24 Politiques de numérisation, libre accès et valorisation des patrimoines locaux des sciences humaines et sociales au Cameroun

Yves Yanick Minla Etoua

Les développements actuels des Technologies de l’information et de la communication (TIC), et d’Internet dans les sociétés d’Afrique subsaharienne francophone invitent leurs gouvernants à concevoir des politiques de numérisation visant l’intégration réussie du numérique dans différents secteurs d’activités. Orientées vers le développement socioculturel et économique de ces sociétés, les politiques actuelles au Cameroun accordent une place de choix à l’accès facile aux informations en général. Toutefois, elles sont limitées en termes de mobilisation du libre accès pour valoriser les patrimoines scientifiques locaux. Si le développement d’une société dépend de la recherche universitaire et s’il est admis que le développement des TIC modifie profondément la conduite des travaux scientifiques et leur valorisation, l’élaboration de politiques de numérisation devrait servir à la mise en place de mécanismes d’accès fluides à l’information scientifique. Cependant, dans une orientation locale du développement, il importe de valoriser l’accès aux patrimoines scientifiques locaux au sein des universités camerounaises désormais appelées à évoluer en partenariat avec les populations locales en vue d’améliorer les conditions de vie de ces dernières.

Alors que des stratégies nationales et sectorielles facilitant l’accès libre au patrimoine s’élaborent dans le cadre du mouvement du libre accès dans les sociétés d’Afrique subsaharienne francophone, on note leur forte polarisation autour des volets techniques, infrastructurels et juridiques (Piron et al. 2017). Dans le contexte universitaire camerounais, l’axe des comportements numériques à développer pour la maîtrise et l’usage du libre accès dans la perspective de valoriser les patrimoines scientifiques locaux est éclipsé. Quand il est évoqué, il concerne presque exclusivement le droit d’auteur (ministère de l’Enseignement Supérieur 2015; Piron et al. 2017). Il en résulte un décalage et un déséquilibre entre le développement de l’infrastructure numérique et celui nécessaire d’une superstructure numérique qui ferait sens en matière d’usage du libre accès dans la perspective du développement local.

Dans ce texte, je présente donc un bref exposé critique des stratégies de numérisation et d’appropriation du libre accès telles qu’elles sont déployées dans les universités camerounaises en rapport avec l’importance de valoriser les patrimoines scientifiques locaux. Je m’intéresse tout d’abord aux contenus du Plan stratégique Cameroun numérique 2020, produit par le Ministère des Postes et Télécommunication camerounais (MINPOSTEL 2016) et du document intitulé « Normes universitaires »[1] préparé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur camerounais (MINESUP 2015). Je me demande notamment comment les universités camerounaises intègrent les éléments du Plan stratégique Cameroun numérique 2020 pour valoriser, à l’aide du numérique, les patrimoines scientifiques locaux camerounais. Comment ces approches d’intégration jouent-elles sur les stratégies et les comportements des universitaires camerounais en sciences humaines et sociales, relativement à leurs pratiques de la recherche, de la publication et de la pédagogie? Je me penche ensuite sur le contenu des réflexions traitant du libre accès du point de vue d’Afrique, et particulièrement sur les interrogations et les besoins en matière de superstructure numérique. Je tente également de situer les comportements des universitaires camerounais par rapport au libre accès. Ces analyses m’amènent à constater qu’il est nécessaire de former les universitaires aux pratiques ouvertes et citoyennes des sciences pour une appropriation utile et maîtrisée du libre accès. Elles me conduisent aussi à réfléchir sur ce qu’il est possible d’envisager pour une valorisation de l’accès aux patrimoines scientifiques locaux.

Un plan numérique en phase avec des lectures critiques du libre accès au Cameroun

Le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 (2016), inspiré par le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (2009) constitue, aujourd’hui, la boussole qui encadre les initiatives numériques entreprises en contexte camerounais. En tant qu’outil de référence, il doit répondre progressivement, entre autres besoins, à ceux des universités relatifs à la numérisation et au libre accès. Des besoins qui ont déjà formulés dans le document Normes universitaires (2015) pour valoriser les productions scientifiques camerounaises. Des travaux récents ont justement souligné les avancées et les besoins liés à la numérisation dans les contextes universitaires d’Afrique subsaharienne francophone (Guédon 2016; Hachani 2016; Nkolo 2016 et Tessy 2016). Ces travaux soulignent les problèmes liés à la fracture numérique et ceux concernant l’accroissement de la pénétration d’Internet. Les auteurs de ces travaux, particulièrement Nkolo (2016), insistent également sur la nécessité de développer des stratégies en faveur du libre accès, de mettre en place des archives ouvertes, des bibliothèques numériques, des blogues et des revues électroniques en libre accès.

