La science ouverte, le projet SOHA : analyses et témoignages

28 La science ouverte juste et le projet SOHA au Niger : quelles pratiques pour quels avantages?

Hamissou Rhissa Achaffert

Hamissou Rhissa Achaffert est sociologue au Département de sociologie et d’anthropologie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Abdou Moumouni de Niamey. Il poursuit ses études en Master II Recherche, option Sociologie de l’éducation. Il est l’assistant du projet SOHA au Niger où il a organisé plusieurs ateliers et journées d’études sur la science ouverte. Pour lui écrire : Hamissou_r@hotmail.fr

Introduction

La science ouverte juste est une nouvelle manière d’écrire, de pratiquer et de diffuser la science et ses données de manière à la rendre plus adaptée et utile aux contextes de production. Elle vise essentiellement à transformer les pratiques actuelles de la science et des universitaires (Piron, 2016b) en exploitant le plein potentiel des étudiants et des enseignants, ainsi que leurs concitoyens, afin de susciter un engagement collectif dans le respect mutuel et la complémentarité pour le bien de tous.

Comment la vision de la science ouverte juste, notamment celle développée à travers le projet SOHA, peut-elle être pertinente dans le contexte nigérien? Dans quelle mesure le collectif SOHA est-il une référence de la pratique de la science ouverte? Quelles postures les étudiants et les enseignants devraient-ils adopter afin de faire de la science ouverte un outil du développement durable local? Quelles sont les perspectives pour l’adoption de la science ouverte au Niger?

Pour répondre à ces questions, nous allons examiner les besoins en matière de connaissances et de pratiques de la science ouverte en explorant les piliers de la science ouverte, ainsi que le cadre conceptuel que nous avons développé dans le collectif SOHA.

La science ouverte et la problématique de l’accès aux ressources numériques chez les étudiants et étudiantes du Niger

La production scientifique présente sur Internet est essentiellement de deux sortes : fermée ou en libre accès. En effet, la science est devenue une marchandise dans l’esprit des grands capitalistes du savoir comme Elsevier, Scopus, Web of science, qui font de la publication et de l’accès aux articles scientifiques une stratégie d’accumulation de capitaux (Piron, 2010). D’un autre côté, il y a la production scientifique en libre accès qui permet à tous les usagers du web, quels que soient leurs revenus économiques, leur position géographique, leurs statuts, leur université, etc., d’y accéder. Le libre accès est un des piliers fondamentaux de la science ouverte.

L’accessibilité à la science du Nord pose une grande problématique pour les universitaires des pays des Suds. En effet, à la barrière financière énoncée plus haut s’ajoute la barrière linguistique. Selon Piron (2016), la prédominance de l’anglais dans les écrits scientifiques du Nord et le faible niveau d’anglais des étudiants et étudiantes d’Afrique francophone constituent un autre obstacle à l’accès à la production scientifique sur le web.

Le projet SOHA vise à combattre ces barrières d’accès à la production scientifique à travers la promotion du mouvement du libre accès et son adoption par les chercheurs et chercheuses des Sud comme ceux du Nord, ainsi qu’à encourager la publication dans les langues nationales afin de faciliter l’accès à la science au reste de la population.

La grande enquête du projet SOHA sur les obstacles à l’adoption de la science ouverte chez les universitaires d’Afrique et d’Haïti a démontré que l’écrasante majorité des étudiants et étudiants dépendent du soutien financier de leur famille. Cette situation s’observe également à l’Université Abdou Moumouni de Niamey : la bourse offerte par l’État à certains étudiants et étudiantes[1] ne couvre même pas leurs besoins de base[2].

Depuis l’adoption du système LMD (Licence Master Doctorat) imposé aux universités d’Afrique, les étudiants et étudiantes sont confrontés à de nouveaux obstacles puisque ce système exige un grand effort de la part de l’étudiant qui doit développer des compétences d’auto-formation. Le seul moyen de le faire, c’est d’avoir un accès facile et permanent à Internet. Or, aucune des cinq facultés de cette université n’offre un accès à Internet.

Alors se pose le problème de l’accès au web comme condition sine qua non pour accéder aux ressources numériques sur Internet. En effet, pour accéder à Internet au Niger, il faut activer un forfait d’une semaine à 1000 francs CFA chez l’opérateur de téléphonie mobile Orange pour avoir droit à un volume de 450 Mo d’Internet. Ça veut dire que l’on doit sacrifier une journée sans manger[3] pour pouvoir accéder à Internet. Par ailleurs, ce forfait est très insuffisant, car avec la pénétration rapide des technologies de l’information et de la communication, les étudiants et étudiantes en font divers usages, pas seulement dans le cadre de leurs travaux académiques. En plus, sous le système d’exploitation Windows 10, ce forfait s’épuise en une seule journée sans que l’utilisateur ne sache comment, même si Windows Update[4] est désactivé.

Malgré cela, l’étudiant est dans l’obligation de faire des recherches sur Internet pour approfondir le contenu de son cours, faire des exposés, faire de la recherche documentaire, etc. Ce faible accès à Internet est identifié comme une injustice cognitive, car il constitue un blocage au développement du capital culturel des étudiants.

Cette injustice est définie par Piron (2016) comme étant « une situation, un phénomène, une politique ou une attitude qui empêche les étudiants, étudiantes, chercheurs et chercheuses de déployer le plein potentiel de leur capacité de recherche scientifique en faveur du développement durable local de leur pays ».

Ce concept fait référence à toute barrière qui tend à limiter le pouvoir d’agir des individus. L’accès à certaines ressources scientifiques est payant sur Internet : même si l’étudiant franchit la barrière d’accès à Internet malgré sa cherté, il doit en plus payer pour accéder aux productions scientifiques disponibles sur le web. C’est le mur payant. La situation se présente comme suit : souvent, pour accéder à un article, il faut suivre tout un processus.

