Annexe 1 : Lettres d’appui à la candidature de Jean-Marie Tremblay à l’Ordre national du Québec

Nous reproduisons ici quelques lettres d’appui reçues par Jean-Marie pour sa candidature à l’Ordre national du Québec. C’est en juin 2013 qu’il a été fait Chevalier de l’Ordre national du Québec.

 

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Québec, le 26 novembre 2010

 

Objet : Candidature de Jean-Marie Tremblay au rang de chevalier de l’Ordre national du Québec

 

Madame, Monsieur,

 

C’est avec enthousiasme que j’appuie la candidature du professeur Jean-Marie Tremblay à l’Ordre national du Québec.

J’ai connu Jean-Marie en tant qu’étudiant à l’Université d’Ottawa au début des années soixante-dix. Parmi les cheminements universitaires diversifiés, il y avait un étudiant du troisième type qui, au premier temps libre, se réfugiait dans sa chambre entièrement tapissée de livres… pour lire. C’est assurément son avidité inextinguible pour la lecture qui lui a permis de colliger et de publier Les Classiques des sciences sociales.

Qui pouvait prévoir que la révolution du cyberespace aurait pu lui donner cette occasion de mettre en ligne ses lectures, non seulement pour les étudiants, mais pour tous ceux qui recherchent un sens à la vie collective au-delà des « bonnes raisons » qu’ils se donnent pour vivre. Cette quête de sens s’élève à un niveau de questionnement universel qui interpelle l’humanité.

C’est une bibliothèque entière que le professeur Tremblay a réussi à mettre en ligne et celle-ci fait l’envie de beaucoup d’intellectuels qui se consacrent, notamment, aux Sciences sociales. En cela, ce travail d’esthète et d’érudit rappelle l’impératif condorcétien de la diffusion des Lumières dont Fleury Mesplet fut le pionnier en Nouvelle-France.

Le professeur Jean-Marie Tremblay est un exemple pour le Québec. Un exemple de détermination hors du commun qui se révèle plus fructueuse que ne le sont les maigres subventions accordées aux travaux qu’il a menés. Son « esprit d’entreprise » exceptionnel, envers et contre beaucoup de sceptiques, n’est pas motivé par le profit, mais repose sur l’art de convaincre, de stimuler, de mobiliser une organisation bénévole pour atteindre un but profitable pour l’ensemble de la société québécoise. À ce titre, Les Classiques des sciences sociales sont des dons gracieusement offerts à tous les esprits curieux qui souhaitent ajouter une pierre à l’édifice de la connaissance.

La collection Les Classiques des sciences sociales, en tant que réalisation immatérielle, est une matière première non monnayable disponible à proximité, et par extension concentrique, accessible au Québec, au Canada, en Amérique du Nord, dans la Francophonie et de par le monde.

Il y avait derrière le lecteur insatiable qu’a toujours été Jean-Marie Tremblay, un éditeur en ligne doté d’une exigence professionnelle inflexible. Le projet des Classiques des sciences sociales aurait pu avorter maintes fois, n’eût été la rigueur qu’il a su insuffler à son équipe. Cette fermeté assure la pérennité du chantier qu’il a construit sur des fondations solides.

Les Classiques des sciences sociales, par ses diverses collections – classiques, contemporaines, historiques, régionales, documentaires – (et jamais fondées sur une soi-disant recherche de la « ligne juste ») transmettent un patrimoine à étudier. Par ailleurs, ils témoigneront, pour l’avenir, de l’esprit du temps.

Sur ce plan, Jean-Marie Tremblay mérite les plus hautes distinctions dévolues aux personnalités exceptionnelles dont l’intérêt personnel laisse place au souci du bien commun.

Souhaitons que cette reconnaissance prestigieuse donne un supplément d’élan à cette réalisation d’une portée universelle exemplaire.

 

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

 

Alain Massot
Sociologue, Professeur associé
Faculté des sciences de l’éducation
Département des fondements et pratiques en éducation
Université Laval
alain.massot@fse.ulaval.ca

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Lettre d’appui à la candidature de monsieur Jean-Marie Tremblay à l’Ordre national du Québec

Mexico, le 19 octobre 2010

 

C’est avec grand plaisir que j’appuie la candidature de monsieur Jean-Marie Tremblay au rang de Chevalier de l’Ordre national du Québec. M. Tremblay travaille depuis une vingtaine d’années à l’organisation d’une importante et mondialement reconnue bibliothèque numérique « Les Classiques des sciences sociales », activité qu’il fait à titre bénévole et presque tout seul avec des ressources modestes.

