9 Position de la question

Remarques générales

La traduction dans les faits de toute politique donnée dans le domaine de l’éducation (éducation populaire, enseignement et scolarisation) ne peut se faire et ne se fait nécessairement qu’à travers un système déterminé d’organisation. Non seulement c’est là une affirmation justifiée par l’adaptation et la correspondance indispensables entre le système d’éducation, les objectifs généraux qui lui sont assignés et les moyens utilisés, mais c’est aussi une donnée de l’expérience : on peut constater qu’à travers l’histoire et dans les différents pays du monde, selon la nature politique et économique du pouvoir d’État (féodal, capitaliste, fasciste, démocratique ou socialiste), selon les traditions et le génie respectifs des peuples de ces pays, selon 1es objectifs données à l’éducation, différents systèmes d’organisation ont été conçus, élaborés et mis en œuvre sur le plan de l’éducation. Il en est ainsi, en particulier, pour les peuples africains dont l’expérience concrète vient renforcer, s’il en était besoin, la réalité (à bien des points de vue triste et cruelle pour eux) de cette vérité : nos pays ont connu et connaissent différents systèmes d’éducation; sons la domination coloniale, le système d’éducation, sous les différentes formes qu’il a revêtues au cours de son évolution et chez les différents impérialismes (français, anglais, portugais, etc.), répondait essentiellement aux objectifs politiques et économiques fondamentaux de l’exploitation et la domination coloniale et y était soigneusement adapté comme nous l’avons fait ressortir dans les chapitres précédents. L’accession à l’indépendance politique d’un grand nombre d’États africains a entraîné des changements certains (ou des possibilités de changement) sur le plan du pouvoir d’État, dont la portée il est vrai est liée à la continuation, ou non, de la domination économique de l’impérialisme à travers le néo-colonialisme. Quoi qu’il en soit, les objectifs politiques, économiques, sociaux des différents États indépendants ne peuvent coïncider dans la mesure où les partis et les hommes au pouvoir pratiquent une politique conforme aux intérêts populaires, avec ceux de l’ancienne puissance coloniale, ni avec ceux de tout néo-colonialisme. La question de la détermination du système d’éducation, qui doit leur correspondre se pose donc effectivement. Nous avons déjà abouti dans ce qui précède à la nécessité de changements profonds exigés par rapport au système actuel qui, hérité de la période de domination coloniale, apparaît nécessairement comme devant être modifié sinon, purement et simplement remplacé : mais c’est sur la base de l’examen objectif de la possibilité ou de l’impossibilité du maintien de ce système (éventuellement « adapté ») que nous pourrons tirer des conclusions. Cet examen est d’ailleurs indispensable à beaucoup de points de vue : d’une part, nombre « d’experts » étrangers ont échafaudés ou échafaudent encore des projets « d’adaptation » du système actuel à la nouvelle situation et aux nouveaux objectifs des pays africains, et il importe donc d’examiner la valeur d’une telle méthodologie; d’autre part, notre façon de procéder nous paraît également intéressante en ce sens qu’elle permet, par la caractérisation des défauts et des qualités du système actuel d’éducation, de dégager des exigences positives ou négatives du système le plus approprié.

Nous étudierons successivement de ce point de vue la conception générale, l’organisation, l’orientation du système d’enseignement actuel, les programmes et les examens correspondants.

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