Par exemple, pour celui qui cherche et trouve un article sur Research Gate, il lui faut d’abord ouvrir un compte ou connecter son compte Facebook ou Gmail avant de télécharger l’article. On exige même souvent de déposer un article avant d’en télécharger un autre. Également, l’encyclopédie Universalis n’offre le contenu complet des articles qu’aux étudiants qui sont abonnés.

Ce cas semble toutefois moins complexe que deux autres situations que l’on rencontre fréquemment. La première est celle où il faut payer un article pour y accéder. Or, pour disposer d’une carte de crédit à la Banque Internationale pour l’Afrique (BIA), par exemple, il faut avoir au moins 30 000 francs CFA[5]. Et tout ça pour payer un article sur Internet qui coûtera peut-être 5 euros, soit à peu près 3 250 francs CFA.

La deuxième consiste à bloquer l’accès au document à l’étudiant si son université n’est pas abonnée à la bibliothèque pour télécharger la version PDF (portable document format) de l’article. Face à ce mur institutionnel, l’étudiant n’a aucun pouvoir. Il se trouve ainsi dans une situation sans issue pour obtenir vainement une ressource qui lui est nécessaire. Cette situation s’explique par la méconnaissance chez la plupart des étudiants et étudiantes de l’existence de ressources éducatives libres et des moteurs de recherche qui filtrent les résultats de recherche selon que ces derniers soient en libre accès, c’est-à-dire accessible gratuitement sans aucun protocole, des répertoires de revues en libre accès. C’est l’exemple du moteur de recherche BASE (Bielefeld Academic Search Engine) et de DOAJ (Directory of Open Access Journal) que j’ai découverts grâce au projet SOHA. C’est pourquoi Piron (2016) affirme que « la dimension numérique de l’accès aux savoirs scientifiques produits dans les pays du Nord génère une injustice cognitive majeure » (p. 11). Cette forme d’injustice cognitive est multidimensionnelle, car elle couvre le manque d’accès à l’Internet, une visibilité inhibée de la production scientifique africaine sur le web (Mboa Nkoudou, 2016), les déficits de compétences numériques et de recherche et le mur payant une fois que la barrière d’accès est franchie. Ce qui remet en cause l’ « universalité » de la science (Achaffert, 2015).

Le problème d’accès aux productions scientifiques du Nord est dû au fait que les chercheurs locaux eux-même publient dans ces revues commerciales, exposant ainsi leurs étudiants au mur payant. À cela s’ajoutent la faible fréquence des publications, la méconnaissance des revues locales par les étudiants, l’inexistence de certaines revues en ligne et surtout une forme d’aliénation scientifique. Mboa Nkoudou (2016) a démontré que l’invisibilité des travaux scientifiques des Suds n’est pas synonyme de leur inexistence. Ce phénomène traduit tout simplement l’exclusion de la science africaine des palmarès scientifiques mondiaux et un manque de stratégies réelles de diffusion de ses productions scientifiques. Par ailleurs, cette invisibilité ne doit pas inquiéter les chercheurs et chercheuses d’Afrique, mais plutôt les inciter à développer un système panafricain de recherche de manière à ce que les écrits locaux soit visibles, lisibles localement et diffusés librement.

Malheureusement, le classement des écrits scientifiques se fait par des critères qui écartent les travaux des chercheurs des pays des Suds, comme le facteur d’impact, l’anglais comme langue de publication et le fait d’avoir publié dans les grands journaux scientifiques commerciaux. La publication dans ces revues n’est pas toujours facile pour les chercheuses et chercheurs africains (Piron, 2016).

La science ouverte et le projet SOHA offrent une alternative à cette situation. En effet, en plus de favoriser le libre accès aux publications scientifiques, les chercheurs en science ouverte préconisent la création d’archives ouvertes ou dépôts institutionnels dans les universités de sorte que les chercheurs y déposent des copies de leurs livres, rapports ou autres documents d’une valeur scientifique afin qu’ils soient facilement accessibles. La science fermée sur Internet est la science d’une fraction de personnes, elle est méconnue, car elle est inaccessible à la grande majorité des Africains et Africaines. Ces productions scientifiques fermées, du fait de leurs spécificités, n’évoluent pas au rythme de la science, car plus elles sont accessibles à tout le monde, plus les apports sont compris et soumis à l’esprit critique et plus la science avance. La science ouverte facilite ainsi les progrès scientifiques et leur partage à tous, car ils constituent un bien commun.

C’est pourquoi SOHA pilote un projet de création d’une plateforme de revues africaines dénommée « Greniers des Savoirs » qui favorise l’indexation des articles par les moteurs de recherche et assure ainsi une meilleure visibilité et un accès facilité sur le web, tout en acceptant les publications en langues locales. Il s’agit donc d’un système panafricain d’écriture et de publication scientifique. C’est de cette manière que les recherches scientifiques locales peuvent être visibles et utiles. Ce projet de promotion de la science africaine pourra encourager les avancées scientifiques en Afrique et favoriser un développement durable.

Pour pallier ce problème d’accès aux productions scientifiques, le projet SOHA a aussi élaboré un guide de la recherche documentaire sur le web scientifique libre[6] (voir le chapitre 12) afin d’aider les universitaires à contourner les murs payants et à développer leurs compétences en recherche scientifique sur Internet. L’élaboration de cette fiche était une réponse à un besoin constaté chez les universitaires d’Afrique et d’Haïti de connaître les revues en libre accès et les ressources éducatives libres.

