Savoirs locaux

17 Et si la psychologie cognitive pouvait casser le mythe que le Kreyòl n’est pas une langue scientifique?

Judite Blanc

Judite Blanc est née à Port-au-Prince, Haïti. Elle a décroché son diplôme de doctorat à l’Université de Paris 13. Ses études épidémiologiques sur les conséquences psychopathologiques de l’évènement sismique du 12 janvier 2010 en Haïti ont été publiées dans des revues internationales. Actuellement, elle enseigne la psychologie dans des établissements universitaires à Port-au-Prince et intervient comme thérapeute dans des agences de santé mentale en Floride. Elle est fondatrice et coordonnatrice de l’Association Sikotwomatis ak Afrikanite-SITWOMAFRIKA. L’objectif principal de son programme de recherche est de contribuer à faire avancer les connaissances sur les liens entre les (psycho)traumas vécus par les ancêtres et le développement cognitif ultérieur de leurs descendants, Haïtiens et Haïtiennes des quatre coins du monde et membres des communautés afrodescendantes dont les ancêtres ont été violemment arrachés d’Afrique et contraints à l’esclavage. L’héritage culturel et le vécu du trauma historique de la traite négrière, de l’esclavage et de la colonisation sont susceptibles d’avoir une incidence dans le développement cognitif des individus en question. Les fondements théoriques de ce programme de recherche relèvent du courant cognitivo-comportemental en psychologie, dans la lignée des études sur l’exposition prénatale et la transmission des traumatismes de la mère à l’enfant.

Sites : http://www.sitwomafrika.org
https://www.researchgate.net/profile/Judite_Blan

Ce texte est inspiré de l’article écrit en Kreyòl Ayisyen « E si sikoloji kognitif ka demanti lejann ke kreyòl pa lang Lasyans? », reproduit ci-dessous et disponible depuis mars 2016 à l’adresse http://classiques.uqac.ca/contemporains/blanc_judite/blanc_judite.html

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Introduction

Tremblements des mains et des lèvres, fautes grammaticales récurrentes, flots de paroles incontrôlées et parcoeurisme : des symptômes que l’on repère souvent en Haïti chez les enfants, les jeunes et les adultes prenant la parole en langue française en présence d’un inconnu ou en public. C’est une observation qu’il m’a été donné de faire récemment chez mes étudiants de Port-au-Prince, à l’occasion d’examens oraux en français dans le cadre de mon cours de psychologie cognitive. Je me suis alors demandé quel était l’impact sur mes étudiants et étudiantes de l’utilisation d’une langue autre que leur langue maternelle à l’Université ou dans le système d’éducation. Vaste question[1]!

Dans le présent chapitre, je commence par présenter la psychologie cognitive : cette discipline, son rôle au sein de la science de la psychologie, des sciences du langage et des sciences didactiques et informatiques et son objet d’étude. Puis, je m’appuie sur une expérimentation simple pour démontrer les liens entre théorie et pratique, à partir de mon cours de psychologie cognitive. J’évoquerai ensuite des données fournies par la psychologie cognitive qui n’étayent en rien l’idée que la science est incompatible avec le Kreyòl, la langue maternelle de tous les Haïtiens et toutes les Haïtiennes vivant en Haïti.

Qu’est-ce que la psychologie cognitive?

La psychologie cognitive est cette spécialité de la psychologie qui s’occupe de la cognition. Elle s’intéresse également aux sources et à l’utilité des stimuli émis par notre environnement. La cognition peut se définir comme l’ensemble des activités mentales nous habilitant à acquérir, organiser et produire des connaissances sur notre environnement : perception d’un stimulus, mécanisme de rappel, résolution de problèmes et influence sur la prise de décision (Neves, 1999).

La psychologie cognitive étudie dans les moindres détails divers processus mentaux. Tout d’abord, il y a la perception qui englobe tous les phénomènes physiques et psychologiques participant à la collecte et la transmission de l’information issue de notre entourage. L’attention est le fait de diriger notre pensée volontairement sur un objet. La mémoire représente l’activité biologique et psychologique nous permettant de retenir les informations et événements ayant lieu autour de nous. Le langage symbolise cette spécialité humaine universelle favorable à l’utilisation de signaux pour exprimer notre pensée et nous relier avec autrui; ces signaux s’apparentent au langage parlé ou à d’autres formes de langage, comme la langue des signes utilisée par les personnes muettes. Puis, nous avons l’apprentissage, un processus par lequel nous accumulons des connaissances et adaptons notre comportement en conséquence. La résolution des problèmes concerne la capacité à identifier un problème et les solutions qui y sont relatives. Pour un meilleur rendement, ces processus mentaux fonctionnent en interdépendance.

Essayons de voir ce qui est rapporté dans la littérature scientifique sur le rapport entre langue et développement cognitif. Quelle est la situation des enfants et adultes appelés à réfléchir dans une langue autre que leur langue maternelle?

Langue et pensée

Le chercheur suisse Jean Piaget a proposé des modèles de lois gouvernant la cognition chez l’enfant. En particulier, il a observé que le déploiement du langage correspond à l’accélération du développement de la pensée (Piaget, 1966). Pour le célèbre psychologue russe Lev Vygotsky (1896-1934), le langage est incontournable dans le développement cognitif. Ses travaux ont surtout porté sur l’apprentissage et la fonction du langage. La langue joue à ses yeux un rôle de passerelle entre l’individu et le monde extérieur. Toutes les informations tirées de ses interactions avec l’extérieur servent de support à la construction de l’individu. De l’avis des psychologues cognitivistes, la somme des connaissances antérieures ne déterminent pas à elles seules le phénomène de l’apprentissage. La société, la culture et la langue y jouent un grand rôle (Ekouma, 2006).

