Justice cognitive
2 Les injustices cognitives en Afrique subsaharienne : réflexions sur les causes et les moyens de lutte
Thomas Hervé Mboa Nkoudou
En 2009, Shiv Visvanathan proposait le concept de justice cognitive qu’il définissait comme la reconnaissance active de la pluralité des savoirs en science[1]. Cette quête noble semble être née d’un sentiment de malaise face à la domination d’une certaine vision du monde, issue des pays du Nord, sur d’autres formes de savoirs, créant ainsi un déséquilibre : des injustices cognitives. Cette situation n’est pas propre à l’Inde, elle se vit partout dans les pays des Suds, surtout en Afrique. C’est pourquoi le projet SOHA[2] a fait de la quête de justice cognitive son cheval de bataille pour l’avènement d’un développement juste, durable et local.
Consciente que ces injustices ne se vivent pas de la même manière d’un pays du Sud à l’autre, l’équipe du projet SOHA a choisi de décrire celles qui sont propres au contexte d’Haïti et d’Afrique francophone. Neuf injustices cognitives ont été identifiées au fil des travaux de recherche, des échanges et des interviews (voir le chapitre 1). Comme l’atteinte de l’idéal de justice cognitive passe par l’éradication ou la réduction de ces injustices, je me suis posé les questions suivantes : comment s’attaquer à ces injustices si nous ne connaissons pas les causes profondes de leur existence? De quels moyens disposons-nous pour éradiquer ce fléau tentaculaire? En me limitant à l’Afrique subsaharienne, mon objectif sera d’apporter des éléments de réponses à ces questions. Dans la première partie, je vous ferai part de mes réflexions sur la double origine des injustices cognitives dans cette région du monde. Dans la deuxième partie, il sera question de voir dans quelle mesure la science ouverte et les politiques publiques peuvent servir de moyens de lutte contre ces injustices.
Causes de l’injustice cognitive
J’explore ici des causes endogènes et exogènes, aussi importantes les unes que les autres.
Les causes endogènes
Il est facile de tomber dans le piège aveuglant de croire que la domination d’une certaine vision du monde issue des pays du Nord sur d’autres formes de savoirs est la principale et unique cause des injustices cognitives en Afrique. Bien que l’idée soit valable, il faut également reconnaitre que les situations d’injustices sont entretenues et renforcées par des dirigeants et les citoyens des pays africains : d’où l’origine endogène des injustices.
L’indifférence des décideurs
Le système d’enseignement supérieur et de recherche en vigueur dans de nombreux pays africains reste un vestige de la colonisation, dont la pérennisation est assurée par la reproduction, année après année, des mêmes idéaux et principes. Cette reproduction est assurée non par les anciens colonisateurs, mais par nos propres leaders politiques qui font perdurer un système structuré selon un cloisonnement classique qui ralentit toute communication possible entre les chercheurs à l’intérieur du pays ou avec le monde extérieur, pire encore entre l’université et le milieu de vie immédiat. Pour la classe dirigeante, les changements en cours dans le monde et les besoins de la société semblent ne pas avoir de lien direct avec l’université. Ce système, réfractaire à tout changement nouveau, donne l’impression que les réformes y sont proscrites ou qu’il faut l’aval d’une instance supérieure pour adopter des politiques qui vont permettre un épanouissement intellectuel. Dans certains cas, un intérêt conditionné par des financements externes peut faire surface; ainsi, on assiste actuellement à des recopiages sans effort d’adaptation aux réalités locales. Le dernier exemple en date est le système LMD (licence, master, doctorat) qui a été rapidement adopté par nos dirigeants, laissant des universités en proie à de maux profonds.
Certains tenteraient d’expliquer ce désintérêt pour l’université par la pauvreté ambiante de nos États, qui pousserait les dirigeants à établir des priorités privilégiant des rentrées d’argent à travers des financements externes. Malheureusement, ces priorités sont souvent l’occasion d’ouvrir le spectacle de la corruption et de la malversation financière, nous entrainant vers la descente aux enfers. Pour ma part, cette cause est fortement à l’œuvre dans deux des neuf injustices cognitives identifiées par le projet SOHA. Il s’agit de :
- la faiblesse des infrastructures et des politiques de recherche : une situation qui se décrit par la rareté des ressources financières, administratives et informationnelles nécessaires pour développer un système viable de recherche scientifique comprenant laboratoires, bibliothèques équipées, web universel, centres de recherche, organismes subventionnaires, revues scientifiques, etc.
- le manque de littératie numérique et les difficultés d’accès au web : cette injustice se manifeste d’une part, par l’incapacité d’exploiter de manière optimale les possibilités d’un ordinateur et du web; d’autre part, par l’absence du réseau Internet dans les campus.