Enfin, on remarque aisément que le projet SOHA fait la promotion d’une science ouverte visant à diffuser et faciliter l’accès à la science sans aucune barrière, ainsi qu’à appuyer les avancées scientifiques et les retombées locales immédiates. Ce mouvement trouve toute sa pertinence au Niger, comme dans tous les pays d’Afrique francophone et d’Haïti qui présentent des situations pratiquement similaires.

Les logiciels de la science ouverte comme alternative au coût de la technologie pour les étudiants

Le libre accès à la production scientifique numérique constitue le premier pilier de la science ouverte, qui considère les savoirs comme des biens communs à partager par tout le monde : lorsqu’on partage un fichier électronique, on ne le perd pas et on ne perd pas sa propriété (Piron, 2016). La notion de partage prend un nouveau tournant avec l’avènement du numérique.

Partager n’est pas synonyme de perdre le fichier, car ce dernier peut être copié et téléchargé à l’infini. La pratique de la science ouverte se fait par le truchement du numérique. Or, vu les conditions financières des étudiants et étudiantes, il est difficile pour eux d’en profiter en raison de l’inaccessibilité de l’Internet mais aussi de l’ordinateur : s’en procurer engendre de nouvelles dépenses insupportables.

Qui dit ordinateur dit logiciels. Faut-il les acheter et assumer les coûts d’installation des logiciels, l’achat du modem, les forfaits Internet et de l’antivirus, etc.? Oui, pour les personnes qui méconnaissent ’existence de logiciels et de systèmes d’exploitation gratuits et légers qui ne nécessitent pas de compétences particulières par rapport à l’installation et l’usage. Ce sont les logiciels de la science ouverte, gratuits et libres, c’est-à-dire qu’on peut les télécharger et les installer gratuitement et contribuer au développement de l’application.

Les étudiants et étudiantes ne pensent pas aux logiciels libres puisqu’ils sont liés à la conception encore très répandue selon laquelle ces logiciels sont porteurs de virus et ne sont pas aussi performants que ceux qui sont logiciels payants. D’où le recours au logiciel payant. Cette forme de domination idéologique des développeurs des logiciels payants est regrettable. Dans le cadre de la promotion de ces logiciels de la science, j’ai maintes fois débattu en cercle restreint, souvent en présence des enseignants, sur les logiciels libres et gratuits et la philosophie dans laquelle ils s’inscrivent.

Je faisais comprendre aux étudiants et étudiantes que les logiciels de la science ouverte sont développés par toute une communauté convaincue que le savoir est un bien commun à partager et non une arme ou une marchandise, comme le pensent les tenants du capitalisme cognitif, et qu’ils sont par ailleurs plus performants que les logiciels payants, lesquels exploitent tout simplement les ressources financières de l’utilisateur via l’exigence du paiement et du renouvellement de la licence, l’exigence de mises à jour souvent inutiles et volumineuses, les publicités dérangeantes, etc.[7] Ces logiciels viennent enfoncer les étudiants et étudiantes dans la pauvreté! C’est pourquoi les logiciels de la science ouverte conviennent mieux aux universitaires des pays des Suds.

Le système d’exploitation Ubuntu est un logiciel libre et gratuit parmi les mieux adaptés à un contexte caractérisé par de faibles compétences numériques et de faibles revenus économiques. Citons aussi Libre Office comme alternative à Microsoft Office, Mozilla et toute sa gamme de logiciels et de modules tels que Thunderbird (au lieu de Outlook), Firefox, ainsi que des millions de modules gratuits et utiles pour les universitaires comme Lazy Scholar, Google Scholar (au lieu de Edge ou Internet Explorer), Zotero (au lieu de Endnote), la grande encyclopédie Wikipédia (au lieu de Universalis), les Classiques des Sciences Sociales qui est la plus grande bibliothèque numérique francophone accessible gratuitement au lieu des bibliothèques numériques réservées aux universitaires des pays du Nord ou celles qui ne sont accessibles qu’aux universitaires dont l’université d’attache y est abonnée. J’ai pris connaissance de ces logiciels au sein du groupe Facebook du projet SOHA[8]. Pour en faciliter l’usage, certains membres du collectif SOHA ont créé des tutoriels disponibles sur la chaîne YouTube du projet SOHA[9]. Malheureusement, l’hégémonie des logiciels payants a entraîné une méconnaissance des logiciels libres que les étudiants et étudiantes membres du collectif SOHA découvrent peu à peu à travers les publications, tutoriels et formations présentées sur la page Facebook.

Le manque de formation sur la science ouverte et la méconnaissance des logiciels libres fait en sorte que leur installation est payante sur la cité universitaire de l’Université Abdou Moumouni, par exemple, l’installation du système d’exploitation Linux Ubuntu et de Firefox.

C’est pourquoi un effort doit être consenti par tous les membres nigériens du collectif SOHA afin de diffuser la science ouverte sous toutes ses dimensions et partout, afin de bannir des pratiques incohérentes ou à contresens du mouvement.

Au vu de tout ce qui précède, il est aisé de constater que la science ouverte est une science inclusive, susceptible de transformer profondément le style de vie des étudiants et étudiantes et faciliter leurs études tout en leur inculquant l’esprit de partage et surtout en facilitant l’accès à la technologie. La science ouverte telle que pratiquée dans le collectif SOHA trouve toute sa pertinence dans ce contexte.

