmes financiers, comme c’est le cas pour beaucoup d’immigrants ou réfugiés. Ainsi, Marouene n’éprouva aucune difficulté à se faire des amis dans son pays d’accueil. Dès son arrivée, il fréquenta majoritairement des Québécois d’origine et ce n’est que plus tard qu’il s’immergea dans la communauté arabe tunisienne de Québec. Ayant étudié en France, il affirme aujourd’hui qu’il est « plus facile » de s’intégrer au Québec que chez nos cousins français.

Au fil de ses nouvelles rencontres, Marouene constata que certains d’entre eux avaient une mauvaise représentation de son pays d’origine. Selon lui, « il ne faut pas seulement se fier aux médias pour connaître la Tunisie et les autres parties du monde ». Durant ses six années au Québec, il considère toutefois ne pas avoir été victime de racisme, si ce n’est lors d’un acte isolé dans un autobus où un homme âgé avait murmuré des propos contenant le mot « Arabe », qu’il avait tout bonnement ignorés.

Marouene put conserver certaines habitudes qu’il avait acquises en Tunisie, tel que de parler à sa mère tous les jours. Aujourd’hui encore, même s’il n’est pas pratiquant, il célèbre les fêtes musulmanes simplement parce qu’elles sont imprégnées dans sa culture. De plus, le fait d’avoir des amis tunisiens lui permet de parler arabe couramment et de ne pas perdre l’usage de sa langue maternelle.

Connaissant déjà le français avant son arrivée, il dut néanmoins s’adapter au français québécois. Dès les premières semaines, il apprit les « sacres » et adopta certaines expressions typiques, telles que « c’est écœurant » (pour souligner qu’un mets est délicieux) ou « conduire mon char » (en parlant de sa voiture). Demeurant à Québec depuis six ans, il considère qu’il s’est parfaitement intégré à la culture et aux mœurs québécoises. « Dès la première semaine, je suis tombé en amour avec la ville de Québec », se souvient-il. Il se dit aujourd’hui « Tunisien québécois ».

Regard sur le Québec

Il considère les Québécois comme des personnes « accueillantes et chaleureuses ». Selon lui, il n’y a aucune barrière à l’intégration d’une personne d’origine arabe dans la belle province. Il affirme que, durant les six dernières années, la grande majorité des gens qu’il a rencontrés ont fait preuve d’ouverture d’esprit et d’ouverture aux autres cultures.

L’attentat du 29 janvier 2017 à la grande mosquée de Québec a même renforcé sa perception positive du peuple québécois. En effet, les cérémonies faites en l’honneur des victimes et les marches de soutien aux victimes et à leurs familles l’ont beaucoup touché. Il a remarqué, lors de la marche, qu’il y avait beaucoup de Québécois d’origine, peut-être même plus qu’il y avait de musulmans. Il y a reconnu son pays d’accueil : le Québec est selon lui un endroit sécuritaire où le peuple soutient la communauté arabe musulmane. Il a pu faire un constat similaire lorsqu’il est allé s’impliquer dans l’accueil des réfugiés syriens. De son expérience, « le Québec est une bonne terre d’accueil ».

Conseils pour les nouveaux arrivants

Le principal conseil que Marouene donnerait aux nouveaux arrivants est d’aller vers les Québécois. Selon lui, il est important d’avoir des amis québécois et de ne pas s’enfermer dans la communauté de son pays d’origine ou de sa religion. Il est donc d’autant plus important pour les nouveaux arrivants de s’ouvrir à la société et à la culture du pays d’accueil.

C’est bien d’avoir des amis de notre pays d’origine, partageant la même religion ou la même langue, mais il ne faut pas se limiter à cela!

Tunisie, lac de sel. Source : https://pixabay.com/fr/salt-lake-sec-statue-tunisie-250806. Crédit : jorisamonen

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