Libre accès aux ressources scientifiques
9 La bibliothèque numérique « Les Classiques des sciences sociales » : libre accès et valorisation du patrimoine scientifique en sciences humaines et sociales
Émilie Tremblay et Jean-Marie Tremblay
Émilie Tremblay est doctorante en sociologie à l’Université du Québec à Montréal et au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST). Ses recherches actuelles portent sur le développement et l’évolution de la sociologie au Sénégal et au Cameroun en relation avec les enjeux et les défis liés à l’internationalisation et à la nationalisation des formations et de l’enseignement, et plus globalement, des universités. Elle s’intéresse également aux inégalités au sein du système de production et de diffusion des connaissances, et aux stratégies développées par des institutions et des groupes pour repenser la recherche et l’enseignement en sciences sociales, notamment celles qui s’inscrivent dans l’optique de la science ouverte et qui visent la justice cognitive. Émilie détient une maîtrise en sciences des religions de l’Université de Montréal. Elle est membre du conseil d’administration de l’Association science et bien commun et des Classiques des sciences sociales. Pour lui écrire : emiliet82@yahoo.fr
Jean-Marie Tremblay, professeur associé à l’UQAC, a enseigné la sociologie plus d’une trentaine d’années au Cégep de Chicoutimi. Il a fondé Les Classiques des sciences sociales et dirige bénévolement l’OBNL du même nom depuis sa création en 2006. Au cours de sa carrière, il a produit un grand nombre d’ouvrages et de matériel pédagogique pour l’enseignement de la sociologie au collégial et de nombreuses bases de données de recherche en sciences humaines pour ses étudiants et ses étudiantes. En 2013, il a été nommé Chevalier de l’Ordre national du Québec pour ses réalisations, ses valeurs et ses idéaux qui ont marqué l’évolution et le rayonnement du Québec. En 2005, il a reçu le Prix Laure-Gaudreault du Mérite scientifique régional pour Les Classiques des sciences sociales. Aujourd’hui retraité de l’enseignement, Jean-Marie travaille à temps plein à la gestion du site Internet des Classiques des sciences sociales et à la création d’éditions électroniques des textes. Pour lui écrire : classiques.sc.soc@gmail.com
Introduction
Les initiatives en faveur du libre accès aux publications scientifiques se multiplient depuis l’appel et la déclaration de Budapest (Budapest Open Initiative) au début des années 2000 (Guédon, 2014). L’élaboration de politiques de libre accès, la signature de textes et de déclaration internationale et la mise sur pied de différentes infrastructures (dépôts institutionnels, plateformes de revues, bibliothèques numériques, etc.) font partie d’un ensemble de mesures prises en faveur du libre accès. Aujourd’hui, nombreuses sont les initiatives issues de différents pays et de différentes régions du monde qui donnent en partie ou en totalité un accès libre ou gratuit à des publications scientifiques en sciences humaines et sociales. Le projet de bibliothèque numérique Les Classiques des sciences sociales est né en 1993, projet un peu fou à l’époque où la situation du libre accès aux publications scientifiques était loin d’être ce qu’elle est aujourd’hui. Quelques initiatives existaient déjà telles que le Projet Gutenberg (1971). Certaines ont été mises sur pied autour de la même période comme Érudit (1998) et Revues.org (1999), et d’autres, l’ont été un peu plus tard comme Persée (2005), HAL-SHS (Sciences de l’Homme et de la Société) (2005) ou encore la Bibliothèque idéale des sciences sociales (2014). Aujourd’hui, nombreuses sont les institutions et les organisations, qui, par le biais d’un dépôt institutionnel ou de leur site Internet, donnent accès à des publications scientifiques en sciences humaines et sociales. On peut mentionner, par exemple, le CODESRIA (Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique) qui donne accès en texte intégral à plusieurs centaines de titres sur son site Internet ou encore l’archive ouverte SSOAR (Social Science Open Access Repository) qui diffuse près de 40 000 documents en texte intégral.
D’un projet en intranet au Cégep de Chicoutimi à une bibliothèque numérique sur le web
En 1993, Jean-Marie enseigne la sociologie au Cégep de Chicoutimi. Il crée alors un projet en intranet pour faire découvrir les sciences humaines et sociales à ses étudiants et étudiantes. Les objectifs de Jean-Marie sont alors de :
- donner le goût des sciences sociales en rendant les travaux des chercheurs accessibles à tous, grâce au texte numérique et grâce à Internet;
- diffuser (et préserver) en « accès libre » des publications scientifiques en français, du domaine public et actuelles;
- faire (re)découvrir les auteurs classiques;
- mettre en relation les œuvres d’auteurs classiques avec les auteurs contemporains;
- contribuer à faire connaître les travaux de près d’un millier de chercheurs québécois et de chercheurs originaires de la francophonie (objectif qui se dessinera plus tard).