La science ouverte ou la transformation des rapports entre universitaires et société

Pour assurer « la scientificité » d’un savoir à l’université, le cadre normatif dominant de la science conventionnelle impose aux chercheurs de s’abstenir de l’ingérence des non scientifiques dans la définition et l’élaboration des programmes et projets de recherche. Or, l’université est censée traiter de questions de développement local telles que le manque d’hygiène, la corruption, le détournement des deniers publics, la politisation de l’administration qui mine l’accès aux services publics, etc. Tous ces problèmes sociaux constituent le vécu des individus. Les structures de la société civile, les milieux associatifs, dénoncent ces pratiques via les médias et les réseaux sociaux. Mais qu’en est-il de la recherche scientifique? Est-ce qu’elle s’occupe de ces questions? Pas certain…

Comme l’affirme Florence Piron, le monde universitaire et le monde associatif se comportent souvent comme s’il s’agissait de deux mondes séparés, mais qui ont pourtant les mêmes préoccupations : comprendre, expliquer et proposer des pistes de solution aux problèmes, chacun à sa manière et avec ses ressources matérielles et immatérielles, les uns se basant sur la recherche scientifique et les autres se basant sur leurs propres compétences, expériences et vécus quotidiens. Pourquoi le milieu associatif nigérien et le milieu universitaire ne pourraient-ils pas davantage collaborer ensemble afin que les compétences soient conjuguées, dans le respect mutuel et la solidarité? La science ouverte propose en ce sens la pratique des sciences citoyennes et participatives qui visent à impliquer la population dans la recherche scientifique.

Au Niger, il existe des structures qui œuvrent pour le dialogue et le partage des savoirs entre les universitaires et leurs concitoyens, par exemple l’Université Populaire de Niamey (UPN) qui vise à partager les savoirs en langues nationales avec la population, souvent dans les quartiers populaires de la capitale Niamey, et favorise ainsi l’ouverture du monde scientifique au monde social à travers l’invitation des détenteurs de savoirs locaux et expérientiels dans le monde universitaire.

Pensons également à la structure de la société civile Alternative Espace Citoyen, un espace libre de débats ouverts sur des questions d’ordre social et politique animé par des scientifiques et des acteurs de la société civile qui croient aux bienfaits de la collaboration entre les scientifiques et les non-scientifiques. Cette action peut accroître la culture démocratique qui est gage d’une démocratie participative.

Un autre exemple est le Laboratoire d’Études et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL) organise chaque premier mardi du mois des présentations ouvertes[10] à tous les acteurs du développement et membres de la société civile afin de diffuser les résultats de ses recherches.

La science ouverte dispose quant à elle d’un outil extraordinaire qui permet de faire cette liaison entre ces deux mondes : la boutique des sciences et des savoirs (BdSS). C’est un dispositif qui permet faire la médiation entre l’université et le milieu associatif. Elle permet de répondre aux besoins en matière d’expertise scientifique de la population à travers des projets réalisés par les étudiants dans le cadre de leurs cours. Depuis la découverte de cet outil grâce au projet SOHA qui en fait la promotion, un projet de création d’une boutique des sciences et des savoirs est actuellement en cours à l’Université Abdou Moumouni de Niamey et dans 9 autres pays de la Francophonie du Sud. Une de ces boutiques de sciences et des savoirs a déjà vu le jour à Port-au-Prince en Haïti (SPOT, Savoirs pour tous). Plusieurs universités du Nord ont développé des boutiques des sciences qui transforment la pédagogie universitaire, le rôle de l’étudiant, l’université et les rapports entre les universitaires et leurs concitoyens. On retrouve des boutiques de science en France, en Irlande, en Autriche, au Canada[11], etc. (voir les chapitres X et X).

Dans le cadre des préparatifs du projet de création de la BdSS de Niamey, j’ai obtenu une bourse me permettant de participer à une grande conférence internationale à Dublin sur les boutiques des sciences. Je n’ai finalement pas pu partir parce que je n’ai pas reçu mon visa. Je suis un étudiant d’un pays du Sud : les autorités ont estimé que je ne disposais pas d’assez de ressources et que je pourrais vouloir rester là-bas clandestinement, même si je n’avais aucunement cette intention. J’ai vite compris qu’il s’agissait d’une forme d’injustice cognitive, relative à la fermeture des savoirs du Nord aux savoirs (et étudiants!) du Sud, car tous mes amis africains du collectif SOHA qui devaient y aller ont eux aussi vu leurs demandes de visa refusées ou retardées.

La boutique des sciences et des savoirs stimule une forme d’engagement social des universitaires et de tous les acteurs locaux du développement durable afin de faire front commun face aux défis liés à la quête du mieux-être. Elle engendre chez l’étudiant et l’enseignant un esprit de service à la société. Les bénéficiaires de la société civile découvrent une université qui se démarque du modèle postcolonial et qui n’est plus une boîte noire impénétrable réservée à l’élite du pays. Cet outil vient changer les pratiques d’enseignement dans les universités, car les cours et les travaux effectués par les étudiants deviennent des réponses à un besoin social immédiat.

Les boutiques des sciences et des savoirs rejettent le modèle de la cruche pleine et de la cruche vide, hérité de la colonisation, qui fait des étudiants des consommateurs de savoir et des enseignants des détenteurs de connaissances à transmettre. Les étudiants sont plutôt encouragés à travailler sur des projets en collaboration avec leurs enseignants, le rapport avec ceux-ci est assoupli en supprimant l’esprit hiérarchique entre étudiants et enseignants. Cette posture engendre une plus grande confiance en soi et le développement des capacités analytiques et réflexives des étudiants. Elle favorise aussi l’empowerment ou le renforcement de la capacité du pouvoir d’agir des étudiants.

Cet empowerment, c’est ce qui se passe dans le collectif SOHA à travers son grand groupe Facebook réunissant des enseignants et des étudiants de divers horizons, qui réfléchissent, travaillent et pratiquent la science ouverte dans la sympathie, l’amitié, la solidarité et le respect mutuel[12].