Le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 se penche sur les obstacles au développement du libre accès, et particulièrement sur ceux qui sont étroitement liés aux besoins camerounais en économie numérique[2]. Il s’intéresse à la position du Cameroun dans le domaine du numérique, et particulièrement à l’état du réseau numérique en termes d’infrastructure, de fluidité du réseau et de compétences en matière de numérique, des données mesurées par l’indice de préparation aux réseaux (NRI) produit par le World Economic Forum. Il est indiqué dans le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 :

Avec une valeur de 3 sur une échelle de 1 à 7, le Cameroun occupe le 126e rang mondial sur les 143 pays évalués. Il est considéré comme un pays moyen-bas. Le faible classement du Cameroun est dû notamment au faible développement des infrastructures dont la valeur est de 1.2, au faible usage individuel avec une valeur de 1.9 et aux coûts peu abordables (Plan stratégique Cameroun numérique 2020, 2016, 14).

Concernant les médias et les contenus en ligne, le plan affirme qu’un marché des produits numériques, tels que les médias en ligne, les produits culturels en ligne, les produits de la communication, « est naissant et déjà très dynamique », mais nécessite un encadrement institutionnel (« Plan stratégique Cameroun numérique 2020 » 2016, 12). Dans le champ de la production et des communications scientifiques universitaires, il révèle que les institutions de recherche par excellence (le ministère de l’Enseignement supérieur, le ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, les universités) sont en dessous de la moyenne en matière de taux de pénétration d’Internet :

Le débit moyen de l’Internet par Administration est de 4 Mb/s, soit environ 1,55kb/s par tête, ce qui est largement en dessous de l’objectif d’un accès large bande, qui devrait tourner en moyenne autour de 2Mb/s par tête (« Plan stratégique Cameroun numérique 2020 » 2016, 11).

Avec un taux d’accès à Internet large bande de 4 % au Cameroun en 2015, selon l’Indice de cybersécurité (GCI) de l’Union internationale des Télécommunications (UIT), « le Cameroun est classé 5e en Afrique et 15e exequo dans le monde. Cet indicateur montre que le niveau d’accès actuel aux TIC jouit d’un niveau de sécurité acceptable » (« Plan stratégique Cameroun numérique 2020 » 2016, 17). Concernant la connexion à Internet des universités d’État camerounaises, 28 sites universitaires appartenant aux universités d’État[3] sur 61 sont connectés à Internet, avec un accès déséquilibré selon les statuts des acteurs universitaires[4]. Si cette connexion à Internet favorise le développement de l’« e-éducation » et de la recherche, on relève des limites quant à la mise en place des bibliothèques numériques, dont la création pourrait contribuer à faciliter l’accès à la documentation scientifique. À ce sujet, il est fait mention qu’« il n’y a pas encore de bibliothèque numérique digne de ce nom » (« Plan stratégique Cameroun numérique 2020 » 2016, 13).

De manière générale, le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 propose un diagnostic de l’économie numérique camerounaise qui situe ses problèmes à trois niveaux (offre, demande, gouvernance et formation). Au niveau de l’offre, on note, par exemple le développement insuffisant des infrastructures large bande, la faible couverture des réseaux mobiles 3G et 4G et l’absence d’une industrie locale de développement des contenus numériques. Ces problèmes au niveau de l’offre se traduisent par un très faible taux d’accès à Internet haut débit par les ménages, une culture d’utilisation des TIC peu développée et un accès négligeable aux services en ligne. On constate ainsi que la situation de l’économie numérique camerounaise n’est pas reluisante. Le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 arrive à point nommé dans un contexte particulièrement marqué par d’importants besoins en matière d’infrastructures et de services. Cette situation peu enviable témoigne du paysage numérique africain francophone en général et camerounais en particulier, comme mis en évidence par des travaux produits dans le cadre du projet de recherche-action Science ouverte en Haïti et en Afrique francophone (SOHA).

Le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 envisage aussi des solutions pour répondre aux besoins identifiés. Au sujet des domaines qui concernent les universités et la valorisation des patrimoines scientifiques locaux, le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 précise les actions envisagées en matière de développement des TIC pour la recherche et l’innovation. Traitant de l’accès à la connaissance et à l’information, il revient sur la fonction des TIC et la nécessité de développer des infrastructures permettant un accès facile à un Internet fluide à domicile.

Les TIC facilitent la communication et l’accès à la connaissance et au savoir. Ils permettent aux citoyens, au-delà d’un accès facile et rapide à l’information, des gains de temps considérables notamment grâce à la disponibilité des services à distance.

Dans ce contexte, après les avancées réalisées en termes d’équipements des citoyens en téléphonie mobile, la prochaine étape serait d’accélérer le processus de démocratisation d’Internet à domicile et d’inciter à une adoption rapide des nouvelles technologies par les citoyens dans leur vie au quotidien (« Plan stratégique Cameroun numérique 2020 » 2016, 21).

Sur le plan de la recherche et de l’innovation, il propose ceci :

L’enjeu est de créer une plus grande proximité entre chercheurs du monde académique et des entreprises, pour permettre une meilleure focalisation sur des projets concrets et innovants soutenus par des industriels et un équilibre plus approprié entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée orientée vers les débouchés commerciaux (« Plan stratégique Cameroun numérique 2020 » 2016, 21).

