9 Le redoublement au primaire dans la commune de Tchaourou (Bénin) : une analyse exploratoire

Anselme Houéssigbédé et Judicaël Alladatin

Résumé

Cet article vise à faire une analyse différentielle du redoublement au primaire dans la commune de Tchaourou, la plus vaste commune du Bénin. Le redoublement est un phénomène d’actualité ayant fait l’objet de plusieurs études et analysé sous plusieurs angles. Tandis que certains auteurs s’intéressent à ses causes et son efficacité relative, d’autres se penchent sur ses conséquences, y compris le coût qu’il constitue tant pour l’élève et ses parents/tuteurs que pour le système éducatif. Plusieurs facteurs sont susceptibles d’influer la probabilité qu’à un écolier  de reprendre une classe. On distingue les caractéristiques personnelles de l’élève, celles du système scolaire ainsi que celles de l’environnement social ou familial de l’élève. La présente étude qui s’inscrit dans une approche quantitative révèle dans quelle mesure les taux de redoublement peuvent varier selon les caractéristiques de l’élève (sexe et âge) et celles de son milieu familial.

Mots clés : Redoublement, éducation primaire, déterminants, environnement familial et social, caractéristiques des élèves.

 

Introduction

L’éducation est un droit humain fondamental reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’Homme en son article 26. Malgré les efforts que fournissent les pays africains à travers diverses politiques éducatives pour le respect de ce droit, plusieurs maux gangrènent encore les systèmes éducatifs africains et béninois en particulier. Au nombre de ces derniers, on retrouve, par exemple, la déperdition d’effectifs scolaires en l’occurrence les redoublements et les abandons. Quand il s’agit de mettre en doute l’efficacité des systèmes éducatifs, plusieurs études pointent du doigt le redoublement que nombre de chercheurs estiment inefficace et non bénéfique tant pour les systèmes éducatifs que pour les élèves, leurs familles et la nation entière (Pauli et Brimer, 1971; Gimeno, 1984; Paul, 1997; Paul et Troncin, 2004). Lorsqu’il est répétitif, le redoublement peut même parfois compromettre la poursuite du cursus scolaire consécutivement à un renvoi. Il a été démontré que le redoublement au primaire, qui a priori permet aux élèves faibles d’améliorer leur performance scolaire, engendre plus de problèmes qu’il n’en résout. En effet, à compétence sensiblement égale, les élèves qui redoublent progressent moins que leurs homologues non redoublants (Paul, 1997) et le fait d’avoir redoublé porte atteinte à l’estime de soi des élèves, ce qui pourrait conduire à un découragement et à une diminution de leur motivation. Les effets du redoublement ne se résument guère aux élèves, mais s’étend aussi à leurs familles et par extrapolation à la société et à tout le pays. L’accroissement unitaire du nombre de redoublants implique un supplément de ressources financières investies dans l’éducation. Le coût économique des redoublements est de ce fait incontestable (Daeppen, 2007; UNESCO, 1998; Pauli et Brimer, 1971).

Le redoublement constitue donc une problématique majeure qui mérite une attention particulière si l’on souhaite améliorer l’efficacité interne de l’enseignement primaire béninois. Il est donc important d’identifier et de comprendre les facteurs et les causes qui y sont associés notamment les facteurs socioéconomiques.

C’est dans ce cadre que se situe le présent article destiné à l’analyse de l’effet des conditions sociodémographiques et familiales des élèves sur le redoublement au primaire dans la commune de Tchaourou. Cette étude a une double importance : au plan scientifique, l’étude pourrait constituer un élément de référence à d’autres études futures à Tchaourou. Au plan social, l’étude pourrait aider les autorités à mieux concevoir et orienter les politiques éducatives si ces dernières s’y intéressent.

1. Les facteurs explicatifs du redoublement : brève synthèse de la littérature

Plusieurs facteurs sont susceptibles d’influencer le résultat (passage en année supérieure ou redoublement) d’un élève à l’école primaire en fin d’année scolaire. Selon les écrits antérieurs sur la question du redoublement, trois groupes de facteurs sont identifiés. Il s’agit des facteurs individuels et personnels des élèves, des facteurs environnementaux et familiaux puis des facteurs internes aux systèmes scolaires. La relation supposée entre ces facteurs et le redoublement est illustrée à travers le schéma conceptuel suivant.