L’aliénation des citoyens
Le duo formé par l’instruction reçue à l’école et l’internationalisation des médias a des effets négatifs sur la culture des citoyens africains, qu’ils soient chercheurs ou non, jeunes ou vieux. En effet, la culture occidentale abondamment relayée dans les médias et les manuels scolaires leur est montrée comme étant supérieure aux autres cultures. Cette situation pousse les Africains à multiplier les efforts pour atteindre l’idéal de vie du « blanc ». Cette situation semble bloquer leur faculté à penser localement, voire même à être réflexif. Ainsi, face à une situation donnée propre au contexte africain, nombreux sont ceux qui puisent en premier lieu dans les ressources cognitives occidentales pour proposer des éléments de réponses. Quand bien même certains prennent conscience de cette distorsion cognitive, il leur est difficile de faire le chemin de retour, soit à cause de la force de l’habitude, soit parce que le système ne s’y prête pas.
Au-delà de l’effet des médias, l’aliénation se fait aussi consciemment ou non dans les milieux éducatifs à travers les pratiques enseignantes, les programmes et les manuels scolaires issus généralement de France.
De là naissent les injustices cognitives suivantes :
- l’exclusion ou le mépris des savoirs locaux qui sont relégués à être de simples croyances, de la superstition ou de la « culture ». Pourtant, ce sont les Africains qui doivent être les premiers à promouvoir ces savoirs locaux. En les délaissant pour en promouvoir d’autres, on ne dira pas que ce sont les Occidentaux qui sont à l’origine de cette injustice;
- une frontière étanche entre la société et la science : les chercheurs africains sont tellement accrochés à l’idéal de neutralité de la science et au souci de sa « pureté » qu’ils considèrent les contacts avec les citoyens ordinaires comme des « risques » ou des menaces et qu’ils préfèrent évoluer dans leur « tour d’ivoire ». Par ailleurs, les citoyens ordinaires se sentent tellement diminués par rapport aux chercheurs que leur parler de leur éventuelle implication dans la recherche est un sujet tabou;
- la pédagogie de l’humiliation : qui est pratiquée par des enseignants qui abusent du droit d’aînesse en l’utilisant pour détruire ceux qui pourraient les remplacer ou les dépasser. Elle se manifeste par l’humiliation publique en classe, le refus de lire les travaux, les évaluations très sévères, etc.
Ces injustices sont clairement dues à nos propres pratiques plus qu’à tout autres raisons. Mais la description de ces causes laisse entrevoir des causes beaucoup plus lointaines et globales.
Les causes exogènes
À la différence des causes endogènes, les causes exogènes ne sont pas directement liées aux comportements des citoyens et leaders africains. Ce sont des phénomènes que nous subissons de plein fouet et qui nous contraignent à dépendre du courant dominant. Il s’agit notamment du système capitaliste et de la colonisation.
Le système capitaliste
Je considère que la connaissance est un bien commun qui ne doit aucunement faire l’objet d’une marchandisation quelconque. Mais on se rend compte que les universités sont devenues des marques qui se vendent à des prix élevés, avec le concours d’une mise en marché reliée aux palmarès mondiaux des meilleures universités, aux financements de la recherche et au nombre de publications dans des revues prestigieuses. Dans ces conditions, les universités africaines, généralement dotées de peu de moyens et ne bénéficiant pas d’un intérêt particulier de la part des dirigeants de leur pays, sont toujours au bas de l’échelle, sans abonnement aux revues prestigieuses et sans financement de la recherche. Dès lors, la recherche est orientée et dictée par les bailleurs de fonds étrangers qui privilégient des thèmes qui ne correspondent pas toujours aux priorités du contexte africain. Quant aux publications scientifiques, les décideurs africains semblent ne pas avoir pris conscience du potentiel du libre accès pour valoriser la production scientifique locale et l’imposer sur la scène scientifique mondiale. Les injustices induites par le système capitaliste sont les suivantes :
- l’accès fermé aux publications scientifiques : très peu d’universités sont abonnées aux grandes revues scientifiques, car celles-ci vendent les abonnements à des prix exorbitants, même dans leur version numérique. Les chercheurs qui souhaitent se procurer individuellement des articles publiés dans des revues fermées ne parviennent pas à le faire soit à cause de leur faible pouvoir d’achat, soit parce qu’ils ne possèdent pas de carte de crédit permettant de faire des achats en ligne. C’est ainsi qu’à cause d’un système hautement commercialisé, une partie du monde n’a pas accès à ce bien commun qu’est la connaissance.
La colonisation
La colonisation a laissé des traces presque indélébiles en Afrique. Renforcée par le système éducatif, la colonisation sévit par la langue qui est un puissant véhicule de culture. C’est de cette langue du colon que part le refoulement de nos propres cultures, sous prétexte qu’elles sont barbares. La colonisation engendre donc les injustices cognitives suivantes :
- la langue de la science est coloniale : les chercheurs africains souffrent de penser initialement en leur langue maternelle, mais de devoir écrire et publier dans les langues coloniales que sont le français ou l’anglais. Ce détour injuste dilue la qualité de nos idées et ne nous permet pas d’exprimer intégralement le fond de notre pensée originelle;
- la profonde aliénation épistémique : elle se manifeste par la colonisation des esprits dont les certains effets ont été décrits en amont. Cette attitude qui nous pousse à vouloir penser les problèmes locaux avec une pensée occidentale est un héritage colonial que nombre de citoyens africains trainent comme un boulet.