En ce qui concerne le libre accès, le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 (2016) veut résoudre les problèmes qui freinent son développement. Il intègre les besoins formulés dans les Normes universitaires (2015). Rappelons que ce dernier document présente les normes qui sont prescrites par le MINESUP aux institutions camerounaises d’enseignement supérieur. Au sujet de l’accès aux contenus et aux services, ces institutions sont appelées à :

[…] faciliter l’accès aux contenus et aux services via des plateformes innovantes, cohérentes entre elles, adaptées aux technologies actuelles (Web 2.0, blog, forum, Wiki, etc.) et aux méthodes d’évolution clés en termes de personnalisation des contenus et de mobilité. (« Normes universitaires » 2015, 22)

Si le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 (2016) prévoit le rapprochement entre le monde de l’entreprise et celui de la recherche, il n’accorde cependant pas un intérêt particulier à la valorisation des patrimoines scientifiques locaux. Cet intérêt est par contre mentionné dans les Normes universitaires (2015). En effet, les institutions d’enseignement supérieur doivent :

[…] intégrer des services innovants dans le domaine de la valorisation de la formation et de la recherche en mettant en place une banque ou une usine numérique des savoirs, correspondant à la production et à la capitalisation de la production des enseignants, des chercheurs, voire des étudiants, et d’une bibliothèque numérique intégrant les ressources acquises ou produites par l’Institution elle-même; l’enjeu étant la constitution, la gestion et la valorisation du patrimoine numérique de l’Institution (« Normes universitaires » 2015, 22).

L’appropriation de ce plan stratégique dans le milieu universitaire est déjà visible notamment dans des entreprises de numérisation visant le libre accès de la documentation scientifique. Par exemple, avec QuickDo-BookBox, support de distribution physique de contenus numériques en Afrique, l’Université de Douala a entrepris un projet pilote de création d’une bibliothèque numérique. De plus, quelques universités (Université de Dschang, Université de Yaoundé I[5] et Université de Douala) expriment leur volonté de se distinguer en rendant accessibles les productions de leurs scientifiques en libre accès. Ces universités sont mentionnées dans des classements des universités mondiales qui s’intéressent à la présence des universités sur Internet en matière de communications scientifiques numériques (Nkolo 2016)[6]. Cependant, ces classements ne nous renseignent pas assez sur la visibilité des patrimoines scientifiques locaux camerounais. Non seulement ils sont le fruit d’une « technologie classificatoire fondée sur la quantification » (Bouchard 2013, 193) et non sur des critères qualitatifs, mais ces instruments de classification renvoient à « un dispositif de régulation des conduites à distance, donc de pouvoir, et non simplement de savoir (Bouchard 2013, 193). D’où la nécessité de promouvoir des options locales de libre accès facilitant la visibilité et la valorisation des patrimoines scientifiques locaux, et de privilégier la conception de systèmes de classement intégrant les conditions sociales de leurs productions.

En plus de la création du Centre Interuniversitaire des Ressources Documentaires (CIRD) et du Centre Interuniversitaire de l’information technologique (CITI) par le MINESUP, d’autres projets initiés dans le cadre des consortiums de bibliothèques universitaires, créés avec l’appui d’Electronic Information for Libraries (EIFL), contribuent à la numérisation des collections des bibliothèques camerounaises. Le Consortium Camerounais des Bibliothèques Universitaires et de recherche du Cameroun (COCUREL) appuie ainsi le projet THEMERATHEQUE[7] – toujours en développement – visant à créer une bibliothèque numérique des thèses, mémoires et rapports produits dans les universités camerounaises (Nkolo 2016).

Cependant, les stratégies universitaires de numérisation visant le libre accès se polarisent davantage vers un volet infrastructurel au détriment de la dimension superstructurelle pourtant mise de l’avant par des lectures critiques de la logique marchande du libre accès qui marginalise les patrimoines scientifiques africains. Ces stratégies s’inscrivent ainsi dans l’esprit industriel et marchand d’un Plan stratégique Cameroun numérique 2020 (2016) qui, en privilégiant le rapprochement entre l’entreprise et le monde de la recherche, et un accès facile aux données des recherches scientifiques, ne mobilise pas suffisamment l’appropriation du numérique dans le sens de la valorisation des savoirs et des patrimoines scientifiques locaux.

On est ainsi conduit à penser que le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 (2016) et les Normes universitaires (2015) ne s’intéressent pas particulièrement à la nature des savoirs scientifiques et des comportements à promouvoir dans la perspective d’un libre accès utile au développement local.