Cette bibliothèque des sciences sociales en langue française est d’une grande valeur pour les chercheurs et étudiants francophones, particulièrement dans les pays en développement qui disposent de peu de ressources pour enrichir leurs bibliothèques. Ayant été il y a quelques années sous-directeur général pour les sciences sociales et leurs applications à l’UNESCO, j’avais pu constater directement les moyens insuffisants dont disposaient les institutions universitaires dans de nombreux pays francophones. Le projet innovateur et généreux de Monsieur Tremblay a aidé à fermer une brèche scandaleuse dans le domaine de la recherche et l’enseignement en sciences sociales.

En plus M. Tremblay est un chercheur de premier ordre sur la réalité québécoise, dont les travaux enrichissent la connaissance du Québec et du Canada francophone.

Pour ces raisons, j’appuie avec enthousiasme la candidature de M. Jean-Marie Tremblay à l’Ordre National du Québec.

Rodolfo Stavenhagen
sociologue, professeur émérite, El Colegio de Mexico,
Premier rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales des peuples autochtones.

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Jeudi le 7 octobre 2010

 

À qui de droit,

 

Le rang de chevalier de l’Ordre national du Québec pour Jean-Marie Tremblay,

 

Comment diffuser à l’étranger les travaux québécois en sciences humaines? En ouvrant à grands frais une librairie québécoise à Paris? Cela, notre ministère des Affaires culturelles l’a fait, deux fois plutôt qu’une. Avec des résultats qui n’ont satisfait personne. Et voilà que Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au collège de Chicoutimi, décide d’offrir à tous les chercheurs du monde les Classiques de sciences humaines qu’il a déjà numérisés pour ses étudiants. Aujourd’hui son site offre plus de 4200 titres et fait une place croissante aux auteurs québécois, dans le sillage des classiques, ce qui est de bonne pédagogie.

À l’occasion d’une tournée de conférences dans la région du Saguenay, je me suis rendu il y a quelques années à la résidence de Jean-Marie Tremblay pour voir de mes yeux la pile de numériseurs qu’ils avaient mis hors d’usage, lui et sa femme, à force d’en faire usage pour numériser des livres de sciences humaines. Le bénévolat, qui fit et continue de faire son succès, il l’a d’abord pratiqué lui-même dans le sous-sol de sa maison.

Le mérite de Jean-Marie Tremblay est d’autant plus grand qu’il a accompli son œuvre dans un étrange vide politique et institutionnel. On était en droit de s’attendre à ce que le Québec se dote d’une politique d’édition sur Internet de même que d’une politique de diffusion du livre sur Internet. J’ai moi-même mené, de 1995 à 1998, une recherche sur la question au terme de laquelle nous avons recommandé au Gouvernement du Québec de faire pour Internet l’équivalent de ce qu’il avait fait pour le livre, le cinéma, la radio et la télévision. Nous attendons encore cette politique. Les industries culturelles traditionnelles sont si bien établies au Québec qu’elles semblent conspirer pour empêcher que l’État ne s’intéresse à Internet comme il s’est intéressé aux anciens médias au moment opportun. Un haut fonctionnaire des Affaires culturelles, avec qui je discutais de ces questions, m’a répondu, c’était il y a quelques années, vers 2006 : « Nous ne voulons pas prendre le risque de réviser notre politique du livre ».

Jean-Marie Tremblay a pris le risque de remplir ce vide. Il aurait eu bien des raisons de perdre courage en cours de route, notamment quand il a pris, il y a quelques années, connaissance de l’ampleur du projet Google Books. Bien des titres qu’on lui avait confiés, sans lui donner de droits exclusifs de numérisation, allaient se retrouver dans la gigantesque librairie Google et apparaître au premier rang dans les résultats de recherche. Jean-Marie a poursuivi son œuvre avec le même dynamisme, persuadé que ses lecteurs du monde entier lui resteraient fidèles.

Il mérite de recevoir le titre de Chevalier de l’Ordre national du Québec. Et voici une autre raison de lui accorder ce titre : qu’il serve d’exemple d’une résistance créatrice au monopole américain sur Internet. Il s’agit là de l’opération d’impérialisme culturel la plus efficace de tous les temps.

 

Merci de votre attention,

 

Jacques Dufresne
Philosophe
Fondateur de la revue CRITÈRE et de l’Encyclopédie de l’Agora
http://agora.qc.ca

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Paris, le 9 novembre 2009

 

Objet : Témoignage en faveur de la candidature de M. Jean-Marie Tremblay.