Ce tableau explicatif peut paraitre lugubre au point de penser que l’Afrique est perdue. Mais tel n’est pas le cas, car certains pays ont élaboré des politiques qui visent un véritable regain de nationalisme orienté vers la valorisation des langues et des savoirs locaux (Rwanda, Sénégal, Afrique du Sud…). Bien que ce soit un premier pas satisfaisant, je le trouve insuffisant par rapport à l’énorme tache qui s’impose à nous. C’est pourquoi, dans ce qui suit, je propose quelques moyens de lutte qu’on y pourrait associer.
Moyens de lutte contre l’injustice cognitive
Les différentes causes des injustices cognitives présentées plus haut donnent une vue panoramique des dégâts qu’elles occasionnent dans le continent. Ce désastre cognitif est loin de s’arrêter si rien n’est fait. Il ne s’agit pas seulement de l’intérêt des Africains, mais aussi celui de la science qui risque de perdre la richesse que procure la diversité des savoirs. Face à la puissance du système capitaliste et à l’omnipotence de la pensée unique dominante, de quels moyens disposons-nous pour rétablir la justice? Je ne saurais me targuer d’apporter une réponse claire et nette à cette question, mais je vais proposer des moyens pouvant permettre de mener le combat au niveau endogène, avant de s’attaquer aux causes externes. Ces moyens de lutte peuvent être scientifiques, technologiques, politiques ou encore personnels.
Open science
L’open science ou science ouverte n’est pas une nouvelle science, ni une science d’opposition. C’est une option alternative au modèle conventionnel de la science, un mouvement d’idées et de pratiques qui promeut une autre façon de faire la science en privilégiant la construction et la diffusion des savoirs. Dans la littérature scientifique, l’open science est perçue comme un processus qui se caractérise par le libre partage des protocoles, des données et des publications de recherche, la participation citoyenne dans la science à travers la collecte des données et les nouvelles formes de coopération internationale scientifique favorisées par la technologie (Albagli et al., 2015). Bien que je sois d’accord avec cette définition, elle semble se limiter au monde universitaire et accorder moins d’importance aux citoyens ordinaires en leur octroyant seulement le rôle de collecteur de données.
La conception de la science ouverte du projet SOHA est venue à bout de cette limite en ajoutant que la construction des savoirs peut faire autant appel aux scientifiques qu’aux non-scientifiques et qu’elle s’ouvre aux savoirs non-scientifiques (traditionnels, locaux, politiques, quotidiens, etc.) au lieu de les mépriser ou de les ignorer (Piron et Mboa, 2015). C’est une science qui rejette la tour d’ivoire et la séparation entre les scientifiques et le reste de la population du pays (Piron, 2015). Bref, c’est une science libérée du contrôle par une norme universelle capitaliste, par l’autorité hiérarchique et par des classes scientifiques préétablies. Sous cet angle, la science ouverte offre les avantages suivants :
- elle rapproche la science de la société;
- elle favorise le développement juste et durable;
- elle permet l’expression des groupes minoritaires et/ou marginalisés, ainsi que de leurs savoirs;
- elle favorise des recherches originales, locales et utiles au pays;
- elle facilite l’accès à une information scientifique et technique variée, abondante, récente et à jour;
- elle développe les compétences numériques;
- elle facilite le travail collaboratif;
- elle donne une meilleure visibilité aux travaux de recherche.
En se fixant l’objectif de bénéficier de ces avantages, les chercheurs et étudiants d’Afrique combattent l’injustice cognitive. Pour cela, la science ouverte s’appuie sur le libre accès, les licences libres, l’informatique libre, les sciences citoyennes…
Les sciences citoyennes
On regroupe sous l’expression « sciences citoyennes » toutes les nouvelles formes de collaboration entre scientifiques et non-scientifiques. Ces collaborations ont transformé aussi bien les relations entre citoyens et chercheurs que les dynamiques de production, de diffusion et d’appropriation des savoirs. Dans la littérature, deux tendances principales émergent de la description du concept de sciences citoyennes. Dans un premier cas, il s’agit de la recherche qui s’ouvre à la participation de non-scientifiques pour améliorer les connaissances produites sur différents sujets, notamment en biologie, en astronomie, en génomique, en botanique. Dans un deuxième cas, on parle de « science participative » ou « coopérative » : il s’agit de recherches dont le design inclut les personnes qui sont l’objet du savoir produit ou qui sont touchées par le phénomène étudié et dont on assume l’intelligence, la capacité de comprendre et de produire la connaissance (Piron et Mboa, 2015). Sous cet angle, je suis inquiet que l’on pense que toute production de savoir ne passe que par un processus de recherche bien huilé dans le système universitaire auquel on essaie d’ajouter le citoyen pour « faire bonne figure ». Mais quand on considère les sciences citoyennes sous l’angle que joue le citoyen dans la production des savoirs, on le voit comme collecteur de données d’une part et comme coproducteur de savoirs d’autre part; Albagli (2015 :15) parle respectivement d’approche instrumentale et d’approche démocratique.