Des intellectuels européens non anglophones regrettent l’obligation qui leur est faite de produire leurs communications scientifiques en anglais. Kramer (2013) juge catastrophique le fait, pour un ou une universitaire, d’avoir à prendre la parole devant un public dans un idiome autre que sa langue maternelle. À l’en croire, la généralisation de l’usage de l’anglais dans les manifestations scientifiques bloque la tenue des débats. S’inspirant du cas de ses compatriotes allemands, il avance que l’origine de ce désastre vient du fait que ses collègues ne réalisent pas à quel point il est avantageux de se servir de l’allemand pour engager les discussions en lieu et place de l’anglais. User d’une langue maternelle souple et innovante fait tourner la machine de la recherche scientifique. Il n’est pas du tout curieux, selon Kramer (ibid), que les découvertes scientifiques aient connu un essor après la période de la Renaissance sur le continent européen. C’est à ce moment là que le latin a été abandonné comme langue savante. Galileo pensait en italien, Kepler et Leibniz le faisaient en allemand et Newton assurément réfléchissait en anglais. Ils n’ont publié que les résultats de leurs réflexions en latin.

La vie universitaire des pays à hauts revenus se déroule généralement dans la langue locale, donc dans la langue maternelle de la plupart des étudiants et étudiantes, ce qui n’empêche pas pour autant les universitaires natifs de ces régions de se plaindre des difficultés générées par l’universalisation de l’anglais comme outil de communication scientifique. Partant de ce constat, ne sommes-nous pas en droit de nous interroger sur la situation en Haïti où les enfants, adolescents et adultes, étudiants et universitaires évoluent clairement dans un contexte d’insécurité linguistique à l’université?

Selon les articles 5 et 40 de la Constitution de 1987, Haïti est officiellement un pays bilingue. Cependant, peu d’auteurs et linguistes considèrent Haïti et nombres d’anciennes colonies françaises comme des sociétés bilingues, car les deux idiomes ne possèdent pas le même statut. La majeure partie de la population a souvent pour réflexe de s’exprimer en Kreyòl dans leurs interactions quotidiennes alors que le français est réservé aux établissements d’enseignement et à l’administration. Ce dernier représente la langue du pouvoir et des privilèges socio-économiques.

Et si au niveau du système éducatif et de l’enseignement supérieur haïtiens, la pensée était frappée d’interdit?

Face aux problèmes constatés chez les étudiants et étudiantes s’exprimant à l’oral pour une évaluation académique, j’ai décidé d’agir. En tant qu’enseignante, ma responsabilité est d’accompagner l’apprenant dans la construction de ses connaissances, tandis qu’avec la casquette de psychologue, mon rôle est d’aider à soulager les souffrances psychologiques humaines. Me voilà avec une double casquette.

À la suite de la prestation orale d’une première équipe, je n’étais pas convaincue d’avoir suivi un exposé. C’était simplement catastrophique. Je ne voyais aucun critère objectif pouvant m’aider à décider de la note. Sur le champ, j’ai spontanément expliqué à l’ensemble du groupe-classe que chaque personne pouvait choisir l’idiome qu’elle maîtrisait le mieux pour ses futures interventions. J’espérais, par cette information, que la seconde équipe n’hésiterait pas à faire le choix du Kreyòl pour livrer la marchandise. Ce ne fut pas le cas.

C’était comme si, puisque le contenu du travail était préparé en français, les étudiantes et étudiants ne pouvaient prendre la parole que dans cette langue, livrant un spectacle qui m’était pénible. Debout durant son intervention, le leader d’un des groupes se remuait les pieds de part et d’autres, fixait l’assistance d’un regard quasi « féroce » et déclina mon invitation à s’asseoir. J’ai eu mal pour ces jeunes.

À la suite de cette séance, j’ai abordé le sujet avec une de mes anciennes professeures à l’Université d’État d’Haïti qui avait pris la décision d’enseigner son cours d’anthropologie culturelle – auquel j’avais assisté – en Kreyòl uniquement. Ce cours avait été pour moi une expérience d’apprentissage très marquante. À l’époque, elle nous avait autorisés à penser dans notre langue maternelle et encouragés à rapporter à l’écrit un contenu scientifique dans notre langue. Les débuts ne furent pas évidents, car j’apprenais pour la première fois de ma vie à produire un travail académique en Kreyòl. Mais aujourd’hui, ce cours d’anthropologie fait partie d’une poignée de matières qui inspirent ma position épistémologique actuelle.

Avec cette ainée, nous avons discuté de la portée d’une imposition éventuelle du Kreyòl comme langue de travail à ces jeunes qui étaient presqu’au bord de la crise de nerfs quand il leur fallait prendre la parole en français sur des thématiques académiques. De l’avis de mon ancienne professeure, donner le choix entre le Kreyòl et le français comme outil de travail revient à bloquer davantage les étudiants et étudiantes. Complexés, ils et elles se sentiront gênés de prioriser leur langue maternelle, de crainte de s’avouer nuls dans la langue coloniale, symbole de prestige et d’érudition en Haïti.