 

Schéma synthèse de la littérature sur les causes du redoublement

Source : notre synthèse des écrits antérieurs exploités

 

À travers ce schéma qui synthétise l’ensemble des écrits exploités dans le cadre de notre travail, on s’aperçoit que des facteurs individuels tels que le sexe, l’âge, la motivation de l’élève aux études, ses antécédents scolaires et sa situation sanitaire ont une influence potentielle sur le redoublement. Les déterminants du redoublement relatifs à l’environnement familial des élèves sont entre autres le niveau d’instruction des parents/tuteurs, la taille du foyer, la situation économique du foyer, l’autorité parentale et les conditions d’étude à la maison. Le troisième groupe de déterminants du redoublement constitue des causes dues au système scolaire à savoir le type d’école (public, privé), la densité des programmes d’étude, l’absence de compétences chez certains enseignants, l’insuffisance du matériel didactique, les effectifs pléthoriques, etc. Nous travaillerons sur quelques facteurs individuels et familiaux.

2. Démarche méthodologique

Les données exploitées sont celles de l’enquête réalisée par l’École Nationale de la Statistique, de la Planification et de la Démographie (ENSPD) de l’Université de Parakou (UP), entre avril et mai 2016 sur le thème : « Activités économiques, partage des ressources et santé de la reproduction des adolescents au sein des foyers de l’arrondissement central de Tchaourou ». Nous avons exploité la base de données « foyers »[1] dans le cadre de cette étude, précisément les sections « composition du foyer », « scolarisation » et « activité économiques du chef foyer ».

Notre population d’étude est la population scolaire du primaire en 2014-2015 et l’échantillon concerné par notre travail est constitué des élèves âgés de 4 à 14 ans.

L’étude est basée sur une approche quantitative. Les méthodes statistiques utilisées dans ce travail sont de deux ordres. Dans un premier temps, une analyse descriptive (univariée et bivariée) permet d’explorer les différentes variables, d’établir des liens entre les variables explicatives et la variable dépendante. En amont, divers tests statistiques seront utilisés au besoin (tests de proportion et test d’indépendance de Khi-deux).

L’indicateur de redoublement utilisé est le taux de redoublement selon l’approche de l’UNESCO (2009) : « proportion des élèves inscrits dans une classe donnée au cours d’une année scolaire donnée qui étudient dans la même classe au cours de l’année scolaire suivante ». Il s’obtient en divisant le nombre de redoublants dans une classe donnée au cours de l’année scolaire t 1 (Rit 1)  par le nombre d’élèves qui étaient inscrits dans la même classe au cours de l’année scolaire précédente t (Eit) puis en multipliant par 100.

On a :
                                                        

Cette approche offre l’avantage d’appréhender le redoublement d’une année scolaire donnée à l’année scolaire suivante. Dans notre étude, t et t 1 désignent respectivement les années scolaires 2014-2015 et 2015-2016. Cette formule est surtout exploitée pour déterminer le taux de redoublement à l’échelle d’un pays. Elle a une certaine insuffisance qu’il est nécessaire de notifier. En effet, elle suppose qu’on appréhende le redoublement de l’année t grâce à une enquête réalisée à l’année t 1. Cette façon de faire suppose donc comme nul l’effet des phénomènes perturbateurs pouvant affecter les individus. Il s’agit du mouvement des élèves d’une école ou d’une région à une autre, des décès, etc. De ce fait, un redoublant de l’année t dans une école/région X qui se retrouve dans l’école/région Y au moment de l’enquête sera pris comme un redoublant de l’école/région Y. Ce qui rend difficiles les comparaisons entre école/région. Toutefois, il est possible que ces mouvements (entrée et sortie) de la population scolaire se compensent. Malgré cette insuffisance et compte tenu des spécificités de ce milieu, on peut supposer que l’indicateur calculé ne s’écarte pas significativement de sa vraie valeur.

3. Résultats et discussions

Sur un échantillon de 1940 élèves âgés de 4 à 14 ans et inscrits au cours primaire durant l’année académique 2014-2015, on en dénombre 342 qui ont repris en 2015-2016 la classe fréquentée un an plus tôt. On obtient ainsi un taux de redoublement de 17,62 %. Mais des disparités s’observent lorsqu’on tient compte de certains facteurs sociodémographiques individuels et familiaux des élèves.

  • Une relative concentration des redoublements dans les villages situés au centre de Tchaourou

La figure qui suit traduit la répartition du taux de redoublement selon les villages/quartiers de la zone d’étude.

 

Figure 1 : Répartition du taux de redoublement selon les villages/quartiers

Source : Nos travaux à partir des données de l’Enquête ENSPD 2016

 

Parmi les six villages/quartiers que compte l’arrondissement central de Tchaourou (ACT), celui d’Oké Lagba a enregistré le taux de redoublement le plus élevé (23,77 %) suivi de Tchaourou centre (18,59 %). Le taux le plus bas est observé à Papanè (13,64 %). Les villages/quartiers de Guinirou, Boronè et Worogui ont eu des taux de redoublement intermédiaires de 17,88 %, 17,58 % et 15,97 % respectivement.