Dans l’approche instrumentale, les sciences citoyennes sont considérées comme un vaste réseau de personnes qui collaborent en procurant des données expérimentales et des facilités aux chercheurs. Les citoyens s’impliquent alors volontairement dans la collecte de données, les tâches d’analyse, etc. Pour ma part, cette approche ne s’inscrit pas dans la logique de justice cognitive car seulement le chercheur semble tirer des profits de cette coopération, en utilisant les citoyens pour obtenir des données qu’il n’aurait pu recueillir avec les moyens et le temps mis à sa disposition. En plus, on a l’impression qu’on reste purement dans le cadre académique où les universitaires détiennent la connaissance et envoient leurs subalternes (citoyens) recueillir les données. C’est pourquoi l’approche démocratique me séduit et semble être indiquée pour la lutte contre l’injustice cognitive en Afrique. Dans cette approche, le citoyen est celui-là qui pose et se pose de nouvelles questions, qui participe à la co-création d’une nouvelle culture à travers des expériences participatives et l’assemblage des ressources.
En parlant de lutte contre l’injustice cognitive, l’Afrique gagnerait donc à adopter cette approche démocratique des sciences citoyennes pour mettre en valeur la culture ouverte, la science par tous et pour tous, les infrastructures digitales et une recherche innovante, ce qui permettrait aux humains (la distinction chercheurs/citoyens ne vaut plus la peine) d’acquérir de nouveaux apprentissages et compétences, de comprendre mieux la science. Cette approche serait renforcée par l’existence des lieux tels que les boutiques de sciences et les tiers-lieux de fabrication numériques (Fablab, hackerspace, makerspace) où règne seulement l’envie d’échanger, de partager et de contribuer à l’enrichissement des connaissances
Les boutiques des sciences et des savoirs
Il ne s’agit pas de boutiques dans leur sens traditionnel du terme, mais de petites entités qui permettent aux universitaires de conduire des recherches sans frais à la demande des organisations locales de la société civile. Le besoin provient donc essentiellement des populations avant d’être soumis aux chercheurs et non le contraire. Les boutiques des sciences et des savoirs ont pour mission de doter la société civile de savoirs grâce à la recherche et l’éducation, d’offrir gratuitement des services de recherche; de démocratiser l’accès aux savoirs, de faciliter l’échange, la circulation et la production des savoirs entre les chercheurs, les citoyens, d’établir des partenariats équitables et durables entre les universités et les organisations de la société civile et d’amener les décideurs politiques et les chercheurs à mieux comprendre les besoins de la société civile (voir, à ce sujet, les chapitres de Kedma Joseph et Florence Piron). À plus d’un égard, la poursuite de ces missions des boutiques des sciences et des savoirs permettrait aux États africains de combattre l’injustice cognitive grâce :
- à des réponses adaptées aux besoins réels de la société civile;
- à des services offerts aux groupes de personnes marginalisés/désavantagés et/ou sans moyens;
- à la découverte de nouvelles pistes de recherche en reformulant les besoins de la société en problèmes de recherche;
- au renforcement du lien science-société avec les résultats de recherche qui seront localement pertinents.
Les tiers-lieux de fabrication numérique
Les tiers-lieux de fabrication numérique sont des espaces de réflexion, de création et d’innovation communs et ouverts au public. Il s’agit de lieux physiques où plusieurs personnes qui ont la passion de fabriquer peuvent se rencontrer, échanger et travailler en partageant des idées, du matériel, des expériences, etc. Investis par la philosophie hacker qui s’oppose à toute forme de blocage et de relations hiérarchiques, ces espaces regroupent entre autres les hackerspaces, les fablabs, les makerspaces, les biolabs, les livinglabs.
La vulgarisation de ces tiers-lieux en Afrique favoriserait :
- la démocratisation numérique;
- l’acquisition des compétences numériques de base;
- le développement par l’innovation sociale.
Le libre accès à l’information scientifique et technique
Avant l’arrivée d’Internet, on déplorait l’inégale répartition de l’information scientifique dans le monde. Elle était alors majoritairement consignée sur des supports physiques (livres, revues savantes, monographies…) et accessibles dans des bibliothèques, mais surtout dans les pays du Nord. Dans les pays du Sud, le seul moyen des scientifiques de se tenir à jour était de payer des abonnements et recevoir des revues par la poste, un processus extrêmement couteux qui a contribué à la raréfaction, dans ces aires géographiques, de l’information scientifique diversifiée et de qualité.