Le rapport hiérarchique limite la pensée et la réflexion de l’autre. Par exemple, un professeur qui s’impose avec son titre et auquel les étudiants se soumettent n’incite pas les autres à réfléchir. Le professeur n’est pourtant pas connaisseur de tout et n’oublions pas que la connaissance se construit de manière collective en croisant les subjectivités de chacun, telles celles qui nous ont permis de détecter neuf injustices cognitives (voir le chapitre 1).

Ce type de rapports collaboratifs doit être développé non pas seulement à l’université, mais aussi dans les services publics de l’État afin de rendre les travailleurs plus réceptifs et humains dans leur rôle d’aide aux citoyens. Cela pourrait réduire de manière significative le phénomène de la corruption dans les administrations publiques.

Hormis ce dispositif, la science ouverte encourage les publications dans les langues locales afin de lutter contre l’injustice cognitive liée à l’analphabétisme. Une fois encore, la science ouverte est une science inclusive, qui vise la justice cognitive et la conjugaison de tous les efforts, dans le respect mutuel, pour le bien commun.

Ainsi, l’engagement des universitaires à militer pour la science ouverte et l’utilisation des ressources du web libre, ainsi qu’à militer pour que les recherches locales soient publiées en langues nationales dans une revue en libre accès ou un dépôt institutionnel permettra à l’université de devenir un véritable moteur de développement durable local et de lutte contre l’injustice cognitive relative à l’exclusion du reste de la population quant à l’accès à la production scientifique et à son utilisation.

Une autre réalité est que les chercheurs font la course pour publier dans des revues à fort facteur d’impact et bien sûr à faible impact local! C’est ce que Piron (2016) appelle l’injonction paradoxale. Cette dernière engendre un mépris de soi, car les chercheurs locaux se sentent toujours en retard et ne veulent pas déployer leurs propres compétences pour produire des connaissances localement pertinentes et les mettre au profit du développement local. À cette situation s’ajoute une dévalorisation des savoirs scientifiques locaux qui ne sont pas diffusés ou connus même localement. Ce schéma constitué de l’injonction paradoxale, du mépris de soi, de l’absurdité et de l’injonction paradoxale décrivent la situation des chercheurs des universités du Sud (Piron, 2016).

Peut-être ces derniers ignorent-ils les dimensions « accessibilité » et « inclusion » en lien avec la production des connaissances scientifiques? La plupart des fonds de recherche et des primes de recherche sont accordées par les universités aux chercheurs avec l’argent des contribuables. Il est en ce sens inconcevable que les résultats de cette recherche soient inaccessibles et inutilisables par l’ensemble de la société. Il est dans ce cas indispensable de développer des stratégies de diffusion des résultats afin qu’ils soient localement connus et qu’ils stimulent l’esprit et l’avancement de la recherche.

Dans la ligne de la science ouverte, la science et l’Internet sont tous deux des biens communs, c’est-à-dire qu’ils doivent favoriser un accès juste et équitable à la science (justice cognitive).

C’est pourquoi Piron (2016) a conclu que l’accès à Internet pour tous doit être inscrit dans les objectifs du développement durable (ODD). Internet permet aux étudiants d’accéder aux publications scientifiques en libre accès, ce qui peut à terme permettre l’innovation dans les pratiques universitaires : sans Internet, le mouvement du libre accès et le projet SOHA n’auraient pas de sens.

Le Projet SOHA : une nouvelle manière d’être ensemble pour le bien de tous

Le projet SOHA est animé principalement grâce au grand groupe Facebook et les sous-groupes par discipline qui réunissent une communauté de plus de 5000 étudiants et chercheurs de divers pays (en décembre 2016). Chaque groupe Facebook créé devient un espace de partage des recherches sur Internet et favorise un accès aux connaissances relatives à un domaine de recherche précis. C’est ce qui fait dire à Batana sur son blog (2016) que « chaque sous-groupe créé est un pas de plus vers la science ouverte ». C’est un espace virtuel qui rassemble toute une communauté convaincue que le savoir est un bien commun à partager. Des relations extraordinaires existent entre ses membres et sont les piliers de la science ouverte, comme le défend Florence Piron : la sympathie, l’acceptation de la différence, l’amitié, la solidarité et le respect mutuel. En effet, cela fait partie intégrante de l’empowerment des universitaires des pays des Suds visés par le projet SOHA. Ces valeurs partagées engendrent un esprit de confiance et de développement des compétences personnelles chez les étudiants et étudiantes en les motivant dans la réalisation de leurs projets. La solidarité entre les membres, la sympathie, la compréhension mutuelle et l’amitié sont des valeurs qui soudent les liens entre tous les membres du collectif SOHA, malgré leurs différences et leur provenance multiple : Haïti, Burkina Faso, Bénin, Madagascar, Cameroun, Togo, Mali, Sénégal, France, Canada, etc.[13]. Ensemble, ils se comprennent, pensent, conçoivent des projets et partagent le désir de se rencontrer.

Unis autour d’un idéal, celui de la justice cognitive, toute cette communauté rassemble des citoyens du monde (Pierre, 2016), convaincus que le savoir est un bien commun à produire ensemble et à partager. C’est dans cette philosophie que nous avons développé des projets d’écriture numérique collaborative, à l’aide de logiciels gratuits découverts grâce au projet SOHA, comme les billets de blogs que nous partageons à l’aide de Google doc et que nous publions ensuite sur le site web du projet, ou la foire aux questions sur la justice cognitive[14].

Il est fascinant de répondre aux questions ou de poser une question simultanément sur un même éditeur de texte et de manière instantanée.