Ces résultats suscitent quelques inquiétudes. Comment expliquer le fait que le centre-ville de l’ACT ait connu un taux de redoublement aussi élevé comparativement aux villages périphériques (à l’exception d’Oké Lagba)? Essentiellement des facteurs internes pourraient expliquer ce résultat à savoir l’effectif des classes, plus bondées au centre (environ 30 % des élèves de notre échantillon ont été enregistrés à Tchaourou centre, voir tableau 4 ci-dessus). Aussi, la qualité des enseignants pourrait être en jeu. En effet, l’insuffisance d’enseignants amène parfois à compléter les enseignants expérimentés par des locaux ou des jeunes avec peu d’expérience. Enfin, les familles au centre envoient majoritairement tous les enfants à l’école alors qu’ils n’ont peut-être pas les moyens de s’en occuper normalement. Or, en périphérie, on mise sur quelques enfants seulement. Tous ces éléments d’explication sont en réalité des hypothèses qu’il serait très intéressant de soumettre à l’analyse dans des études ultérieures.

  • Des redoublements plus prononcés au CE1 et au CE2

L’échec ou la réussite d’un élève peut être imputable à la densité du programme et au niveau d’étude auquel il est inscrit. Le graphique suivant présente la distribution du taux de redoublement selon la classe suivie par l’élève.

 

Figure 2 : Répartition du taux de redoublement selon la classe fréquentée

Source : Nos travaux à partir des données de l’Enquête ENSPD 2016

 

Les plus bas taux de redoublement sont enregistrés dans les deux premières années d’étude du primaire soient 14,32 % au CI et 15,65 % au CP. Les deux années d’étude suivantes (CE1 et CE2) connaissent les plus forts taux de redoublement (20,16 % et 21,45 % respectivement). Quant aux deux dernières années d’étude du primaire, on enregistre des taux de redoublement intermédiaires de 17,98 % au CM1 et 17,16 % au CM2. Cette tendance du redoublement observée selon la classe fréquentée est sensiblement identique à celle constatée en 2013-2014 dans le département du Borgou où les redoublements concernaient plus les classes de CE1 (18,6 %,), CE2 (19,1 %) et CM1 (19,2 %) (MEMP, 2013-2014).

Sous l’hypothèse que les taux observés par année d’étude restent constants d’une année à l’autre et que l’étude s’appliquait à une cohorte d’élèves « fictive », ces résultats pourraient s’expliquer par le fait qu’au CI et au CP, les conditions de passage en année supérieure ne sont pas trop exigeantes, ce qui implique un fort taux de promotion sans une garantie du niveau des élèves concernés. Ainsi, une fois au CE1 et au CE2, les élèves éprouvent des difficultés à comprendre leurs leçons, car ils ont traîné des lacunes jusque-là. La situation devient moins grave au CM1 et au CM2, car les élèves qui y parviennent suite au filtrage au CE1 et au CE2 auraient un niveau acceptable.

  • Le redoublement : une affaire de filles ou de garçons?

Le taux de redoublement au primaire est plus élevé chez les filles que chez les garçons, soit 18,58 % contre 16,81 %. Mais cette différence observée n’est-elle pas imputable aux fluctuations d’échantillonnage?

Afin de répondre à cette question, nous avons procédé à un test bilatéral de proportion qui compare le taux de redoublement des filles à celui des garçons au seuil de 5 %. L’hypothèse nulle Ho est : « le taux de redoublement des filles est égal à celui des garçons ». La probabilité critique du test donne 0,3091 supérieure à 0,05. Donc on ne peut rejeter l’hypothèse nulle. Au plan statistique, il n’y a pas de différence significative entre le taux de redoublement des filles et celui des garçons. Par conséquent, la différence observée est due aux fluctuations d’échantillonnage.