J’ai donc décidé qu’à la seconde séance des exposés de groupe, tous les étudiants et étudiantes du cours de psychologie cognitive devraient prendre la parole en Kreyòl. Pour ce qui était du rapport final écrit, ils auraient encore le choix de développer leur pensée dans l’une ou l’autre langue, mais bénéficieraient d’un bonus de 10 points si les travaux étaient soumis en Kreyòl.

Cette décision ne faisait pas l’unanimité au sein du groupe-classe. Un certain nombre d’étudiants programmés à une date ultérieure contestèrent ma décision, la jugeant autoritaire et partiale. Dans leur entendement, ils se demandaient comment on peut exiger d’eux qu’ils et elles produisent en Kreyòl pour avoir un bonus, alors que la documentation disponible est en français. Ils ont aussi invoqué le côté ardu de la traduction des mots techniques en Kreyòl, vu l’absence de publications scientifiques relevant du domaine dans cette langue, ignorant paradoxalement la possibilité de choisir entre deux langues de travail qui leur était offerte.

À la séance suivante, nous avons noté, les étudiants et moi, quelque chose de « miraculeux » qui s’était produit. Les équipes ayant succédé aux premières donnaient l’impression de maîtriser davantage les notions utilisées. Elles alternaient facilement entre les supports papiers et l’assistance. Aucun signe perceptible de tremblements corporels. Les fautes de grammaires et les lapsus linguae étaient rares. Ils avaient pu trouver les mots Kreyòl pour expliquer les termes techniques appris en français.

Parmi les six équipes (formant un total de 28 étudiants et étudiantes), deux seulement ont soumis leurs travaux finaux en français. Selon mes observations, les équipes les plus convaincantes furent celles à avoir fait usage du Kreyòl à l’oral et à l’écrit. Des failles ont tout de même été notées au niveau de l’orthographe de la langue écrite.

Quant aux deux autres équipes à avoir soumis leurs travaux en français, j’ai remarqué qu’en dépit des fautes de langue relevées dans leur discours oral, le document écrit était impeccable, traduisant une meilleure compétence en français écrit que parlé.

Cette expérimentation subjective et informelle a fait naître de l’espoir et beaucoup d’interrogations dans ma tête, pour de multiples raisons : 1) mes études classiques et mes quatre premières années de licence[2] de psychologie ont été effectuées dans le système d’enseignement haïtien. J’ai ensuite poursuivi des études supérieures en France, où tout se réalisait en français, une langue qui n’est pas ma langue maternelle; 2) en outre, en tant qu’enseignante à l’université haïtienne, et comme professionnelle intervenant dans la clinique et la recherche en santé mentale.

Si le Kreyòl était vraiment inadapté à la pratique scientifique, comment expliquer que mes étudiants et moi avions pu communiquer et nous comprendre à l’oral et à l’écrit dans cette langue? On pourrait nous objecter que nous avions été préalablement en contact avec le même contenu en français. Par conséquent, nous n’aurions pas fait usage du Kreyòl dans son « état pur », mais plutôt d’un Kreyòl du genre francisé. Pour répondre à cette objection, rappelons que la langue est un outil de communication généré par l’esprit et évoluant dans la durée. Par ailleurs, le développement de notre pensée et notre créativité est tributaire du degré de maîtrise de la langue de réflexion (Kramer, 2013). Les philosophes Grecs et Allemands étudiés à l’école et à l’université haïtiennes philosophaient en Grec, Latin et Allemand. Toutefois, leurs travaux ont pu être traduits en français, anglais et dans plusieurs autres idiomes. Conséquemment, pourquoi nous interdire chez nous en Haïti de penser et d’écrire en Kreyòl? Pourquoi ne pourrait-on pas s’inspirer des ressources disponibles dans notre langue maternelle et élaborer un système de vocabulaire scientifique qui y soit relatif? Chemin faisant, pourquoi devrait-on se garder d’effectuer des emprunts à la terminologie scientifique déjà existante, en vue d’enrichir la dimension scientifique du Kreyòl? S’exprimer en Kreyòl remet-il en question la variation linguistique découlant du statut de l’interlocuteur, du contexte, des origines sociales et géographiques, etc.? La qualité de l’anglais et du français utilisée par les scientifiques entre eux serait-elle identique à celle utilisée par un anglophone ou un francophone ordinaire au quotidien?

Je me suis aussi questionnée à propos du fait suivant : si nos écoliers et étudiants peinent en français oral, ils peuvent se montrer assez compétents dans les productions académiques littéraires françaises, effectuées en dehors de la salle de classe. Pourquoi? Une première raison à évoquer serait que ces jeunes sont réellement plus doués à l’écrit (Govain 2009), parce que le facteur temps entrerait en ligne de compte et favoriserait le retour sur le texte et sa modification. Une seconde raison, et de loin la plus plausible, explique que ce serait le résultat du parcoeurisme inculqué aux enfants dès le cours préparatoire[3] (CP). L’apprentissage actif par la résolution de problème ou l’accumulation de connaissances fondée sur le raisonnement rigoureux est souvent relégué en second plan dans le milieu éducatif haïtien. Ainsi, les écoliers et étudiants ont l’habitude d’apprendre par cœur dans une langue seconde si l’obligation ne leur est pas faite de résumer les textes appris dans leurs propres mots. Ceci peut rapidement laisser place au copier/coller. En général, ce qui leur est enseigné, c’est la mémorisation par répétition pour une reproduction fidèle des textes étudiés en classe.