Des stratégies et des comportements d’universitaires acquis à la cause de l’économie de marché et de « la science dite normale »

Dans la littérature, plusieurs travaux analysent le libre accès du point de vue des questions de décolonisation et de marginalisation scientifique, dans un champ international de communications scientifiques dominé par la « science dite normale » et l’économie de marché (Guédon 2016; Kawooya 2006; Piron et al. 2017). En s’appuyant sur la notion de paradigme développée par Kuhn (1962), Guédon (2016) met en relief une organisation du front de la recherche fortement adossée sur la « science dite normale » (Guédon 2016, 78). Il met en exergue les manœuvres d’une élite scientifique mondiale en complicité avec les défenseurs d’une logique de marché. Cette élite et ces défenseurs situent généralement la pertinence des productions scientifiques non pas à partir de leurs sens et leurs utilités selon leurs contextes de production ou de la pertinence bibliographique, mais à partir de leur publication dans un certain nombre de revues et de leur présence dans de grandes bases de données comme celles du Web of Science.

Comme l’affirme Piron et Diouf (2015) en évoquant les travaux de Piron et Varin (2014) sur l’ordre normatif dominant de la science, « la science mondiale » marginalise systématiquement l’Afrique subsaharienne en s’appuyant sur :

[…] des normes balisées par l’évaluation par les pairs, la hiérarchisation internationale des revues scientifiques et des universités, le recours à des méthodologies, cadres conceptuels ou d’analyse standardisés et la domination de la langue anglaise » (Piron et Diouf 2015, 4).

Cette orientation quantitative et commerciale de la publication scientifique entretient nécessairement des mécanismes de marginalisation. Les grandes bases de données bibliographiques comme celles du Web of science et l’évaluation par les pairs des publications soumises dans les « grandes » revues scientifiques dites internationales constituent ainsi des systèmes de sélection et d’élimination de certains savoirs scientifiques produits dans les universités africaines. Ces grandes bases de données sous-représentent ainsi ces savoirs par le moyen d’« un scepticisme organisé » et les situent comme inférieurs dans une hiérarchisation des savoirs scientifiques fondée sur des critères de mesure non objectifs (Guédon 2016). Dans un article sur le copyright, le savoir indigène et les bibliothèques universitaires africaines, Kawooya (2006) évoque « l’invisibilisation » de certains savoirs produits en Afrique.

Le pillage de ce savoir et des ressources indigènes ou traditionnelles au niveau international a empêché une diffusion large de la recherche sur les savoirs traditionnels, notamment dans l’environnement numérique (Kawooya 2006, 1).

Après avoir mentionné qu’il y a un regain d’intérêt grandissant pour ces savoirs jugés « inférieurs », il explique la problématique de leur pillage et de leur brevetage par l’extérieur :

Les législations sur la propriété intellectuelle facilitent l’exploitation [de ces connaissances] en appliquant les standards occidentaux en la matière à des réalités non-occidentales, alors que des systèmes alternatifs de protection et de contrôle existent (Armstrong et Ford 2005). Du brevet sur le vivant au copyright sur des expressions culturelles, les flux « sud-nord » de ressources indigènes posent des défis majeurs sur les plans économiques, sociaux et culturels aux communautés qui les subissent (Khor 2002). L’Afrique ne fait pas exception au pillage des savoirs indigènes et traditionnels, compte tenu de son enracinement historique dans des traditions orales qui ne comportent pas de documentation sur le savoir (Kawooya 2006, 2).

Kawooya exprime ainsi des inquiétudes sur les effets du libre accès, des inquiétudes formulées également par Piron et al. (2017). Ces auteurs s’intéressent particulièrement aux « enjeux qui restent souvent invisibles dans les débats autour du libre accès, notamment les mécanismes d’exclusion mis en place par le système-monde de la publication scientifique, dominé par le modèle marchand anglo-saxon » (Piron et al. 2017, 1). En résumé, ils affirment que :

[…] une conception du libre accès qui se limite aux questions juridiques et techniques de l’accessibilité de la science sans réfléchir aux rapports entre centre et périphérie peut devenir une source d’aliénation épistémique et de néocolonialisme dans les pays des Suds. En revanche, si on intègre le souci de la mise en valeur des savoirs produits dans la périphérie et la conscience de tout ce qui freine la création de ces savoirs, le libre accès peut devenir un outil de justice cognitive au service de la construction d’un universalisme inclusif propre à une science ouverte juste. (Piron et al. 2017, 1).

En accord avec ces travaux, nous soulignons à notre tour la nécessité pour les universités africaines, notamment camerounaises, d’entreprendre des actions visant le développement d’une superstructure numérique susceptible d’aider à la diffusion, à l’accessibilité, à la discussion et à l’enrichissement des patrimoines scientifiques locaux. Comme l’a mentionné Kawooya (2006) :

Les organismes africains d’enseignement supérieur sont au centre de la transformation culturelle et sociale au point que les savoirs indigènes et traditionnels sont au croisement des réalités du monde de la recherche et de l’éducation. La recherche africaine est en contact avec les savoirs indigènes et traditionnels de bien des manières… (Kawooya 2006, 2).