Barry (2016) avait bien compris l’usage de ces logiciels gratuits d’écriture collaborative sur le web et ses bienfaits fondés sur la confiance et la création collective de la connaissance. L’incitation à l’écriture des billets de blog et l’écriture numérique collaborative (qui est un des piliers de la science ouverte) permet de développer les compétences en écriture scientifique.

D’ailleurs, j’ai rédigé et publié mon premier billet de blog[15] grâce au projet SOHA, qui m’a convaincu que je pouvais écrire encore plus librement mes convictions et mes pensées.

Le réseau social Facebook est devenu un espace de pratique de la science ouverte à travers les discussions entre les membres du collectif SOHA et les petits groupes de réflexion, par exemple celui autour de la pédagogie universitaire qui avait permis la fabrication des concepts tels que la pédagogie de l’humiliation, lequel est la négation de l’émancipation et de l’empowerment des étudiants et étudiantes.

Cela démontre l’évolution d’un réseau social en une université virtuelle ouverte dans laquelle les cours sont accessibles, les trouvailles sont partagées, les enseignants et les étudiants sont dans des rapports égalitaires et solidaires, tout le monde apprend et les discussions se font de manière respectueuse.

Pierre (2016) avait compris ces interactions extraordinaires entre les membres du collectif SOHA, comme on peut le constater dans le titre de son billet de blog « Maintenant à chaque clic, j’apprends et je partage ». Il raconte cette transformation d’un réseau social en une université virtuelle ouverte, un espace de pratique de la science ouverte (Batana 2016), de formation scientifique, d’accès libre au savoir et à l’information scientifique.

Ces rapports humains autour de la science ouverte augmentent l’empowerment des étudiants et contribuent au développement de l’esprit d’engagement pour le bien commun, la confiance en soi et la création collective de la connaissance. En effet, le collectif SOHA est certes un espace virtuel, mais il reste une référence en matière de pratique de la science ouverte.

Il est stimulant de prendre conscience de ce que permet le projet SOHA : le partage des recherches sur Internet, les discussions ouvertes, le tutoiement entre les membres malgré leurs divergences de statuts, d’âge ou de niveau, la sympathie, la gentillesse, l’amitié et la solidarité autour d’un idéal partagé de justice cognitive afin de faire de la science un bien commun accessible à tous.

C’est ce qui nous amène à dire que la science ouverte est une posture, un esprit, l’esprit du partage, d’être ensemble de manière sympathique et solidaire pour le bien de tous. Le projet SOHA va se terminer, mais son esprit doit être incorporé dans les piliers de la science ouverte en tant que valeur à promouvoir dans le monde de la recherche et dans la vie sociale également.

Perspectives pour l’adoption de la science ouverte au Niger

Comme nous l’avons remarqué, la science ouverte, à travers les cinq piliers que sont le libre accès, le travail collaboratif, les logiciels et licences libres et le rapprochement des universitaires et de la société, constitue l’un des besoins fondamentaux des universitaires des pays du Sud. En effet, comme l’avait démontré Piron (2016), l’injustice cognitive et ses différentes manifestations relèvent d’une part de la fracture économique qui engendre une fracture numérique, laquelle a des impacts dans les pratiques académiques, informationnelles et de recherche chez les universitaires. Particulièrement dans le contexte nigérien, le principal obstacle à l’adoption de la science ouverte est le faible accès au web et la cherté de la connexion Internet pour les étudiants et étudiantes. En effet, les forfaits Internet sont chers et ne sont pas de bonne qualité partout. Ainsi, un accès au web doit être exigé et les étudiants et étudiantes doivent surtout être sensibilisés aux bons usages du web.

Pour cela, il faut premièrement adapter les pratiques, les postures et les attitudes préconisées par la science ouverte au contexte des pays du Sud et sensibiliser les étudiants et les enseignants à ses bienfaits. Deuxièmement, un effort de diffusion doit être consenti par les membres du collectif SOHA à travers les réseaux sociaux pour faire connaître le mouvement de la science ouverte et ses outils aux universités de l’intérieur du pays, notamment celles d’Agadez, de Dosso, de Maradi, de Zinder, de Tillabéry, de Tahoua et de Diffa. Ainsi, les étudiants et étudiantes pourront exploiter le plein potentiel des ressources éducatives libres et des logiciels de la science ouverte au lieu d’acheter des logiciels qui font grimper la connexion Internet, nécessitent de lourdes mises à jours et ralentissent les ordinateurs. Troisièmement, il faut déconstruire les représentations et perceptions que les universitaires et leurs concitoyens ont de l’université en leur montrant qu’elle est simplement un espace ouvert de création de savoirs permettant de générer une meilleure qualité de vie. Cela transformerait profondément les rapports humains dans le monde scientifique et ses liens avec le monde social, favorisant ainsi une plus forte participation des étudiants et des associations au fonctionnement de la boutique de science.

C’est pourquoi, pour favoriser l’ancrage culturel de la boutique des sciences et des savoirs, il est préconisé de faire des traductions, de communiquer en langue locale et, surtout, de l’implanter en dehors de l’université.

L’esprit de la science ouverte doit être diffusé dans toutes ses dimensions : le libre accès à la connaissance et à l’information scientifique, le rapprochement des universitaires et de la société, l’usage des logiciels libres et gratuits, des rapports humains ouverts dans le monde la recherche, la valorisation des savoirs locaux à travers l’utilisation du numérique (Mboa Nkoudou, 2015), la collaboration entre scientifiques et non scientifiques, le changement dans les pratiques pédagogiques à l’université et l’esprit de responsabilité dans la recherche de sorte que les problèmes traités soient localement pertinents et que les résultats soient accessibles du point de vue linguistique et diffusés à travers le web. Les universitaires doivent adopter les valeurs et les pratiques de la science ouverte ainsi qu’être convaincus qu’ils ont les compétences et les capacités de contribuer au développement de leurs pays en changeant leurs rapports humains, leurs rapports avec le reste de la population et leurs rapports à la science elle-même. Cela est tout à fait possible avec l’organisation de conférences ou de présentations par des membres du collectif SOHA formés en science ouverte.