En 2000, les Classiques des sciences sociales deviennent accessibles à tous, grâce à la coopération avec l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) qui donne accès gratuitement à son serveur Internet. Le directeur de la bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l’UQAC, Monsieur Gilles Caron est tout de suite enthousiasmé lorsque Jean-Marie lui présente son projet. Au moment où le site Les Classiques des sciences sociales est devenu accessible sur la toile en 2000, 10 ouvrages seulement étaient disponibles.
Quelques années plus tard, Jean-Marie réalise qu’il n’est pas mortel. Pour s’assurer que son travail continue à être accessible gratuitement après sa mort et pour accéder à une petite aide financière de Ville de Saguenay, il le lègue à l’organisme à but non lucratif du même nom qui est créé en 2006. Cet organisme devient également un organisme de charité en 2014 poursuivant toujours la mission de départ : donner accès gratuitement à tous et toutes aux œuvres en sciences humaines et sociales, et en philosophie. Un réseau de plus d’une dizaine de bénévoles au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en France, en Suisse, en Belgique et en Haïti consacre en moyenne 260 heures par semaine, soit l’équivalent de sept personnes et demi à temps plein. Au total, c’est plus de 250 000 heures de travail bénévole qui ont été investies dans le développement de cette bibliothèque qui fonctionne toujours avec un bien maigre budget de 3 000 à 4 000 $ par année, et ce, depuis plusieurs années.
La bibliothèque Les Classiques des sciences sociales est donc le fruit du travail acharné, du dévouement et de la passion de son fondateur, Jean-Marie Tremblay, professeur retraité de sociologie au Cégep de Chicoutimi, et d’une multitude de bénévoles qui ont œuvré aux côtés de Jean-Marie depuis les touts débuts. Les Classiques sont un lieu de coopération précieuse entre bénévoles, chercheuses, chercheures, étudiants, étudiantes, bibliothécaires, institutions publiques au service du bien commun.
Un travail de longue haleine
Il arrive souvent que des gens s’étonnent du délai entre la proposition de diffusion d’un texte et sa mise en ligne sur le site des Classiques des sciences sociales. Le travail d’édition numérique est considérable dans le contexte où les Classiques diffusent des documents en plusieurs formats numériques (.doc, .pdf texte, .rtf, et .html pour tous les articles) plutôt que des documents au format PDF image qui requièrent peu de temps de travail. Plusieurs étapes sont nécessaires pour la création d’éditions numériques de documents telles que la numérisation, le traitement des illustrations, la préparation des fichiers pour permettre une lecture facile afin de corriger toutes les coquilles laissées lors de la reconnaissance du texte, la révision du texte afin de supprimer toutes les coquilles laissées lors de la reconnaissance du texte, la mise en page du document avec le texte et les illustrations ainsi que la mise en ligne du document sur le site web des Classiques des sciences sociales.
Selon la nature, c’est-à-dire la complexité technique des articles (présence de tableaux statistiques, de graphiques, d’illustrations, de langues étrangères et de notes de bas de page) et le format de soumission des documents (traitement de texte, PDF image, PDF texte, papier avec impression de bonne ou de mauvaise qualité), le travail peut prendre de quelques heures à plusieurs centaines d’heures.
Il arrive presque quotidiennement que des gens écrivent aux Classiques pour demander à l’équipe pourquoi les travaux de tel ou tel auteur ne sont pas diffusés. D’une part, les ressources humaines et financières manquent pour effectuer le travail et diffuser tout ce que l’équipe aimerait voir figurer dans la bibliothèque. D’autre part, Les Classiques ne diffusent que des textes qui sont du domaine public au Canada – au Canada, les œuvres tombent dans le domaine public 50 ans après le décès de l’auteur ou des auteurs du texte ainsi que 50 ans après le décès du traducteur dans le cas d’une traduction – ainsi que des textes dont les auteurs ou les ayants droit et/ou les éditeurs ont accordé une autorisation pour la diffusion. Pour avoir des autorisations, il faut contacter les auteur(e)s et les éditeurs. Parfois, il est impossible d’entrer en contact avec les auteur(e)s ou les ayants droit, voire même à trouver leurs coordonnées pour les contacter. Parfois, on refuse aux Classiques l’autorisation de diffusion. Dans d’autres cas, les auteur(e)s sont intéressés, mais ils ne détiennent plus les droits sur leurs travaux après les avoir publiés.