Ces enfants sont contraints de construire leurs connaissances dans une langue étrangère, découverte d’abord dans les manuels scolaires et dont ils vont rarement se servir en dehors de l’espace éducatif. Le reflexe du copier/coller et/ou du « tout plaqué » s’installe couramment sur le long terme. À l’âge adulte, ces anciens écoliers et étudiants pourront d’ailleurs avoir du mal à concilier probité intellectuelle et productions intellectuelles personnelles. Il devient délicat dans de telles situations de faire la part des choses entre une véritable absence de probité intellectuelle et la paresse intellectuelle alimentée par la structure de notre système éducatif.

Conclusion : le rôle possible des sciences cognitives en Haïti

Revenons sur l’histoire de la psychologie cognitive et son impact social. Car c’est à travers cette science que des spécialistes ont essayé de décrire le concept d’intelligence, le fonctionnement de notre système de pensée et les mécanismes de stimulation pour un meilleur rendement cognitif. Ainsi, au niveau international, il a été admis que la psychologie cognitive pouvait :

  1. Faciliter la mise en œuvre de programmes pédagogiques adaptés aux degrés de connaissances antérieures et aux aptitudes selon le stade développemental;
  2. Développer des outils d’aide à la formation et à l’insertion professionnelle;
  3. Favoriser le développement de la créativité et offrir une vue d’ensemble sur un problème et le résoudre (Neves, 1999).

Les conséquences négatives et les bienfaits du bilinguisme et de la diglossie sur la cognition ont fait couler beaucoup d’encre et retiennent de plus en plus l’attention des chercheurs (Ekouma, 2006). Bilinguisme et diglossie sont deux phénomènes distincts. Selon certains auteurs, le bilinguisme n’aurait pas que des retombées positives sur le développement cognitif des enfants.

En Haïti, ce bilinguisme n’est pas aménagé. Il s’agit d’un système où l’enseignement est réalisé en français, comme si les apprenants étaient véritablement bilingues en français et en Kreyòl, alors qu’ils ne maîtrisent réellement que le Kreyòl. En général, les raisons avancées dans l’argumentation contre la généralisation du Kreyòl comme première langue d’enseignement en Haïti sont fondées sur des préjugés. Jamais les détracteurs n’ont eu à soumettre de preuves scientifiques à l’appui.

Récemment, un confrère haïtien a soutenu une thèse de doctorat dans le domaine de la psychologie cognitive sur l’utilisation des deux langues officielles du pays et la compréhension en lecture. Ses travaux portaient sur des élèves du 3e cycle (école secondaire) provenant de milieux sociaux défavorisés et expérimentant l’insécurité linguistique habituelle. Ces jeunes comprenaient mieux un texte en français (L2) s’ils le relisent ou le réécoutent en Kreyòl (L1), car ils parviennent ainsi à mieux activer leurs connaissances construites dans leur langue maternelle et la culture haïtienne. Par la suite, ils sont en mesure de se rappeler de l’idée principale et font preuve d’une meilleure compréhension du texte (Duvelson, 2011).

Ces observations soulèvent de nouvelles interrogations dans mon esprit. Et si la psychologie cognitive, ce corpus théorique incontournable dans la formation de base des psychologues, des spécialistes en sciences du langage, de la didactique et de l’information, avait une place centrale dans le projet de réforme du système éducatif et de l’enseignement supérieur en Haïti?

Les recherches (Duvelson, 2011; Govain, 2009) et expériences[4] haïtiennes au sujet du rôle de la langue maternelle dans l’apprentissage et l’enseignement sont peu nombreuses, mais elles sont disponibles. Certaines études suggèrent que les enfants haïtiens (Degraff, 2015), à l’instar de leurs pairs des autres pays (Benson et al. 2013), excellent davantage en apprentissage de la lecture lorsqu’elle est réalisée dans leur langue maternelle. Par conséquent, qu’attendent les décideurs publics pour soutenir et/ou commanditer des travaux en lien avec cette problématique, mettre en pratique les résultats qui en découlent et ainsi renforcer les compétences de nos jeunes?

Je remercie chaleureusement les professeurs Michel Degraff et Serge Madhere pour leur relecture du texte original et leurs suggestions.

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Latranblad nan bouch, nan men, fot gramè, koze k ap soti san kontwòl ak resitasyon pa kè san konprann : sa se yon bann sentòm ke nou abitye remake kay timoun, jèn, ak gramoun k ap pran lapawòl nan lang franse devan etranje, devan piblik ann Ayiti. Se menm bagay la m sot viv ak etidyan inivèsite k ap fè ekspoze an franse nan yon kou Sikoloji Kognitif nan Pòtoprens.

 « Bon kalte edikasyon, lang ansèyman yo ak benefis aprantisaj yo » [5] : se te sou tèm sa yo sot selebre jounen entènasyonal Lang Manman jou ki te 21 fevriye 2016 la.

Nan okazyon sa a, nan atik sa a nou pral brase lide sou twa (3) pwen enpòtan sa yo : (i) ki sa disiplin sikoloji kognitif ye; (ii) wòl li pami disiplin yo rele sikoloji, syans langaj, syans didaktik ak enfòmasyon; (iii) epi de ki sa espesyalman li okipe. N ap tou sèvi ak yon senp eksperimantasyon kote teyori marye ak pratik nan kou sikoloji kognitif. N ap tou esplike ki jan branch sa a ka reponn moun ki rete kwè, san yo pa gen prèv syantifik, ke lang kreyòl, ki se lang matènèl tout ayisyen k ap viv sou tè d Ayiti, pa mache ak lasyans.

Ki sa ki Sikoloji Kognitif?