Nous croyons que le milieu de la recherche camerounais a particulièrement la responsabilité de développer et de faire connaître ces savoirs endogènes et traditionnels. En termes de libre accès, il ne s’agit donc pas seulement de diffuser des productions scientifiques locales; il est davantage question de diffuser celles qui renseignent sur des questions proprement africaines et qui accordent un intérêt particulier aux savoirs endogènes et traditionnels, tout en proposant d’autres approches des pratiques scientifiques.

Mais ce rôle dévolu aux universitaires africains n’est pas mis en avant dans les Normes universitaires (2015) relativement au libre accès. Ce document minimise fortement l’axe des comportements numériques et des pratiques de recherche à développer, en vue de faciliter l’accès aux patrimoines scientifiques locaux qui étudient les savoirs endogènes et traditionnels. Un axe qui devrait pourtant être privilégié si la recherche scientifique africaine en général, et camerounaise en particulier, tient à se démarquer de celles produites dans d’autres régions du monde.

Alors que des efforts de création de bibliothèques numériques et des conditions d’accès facile à un Internet fluide sont notoires dans les universités camerounaises, les questions relatives aux pratiques de recherche et aux comportements des chercheur-e-s à développer sont très peu abordées, voire suscitent des résistances susceptibles d’entraver une appropriation pertinente ou utile du libre accès (Minla Etoua 2016). En effet, les scientifiques camerounais ne déploient pas des comportements en rupture avec les pratiques de recherche et de publication dominantes (Guédon 2016; Piron et al. 2017). Ils tendent plutôt à reproduire des attitudes conservatrices d’une culture scientifique dite « normale » (Minla Etoua 2016) qui sous-valorise les résultats des recherches locales. Ces comportements notoires, dans le domaine des sciences humaines et sociales censées porter le combat pour un libre accès utile au Cameroun, désaxent et affaiblissent les multiples entreprises techniques de libre accès qui aideraient à rendre visibles et à diffuser les patrimoines scientifiques locaux.

Des comportements de chercheur-e-s en sciences humaines et sociales en décalage avec le libre accès vu d’Afrique

De par la nature de leurs objets et du fait qu’elles constituent les cadres par excellence des questions de sens et d’enjeux de divers ordres, les sciences humaines et sociales (sociologie, anthropologie, psychologie sociale, histoire, économie, psychologie, etc.) occupent une place fondamentale dans les discussions relatives au libre accès (Chartron 2014; Minichiello 2015). Toutefois, au Cameroun, les attitudes actuelles de chercheur-e- de ces domaines contrastent avec les attentes liées à cette fonction centrale d’éveil et de sauvegarde des intérêts humanitaires qu’elles occupent. Ils expriment des réticences (dans certains cas, idéologiques) à publier dans le cadre du libre accès tel qu’il est structuré aujourd’hui. Dans certains cas, ces réticences seraient liées à leur connaissance des enjeux de protection et de contrôle liés à la diffusion des savoirs scientifiques locaux (Kawooya 2006; Minla Etoua 2016).

En même temps, le domaine des sciences humaines et sociales camerounais connaît de nombreux problèmes tels que la courte durée de vie des revues créées, les échecs des projets de création de revues, l’inexistence d’une conscience portée vers la création d’écoles ou de laboratoires de recherche, la rareté ou l’absence totale de canaux de communication scientifique en libre accès. Ainsi, comprendre les réticences à publier en libre accès du seul point de vue de la conscience du pillage et de l’exploitation culturelle et scientifique que subiraient les sociétés africaines (Kawooya 2006; Piron et al. 2017), reviendrait à valider la victimisation inutile qui est développée et qui provoque l’inertie en matière de production et de diffusion des résultats de la recherche scientifique locale. Il faut dépasser ces explications et voir aussi que les universitaires camerounais n’intègrent pas encore la culture du travail collaboratif. Ils ont du mal à se constituer en une « communauté de pratiques »[8] (Wenger 2005). Au sein de l’université, ils se côtoient, mais ne travaillent pas ensemble. Cette tendance à être des universitaires solitaires qui entreprennent des recherches et découvrent seuls sans aucune collaboration rejoint, dans certains cas, l’idée du scientifique tel qu’on se le représenterait dans la science dite classique.

D’autres thèses expliquant les réticences à publier en libre accès pointent le musellement politique et économique. Ce dernier est certes effectif, mais de moins en moins vivace et davantage occulteur des réticences profondes et prégnantes à être évalué ou à confronter ses travaux à la critique des pairs. Oui, notre contexte universitaire reste fortement marqué par une forme de « pédagogie de l’humiliation » qui suscite la crainte. Nos universités sont malheureusement des lieux où sont déployées des pratiques volontaires visant à « diminuer » les étudiant-e-s ou les collègues chercheur-e-s. On y est particulièrement attaché à une relation maitre-élève ou supérieur-subalterne de nature « rabaissante » (Merle 2005).

