Introduction

Florence Piron

En ce début du 21e siècle, la réparation de la planète Terre est l’enjeu majeur de l’humanité. Le réchauffement climatique et la pollution du sol, de l’air, des fleuves et des océans ont des conséquences directes sur la pauvreté et le bien-être des humains d’aujourd’hui et du futur sur tous les continents, comme l’indiquait dès 1987 le rapport Brundtland sur le développement durable.

Même si la conscience collective de cet enjeu progresse constamment dans tous les pays, le sentiment d’impuissance est tout aussi répandu. Que faire? De conférences internationales en conférences internationales, les gouvernements tentent de s’entendre sur un plan d’action qui parait de plus en plus nécessaire et décisif pour la préservation du milieu de vie de l’humanité. Y arriveront-ils? Pourront-ils dépasser les intérêts locaux, privés, à court terme qui les divisent afin d’agir ensemble dans l’intérêt de tous? Les leaders d’opinion qui comprennent le mieux ces enjeux sauront-ils se faire entendre?

Parmi les pressions qui peuvent influencer les gouvernements, il y a bien sûr celle que les citoyens et citoyennes exercent au moment des élections, mais aussi en tout temps, lorsque des hommes et femmes s’expriment avec conviction dans l’espace public pour faire entendre leurs inquiétudes et proposer des idées ou des solutions ou décident de passer à l’action pour contribuer directement à l’amélioration de leur environnement. Dans les pays du Nord, la renonciation à des habitudes de vie marquées par le gaspillage et la surconsommation est, par exemple, une option choisie par de nombreuses personnes qui se mettent à composter, recycler, faire des potagers urbains, revenir à l’agriculture biologique, prendre les transports en commun, etc. Ces petits gestes individuels suffiront-ils? Comment les encourager, les appuyer?

Les 44 portraits de femmes du monde entier que propose ce livre visent précisément à inspirer l’action environnementale de ceux et celles qui les liront. Ils présentent des femmes qui se sont engagées de différentes façons, parfois de manière visionnaire, dans la lutte pour sauver la planète. Parmi elles, des scientifiques spécialistes de l’environnement qui ont voulu partager leurs connaissances pour alerter les gouvernements et l’opinion publique, des médecins qui s’inquiètent des effets sur la santé de la dégradation du milieu de vie, des agricultrices désemparées par la désertification accrue de leur territoire, mais aussi des mères de famille enragées contre la pollution de leur quartier, des artistes, des designers, etc. Elles ont choisi l’action directe, comme Julia Hill qui passa plus de deux ans dans un séquoia, ou l’engagement en politique, comme de nombreuses femmes présentées ici, à commencer par Gro Harlem Brundtland et toutes ces femmes chefs de Parti vert qui se retrouvent les seules élues de leur parti au Parlement…

Qu’ont en commun ces femmes de courage? La lecture de ces portraits est très instructive. Certaines proviennent d’une famille très politisée dans laquelle l’engagement pour une cause allait de soi, alors que d’autres ont dû se révolter contre leur milieu pour justifier leur démarche. Certaines sont très instruites, d’autres pas du tout. Plusieurs ont ajouté progressivement l’environnement à leur combat politique, alors que d’autres ne sont entrées en politique que pour travailler à la cause environnementale. Certaines de ces femmes ont une vision très articulée des enjeux environnementaux, alors que d’autres se concentrent sur une pratique qui leur semble satisfaisante, sans la théoriser. Mais toutes ont un point commun : un amour particulier de la nature qui leur a été transmis par leurs parents ou qu’elles ont acquis au fil de leur vie. Amour de la mer, amour des plantes, des arbres, amour des animaux, amour des randonnées, des espaces naturels.

Un autre point commun est apparu : la co-présence d’un engagement féministe, au point que plusieurs de ces femmes se définissent comme « éco-féministes ». Ont-elles rencontré trop de sexisme sur la route de leur engagement pour l’environnement, que ce soit dans la société ou dans le milieu écologiste? Ou font-elles un lien entre l’exploitation abusive des ressources de la planète et une certaine manière masculine d’exercer le pouvoir? Lire ces portraits permet de prendre la mesure de cet enjeu et justifie tout à fait le choix de centrer ce livre sur des femmes.

La grande majorité de ces portraits ont été rédigés par des étudiants et étudiantes de l’Université Laval (Québec), originaires de pays variés, inscrits à la maîtrise en communication publique. La plupart d’entre eux ont choisi le portrait qu’ils et elles allaient faire à partir d’une liste compilée avec l’aide de Jean Cloutier, que je remercie chaleureusement. C’est d’ailleurs lors d’une conversation impromptue avec Jean que j’ai eu l’idée de ce livre pour la collection Portraits de femmes des Éditions science et bien commun. Les sept derniers portraits ont été soit déjà publiés dans les autres ouvrages de cette collection, notamment les tomes 1 et 2 de Femmes savantes, Femmes de science, ou bien proposés par des personnes spécifiquement pour ce livre. La magnifique couverture est une toile de Katia Breton qui pré-existait au projet du livre, mais qui semble avoir été faite pour lui! Je tiens aussi à remercier Sarah-Anne Arsenault et Émilie Tremblay, de l’équipe des Éditions science et bien commun, pour leur aide dans la préparation du manuscrit.

Un grand merci aussi aux auteurs, des étudiants et étudiantes peut-être un peu incrédules au début, mais qui ont fait un superbe travail de recherche et d’écriture qui les a certainement transformés, comme nous espérons que la lecture de ces portraits transformera et inspirera d’autres femmes et d’autres hommes qui choisiront de s’engager, au nom du bien commun, dans la lutte pour la préservation de notre habitat commun, la Terre.

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