Sikoloji kognitif se yon branch sikoloji k ap chache konprann epi eksplike ki jan moun panse ak reflechi, epi kòman entèlijans moun devlope. Sikoloji kognitif enterese l ak sous epi itilite tout enfòmasyon nou resevwa nan alantou nou. Kon sa nou kapab defini kognisyon (Cognition) tankou tout aktivite mantal ki pèmèt nou ranmase, chapante, epi pwodui konesans sou anviwonnman an : pèsepsyon yon amòs (estimilasyon : bagay ki deklanche yon reyaksyon nan kò w oswa nan lespri w), fason nou sonje l, rezoud pwoblèm oswa fason nou pran dezisyon (Neves, 1999).

Men kòman Sikoloji Kognitif bay sou de chèz chak etap pwosesis mantal nou pral site la yo. Nou jwenn pèsepsyon ki se yon dividal fenomèn fizik ak sikolojik ki fè w rive jwenn epi travay ak enfòmasyon lantouraj ou voye ba w. Gen atansyon ki se lè w rive kite lespri w konsantre nèt sou yon bagay. Epi memwa se yon aktivite biyolojik, sikolojik ki pèmèt ou kenbe nan tèt ou bagay ki pase nan lespri w ak nan lantouraj ou. Langaj menm se yon espesyalite inivèsèl kay moun ki pèmèt ou itilize « siy » pou esprime panse w e kominike ak lòt yo; siy sa yo se ka pawòl ki pale ak bouch oswa lòt siy tankou lè moun ki bèbè sèvi ak men yo pou youn kominike ak lòt. Apre sa, ou jwenn aprantisaj ki se esperyans ki pèmèt ou ranmase konesans epi chanje konpòtman w. Nou jwenn tou rezolisyon pwoblèm ki konsène kapasite pou rekonèt pwoblèm epi jwenn bout yo. Aktivite lespri sa yo, youn depann de lòt pou yo ka rive bay rezilta.

An n gade pou n wè sa espesyalis branch sa yo dekouvri, depi lontan, sou relasyon ki egziste ant lang ak devlopman kognitif. Epi ki sa yo di sou sitiyasyon timoun ak granmoun k ap reflechi nan lang ki pa lang manman yo.

Lang ak devlopman kognitif (panse)

Depi lè syantifik tankou Jean Piaget yo nan peyi Lasuis te fèk kòmanse fouye zo nan kalalou pou konprann kòman panse timoun fonksyone, yo te remake ke, lè lang yon timoun ap devlope, se kon sa tou lespri timoun lan tou pwofite deplòtònen epi l ap pran vitès (Piaget, 1966). Pou yon gwo sikològ nan peyi Risi ki te rele Lev Vygotsky (1896-1934), li wè lang vini an premye nan koze lespri k ap devlope. Travay msye te chita anpil sou kesyon aprantisaj ak fonksyon lang. Pou li, lang sèvi kòm pon ant yon moun ak lantouraj li. Nan ka sa a, bagay ki antre nan lespri moun lan vin tounen fondasyon pou li bati tèt li.

Pou sikològ kognitivis yo, se pa sèlman nivo konesans moun lan gen deja ki enpòtan lè n ap reflechi sou pwosesis mantal ki rele aprantisaj la. Gen sosyete a ak lakilti li, epi lang pou n gade tou ki jwe gwo wòl (Ekouma, 2006).

Pa egzanp, gen syantifik ewopeyen ki pa anglofòn natif natal, k ap plede denonse ak tout fòs yo egzijans ke y ap fè yo pou yo fè prezantasyon epi pibliye travay yo ann angle. Kramer (2013) toujou twouve ke se yon katastwòf lè yon inivèsitè oblije al pran lapawòl devan yon piblik nan yon lang ki pa lang matènèl li. Li remake ke itilizasyon lang angle a nan sitiyasyon sa yo anpeche pou bon jan deba rive fèt. Pou Kramer, ki sèvi ak konpatriyòt alman li yo kòm egzanp pwoblèm sa a, pi gwo dega a se paske syantifik sa yo pa reyalize avantaj bab e moustach ke yo jwenn lè y ap sèvi ak lang matènèl yo pou yo fè deba olye pou yo sèvi ak lang angle a. Sèvi ak yon lang matènèl ki elastik, ki swa, ke w ka adapte epi ki inovan, se van w ap mete nan vwal rechèch syantifik pou l ka vanse. Otè a raple nou ke se pa yon aza ke dekouvèt syantifik rete yon sèl kou tonbe layite kò l apre larenesans sou kontinan ewopeyen an. Sè ke se lè sa a yo te deside abandone lang laten kòm lang save. Galileo t ap reflechi ann Italyen, Kepler ak Leibniz t ap fè sa ann Alman, epi Newton siman te fè l ann angle. Se sèlman rezilta refleksyon yo yo te rive pibliye an Laten yo menm pèsonèlman.

Kounye a si syantifik nan peyi devlope kote lekòl ak inivèsite fèt nan lang manman yo ap plenyen de difikilte sa yo, paske yo fè yo egzijans travay nan lang angle, alewè pou timoun, adolesan, granmoun, etidyan ak inivèsitè lakay nou k ap viv nan ensekirite lengwistik?