Malgré l’arrivée d’Internet, on déplore toujours cette situation d’inaccessibilité à l’information scientifique dans les pays du Sud. Pourtant, Internet a changé nombre de pratiques professionnelles liées à l’édition scientifique. On assiste à une rupture des frontières physiques, les fichiers numériques se « baladent » d’un continent à un autre en une milliseconde, l’information scientifique devient accessible et à moindre coût. On va même jusqu’à parler d’infobésité pour marquer la surabondance de l’information scientifique. Face à ces changements qui rapprocheraient normalement les coûts de production de zéro, les éditeurs scientifiques commerciaux qui possèdent la majorité des revues anglophones font tout pour maintenir leurs profits en créant artificiellement la rareté de l’information par la sélection des revues d’élite qui seraient les seules habilitées à produire l’information de qualité. Ils leur attribuent des facteurs d’impact (Impact Factor) et rendent leur contenu accessible seulement après paiements par les lecteurs et abonnements par les bibliothèques, même si la revue est uniquement en ligne. C’est dans ce contexte qu’au début des années 2000 est né le concept de libre accès qui se présente comme une alternative aux voies qui mettent des barrières de toute nature (financière, légales, physiques) à l’accès à l’information. Dans la déclaration de Budapest (Budapest Open Access Initiative) en 2002, réaffirmée dix ans plus tard, il est clairement dit :
Par « accès libre » à [la littérature de recherche validée par les pairs], nous entendons sa mise à disposition gratuite sur l’Internet public, permettant à tout un chacun de lire, télécharger, copier, transmettre, imprimer, chercher ou créer un lien vers le texte intégral de ces articles, les analyser automatiquement pour les indexer, s’en servir comme données pour un logiciel, ou s’en servir à toute autre fin légale, sans barrière financière, légale ou technique autre que celles indissociables de l’accès et de l’utilisation d’Internet. La seule contrainte sur la reproduction et la distribution et le seul rôle du droit d’auteur dans ce contexte devrait être de garantir aux auteurs un contrôle sur l’intégrité de leurs travaux et le droit à être correctement reconnus et cités.
Je ne vais pas m’attarder sur les deux voies du libre accès, que sont la voie dorée qui consiste à publier dans une revue en libre accès sur le web (les éditeurs en proposent, mais certains imposent parfois des frais aux auteurs) et la voie verte qui consiste à archiver une copie en libre accès de son article dans un dépôt institutionnel universitaire ou dans une archive ouverte. Il me semble plutôt important de souligner que par ces deux voies, le libre accès est venu bouleverser les systèmes traditionnels de publication. En effet, par l’autoarchivage (voie verte), la production scientifique locale a la possibilité de circuler librement et gratuitement entre étudiants ou entre universités d’un même pays ou du monde entier, ce qui valorise les producteurs de ces savoirs en les rendant visibles au moins à l’échelle nationale. Quant à la voie dorée, en plus de renforcer la voie verte au niveau local, elle permet de véhiculer sur la scène internationale, les savoirs africains ainsi que leurs applications adaptées au contexte. C’est de cette façon que le libre accès peut être une arme puissante et efficace pour combattre l’injustice cognitive liée à l’accès à l’information.
L’informatique libre
Que cela ne soit pas une surprise de voir pointer ici l’informatique libre comme moyen de lutte contre l’injustice cognitive. Le numérique, mieux encore qu’Internet, représente une chance inouïe pour l’Afrique de sortir du joug sous lequel sont bloqués ses savoirs et leurs producteurs. Les efforts faits par certains pour embrigader sa toute-puissance à des fins personnelles (économiques, stratégiques, politiques) sont une véritable plaie qui peut être pansée par la culture libre.
Les licences libres
Les questions liées à la propriété intellectuelle sont un véritable frein à l’avènement de la justice cognitive. En effet, à travers le droit d’auteur sur les œuvres de l’esprit ou copyright, un individu a le pouvoir de décider de l’usage d’un savoir, d’un bien ou d’un objet. Cette pratique est diamétralement opposée aux valeurs africaines qui prônent le partage, l’appartenance à la communauté et le bien-être commun : tout le monde peut utiliser un savoir ou un objet dès lors qu’il sert au bien commun et que l’équilibre du monde n’est pas perturbé, sans avoir à demander la permission d’un quelconque individu qui en serait le créateur. C’est pourquoi les licences libres, qui se rapprochent de ces valeurs, seraient utiles pour combattre l’injustice cognitive, car elles nous donnent la possibilité de remixer les savoirs selon nos besoins. Ainsi, il serait intéressant de faire usage des licences copylefts et creative commons, pour permettre aux Africains de se mouvoir en toute liberté lors de la construction, de la réutilisation et du partage des savoirs.
Le Copyleft rend libre un programme (ou toute autre œuvre) et oblige toutes les versions modifiées ou étendues de ce programme à être également libres. Quant aux licences Creative Commons, elles adaptent les droits d’auteur à Internet et fournissent un cadre juridique en faveur du partage sur Internet d’œuvres de l’esprit comme les images, les sons ou les textes (Fountain, 2012).