Des résultats semblables ont été trouvés au Burkina Faso (enquête « acquis scolaire ») et au Burundi (Ndayishimiye et Simard, 2011) où il a été prouvé qu’il n’y a pas de disparité significative entre filles et garçons en ce qui concerne le redoublement. Ceci pourrait se justifier du fait de la promotion et de l’effectivité de l’égalité des sexes en milieu scolaire dans ces régions. Les filles désormais ne seraient plus écartées, discriminées, mais elles seraient traitées et accompagnées au même titre que les garçons, ce qui fait que leur performance scolaire ne diffère pas significativement de celle des garçons. Aussi les parents auraient pris conscience de la nécessité d’instruire leurs filles, de les encadrer afin de garantir leur réussite à l’école. Des études ultérieures sur la question permettraient d’apporter plus d’éléments d’explication à ce résultat

  • Les élèves en dessous de l’âge normal d’entrée au primaire sont plus enclins au redoublement

La figure suivante illustre la répartition du taux de redoublement selon le groupe d’âge des élèves.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure 3 : Répartition du taux de redoublement selon le groupe d’âge de l’élève

Source : Nos travaux à partir des données de l’Enquête ENSPD 2016

 

Le taux de redoublement évolue à la baisse suivant les tranches d’âge. Les enfants du groupe d’âge 4-5 ans ont un taux de redoublement de 27,42 % (le plus élevé) contre 17,38 % pour la tranche d’âge 6-11 ans soit une différence de 10,4 points. La tranche d’âge 12-14 ans quant à elle a enregistré le plus bas taux de redoublement soit 15,16 %.

  • Les enfants résidant dans des foyers économiquement vulnérables sont relativement plus touchés par le redoublement

Le lien entre la situation économique d’un foyer et le rendement scolaire des enfants y résidant semble évident. Le graphique suivant permet d’illustrer ce lien dans la zone d’étude.

Figure 4 : Redoublement et situation économique du foyer

Source : Nos travaux à partir des données de l’Enquête ENSPD 2016

 

Le graphique précédent illustre les taux de redoublement selon la possession ou non d’une activité et d’un revenu par le chef de foyer désigné ci-après comme CF.

Ce graphique révèle que le taux de redoublement au sein des foyers dont les chefs ne possèdent pas d’activité génératrice de revenus est de 19,71 % contre 17,47 % dans les foyers où les CF ont une activité génératrice de revenus. Mais au plan statistique, ces deux taux ne sont pas significativement différents l’un de l’autre, car un test de proportion au seuil de 5 % accepte l’hypothèse nulle selon laquelle il n’y a pas une différence significative entre eux.

Cependant, on remarque que le taux de redoublement chez les enfants issus de foyers dont les CF n’ont pas de revenu (32,22 %) est sensiblement le double du taux de redoublement chez leurs homologues dont les CF disposent d’un revenu (16,92 %). Au seuil de 5 %, cette différence observée se révèle être significative au plan statistique avec une probabilité critique de 0,000<0,05.

  • Suis-je plus enclin à redoubler au primaire si je proviens d’un foyer où le chef est socialement vulnérable?

Le statut social est une variable de discrimination capitale en matière de redoublement au primaire, comme on peut le lire à travers le graphique qui suit.

 

Figure 5 : Répartition du taux de redoublement selon le statut du CF dans son activité

Source : Nos travaux à partir des données de l’Enquête ENSPD 2016

 

L’analyse de ce graphique permet d’appréhender les disparités du redoublement selon le statut du CF dans son activité. Il en ressort que le taux le plus élevé est constaté chez les enfants issus de foyers ayant un CF employé de bureau. Les taux de redoublement relativement les plus bas sont enregistrés chez les enfants provenant des foyers dont les CF sont des cadres supérieurs (12,50 %), des aides familiales (13,33 %) et des cadres moyens (13,51 %). Chez les enfants des employés de bureau et d’employeurs, on note des taux de redoublement relativement élevés (24,0 % et 22,22 % respectivement). Les employés de bureau comme les employeurs au vu de leurs contraintes professionnelles ne seraient pas à même de suivre leurs enfants dans leurs cursus. Des taux de redoublement intermédiaires (19,59 % et 17,28 %) sont respectivement enregistrés chez les enfants résidant dans un foyer dont le chef est un ouvrier/manœuvre ou travaille à son propre compte.

  • La fabrique du redoublement

La figure suivante résume la distribution des taux de redoublement selon les caractéristiques individuelles et familiales de l’élève. Selon les résultats obtenus, on convient de regrouper en trois classes les taux de redoublement calculés : taux de redoublement compris entre 10 et 15 % (bande verte), taux de redoublement compris entre 15 et 20 % (bande jaune) et taux de redoublement au-delà de 20 % (bande rouge).