 

Mesdames, Messieurs,

Je viens d’apprendre que Monsieur Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie, fondateur du site Internet Les Classiques des sciences sociales, se porte candidat au rang de Chevalier de l’Ordre National du Québec.

Je voudrais par la présente lettre apporter mon appui à la candidature de Monsieur Jean-Marie Tremblay.

Je suis chercheur en histoire et en philosophie, de nationalité tunisienne vivant à Paris depuis des décennies. Je témoigne que le site Les Classiques des sciences sociales m’a rendu un grand service dans ma documentation et en conséquence dans l’avancement de mes travaux universitaires. Ce site est une mine d’or pour la recherche scientifique en sciences humaines et une aide précieuse pour le savoir humain en général.

Étant moi-même auteur d’un ouvrage de référence en anthropologie religieuse, mon livre s’intitule : Le Coran, la Bible et l’Orient ancien, j’ai été honoré de voir ce livre accepté de figurer dans la catégorie des Sciences sociales contemporaines du site québécois. Ce livre est épuisé depuis des années, il fallait trouver une solution pour qu’il reste disponible à la lecture pour ceux qui n’ont pas la possibilité de le consulter dans une bibliothèque. C’est chose faite grâce à ce célèbre site de M. Jean-Marie Tremblay.

Enfin, je voudrais apporter un témoignage personnel sur la renommée et l’estime du site Internet Les Classiques des sciences sociales. En effet, j’ai rencontré il y a peu de temps à Paris le directeur d’une revue mensuelle sur les livres. C’est grâce au site québécois où figure mon adresse électronique que cette rencontre a été possible. Au cours de notre conversation, ce directeur m’a dit avec un peu de regret qu’il n’existe pas en France une structure dédiée aux livres comme celle qu’a créée Monsieur Jean-Marie Tremblay au Québec.

J’apporte ce témoignage en toute sincérité, et j’exprime mon souhait de voir Monsieur Jean-Marie Tremblay accéder au rang de Chevalier de l’Ordre National du Québec 2010.

 

Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes hommages les plus respectueux.

 

Mondher Sfar
Chercheur en histoire et en philosophie

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Montréal, 21 octobre 2009

 

À l’attention des membres du Conseil de l’Ordre national du Québec

 

Objet : La candidature de Monsieur Jean-Marie Tremblay

 

Mesdames, Messieurs,

Dans le monde québécois des sciences sociales, Jean-Marie Tremblay est un personnage à la fois exemplaire et singulier. C’est ce qui m’engage à appuyer avec enthousiasme sa candidature à l’Ordre national du Québec.

Exemplaire, tout d’abord. Monsieur Tremblay est à mes yeux – et aux yeux de nombreux autres – un modèle de professeur au niveau post secondaire. C’est en effet avec une passion qui ne se dément pas qu’il enseigne la sociologie au niveau collégial, et cela à une longue chaîne de générations de jeunes depuis 1977, c’est-à-dire depuis quelque 33 ans. Cette passion, il en témoigne par sa longévité dans la carrière, mais surtout par les initiatives successives et nombreuses qu’il n’a cessé de prendre pour améliorer son enseignement et celui de ses collègues.

Depuis le tout début de sa carrière jusqu’à aujourd’hui, Jean-Marie Tremblay a travaillé à mettre à la portée de ses étudiants et de ses collègues la documentation la plus pertinente pour nourrir et enrichir l’enseignement et pour motiver étudiants et enseignants à connaître et utiliser les œuvres anciennes et contemporaines dans leurs champs d’intérêt. On ne peut qu’être frappé du fait qu’à peine entrant dans l’enseignement, il s’est employé pendant plusieurs années à mettre lui-même sur pied un centre de documentation à l’intention des professeurs de sciences humaines de son Cégep. Il a alors compilé à cette fin des milliers d’articles de diverses provenances, susceptibles d’utilisation dans l’enseignement.

Il témoignait déjà ainsi de sa grande générosité à partager avec ses collègues, comme avec ses étudiants, les sources du savoir à acquérir ou à transmettre. Cette grande qualité, elle va marquer toute la vie professionnelle de Jean-Marie Tremblay, elle sera l’axe de sa carrière. C’est animé par cette motivation qu’il comptera parmi les premiers à s’initier à l’utilisation pédagogique de l’informatique, d’Internet, de la numérisation. Il a rapidement vu l’innovation que ces technologies nouvelles permettaient.