Le logiciel libre
À l’âge digital, l’une des plus grandes injustices que nous décrions en Afrique est l’absence de littératie et d’infrastructures numériques, inclunat une absence notable du matériel numérique de base : l’ordinateur. À ce sujet, une enquête menée par le projet SOHA démontre que moins de 50 % d’étudiants d’Afrique subsaharienne possèdent un ordinateur (voir le chapitre XX). Pour ceux qui en ont se pose encore un autre problème : la nature des programmes informatiques nécessaires pour les faire fonctionner. Dans de nombreux cas, il s’agit souvent des programmes privateurs qui bénéficient d’une large publicité, bien connus en Afrique. Mais ces programmes privateurs offrent peu de liberté à leurs utilisateurs au point où ils en sont prisonniers, sans la possibilité de mouvoir en toute liberté et de les distribuer à leur guise. Cette situation amène les Africains à utiliser des logiciels piratés quand cela est possible et réduit leur accès à la panoplie de logiciels existants. Pourtant, il existe une alternative (peu connue des Africains) à ces logiciels privateurs : le logiciel libre.
Un logiciel libre est un programme qui donne à toute personne qui en possède une copie le droit de l’utiliser, de l’étudier, de le modifier et de le redistribuer (Fountain, 2012). Il s’agit d’un programme dont les quatre libertés suivantes ont été octroyées par son concepteur :
- la liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages;
- la liberté d’étudier le fonctionnement du programme;
- la liberté de redistribuer des copies;
- la liberté d’améliorer le programme et de publier ses améliorations.
Avec de tels logiciels, les Africains n’ont plus besoin de pirater des logiciels pour s’en servir ni de demander des autorisations supplémentaires pour les partager ou les modifier selon le besoin. En termes de fonctionnalités, les logiciels libres n’ont rien à envier aux logiciels privateurs car leur développement se fait par des communautés engagées dans l’avancement d’une science juste et pour tous. Bien qu’un logiciel libre ne soit pas obligatoirement gratuit, il me semble être la solution durable qui pourrait favoriser le partage et l’acquisition des compétences numériques.
Le travail collaboratif
L’une des plus grandes avancées que nous devons reconnaître au numérique et à Internet est d’avoir banalisé les notions de temps et de distance. De nos jours, les frontières sont inexistantes et le temps sans durée. Grâce au web, envoyer un document du Cameroun au Canada se fait en un battement de paupières et sans barrières physiques (douanes, visa) pour un coût qui se rapproche de zéro. L’association de ces deux facteurs fait en sorte qu’aujourd’hui on peut travailler à plusieurs sur un même support numérique, au même moment ou de manière asynchrone, indépendamment du lieu ou de l’appartenance à un groupe ou à une institution, ce qui est favorable au partage des textes, des références bibliographiques, des données de recherche et à l’écriture collaborative.
Cette possibilité du travail collaboratif épouse les valeurs africaines et se présente donc comme un gage de solidarité, d’entraide et d’efficacité suffisant pour permettre aux savoirs africains et à leurs détenteurs de s’inviter dans le discours des savoirs scientifiques, sans complexe et en toute légitimité.
Les politiques
Dans le souci d’être réaliste et ne pas rêvasser d’une utopie, il faut comprendre que le combat pour la justice cognitive se déroule dans un espace public où coexistent citoyens, décideurs politiques, institutions, systèmes de pensée et médias. La science ouverte apparaît alors comme un outil mis à la disposition des citoyens et des leaders pour qu’ils définissent ensemble des objectifs communs et réalisables. Autrement dit, le soutien politique est incontournable dans la croisade contre l’injustice cognitive. Ce soutien peut revêtir différents aspects : une vision partagée, les orientations économiques et le socle sociétal.
La vision partagée
Dans le contexte africain, la vision partagée se résume à un appel à la communion entre les décideurs et les citoyens, à un dialogue ouvert et sincère au cours duquel les décideurs politiques mettraient de côté leurs intérêts personnels pour se mettre à l’écoute du peuple et de ses besoins. C’est sur cette base que les priorités de l’État seraient définies afin d’aboutir à une vision qui reflète la volonté de l’immense majorité et non celle d’une minorité d’élus. Avec une telle vision, il est probable que chaque citoyen se sent libre de s’exprimer, de se mouvoir et de libérer son aptitude à produire, utiliser et partager des savoirs.
Pour que cela advienne, le soutien politique que peuvent apporter les dirigeants africains est la mise en place d’une véritable démocratie. Il ne s’agit pas d’une pseudo-démocratie, où le slogan de participation citoyenne est brandi pour laisser croire à une implication réelle dans les affaires de la cité. Il s’agit plutôt d’une démocratie où la parole est donnée aux organisations de la société civile, aux femmes et aux minorités ethniques. À n’en point douter, le plaisir que procure le fait d’être écouté et pris en considération met les populations en confiance et les prépare à mieux bâtir leur pays en partageant leur vision. Pour me résumer, donner la parole aux organisations de la société civile, aux femmes et aux groupes minoritaires, puis la mettre en pratique (à court, long, ou moyen terme) est un acte démocratique qui engendre la confiance en l’État et participe à la construction d’une vision globale commune et partagée.