Du patrimoine scientifique francophone québécois au patrimoine mondial de langue française
Aujourd’hui, plus de 6 400 documents – livres, articles, thèses, mémoires, actes de colloque, documents de recherche, etc. – sont disponibles sur le site et peuvent être téléchargés gratuitement. La bibliothèque diffuse trois types de publications : 1) des publications récentes dont le ou les auteurs (ou leurs ayants droit) ou les éditeurs ont donné leur accord pour qu’elles soient diffusées; 2) des publications du domaine public au Canada, c’est-à-dire une œuvre dont les droits patrimoniaux de l’auteur ou des auteurs ont expiré et qui peut être librement reproduite et 3) des œuvres inédites.
Dans la collection des auteurs classiques, on trouve des œuvres de psychologie de Sigmund Freud, Alfred Adler, Pierre Janet, de sociologie d’Émile Durkheim, Marcel Mauss, Léon Guérin, Maurice Halbwachs, de philosophie avec Alain, Albert Camus, Gaston Bachelard, des fondateurs de la criminologie, tels Cesare Lombroso, Jérémy Bentham, Enrico Ferri, Raffaele Garofalo, Gabriel Tarde, et combien d’autres.
Parmi les auteurs contemporains, les politologues Léon Dion, Louis Balthazar, Gérard Bergeron, Jean-Marc Piotte, Denis Monière, les sociologues tels Guy Rocher, Georges Balandier, Yao Assogba, Jacques Grand’Maison, Laënnec Hurbon, les anthropologues tels Marc-Adélard Tremblay, Roger Bastide, des philosophes tels Martin Blais, Josiane Boulad-Ayoub, des géographes tels Georges Anglade, des historiens tels Éric Bédard, des économistes tels Michel Beaud, Louis Gill, Rodrigue Tremblay, des criminologues tels Jean-Paul Brodeur, Denis Szabo, Maurice Cusson, des spécialistes en travail social et des psychologues tels le Professeur Hubert van Gijseghem.
Ces différentes publications sont regroupées dans des collections. Les plus importantes numériquement sont « Les auteurs contemporains » et « Les auteurs classiques ».
Le regroupement en collections est en quelque sorte le cœur des Classiques des sciences sociales. Jean-Marie souhaitait dès le début pouvoir créer des liens entre les auteurs et auteures, entre les œuvres de même qu’entre les sujets et les thématiques de recherche.
Utilité sociale dans toute la francophonie
En 2015, le site des Classiques des sciences sociales a été visité par 1 505 451 visiteurs différents pour un total de 2 211 338 visites. Quant au nombre de pages consultées, elles s’élèvent à 7 215 818, soit 601 318 pages par mois. Enfin, on peut dire que la bande passante s’élève autour de 1312,32 Go par mois, pour un total de 15 747,84 Go pour l’ensemble de l’année 2015.
Dans les dernières années, on note un accroissement des consultations en dehors de l’Amérique du Nord et de l’Europe, particulièrement en Algérie, au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Sénégal, en Haïti, aux Philippines, en Chine, en Tunisie, etc.
En 2015, plus de 8 millions de titres ont été téléchargés. Les titres téléchargés proviennent principalement de la collection « Les auteurs classiques » (4 568 702 documents téléchargés) et de la collection « Les auteurs contemporains » (3 495 309 documents téléchargés).
Combattre les réticences des auteurs et des maisons d’édition
Vouloir diffuser en libre accès des travaux et écrits anciens et contemporains n’est pas un travail de tout repos. Si certains auteurs et auteures et certaines maisons d’édition y ont toujours été très favorables, d’autres ont montré beaucoup plus de réticences, même d’opposition. Certains chercheur(e)s comme le professeur Jean Benoist ont mobilisé leurs collègues et les ont encouragés à diffuser leurs travaux et leurs publications dans les Classiques des sciences sociales. C’est grâce à lui que des textes du Professeur Georges Balandier ainsi que du Professeur Georges Gusdorf sont diffusés dans les Classiques.