Quant à eux, les enseignants et enseignantes doivent comprendre la nécessité de collaborer avec les étudiants et étudiantes et de les encourager dans leurs travaux académiques et de recherche, afin qu’ils puissent acquérir d’excellentes capacités de compréhension et de résolution des problèmes sociaux dans le but de contribuer au développement durable local. Cela passe nécessairement par un rapport enseignants-enseignés moins hiérarchique, dans un esprit de solidarité et de confiance.

Une telle collaboration est gage du succès de la mise en place d‘une boutique des sciences et des savoirs afin de pratiquer une science citoyenne et participative.

La confiance entre les étudiants et étudiantes favorise l’esprit collaboratif créatif nécessaire à la réalisation de grands projets de développement local. Leurs idées doivent être appuyées et encouragées par les enseignants et enseignantes, ce qui renforce la confiance des premiers quant à leur capacité à innover pour le bien commun, favorise leur empowerment et augmente leur engagement social et scientifique.

Les universitaires doivent aller à la rencontre des membres d’associations à but non lucratif, d’organismes communautaires, de regroupements des femmes et de toutes autres formes de structures de la société civile pour leur signifier leur désir de collaborer et de les inclure tant dans la définition des projets que dans la diffusion des résultats,dans le respect mutuel et la solidarité. Ils doivent prendre soin de ne jamais mépriser les compétences et connaissances du reste de la société civile, et ce, durant tout le processus de la recherche. Des initiatives comme l’Université Populaire de Niamey, la création de la boutique des sciences et des savoirs ou Alternatives Espaces Citoyens, doivent être encouragées et soutenues afin que la confiance et la collaboration se créent entre divers acteurs et qu’ils puissent réfléchir ensemble pour un développement local durable.

L’université doit encourager les publications en libre accès et en langues nationales et ces dernières doivent être enseignées avec engagement et rigueur. Les responsables administratifs doivent se joindre au mouvement de la science ouverte et surtout faire adopter au sein des universités le cadre alternatif de recherche et d’enseignement qu’offre la science ouverte. Cela suppose une transformation profonde de la pédagogie universitaire et favorise le développement de la citoyenneté scientifique. En plus, les cours universitaires doivent être révisés afin d’enseigner la pensée africaine, les savoirs locaux et les valeurs des sociétés africaines en philosophie, en sociologie, en anthropologie sociale et en histoire, au détriment des savoirs produits dans le cadre normatif positiviste. Ces derniers sont légitimés par le parcours du combattant imposé jusqu’au doctorat pour obtenir le titre permettant de conduire des recherches. Or, les savoirs expérientiels et locaux qui régulent la vie sociale dans les communautés ne nécessitent pas de postures imposées par la science conventionnelle. D’ailleurs, cette dernière elle-même puise dans les savoirs locaux et les expériences des individus[16].

Dans l’esprit de la science ouverte, le croisement des subjectivités est générateur de connaissances. Cela permet de lutter contre les manifestations actuelles de de l’ancrage colonial du rapport au savoir.

Les langues nationales du Niger doivent être enseignées de la maternelle jusqu’à l’université afin de se sortir d’une colonisation linguistique et spirituelle dans le monde de la recherche. Se décoloniser, c’est se coloniser, c’est-à-dire choisir soi-même ses propres valeurs culturelles. L’influence de la colonisation est omniprésente dans nos pratiques et influence notre propre perception de nos capacités en tant que peuple.

Également, les gouvernements doivent appuyer les projets de création de boutiques des sciences et des savoirs et établir une distribution équitable des fonds de recherche et des bourses entre les universités, aux enseignants et aux étudiants.

Enfin, l’accès au web et à l’information scientifique doit être un droit pour tous les Nigériens afin de promouvoir la culture démocratique, augmenter le civisme, l’amour de la patrie, favoriser la démocratie participative et encourager un développement durable local.

Conclusion 

En définitive, le projet SOHA et le mouvement de la science ouverte en général apportent des réponses aux besoins réels de la société nigérienne, tout particulièrement aux universitaires. La science ouverte juste constitue une manière d’être des citoyens et un engagement collectif pour le bien commun. L’expérience de la pratique de la science ouverte juste à travers le grand groupe Facebook du projet m’a persuadé que c’est une posture spirituelle qui vise à la responsabilisation de chacun quant au devenir de sa société et du monde en général. Une telle posture est susceptible d’engendrer des changements positifs dans la société globale en combattant tous les obstacles qui nuisent à la contribution de tous au développement local.

La science ouverte juste doit être adoptée dans toutes les universités du Niger, pour valoriser et déployer le plein potentiel des individus au profit du bien commun, à travers le dialogue et le respect de tous les savoirs humains (expérientiels, contextuels, subjectifs, locaux, endogènes, etc.). Ces savoirs ont la même valeur heuristique que ceux produits par les scientifiques et les universités, mais sont beaucoup plus ancrés dans la culture et doivent à ce titre être respectés, valorisés et utilisés au service du bien de tous.