Les orientations économiques
Aborder des questions économiques dans un texte qui traite des connaissances peut paraitre paradoxal pour certains. Cependant, la science du Nord est dominée actuellement par le mantra de l’économie de la connaissance et du capitalisme cognitif. Donner une valeur marchande à la connaissance au nom du capitalisme est profitable à une minorité d’individus et va à l’encontre des principes des communs. Les décideurs politiques africains doivent être vigilants afin d’éviter de s’engager dans cette tendance à la marchandisation des savoirs; pour ceux qui y sont déjà engagés, il faudrait trouver des mécanismes de contrepoids pour rétablir la justice cognitive. Pour cela, que faut-il faire concrètement en termes d’orientations économiques?
D’entrée de jeu, il est important d’accepter que la connaissance n’est pas une marchandise ou un service commercialisable, mais un bien inépuisable et omniprésent au service des communautés. En effet, son exploitation par un individu autre que l’auteur ne diminue pas son utilité; au contraire, plus élevé est le nombre de personnes qui l’utilisent, plus il a de l’impact. La connaissance est un bien omniprésent car elle n’existe pas seulement dans les universités et lieux d’éducation formelle, mais également dans les villages, les forêts et autres endroits insoupçonnés. Ceci veut dire que le savoir peut et devrait être accessible à tout individu, sans barrière aucune, indépendamment de sa condition économique, de son origine sociale ou géographique. Sur cette base, les gouvernements africains doivent prendre des mesures incitant l’éclosion des savoirs, leur production et leur partage.
Les politiques économiques gouvernementales pourraient donc aller dans le sens d’appuyer financièrement les initiatives de réflexions communes sur la quête des solutions aux problèmes locaux, avec une préférence pour les initiatives en provenance des populations « non-scolarisées », des zones enclavées, des groupes minoritaires, des femmes et des jeunes. Il s’agit également de soutenir sur le plan national la diffusion de leurs échanges, de leurs conclusions et de leurs expériences, pour servir la communauté.
En ce qui concerne l’aide à l’éducation (universités, lycées, collèges, écoles), je propose que les responsables de nos États soient un peu plus exigeants sur la nature des propositions qui leur sont faites. Bien que d’une puissance à une autre (Chine, USA, France, etc.) la politique d’aide ne soit pas la même, il n’en demeure pas moins que cette aide est pernicieuse, voire fatale (Moyo, 2009). Je suggère même le refus de tout financement de la recherche venant de l’extérieur, car cette aide à la recherche est souvent conditionnelle et privilégie, de façon voilée ou non, les intérêts des bailleurs de fonds et non les intérêts des populations locales. Les politiques économiques devraient donc financer la recherche locale, en incitant les chercheurs à aller vers d’autres lieux de savoirs et à travailler avec les non-universitaires pour produire des savoirs localement pertinents. Il s’agit de soutenir la mise en place et le fonctionnement des tiers-lieux de production des savoirs. Les gouvernements doivent également investir dans les infrastructures numériques pour faciliter l’accès à Internet et promouvoir les solutions ouvertes de diffusion et de partage des savoirs.
Le socle sociétal
L’évocation du combat pour la justice cognitive laisse planer une véritable idée de révolution démocratique et de détachement des puissances du Nord, une aspiration qui semble utopique pour quiconque connait le contexte africain. En effet, plusieurs questions peuvent fuser au vu des enjeux éthiques et de pouvoir dont le continent est le théâtre. Les dirigeants africains sont-ils prêts à ouvrir la porte à la « vraie démocratie »? Les puissances occidentales, pour ne pas dire les anciens/néo colonisateurs, sont-ils prêts à abandonner leurs intérêts capitalistes en Afrique? La démocratisation du savoir en la mettant dans les mains du peuple est-elle sans danger? Toutes ces interrogations émergent parce que l’apport d’une composante importante de l’espace public n’est pas souvent prise en compte : le socle sociétal, le peuple.
Ignorant de sa propre puissance, le peuple africain a besoin d’être soutenu par ses leaders. C’est de cette façon que se fera une démocratisation douce qui ne suscitera plus d’inquiétudes sur la gestion de l’exécutif d’un État ou encore moins sur sa volonté de s’affranchir du joug occidental. Pour ma part, ce soutien passe par l’éducation. Les politiques éducatives africaines doivent promouvoir l’éducation communautaire qui inculque à tous les valeurs pour lesquelles ils se battent, la liberté de s’exprimer, le respect de l’autre et des biens de la communauté. Quant à l’éducation formelle, les programmes scolaires doivent être revisités pour être mieux adaptés à notre contexte. Les décideurs doivent rompre avec la reproduction des programmes venus d’ailleurs qui ne visent pas les finalités de nos sociétés et qui concourent plutôt à l’aliénation épistémologique. En éduquant ainsi le peuple, on est certain de l’aider à choisir ce qui est bon pour lui et non ce qui convient aux élus locaux et aux bailleurs de fonds étrangers.