Selon Konstitisyon 1987 la nan atik 5 ak 40, Ayiti se ofisyèlman yon peyi bileng. Men, n ap raple ke anpil otè ak espesyalis nan lengwistik pa konsidere Ayiti ak anpil ansyen koloni Lafrans kòm peyi bileng. Rezon an se paske de (2) lang yo pa fonksyone menm jan nan sosyete a. Majorite popilasyon an, depi yo louvri bouch yo, natirèlman se kreyòl yo pale nan tout konvèsasyon yo. Men, franse toujou rete lang pou lekòl ak administrasyon. Se yon lang ki mache ak pouvwa ansanm ak anpil lòt privilèj sosyoekonomik.

Eske lespri se pa anba baboukèt yo ye nan sistèm edikatif ak ansèyman siperyè ann Ayiti, olye yo aprann yo libere?

Nan kòmansman atik sa a, mwen te pale de gwo pwoblèm laperèz kay etidyan k ap pran lapawòl devan m epi devan lòt kòlèg etidyan parèy yo. Se pwoblèm ki te fè m deside aji. Yon anseyan la pou l ede yon apranti k ap konstwi konesans li. Men, sikològ la, wòl li se pou ede soulaje soufrans kay moun. Tou lè de se metye m.

Apre yon premye gwoup fin fè prezantasyon, m pa t santi m sot swiv yon ekspoze. Se te yon katastwòf. Se tankou m pa t wè sou ki baz m pral kapab evalye travay yo.

M tou anonse etidyan yo ke fòk yo chwazi yon lang yo metrize pou yo pran lapawòl. Mwen te espere ke dezyèm gwoup la pral pi alèz pou yo prezante nan lang matènèl yo.

Dezyèm gwoup la vini ak menm kout baton an : paske kontni an te an franse, yo deside prezante an franse, menm si se te nan gwo soufrans. Lidè a rete kanpe an plas malgre m envite l chita pou janm m te wè l ap sekwe de pye l ansanm nan tout sans, epi dis min mare nan fwon l lè l ap gade asistans lan. Mwen te gen pitye pou jèn sa yo.

Difikilte sa yo te tèlman enkyete m, mwen te deside pou m diskite de sa ak yon ansyen pwofèsè m nan Inivèsite Leta d Ayiti, ki te deside depi plis ke diz an pou l fè kou Antwopoloji Kiltirèl li an kreyòl sèlman. Mwen te sonje ke se te youn nan pi bèl eksperyans mwen nan fòmasyon m ann Ayiti, paske m te gen chans fè sentèz kontni syantifik an kreyòl alekri. Nan kòmansman, sa pa t trè fasil paske se te premye fwa m t ap fè devwa alekri an kreyòl. Men, se te youn pami yon ti ponyen kou kote mwen te rive konprann plis konsèp, epi ki enfliyanse fason m wè lemond jis jounen jodi a.

Epi se kon sa nou vin deside pou n enpoze kreyòl kòm lang travay pou etidyan sa yo ki preske ap fè kriz pandan y ap fè ekspoze yo an franse. Paske selon eksperyans ansyen pwofèsè m lan, lè w bay yon ayisyen chwa ant kreyòl oswa franse kòm lang travay nan sal klas, se bloke w plis bloke l. Paske nou tèlman konplekse ak zafè sa a, n ap toujou wont chwazi kreyòl, paske si nou chwazi kreyòl se kòm si nou tou di nou pa konn pale franse, ki reprezante lang moun save nan peyi nou.

Alòs, nan kòmansman dezyèm seyans ekspoze yo, m envite etidyan kou Sikoloji Kognitif mwen yo, pou yo prezante travay yo an kreyòl. Men, kòm mwen konnen remèt rapò ekri a nan lang matènèl yo pral yon nouvo egzèsis, mwen ba yo chwa ant franse ak kreyòl, epi m ajoute kòm rekonpans yon bonis 10 pwen pou moun ki chwazi kreyòl pou ekri travay la.

Bon, desizyon sa a te kreye yon pakèt pale anpil nan mitan etidyan yo. Youn nan gwoup ki t ap gen pou fè ekspoze an dènye yo, yo menm di ke m pa t gen dwa pran yon desizyon gwo ponyèt kon sa. Yo di ke desizyon an gen fòs kote. Yo di ke mwen pa ka mande yo ekri an kreyòl pou bonis alòs ke dokiman sa yo ke yo pral konsilte yo, se an franse ke yo ekri. Epi tou, yo di ke li difisil pou tradui mo teknik an kreyòl paske pa gen dokiman syantifik nan disiplin sa a ki pibliye nan lang sa a. Poutan m te byen di yo ke yo ka chwazi fè travay la an franse; men, yo p ap gen pwen bonis pou li si li an franse.

Enbyen, se tankou gen yon mirak ki te fèt nan kou sa a. Dapre obsèvasyon mwen ak menm etidyan yo, nou remake ke tout lòt gwoup ki vin fè ekspoze apre mwen te fè pwopozisyon sa a, yo pale kòm si yo pi byen metrize nosyon y ap prezante a. Yo rive fè alevini ant papye prezantasyon an epi piblik la byen fasil san pete kouri. Pa t gen siy latranblad kay prezantatè yo, epi zafè fot gramè ak bouch sirèt vole gagè epi etidyan yo rive tradui tout mo teknik sa yo ke yo te aprann an franse.

Men, sou sis (6) gwoup (28 etidyan) sa yo, te genyen kanmenm de gwoup (8 etidyan) ki te deside ekri rapò yo an franse olye pou yo fè sa an kreyòl malgre bonis. E nou te remake ke gwoup ki te pi djanm ni nan prezantasyon aloral ni nan rapò alekri a, se te sa yo ki te travay sèlman an kreyòl. Men, rapò sa yo te gen fay nan òtograf. Kanta de (2) gwoup ki remèt rapò an franse yo, malgre tout fot gramè ke n te tande lè yo t ap fè prezantasyon an franse, rapò an franse yo preske pa t gen pwoblèm ni nan gramè, ni nan òtograf.