 

Figure 6 : La fabrique du redoublement

              Source : notre réalisation

 

Ce schéma est une synthèse des taux de redoublement selon quelques caractéristiques des élèves et de leurs foyers de résidence. Les caractéristiques correspondant à un taux de redoublement situé entre 10 et 15 % sont : élèves résidant dans des villages périphériques, chef de foyer de niveau supérieur, élèves de sexe masculin et inscrits au CI ou CP, élèves dont le chef de foyer est un cadre moyen ou cadre supérieur. Pour les élèves ayant un taux de redoublement compris entre 15 et 20 %, on retrouve les caractéristiques suivantes : élèves filles, chef de foyer ouvrier, classe CM1 et CM2, âge de l’élève 6-11 ans et 12-14 ans, élèves vivant dans les villages situés au centre, chef de foyer possédant un revenu. Les élèves figurant dans la troisième catégorie (c’est-à-dire ceux dont le taux de redoublement est au-delà de 20 %) ont les caractéristiques suivantes : tranche d’âge 4-5 ans, chef de foyer sans revenu, classe CE1 et CE2, chef de foyer employé de bureau.

Conclusion et perspectives

Cet article consacré au redoublement au primaire et à ses déterminants dans la commune de Tchaourou au Bénin permet d’appréhender le niveau global du phénomène étudié. Il offre aussi l’occasion de saisir les disparités du phénomène selon certaines caractéristiques sociodémographiques (sexe et âge) et familiales (conditions économiques du foyer, la taille du foyer et le niveau d’instruction du CF) des élèves.

Nos résultats révèlent qu’il n’y a pas de différence significative entre filles et garçons en ce qui concerne l’ampleur du redoublement. Autrement dit, le redoublement atteint autant les filles que les garçons. Concernant l’âge de l’élève, un fort taux de redoublement est significativement relié à une entrée précoce au primaire. La possession d’un revenu ou non par le chef du ménage de résidence de l’élève a un pouvoir prédictif significatif sur la probabilité de redoublement, et on se rend compte, toute chose égale par ailleurs, que le risque de redoubler est deux fois moins grand chez les enfants issus d’un foyer dont le chef de ménage a un revenu que chez les enfants provenant d’un foyer dont le chef ne dispose pas de revenu. Les résultats obtenus suscitent quelques pistes de réflexions et d’actions à savoir :

– Mettre les enfants au primaire, quel que soit leur sexe, dans « les mêmes conditions » d’étude à l’école et à la maison afin de leur donner une même probabilité (a priori) de réussir;

– Promouvoir l’enseignement préscolaire pour les enfants en dessous de l’âge d’entrée au primaire (6 ans) afin de leur donner les bases nécessaires (initiation au parlé et à l’écrit du français en l’occurrence) leur permettant de progresser avec peu de risque de redoubler au primaire;

– Assister les familles défavorisées sur le plan socioéconomique afin de garantir un meilleur suivi de leurs enfants à l’école primaire;

– Approfondir l’étude sur les déterminants du redoublement à Tchaourou dans une approche qualitative ou mixte.

Références bibliographiques

Gimeno, J. B. (1984). L’échec scolaire dans l’enseignement primaire : moyen de le combattre. Genève : ATAR S. A.

Ndayishimiye, N. et Simard, L. T. (2011). La déperdition scolaire à l’école primaire au Burundi. Burundi : UNICEF.

Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (1998). Rapport mondial sur l’éducation. Les enseignants et l’enseignement dans un monde en mutation. Paris : UNESCO.

Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (2009). Indicateurs de l’éducation, directives techniques.

Paul, J.-J. (1997). « Le redoublement à l’école : Une maladie universelle? ». Revue Internationale de l’Éducation, 43 (5/6), 611-627. Récupéré le 15 décembre 2016 de : http://www.jstor.org/stable/3445069

Paul, J.-J. et Troncin, T. (2004). Les apports de la recherche sur l’impact du redoublement comme moyen de traiter les difficultés scolaires au cours de la scolarité obligatoire (n° 14). DEP/Bureau de l’édition : Haut conseil de l’évaluation de l’école.

Pauli, L. et Brimer, M. A. (1971). La déperdition scolaire, un problème mondial. Genève : Courvoisier S. A., La Chaux-de-Fond.


  1. Le foyer est un ensemble de personnes apparentées ou non reconnaissant l’autorité d’un même individu appelé chef de foyer et dont la presque totalité des ressources et des dépenses est généralement commune et dépend du chef de foyer. Les membres d’un foyer habitent sous un même toit, dans la même cour ou la même concession. Plus concrètement, constitue un foyer :- Tout individu marié (en union), - Tout individu ayant au moins un enfant ou qui attend un enfant. Les enfants qui font partie de son foyer sont ceux qui dépendent de lui dans la satisfaction de la plupart des besoins fondamentaux.

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Tchaourou, une commune béninoise Droit d'auteur © 2017 par Anselme Houéssigbédé et Judicaël Alladatin est sous licence Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, sauf indication contraire.

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