Conclusion
Je termine ce chapitre par un mot à ceux et celles qui me liront et resteront sceptiques en pensant : « voilà un autre discours fait par un ignorant des réalités africaines ». C’est un jugement que je vous prie de reconsidérer, sachant qu’au départ je pose un problème de rapport de forces entre les savoirs qui entraine un déséquilibre que j’ai nommé injustice cognitive. Certains savoirs valent mieux que d’autres, d’autres savoirs sont accessibles seulement à une catégorie de personnes, une certaine classe de savoirs est imposée à l’échelle mondiale : ce sont quelques-unes des situations injustes qui résultent de l’hégémonie d’une certaine pensée issue du Nord sur d’autres et que je souhaite combattre. En m’inspirant du dicton africain « avant de regarder où on est tombé, il faut d’abord regarder ce qui nous a fait glisser », j’ai d’abord présenté les causes de ces injustices cognitives. Celles-ci se déclinent en causes endogènes (citoyens et dirigeants africains) et en causes exogènes (capitalisme, colonisation, Occident). La connaissance de ces causes m’a permis de proposer des moyens qui pourraient nous permettre de nous relever de notre chute. Parmi ces moyens, j’ai convoqué la science ouverte comme un outil mis à la disposition de nos dirigeants et des citoyens pour qu’advienne la justice cognitive. Car bien que les causes soient endogènes et exogènes, j’estime qu’une plaie se soigne de l’intérieur vers l’extérieur.
Cependant, je comprends votre scepticisme et j’y adhère, car dans ce combat une bonne partie de la stratégie repose sur les décisions politiques à prendre par nos dirigeants africains. Ce combat est-il prioritaire pour eux? Si oui, combien de temps cela prendra-t-il pour que les premiers résultats soient palpables? Sinon, sommes-nous voués à dépérir cognitivement? À ces inquiétudes je réponds que la meilleure stratégie est en nous, elle est en vous tout comme elle est en moi. Vous aurez certainement remarqué que j’accorde une place importante au pouvoir du peuple : c’est de là que sera lancée l’offensive. C’est à force de petits changements qu’adviendra le grand changement. D’aucuns me diraient c’est une goutte d’eau dans la mer; je leur réponds que la mer est faite de plusieurs gouttes d’eau. Après la science ouverte et les politiques, le self-empowerment est le troisième et non le moindre des moyens que je propose. C’est un appel à la résilience, qui demande aux Africains et Africaines de ne pas se constituer en victimes de la colonisation, mais de considérer la colonisation comme un accident de l’histoire et à en prendre acte pour passer à autre chose. Il s’agit de cultiver la curiosité individuelle, la soif de connaitre, la pensée critique, la confiance en soi et le Do It yourself en ce qui concerne la technologie, car, ne l’oubliez pas, nous sommes à l’âge numérique. Pour moi, l’importance du self-empowerment dans le combat pour la justice cognitive est tellement grande qu’il fera l’objet d’un autre texte, bientôt.
Références
Albagli, Sarita, Maria Lucia Maciel, et Alexandre Abdo. 2015. Open Science, Open issues. IBICT. Rio de Janeiro.
Conseil Panafricain Québec, et Alain Christian Djoko Kamgaing. 2016. Jeunesse et mondialisation en Afrique subsaharienne: l’hier et l’aujourd’hui d’une crise identitaire. Québec. https://www.youtube.com/watch?v=XFQA_T_KnSk.
Fountain, Renée (2012), Copyleft. En lignehttp://fr.curriculumforge.org/DefinitionCopyLeft, consulté le 6 février 2016.
Initiative de Budapest pour l’acces ouvert. 2002. Déclaration de Budapest. En ligne à http://openaccess.inist.fr/?Initiative-de-Budapest-pour-l, consulté le 6 février 2016.
Mboa Nkoudou, Thomas Hervé. 2015. « Stratégies de valorisation des savoirs locaux africains : questions et enjeux liés à l’usage du numérique au Cameroun », Éthique publique http://ethiquepublique.revues.org/2343; DOI : 10.4000/ethiquepublique.2343
Moyo, Dambisa. 2009. L’aide fatale : les ravages d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique. Paris, JC Lattès.
Piron, Florence. 2015. « Portrait d’ensemble de la science ouverte » Colloque de Port au Prince. http://www.slideshare.net/FlorencePiron1/
Piron, Florence et Mboa Nkoudou, Thomas Hervé. 2015. « Ouvrir la recherche et les savoirs scientifiques pour mieux les partager : introduction aux valeurs, pratiques et outils de la science ouverte dans une visée de justice cognitive.» Séminaire de Dakar https://www.dropbox.com/ow/msft/edit/home/RRASOHA/Conférence Dakar 8 juin.pptx?hpt_click_ts=1474647014147
Visvanathan, Shiv. 2009. « The search for cognitive justice ». India Seminar. http://www.india-seminar.com/2009/597/597_shiv_visvanathan.htm. Traduit dans ce livre, au chapitre 3.
Pour citer ce texte :
Mboa Nkoudou, Thomas Hervé. 2016. « Les injustices cognitives en Afrique subsaharienne : réflexions sur les causes et les moyens ». In Justice cognitive, libre accès et savoirs locaux. Pour une science ouverte juste, au service du développement local durable, sous la direction de Florence Piron, Samuel Regulus et Marie Sophie Dibounje Madiba. Québec, Éditions science et bien commun. En ligne à https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/justicecognitive1
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