Cet attachement est fondamentalement lié au pouvoir et aux privilèges que le savoir scientifique accorde. En effet, le savoir scientifique est particulièrement considéré comme une ressource stratégique qui ne fait pas a priori objet de partage, mais objet de conquête, donc de conflits, de luttes et d’opposition[9]. Il est développé chez des chercheur-e-s des sciences humaines et sociales peu ouverts, qui entretiennent un sentiment de supériorité par rapport au prestige d’être chercheur-e et qui échangent leurs savoirs scientifiques contre une ascension sociale d’ordre politique ou économique.

En plus d’une pédagogie de l’humiliation, les universitaires camerounais continuent d’inscrire leurs pratiques dans un sens commun pédagogique (Astolfy 2003) et une tradition dite normale de la pratique de la science (Guédon 2016) qui valorise les égoïsmes et les scepticismes qui complotent contre les réflexions scientifiques produites dans le contexte africain. Dans une société globale où les développements des TIC contraignent à la modification des pratiques de recherche, de production et de diffusion des documents scientifiques, le libre accès sonne comme un slogan affiché dans des projets de numérisation qui n’ont pas d’impact réel sur les manières de penser et d’agir des universitaires camerounais.

Et pourtant, le libre accès est une opportunité pour les universitaires d’Afrique, et notamment du Cameroun, de s’émanciper des mécanismes de contrôle de la « science mondiale ». Il peut aussi aider à valoriser des recherches scientifiques locales, suscitant l’adhésion des sociétés au sein où elles sont produites, de par l’utilité de leurs résultats pour le développement local. En tant qu’outil puissant de communication scientifique, le libre accès favorise notamment le partage, des discussions, forcément des évaluations, donc une émulation scientifique autour des problèmes posés dans nos sociétés et des solutions locales suggérées pour les résoudre.

Une occasion de créer de grandes bases de données numériques spécialisées dans les sciences humaines et sociales permettant de conserver et de diffuser les patrimoines scientifiques locaux est ainsi offerte à nos sociétés. Cette occasion incite à entreprendre la numérisation des productions scientifiques locales qui ne sont pas en format numérique et à créer des bibliothèques ou des archives numériques. Elle appelle aussi à s’approprier ou à s’inspirer d’initiatives comme les « Classiques des sciences sociales » (Dorcé et Tremblay 2016; Tremblay et Tremblay 2016). Cette dernière est un exemple de bibliothèque numérique qui valorise et rend accessible le patrimoine scientifique francophone du domaine des sciences humaines et sociales en général, avec des collections valorisant également des milieux spécifiques (Haïti, Côte d’Ivoire, etc.).

Former aux pratiques ouvertes et citoyennes des sciences pour une appropriation utile et maîtrisée du libre accès

L’appropriation du libre accès par les universitaires camerounais répond à un besoin, celui de diffuser les patrimoines scientifiques locaux et d’en faciliter l’accès dans une perspective de développement local. Ce qui implique forcément des initiatives d’ordre infrastructurel et superstructurel. Si le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 décline comme axes majeurs la recherche et l’innovation ainsi que le libre accès à la connaissance, les appropriations qu’en font les universités devraient davantage cibler les questions de sens. Elles prendraient ainsi en compte les enjeux communicationnels qui impliquent d’office un développement en matière de superstructure numérique universitaire tournée vers l’amélioration des conditions de vie.

Un meilleur accès aux patrimoines scientifiques locaux, conçu dans cet esprit, invite donc à rompre avec le socle culturel scientifique conventionnel qui préside aux pratiques de recherche et de publication. Plus qu’une simple introduction en contextes universitaires d’infrastructures, de techniques numériques et du cadre juridique qui les accompagnent, faciliter cet accès implique une réforme axée sur l’ajustement de la culture universitaire. Autrement dit, s’inscrire dans la logique du libre accès, que l’on se le rappelle, nécessite une rupture avec les pratiques de recherche et de publication entretenues par la logique traditionnelle ou celle dite normale de la science. L’intégration de pédagogies constructivistes (Vellas 2008) – qui favorisent le travail collaboratif, l’ouverture, la réflexivité et une démocratisation des pratiques de recherche – peut également s’avérer utile. Le besoin fondamental de l’heure est donc celui de former des praticiens et des praticiennes des sciences ouvertes faisant preuve d’ouverture et de réflexivité. Former un scientifique dans ce sens revient implique de privilégier, par exemple, le paradigme constructiviste de la production de la connaissance. Dans cette optique, les universités camerounaises gagneraient à s’ouvrir davantage aux projets de formation ciblant les compétences en matière d’épistémologie de l’éducation et de pédagogie. Ces projets leur permettraient de s’approprier des cadres théoriques adéquats et utiles à une compréhension et à une implémentation pertinente ou contextualisée et cohérente du système LMD[10] et de la logique démocratique et communautaire de la recherche.