Pourtant, une retombée extraordinaire du libre accès est d’accroître considérablement la visibilité et la diffusion des travaux de même que leur accessibilité. Certains chercheurs l’ont vite compris! Alors que l’édition papier d’ouvrages scientifiques n’autorise souvent qu’une diffusion à 100, 200, voire 1 000 exemplaires, le libre accès démultiplie les possibilités. En 2010, quelques mois seulement après la parution du livre Gouvernance. Théories et pratiques, le sociologue Dorval Brunelle, qui a dirigé l’ouvrage, autorise sa diffusion dans les Classiques. Un ouvrage imprimé en une centaine d’exemplaires a été téléchargé à ce jour plus de 22 000 fois sur le site des Classiques. N’est-ce pas fantastique? Dans le même ordre d’idées, le livre du professeur et chercheur Marcel J. Mélançon, Albert Camus. Analyse de sa pensée (1976), tiré de sa thèse de doctorat a été publiée à 2 000 exemplaires, mais a été téléchargé près de 65 000 fois sur le site des Classiques. Les travaux de recherche du défunt Centre Technique National d’Etudes et de Recherches sur les Handicaps et les Inadaptations (CTNERHI) à Paris, publiés dans la collection « Handicap et inadaptations », grâce à l’autorisation de son directeur, Monsieur Marc Maudinet, ont été depuis leur mise en ligne dans Les Classiques de sciences sociales téléchargés plus de 430 000 fois. C’est dire la portée du libre accès.
Le problème d’accès aux productions scientifiques se pose au Canada comme dans d’autres pays d’Amérique du Nord et d’Europe. Il se pose également avec plus d’acuité dans les pays dits du Sud où l’accès à la documentation scientifique pour les chercheurs et chercheuses et encore davantage pour les étudiantes et étudiants est parfois un obstacle considérable dans la réalisation d’études universitaires de même que dans la poursuite de recherches. En effet, nombreuses sont les barrières financières et légales qui restreignent et empêchent les corps enseignant et le corps estudiantin d’accéder à la documentation ancienne tout comme aux résultats scientifiques les plus récents dans des domaines donnés. Les Classiques des sciences sociales sont donc devenues un outil pédagogique pour de nombreux professeur(e)s, un outil fondamental dans le parcours de nombreux étudiant(e)s à travers le monde, un outil utile même pour des étudiants aveugles et des prisonniers effectuant des études universitaires. Des témoignages parviennent régulièrement à l’équipe en ce sens, comme ceux-ci :
Je voudrais ici vous remercier pour l’inestimable et riche travail que vous apportez au service du progrès et de la connaissance. Je ne sais si j’aurai fait au moins un an de master si je n’avais pas votre bibliothèque à mes chevets. Je salue tout votre groupe, et particulière Professeur Jean-Marie Tremblay et aussi mon Compatriote togolais le Professeur Yao Assogba. Je lui dis en langue de chez nous qu’il comprend kokpo et akpe. Merci cordialement.
Soule Hayatou-Lay, étudiant togolais de master, 30 août 2015Je voudrais vous adresser à vous et à toute votre équipe mes vifs encouragements pour le travail remarquable qui est le vôtre. Pour nous chercheurs des pays en voie de développement qui n’avons pas toujours les moyens de nous procurer les livres, l’œuvre que vous faites est salutaire.
Merci infiniment
Christiane Azab a Boto, Yaoundé, Cameroun, 24 juin 2011Monsieur, Je tiens à vous présenter, à vous et à toute votre équipe, mes félicitations et mes remerciements personnels pour l’excellent travail que vous réalisez à travers Les Classiques des Sciences Sociales. Grâce à vos efforts, des centaines d’étudiants de mon pays ont, comme moi, le privilège d’avoir accès à tout un éventail d’ouvrages et d’articles scientifiques introuvables. Encore une fois félicitations et merci d’exister!
Lefranc Joseph, Haïti, 19 janvier 2011
Des collections valorisant les savoirs produits dans les Suds
Si les Classiques des sciences sociales donnaient accès au départ aux travaux produits essentiellement dans des pays dits du Nord, il est apparu également fondamental de valoriser et de contribuer à rendre accessibles les productions scientifiques issues des pays dits du Sud.