Singulier. C’est ici que Jean-Marie Tremblay devient singulier et personnellement j’ajoute véritablement « génial » dans le vrai sens de ce terme un peu trop galvaudé. Dès les années 80, il avait si bien perfectionné sa connaissance de ces technologies qu’il a pu commencer à les mettre à profit à l’intention d’abord de ses collègues, puis de ses étudiants et de divers auditoires. Son premier Centre de documentation s’élargissait et s’assouplissait avec les nouvelles technologies de l’information et des communications. Il en fit d’abord usage pour aider ses collègues immédiats.

C’est dans cette foulée que Jean-Marie Tremblay eut l’idée extraordinaire d’aller encore de l’avant en créant en 2000 sa célèbre banque numérique nommée : Les Classiques des sciences sociales. À cette fin, il a numérisé lui-même et avec l’aide d’autres des milliers et des milliers de pages des grandes œuvres de sciences sociales et de sciences humaines de langue française, auxquelles s’ajoutent les très nombreux écrits de chercheurs et auteurs contemporains. Ce site est maintenant connu mondialement, des millions de pages en sont consultées chaque mois par des professeurs, des chercheurs, des étudiants, des lecteurs de tous les continents.

Non seulement Jean-Marie Tremblay a-t-il eu l’idée de créer cette banque numérique qui se situe bien dans la ligne de toute sa passion pour la transmission du savoir. Mais il a consacré une somme énorme d’énergie à réaliser cette idée, qu’il ne cesse de parfaire, d’étendre, de compléter. C’est une œuvre gigantesque.

Ce faisant, Jean-Marie Tremblay a contribué d’une manière unique à mettre une immense bibliothèque à la portée de tous. Il a contribué du même coup à faire mieux connaître et mieux apprécier dans le monde entier un vaste réservoir d’œuvres classiques en langue française, ainsi que beaucoup d’œuvres québécoises, par la voie d’Internet.

Par sa carrière exemplaire et singulière, qui se continue et se poursuit avec ces deux mêmes qualités, et cela tant sur le plan international que national, Jean-Marie Tremblay mérite une reconnaissance publique et officielle de la part de l’État et de la société québécoise. C’est pourquoi j’appuie sans réserve sa réception dans l’Ordre national du Québec.

 

Je vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes meilleurs sentiments.

 

Guy Rocher Ph. D., C.Q.
Professeur titulaire
Département de sociologie
Chercheur au CRDP
Université de Montréal

 

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Montréal, le 28 septembre 2009

 

Lettre de recommandation à l’appui de la candidature de M. Jean-Marie Tremblay au grade de chevalier de l’Ordre national du Québec.

 

C’est un honneur pour moi qui se double d’un agréable devoir de recommander, avec le plus grand enthousiasme, à la bienveillante attention du Comité, la candidature de M. Jean-Marie Tremblay à l’Ordre national du Québec, au grade de chevalier.

Nul plus que cette personnalité émérite a su œuvrer, avec autant de succès, d’ampleur et autant fructueusement pendant de si longues années, et à œuvrer encore, de façon originale, novatrice, et toujours rigoureuse, d’une part, à la formation des jeunes Québécois en sciences sociales, à leur communiquer sa passion pour l’étude et les grands auteurs ainsi qu’à contribuer à assurer au Québec, d’autre part, une place de premier plan, et de principal chef de file, de l’édition numérique, sur une échelle internationale, dès la fondation pionnière en 2000 de la Bibliothèque numérique Les Classiques des sciences sociales, et de ses grands volets. À l’heure où de grands organismes, avec de très riches moyens, tels que Google ou la BNF se disputent la gloire de numériser les œuvres du patrimoine humain, voici que déjà, depuis plus d’une vingtaine d’années, un modeste citoyen de Chicoutimi qui aimait les livres, les sciences sociales et la philosophie et qui voulait surtout rendre accessible le plus grand nombre de ces trésors au plus grand nombre, a entrepris tranquillement de numériser les œuvres fondamentales aux fondements de notre culture. Et maintenant, cette Bibliothèque, logée à une adresse québécoise, mais qui dépasse ses frontières, est consultée à tous les mois au rythme d’un million de pages, et rend des services immenses et continus aux étudiants, aux chercheurs, aux « honnêtes gens » du monde entier, sur les cinq continents. Le soulagement est grand, et la flamme se rallume, quand dans tel ou tel coin reculé et démuni de la planète, arrive sur son bureau physique le texte fondamental qu’on recherchait désespérément, et tout cela grâce au travail de M. Tremblay et de ses collaborateurs, un travail de bénédictin moderne.