En partant du principe que des pratiques utiles des sciences ou de la recherche sont situées par rapport aux besoins d’un milieu ou d’une société bien précise, connecter le libre accès à ce qui se fait dans le contexte de son adoption lui confère un sens et une importance significative pour l’amélioration des conditions de vie. Ce principe devrait orienter l’exposition aux contenus scientifiques numériques vers les productions africaines et susciter la création ou l’adaptation à nos contextes d’initiatives numériques liées au libre accès et mises en place dans d’autres sociétés. J’entrevois ici des prolongements aux bibliothèques numériques telles que « Les Classiques des sciences sociales » ou des réseaux de diffusion tels que les Éditions Sciences et bien commun. Si des initiatives sont déjà prises dans ce sens, elles gagneraient à être soutenues par la communauté et les autorités universitaires qui leur conféreraient davantage de crédibilité, de légitimité et de visibilité.

Faciliter l’accès et valoriser les patrimoines scientifiques locaux implique aussi que les actions de développement du numérique lié à l’infrastructure soient accompagnées d’actions qui forment et préparent une superstructure à même de développer des usages pertinents du libre accès. Il s’agit, en termes de développement de cette superstructure, d’entreprendre et d’encourager des initiatives qui favoriseraient la transformation de la culture scientifique chez les universitaires camerounais.

Un autre axe fondamental en matière de valorisation des savoirs scientifiques locaux, concerne la priorité à accorder aux questions et thématiques de recherche centrées sur les besoins locaux. C’est dans ce sillage que pourraient être mis en place des mécanismes locaux d’évaluation des productions scientifiques s’appuyant sur des critères privilégiant leur utilité sociale ou socioéconomique sans négliger leur qualité.

Une appropriation contextualisée du libre accès implique nécessairement que l’on prenne position par rapport aux valeurs et aux normes de validation de la scientificité qui régulent les productions scientifiques. Le libre accès n’est pas tombé du ciel! Il porte les marques des représentations des pratiques des sciences valorisées par les systèmes technologique et scientifique dominants dans les sociétés occidentales. Prendre position par rapport à ces représentations, c’est d’abord réinterroger ces valeurs en fonction de leur pertinence au sein des sociétés vers lesquelles le numérique et le libre accès sont exportés.

Ainsi, s’approprier le libre accès dans le sens de valoriser les patrimoines scientifiques locaux requiert un examen critique des valeurs qui l’encadrent. La prise de position par rapport à ces valeurs invite finalement à réévaluer et à réinventer le sens de la science, dans l’intention de la rendre utile en termes d’amélioration des conditions de vie au niveau local.

Conclusion

Ce texte était organisé autour de trois questions principales. Après avoir exposé un état des lieux du contexte numérique camerounais à partir de deux documents : le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 (2016) et les Normes universitaires (2015), nous avons sommairement montré une tendance à une implémentation partielle de ce Plan et de ces Normes très orientée vers le développement des infrastructures, des techniques et des cadres juridiques liés au numérique. En délaissant le volet relatif à la superstructure, les actrices et acteurs des universités d’État camerounaises tendent à reproduire la vocation impérialiste ou marchande ainsi que la culture de la science dite normale qui participent à l’invisibilisation et à la sous-valorisation des productions scientifiques locales africaines.

Si des entreprises visant le développement de la culture du numérique sont déployées, elles ne pénètrent pas significativement l’univers des représentations de la science et de l’importance des patrimoines scientifiques locaux. Les artéfacts que constituent les TIC et les outils qui en découlent sont des productions sociales et véhiculent de ce fait des normes et des valeurs. Pris comme outils de communication et de diffusion des résultats des recherches scientifiques, le libre accès n’est pas neutre en soi. Il porte les marques des conditions sociales de sa production.

Le Plan stratégique Cameroun numérique 2020 (2016) devrait dépasser le cadre infrastructurel dans lequel il s’est cantonné et promouvoir un libre accès pertinent en termes de valorisation des patrimoines scientifiques locaux. De même, les Normes universitaires (2015) gagneraient à orienter leur appropriation du libre accès vers la mise en valeur des savoirs locaux ou endogènes africains en général et camerounais en particulier.

Dans l’optique d’une intégration pertinente du libre accès comme outil qui valorise les patrimoines scientifiques locaux camerounais et africains, les universités d’État camerounaises devraient davantage miser sur la formation d’une superstructure numérique adaptée à leurs besoins. Il s’agit alors de privilégier une adoption contextualisée du libre accès.

Ce texte suggère que toute entreprise d’appropriation scientifique d’un instrument s’amorce avec un examen critique des représentations qui l’accompagnent. Les initiatives ayant pour objectif de valoriser les patrimoines scientifiques locaux par le libre accès doivent se demander ce qu’être un universitaire devrait susciter et signifier dans la société camerounaise d’aujourd’hui. Une telle question ouvre les débats sur la science, ses valeurs et ses normes. Les universitaires camerounais doivent se sentir concernés par les défis de leur société et du monde, être disposés à participer à la construction des solutions aux problèmes de leur temps et de leur espace, être capables de faire valoir les conclusions de leurs recherches et d’enrichir celles des autres dans un environnement social partagé, en se servant des outils de communication adaptés.