Esperimantasyon sa a ban mwen anpil espwa ak anpil entèwogasyon pou mwen kòm ayisyèn ki fòme nan sistèm lekòl ak inivèsite ann Ayiti, epi ki te al fin kontinye etid mwen an Frans kote tout bagay fèt an franse. Epi tou antan ke anseyan nan inivèsite ann Ayiti. Anfen, kòm pwofesyonèl nan klinik sante mantal e k ap fè rechèch sou sa tou.

Si se vre lang kreyòl pa ka sèvi pou lasyans, ki sa ki esplike jan etidyan m yo avè m rive itilize lang sa a aloral e alekri epi youn konprann lòt? Gen moun ki pral reponn se paske nou konn domenn lan deja an franse. Kidonk yo ka di ke nou pa t pale bon kreyòl, men yon kreyòl fransize. Fòk mwen raple nou ke yon lang se lespri nou ki kreye li pou n ka kominike. Kidonk li pa t kale tèt li pou kont li sou latè, se evolye li evolye. Kapasite pou panse nou byen devlope epi pou n ka kreye tout bon, sa depann anpil de metriz lang n ap reflechi ladan an (Kramer, 2013). Nou konnen ke filozòf Grèk ak Alman ke n ap etidye nan lekòl ak inivèsite Ayiti yo, te konn ap fè filozofi nan lang grèk, laten ak alman. E poutan, moun rive tradwi travay sa yo an franse, ann angle, elatriye.

Alòs, pou ki sa nou menm ann Ayiti, nou pa ta dwe aprann reflechi epi ekri an kreyòl? Èske nou pa ka sèvi ak resous lang kreyòl la pou nou kreye yon vokabilè syantifik ki djanm? Epi tou, nou pa ta ka toujou sèvi ak tèminoloji syantifik ki deja egziste nan lòt lang pou n anrichi dimansyon syantifik lang kreyòl la? Eske pale kreyòl vle di san mank fòk pa gen varyasyon selon espesyalite moun k ap pale l yo, sitiyasyon an, orijin sosyal, jewografik yo, elatriye? Èske kalite franse oswa angle yon gwoup syantifik ap pale antre yo se menm kalite lang ak sa yon gwoup frankofòn oswa anglofòn ap pale nan lavi l tou lè jou?

Lòt entèwogasyon nou te genyen ankò, se ki rezon k fè menm lè elèv ak etidyan ayisyen nou yo mèt ap fè pakèt fot nan pale franse, lè y ap ekri devwa kote yo pou kont yo, anpil fwa tout fot vole gagè? Sa mande pou n ta konfime l nan yon etid kantitatif.

Premye ipotèz la, gen dwa se tout bon etidyan sa yo pi maton nan gramè alekri (Govain 2009), petèt paske yo gen plis tan pou yo fè alevini sou sa y ap ekri a, epi korije l.

Men, gen yon dezyèm ipotèz ki ka gen plis sans: se zafè konsekans fòse timoun bat pa kè nan lekòl nou yo depi premye ane fondamantal. Se tankou aprantisaj nan chache rezoud pwoblèm oswa nan kenbe leson sou baz rezònman preske pa egziste nan sistèm lekòl nou yo. Kidonk, yon elèv oswa etidyan ayisyen ki abitye etidye pa kè nan yon lang ki pa lang li, si w pa mande l pou l aprann rezime tèks li fin li a nan mo pa l, li souvan pi alèz pou l rekopye tèks otè a mo pou mo. Paske, pli souvan, yo pa t montre l fè lòt jan ke bay mo pou mo. Men, sitou paske y ap fòse l reflechi nan yon lang ki pa lang manman l, yon lang ke l dekouvri nan liv, ke l konn pale yon lè kon sa. Lè kon sa, atitid sa a kontinye ata nan karyè pwofesyonèl li, e l vin ap fè fas kare ak zafè etik pwofesyonèl lè l ap ekri dè pawòl ke li pran mo pou mo nan lòt tèks ki pa tèks li. Pafwa sa menm sanble parès entèlektyèl.

Konklizyon

Pou nou konkli, n ap raple ke depi lè disiplin sikoloji kognitif nan syans sikoloji te tikatkat, chèchè yo te gentan konprann wòl li. Espesyalis sèvi ak li pou konprann ki sa entèlijans ye; kòman sistèm panse nou fonksyone; e ki jan yo kapab fè lespri bay bon randman nan fonksyònman li. Sikoloji kognitif deja fè prèv li lòtbò dlo paske li rive :

  • 1) pèmèt yo mete sou pye pwogram pedagojik ki baze sou konesans ak kapasite moun lan selon jan l devlope;
  • 2) kreye zouti pou ede moun k ap aprann nan pwogram fòmasyon oswa moun ki retounen sou ban lekòl pou yo pran fòmasyon pwofesyonèl;
  • 3) bay zouti pou ede nou envante nouvo bagay, fè dyagnostik yon pwoblèm pou n ka pran desizyon (Neves, 1999).