Au fil du temps, différentes collections se sont ajoutées : « Les sociétés créoles », « Chine ancienne », « Civilisation arabe », « Civilisations de l’Inde ». Ces collections mettent principalement en valeur les travaux et écrits des auteurs et auteures du Nord sur les Suds, comme le montre la figure ci-dessous, même si l’on peut recenser quelques ouvrages et articles écrits par des auteurs comme Ibn Khaldu et Ibn Battûta dans la collection « Civilisation arabe » de même que des ouvrages de penseurs et de chercheurs chinois dans la collection « Chine ancienne ». En effet, dans la collection « Les classiques », les textes sont majoritairement ceux d’auteurs originaires de France, d’Angleterre, d’Allemagne et des États-Unis (et ayant travaillé dans ces pays).
La collection « Les sociétés créoles » est née grâce à l’implication du Professeur Jean Benoist, anthropologue et médecin, qui souhaitait, dans une visée de restitution, rendre accessibles aux populations concernées les études réalisées sur leur société.
Plus récemment, la collection « Études haïtiennes », dirigée par Ricarson Dorcé (voir le chapitre suivant), a été développée dans une perspective différente. Créée en 2013 en partenariat avec l’Association science et bien commun, cette collection vise à favoriser la reconnaissance, la diffusion et l’accès aux savoirs haïtiens en sciences humaines et sociales en Haïti, au Québec et dans toute la francophonie internationale. L’idée est venue de Florence Piron qui a proposé la création d’une collection spécialisée pour mettre en valeur la production scientifique haïtienne dans un contexte où la documentation scientifique n’était pas toujours facilement accessible pour les étudiantes, étudiants, chercheuses et chercheurs en Haïti et qu’il lui apparaissait fondamental de valoriser et de rendre accessible le patrimoine scientifique haïtien. Georges Anglade, Laënnec Hurbon, Jean Price-Mars, Dantès Bellegarde, Jhon Picard Byron, Samuel Regulus, Judite Blanc, etc., sont quelques-uns des auteurs et auteures qu’on retrouve dans cette collection.
Depuis le colloque de Port-au-Prince : naissance du REJEBECSS
À la suite du colloque qui s’est tenu au début du mois de mars 2016, quelques étudiants qui ont assisté à l’événement ont créé le Réseau des jeunes bénévoles des Classiques des sciences sociales en Haïti (REJEBECSS), une association de jeunes universitaires haïtiens engagés dans la promotion du libre accès aux publications scientifiques et militants pour plus de justice cognitive (voir les témoignages de la partie V du livre). Non seulement ces jeunes hommes et femmes se sont joints au travail d’édition numérique de textes d’universitaires haïtiens, mais en plus ils et elles ont pris l’initiative de contacter des chercheurs et chercheuses en Haïti pour les encourager à diffuser librement leurs travaux et d’organiser des activités et des évènements pour discuter, réfléchir et poser des actions en faveur du libre accès et de la science ouverte. Leur initiative est fondamentale pour continuer l’œuvre des Classiques des sciences sociales dans une perspective de justice cognitive (Visvanathan, 2009) qui fait place à une pluralité de savoirs savants, mais aussi de conceptions et de visions du monde. Elle amènera les Classiques, espérons, à développer davantage de partenariats avec des universités et des institutions des Suds, et à impliquer des bénévoles des Suds dans toutes les activités de création d’éditions numériques pour la valorisation et la préservation des productions scientifiques.
Références
Guédon, Jean-Claude. 2014. « Le Libre Accès et la « Grande Conversation » scientifique », in E. Sinatra Michael, Vitali-Rosati Marcello (édité par), Pratiques de l’édition numérique, collection « Parcours Numériques », Les Presses de l’Université de Montréal, Montréal, p. 111-126, http://www.parcoursnumeriques-pum.ca/le-libre-acces-et-la-grande-conversation-scientifique.
Les Classiques des sciences sociales. http://classiques.uqac.ca. Les tableaux et figures sont tirés de ce site et des rapports d’activités qui s’y trouvent.
Les Classiques des sciences sociales. Page des bénévoles. http://classiques.uqac.ca/inter/benevoles.php.
Visvanathan, Shiv. 2009. The search for cognitive justice. http://www.india-seminar.com/2009/597/597_shiv_visvanathan.htm.
Pour citer ce texte :
Tremblay, Émilie et Jean-Marie Tremblay. 2016. « La bibliothèque numérique « les Classiques des sciences sociales » : libre accès et valorisation du patrimoine scientifique en sciences humaines et sociales ». In Justice cognitive, libre accès et savoirs locaux. Pour une science ouverte juste, au service du développement local durable, sous la direction de Florence Piron, Samuel Regulus et Marie Sophie Dibounje Madiba. Québec, Éditions science et bien commun. En ligne à https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/justicecognitive1.
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