Références

Pierre, Anderson (2016), Maintenant à chaque clic, j’apprends et je partage. [En ligne] www.projetsoha.org/?p=1188

Barry, Binta (2016) Bonheur du travail collaboratif grâce aux outils du web. [En ligne] www.projetsoha.org/?p=1238

Rhissa Achaffert, Hamissou (2015), Le paradoxe d’une science dite « universelle ». [En ligne] www.projetsoha.org/?p=885

Rhissa Achaffert, Hamissou (2016), « Ma découverte du projet SOHA a transformé ma vision des rapports entre la science et la société! ». [En ligne]www.projetsoha.org/?p=998

Batana, Jean-Baptiste (2016), Les groupes SOHA sur Facebook : Un groupe de plus est un pas de plus vers la science ouverte. [En ligne] www.projetsoha.org/?p=1206

Mboa Nkoudou, Thomas Hervé (2016), Le web et la production scientifique africaine : visibilité réelle ou inhibée. [En ligne] www.projetsoha.org/?p=1357

Mboa Nkoudou, Thomas Hervé (2015). Stratégies de valorisation des savoirs locaux africains : questions et enjeux liés à l’usage du numérique au Cameroun. Éthique publique. Revue internationale d’éthique sociétale et gouvernementale, (vol. 17, n° 2). [En ligne] http://doi.org/10.4000/ethiquepublique.2343

Piron, Florence (2010). La citoyenneté scientifique contre l’économie marchande du savoir. Un enjeu d’éthique publique. Éthique publique. Revue internationale d’éthique sociétale et gouvernementale, (vol. 12, n° 1), 79‑104. [En ligne] http://doi.org/10.4000/ethiquepublique.240

Piron, Florence (2016a), La science ouverte peut-elle réduire l’aliénation épistémique? présentation., [En ligne] http://fr.slideshare.net/FlorencePiron1/la-science-ouverte-peutelle-rduire-lalination-pistmique

Piron, Florence (2016b), La science ouverte : Portrait d’ensemble, présentation. [En ligne]http://fr.slideshare.net/FlorencePiron1/la-science-ouverte-portrait-densemble-outil-de-formation

Pour citer ce texte :

Achaffert, Hamissou Rhissa. 2016. « La science ouverte juste et le projet SOHA au Niger : quelles pratiques pour quels avantages? ». In Justice cognitive, libre accès et savoirs locaux. Pour une science ouverte juste, au service du développement local durable, sous la direction de Florence Piron, Samuel Regulus et Marie Sophie Dibounje Madiba. Québec, Éditions science et bien commun. En ligne à https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/justicecognitive1

 


  1. Moins de 25 % des bacheliers bénéficient de la bourse. Plusieurs critères d’attribution sont exigés par l’Agence nationale des allocations et des bourses (ANAB) comme l’âge, le sexe, le revenu des parents, la série du baccalauréat et la mention.
  2. La bourse est de 105 000 francs CFA tous les trois mois, soit 1 166 francs CFA par jour. Or, il y a souvent quatre ou cinq mois de délai avant d’obtenir les versements complets de la bourse.
  3. Si le montant journalier des dépenses couvertes par la bourse équivaut à 1 166 francs CFA et qu’on soustrait 1 000 francs CFA pour l’activation du forfait Internet, il ne reste pas suffisamment de fonds pour payer trois repas par jour!
  4. Logiciel système de Windows qui recherche et installe les mises à jour du système, les pilotes et les applications systèmes.
  5. 20 000 francs CFA pour la carte et 10 000 francs CFa comme premier rechargement imposé. Au total, ça fait 30 000 francs CFA.
  6. Cette fiche est disponible à l’adresse http://www.projetsoha.org/?page_id=1040
  7. C’est l’exemple de l’antivirus Kaspersky dont la licence d’un an pour un PC est vendue à 8 000 francs CFA.
  8. Réseau science ouverte en Haïti et en Afrique francophone.
  9. Réseau SOHA.
  10. Les mardis du LASDEL.
  11. Accès Savoirs, dirigée par Florence Piron, voir son site web sur www.accessavoirs.ulaval.ca
  12. C’est l’exemple des liens entre les étudiants et Florence Piron, chercheuse principale du projet SOHA, qui préfère que les étudiants l’appellent par son prénom plutôt que par son titre. Elle entretient des relations extraordinaires avec tous les membres du groupe.
  13. Je pense à mes amis - jamais rencontrés en personne - haïtiens (Anderson Pierre, Rency Inson, Mayens Mesidor, Wood Pierre, Dorce Ricarson, Feland Jean, Samuel Regulus, Yves Rose, Peterson Jules, etc.), togolais (Jean Baptiste Batana, Inoussa Moumouni, etc.), camerounais (Thomas Hervé Mboa Nkoudou, Sophie Madiba Dibounji Etame, Prudence Nkolo etc.), tchadien (Samuel Mbainarem), maliens (Mamoudou Nabombo, Togo, Mariam Wallet etc.), algérien (Samir Hachani), sénégalais (Diéyi Diouf, Bassirou Diagne, Binta Barry, Assane Fall, Famata Touré), mon ami malgache Sagesse Alpha, mes amis du Canada (Florence Piron, Jean Marie Tremblay, Émilie Tremblay, Mathieu Cloutier, Nina Duque, Rémy Toupin et les autres membres du LabCMO), Célya Gruson-Daniel en France, ainsi que la grande communauté du groupe Facebook du projet SOHA.
  14. Le pad (éditeur de texte collaboratif en ligne) a été créé avec Framapad, la FAQ est disponible sur http://www.projetsoha.org/?page_id=1264
  15. Disponible sur www.projetsoha.org/?p=885 
  16. Voir l’article de New York Times sur l’utilisation des méthodes traditionnelles face aux maladies tropicales à nytimes.com/2016/09/18/magazine/could-ancient-remedies-hold-the-answer-to-the-looming-antibiotics-crisis.html

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