M. Tremblay se distingue par de remarquables mérites auxquels je ne peux rendre que faiblement justice tant ils sont multiples. En voici, à mes yeux d’enseignante et de chercheure, les principaux :

Tout d’abord, sur le plan de l’enseignement, il se détache parmi ses collègues et pairs par son dévouement inlassable, sa disponibilité envers ses innombrables étudiants qui représentent la relève dynamique du Québec, ses cours qui sont paradigmatiques tant du point de vue pédagogique que théorique. La plupart sont appuyés par d’imposants outils méthodologiques et ressources textuelles et documentaires numériques. De nombreux prix sont venus reconnaître cette dimension admirable de cette personnalité émérite et si modeste, en même temps, qui s’est dépensé sans compter depuis 33 ans à préparer avec amour et beaucoup de soin les ressources informatiques nécessaires à un enseignement vivant et à un apprentissage interactif.

Cette passion pour les grandes figures intellectuelles qui ont modelé notre développement scientifique, sociopolitique et intellectuel se double de la volonté bien démocratique de les faire découvrir et goûter par le plus de monde possible. Elles ont conduit très tôt M. Jean-Marie Tremblay à se servir d’Internet pour diffuser à travers le monde, en accès gratuit, les œuvres fondamentales qu’il a entrepris avec son équipe de bénévoles à numériser. Commencée avec une dizaine de livres à sa création, la Bibliothèque compte maintenant sur le même portail Web près de 4 000 ouvrages et documents de quelque 1 160 auteurs répartis sur sept collections. C’est dire le chemin parcouru en si peu de temps.

Une autre caractéristique remarquable, et dirais-je unique, de la Bibliothèque des Classiques de M. Tremblay est que celui-ci a commencé, dès 2003, à ajouter à la collection des auteurs classiques les travaux des intellectuels québécois contemporains. Il peut être heureux, à juste titre, de voir tous les jours comment, de façon très tangible, il a réussi à montrer la force, la variété et la créativité des chercheurs québécois, à les diffuser en accès libre (avec la permission des auteurs) et à contribuer ainsi de façon soutenue au rayonnement interdisciplinaire des auteurs québécois et de la langue française, à l’échelle internationale.

La Bibliothèque numérique de M. Tremblay est encore plus qu’une simple collection de livres. Elle est un modèle et une source d’inspiration. Permettez-moi de donner ici un témoignage personnel : quand j’ai entrepris de construire, à mon tour, une encyclopédie numérique, axée sur le concept de révolution, le nom de M. Tremblay m’est venu tout de suite à l’esprit. J’ai tenu à l’associer à notre projet, et depuis, il nous aide avec générosité de son expérience et de ses ressources. Son nom est devenu un véritable garant du sérieux de toute entreprise de bibliothèque numérique. Outre cela, sa Bibliothèque constitue, au fil des ans, un forum d’échanges, de coopération et de concertation entre les utilisateurs de sa Bibliothèque et l’équipe des collaborateurs de M. Tremblay. Ce qui est aussi unique est la convivialité et la bonne humeur imprégnant ce lieu de diffusion des savoirs, qui, grâce à son caractère évolutif, devient un peu la propriété de chaque chercheur ou de chaque spécialiste : tel conseille, tel suggère cette œuvre ou une autre à numériser, voire la fournit. Plate-forme dynamique de la vie intellectuelle d’ici, les auteurs québécois ne sont pas peu fiers de figurer au catalogue des Classiques des sciences sociales et de voir leurs étudiants fréquenter assidûment la Bibliothèque, devenue pour nous quasi l’analogue de la Bibliothèque de La Pléiade, une consécration! Mais j’oserai dire avec une valeur considérable ajoutée tant du côté de la maniabilité que de l’étendue du public.

Pour conclure, je forme le vœu que les Classiques des sciences sociales soient déclarées comme étant un service universel d’utilité publique qui doit être soutenu, encouragé et célébré par tous les citoyens reconnaissants.

 

Josiane Boulad-Ayoub, membre de la Société royale du Canada
Académie des Lettres et sciences humaines
Professeur titulaire de philosophie moderne et politique
Titulaire de la Chaire UNESCO de philosophie au Canada
Et auteure reconnaissante de l’écurie des Classiques des sciences sociales!