Dans ce sens, l’appropriation locale des « Classiques des sciences sociales » – une bibliothèque numérique fondée par Jean-Marie Tremblay en 1993 et accessible sur Internet depuis 2000[11] – par un groupe de chercheurs camerounais pourrait être présentée comme une contextualisation d’une initiative de numérisation des productions des sciences humaines et sociales née en contexte québécois. En s’inspirant des exemples des universitaires d’Haïti et de Côte d’Ivoire, une version camerounaise[12] de cette bibliothèque numérique ciblerait les patrimoines scientifiques locaux camerounais. Aussi cette initiative aiderait-elle à construire des cadres de réflexion sur les sciences humaines et sociales relativement aux problématiques dont elles traitent en contexte camerounais. L’intérêt de telles rencontres étant de créer une communauté des pratiques des sciences humaines et sociales camerounaise, axant ses réflexions et ses débats sur les enjeux de développement socioéconomique et socioculturel camerounais. Une communauté au sein de laquelle pourrait être insufflé un autre esprit de la recherche scientifique, en rupture avec celui de la science dite normale (Guédon, 2016).

Références

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  1. Les « Normes universitaires » est un document qui précise les « minimas » permettant aux institutions d’enseignement supérieur camerounaises « d’accomplir, avec une efficacité certaine, les principales missions statutaires à elles assignées, à savoir : l’enseignement, la recherche et l’appui au développement » (MINESUP 2015, 17). Le document s’efforce de se conformer aux standards internationaux reconnus en la matière et prend en compte leurs diversités en fonction des champs de formation.
  2. Dans ce texte, le terme « économie numérique » épouse les contours que lui attribue le Plan stratégique Cameroun numérique 2020. Il ne se limite pas aux conceptions qui réduisent l’économie numérique au commerce électronique, mais renvoie aux pratiques et activités d’échange rattachées aux services et infrastructures de communications de divers ordres liées aux télécommunications, à l’audiovisuel, aux logiciels, aux réseaux et services informatiques et aux services et contenus en ligne.
  3. Le Cameroun compte huit universités d’État (Université de Yaoundé I, Université de Yaoundé II, Université de Buéa, Université de Douala, Université de Dschang, Université de Ngaoundéré, Université de Maroua et Université de Bamenda). Ces universités sont réparties sur 61 sites dispersés sur les dix régions du pays.
  4. Alors que l’Université de Yaoundé I est couverte en Wi-Fi, avec une possibilité d’accès Internet élargie à l’ensemble de la communauté universitaire, à l’Université de NGaoundéré et dans d’autres universités, Internet n’est accessible qu’aux enseignant-e-s, aux chercheur-e-s et aux cadres universitaires.
  5. Par ailleurs, en 2016, un partenariat liant l’Université de Yaoundé I à Elsevier devait permettre à la bibliothèque de cette université de passer de 27 à 51 collections en libre accès, offertes à l’ensemble de la communauté universitaire (Ivaha 2016). Toutefois, on ne connaît pas les modalités de ce partenariat et les frais d’abonnement ou de numérisation qui sont demandés par Elsevier à l’Université de Yaoundé I.
  6. Voir les classements du Cybermetrics Labs des Universités mondiales de 2015 et autres classements similaires (Web Ranking, Impact Rank and Openness Rank) et de l’International Colleges and Universities (4 ICU).
  7. http://themeratheque.com
  8. Cette affirmation s’appuie sur mon expérience personnelle. J’ai été étudiant et jeune chercheur de l’Université de Yaoundé I. En cinq ans d’activités de recherche, j’ai vécu des expériences de création de revues qui se sont soldées par des échecs. J’ai également touché du doigt cette difficulté à travailler ensemble qui est notoire dans nos universités d’État.
  9. Dans un cours sur « La sociologie africaine » en 2009, Valentin Nga Ndongo, alors promoteur de l’idée d’une sociologie africaine (Nga Ndongo, 2013), présentait, à ses étudiants, la sociologie comme un savoir à conquérir. En la comparant au « feu » qu’aurait volé Prométhée et qui renverrait selon lui à la science. Il assimilait les défis du sociologue à une « mission prométhéenne » qui consisterait alors à « aller voler le feu » que serait la sociologie pour développer l’Afrique.
  10. La réforme Licence-Master-Doctorat ou réforme LMD est un ensemble de mesures visant l’harmonisation du schéma des études supérieures. Inspirées par ce qui s’est fait en Europe et adoptées par plusieurs pays africains, dont le Cameroun, ces mesures d’ordre pédagogique modifient la structure et les pratiques de formation dans le but de les adapter aux standards européens. Elles appellent à mettre en place une architecture basée sur trois grades (licence, master et doctorat), une organisation des enseignements en semestres et unités d’enseignement, la mise en œuvre des crédits et la délivrance d’une annexe descriptive du diplôme.
  11. http://classiques.uqac.ca/inter/a-propos.php
  12. http://classiques.uqac.ca/contemporains/etudes_cameroun/etudes_cameroun_index.html