Bon ak move konsekans bilengwis ak diglosi sou fason nou panse, sa atire atansyon chèchè yo anpil tou (Ekouma, 2006). Men bilengwis ak diglosi, se de bagay diferan. Selon rechèch ki fèt sou bilengwis, anpil chèchè panse ke sa sèlman gen bon konsekans sou devlòpman kognitif timoun yo. Men pa bò isit Ayiti ki sa n remake : se pa yon kesyon bilengwis. Se yon pwoblèm kote y ap anseye timoun yo an franse kòm si yo bileng (franse-kreyòl) alòske se yon grenn lang (kreyòl) ke yo pale tout bon. Anpil nan rezon y ap dekri pou yo pa konsakre lang kreyòl kòm premye lang nan ansèyman Ayiti chita sou prejije. Pyès moun po ko pote prèv syantifik vre. Sa pa gen lontan, yon konfrè ayisyen sot ekri tèz doktora l nan sikoloji kognitif sou pwoblematik sa a. Li fè rechèch sou elèv twazyèm sik ki soti nan milye defavorize e k ap viv nan ensekirite lengwistik. Lè timoun sa yo fin li yon tèks an franse (L2), epi, apre sa, yo reli oswa retande menm tèks sa a an kreyòl (L1), timoun sa yo rive aktive konesans yo te konstwi nan lang yo ak kilti ayisyen an pi byen. Yo rive sonje lide ki pi enpòtan nan tèks la, kidonk yo konprann tèks la fasil (Duvelson, 2011).

Alòs lè n baze n sou tout konsta nou sot site la yo, n ap poze tèt nou kesyon. Eske sikoloji koyitif ki nan baz pwogram fòmasyon sikològ, espesyalis nan langaj, nan didaktik ak enfòmasyon pa genyen yon gwo wòl pou l jwe nan pwojè refòm sistèm edikatif ak ansèyman siperyè nou an? Rezilta rechèch (Duvelson, 2011; Govain, 2009) ak eksperyans [6] ayisyen sou plas kreyòl nan aprantisaj ak ansèyman gen dwa pa anpil; men, yo disponib. Gen rechèch ki montre aklè ke timoun ayisyen (Degraff, 2015), menm jan pou timoun aletranje (Benson et al. 2013) rive li pi byen lè yo aprann li nan lang matènèl yo. Nan ka sa, ki sa moun k ap deside yo ap rete tann pou bay yo bourad pou gen plis rechèch sou sa toujou, epi pou yo mete rezilta sa yo an pratik?

Nou di yon gwo mèsi a Pwofèsè Michel Degraff ak Serge Madhere ki te pran tan reli tèks sa pou nou.

Références – Referans yo

Benson, C., & Kosonen, K. (Eds.) (2013). Language issues in comparative education: Inclusive teaching and learning in non-dominant languages and cultures. Rotterdam: Sense Publishers.

Constitution Haitienne de 1987. http://democratie.francophonie.org/IMG/pdf/Haiti.pdf

DeGraff, Michel (2015). Kreyòl-Based and Technology-Enhanced Learning of Reading, Writing, Math, and Science In Haiti: Project outcomes report. National Science Foundation. http://1.usa.gov/1JUdvpt

Duvelson, E. (2011). Étude des effets de la relecture sur la compréhension de textes explicatifs par des enfants de cycle 3 dans le contexte diglossique d’Haïti. Conception et validation d’aides et de remédiations aux difficultés de compréhension. Thèse de Doctorat. Université Paris 8.

Ekouma, C.M. (2006). Rôle des facteurs de variabilité culturelle et linguistique dans la compréhension et le rappel de textes en langue seconde.
 Vers une didactique cognitive des aides à la compréhension en milieu diglossique. Thèse de doctorat. Université Paris 8.

Govain, R. (2009). Plurilinguisme, pratique du français et appropriation de connaissances en contexte universitaire en Haïti. These de doctorat. Paris 8.

Krämer, W. « La langue maternelle, moteur de la créativité de la pensée », Trivium [En ligne], 15 | 2013, Dossier, mis en ligne le 09 décembre 2013, consulté le 15 janvier 2016. URL : http://trivium.revues.org/4682

Neves, R.D.S (1999). Psychologie Cognitive. Armand Collin. Paris.

Piaget, J. (1966). La psychologie de l’enfant. PUF. Paris.

Styles, A. E., (2015). Attention, Perception and Memory, An integrated introduction. Oxford Brooks University. U.K.

Pour citer ce texte :

Blanc, Judite. 2016. « Et si la psychologie cognitive pouvait casser le mythe que le Kreyol n’est pas une langue scientifique? ». In Justice cognitive, libre accès et savoirs locaux. Pour une science ouverte juste, au service du développement local durable, sous la direction de Florence Piron, Samuel Regulus et Marie Sophie Dibounje Madiba. Québec, Éditions science et bien commun. En ligne à https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/justicecognitive1


  1. Cette question a été abordée dans le thème « Éducation de qualité, langue(s) d’enseignement et acquis de l’apprentissage », thème retenu par l’Organisation des Nations Unies pour célébrer la journée internationale des langues maternelles le 21 février 2016. Voir https://www.un.org/fr/events/motherlanguageday/.
  2. Équivalent du Baccalauréat du système universitaire Nord-Americain.
  3. La première année primaire fondamentale en Haiti.
  4. https://haiti.mit.edu/; http://facebook.com/mithaiti
  5. https://www.un.org/fr/events/motherlanguageday/.
  6. https://haiti.mit.edu/; https://www.facebook.com/mithaiti

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Justice cognitive, libre accès et savoirs locaux Droit d'auteur © 2016 par Florence Piron est sous licence Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, sauf indication contraire.

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