23 Elizabeth May (1954-), Canada

Ghada Touir, avec la collaboration de Sebastian Weissenberger

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Une des militantes pour l’environnement les plus célèbres du Canada, auteure, avocate et engagée dans la vie politique comme chef du Parti vert, Elizabeth May a contribué de façon importante au mouvement environnemental canadien depuis les années 1970. Lors des élections fédérales du 2 mai 2011, elle devint la première députée élue sous l’étiquette du Parti vert du Canada dans la circonscription de Saanich-Gulf Islands (en Colombie-Britannique).

Origine américaine

Elizabeth Evans May est née le 9 juin 1954 à Hartford au Connecticut (États-Unis) dans une famille aisée et militante, connue par son activisme politique, notamment contre le nucléaire. En 1973, elle déménagea avec sa famille à l’île du Cap-Breton, anciennement appelée Île Royale (Nouvelle-Écosse) et obtint la citoyenneté canadienne.

Depuis l’âge de treize ans, Elizabeth rêvait de devenir une avocate spécialisée en environnement. Elle réussit à se faire admettre en droit à l’Université Dalhousie dont elle reçut un diplôme de premier cycle de l’École de droit en 1983. Elle fut ensuite reçue au Barreau de la Nouvelle-Écosse et de l’Ontario. Pendant de nombreuses années, elle travailla au sein de l’entreprise familiale, un restaurant et une boutique de souvenirs situés sur la piste Cabot.

Militante engagée et politicienne canadienne

Les années 1970 ont marqué les débuts de militantisme et d’engagement d’Élizabeth May pour la justice sociale, et les questions environnementales. Elle fut connue dans les médias canadiens, dans les milieux des années 1970 en tant que jeune, d’abord, grâce à ses actions et ses luttes (judiciaires et autres) à la tête d’un groupe de résidents « Cape Breton Landowners Against the Spray » s’opposant contre l’épandage aérien d’insecticide envisagé pour les forêts près de sa résidence située sur l’île du Cap-Breton, en Nouvelle Écosse, devenant ainsi les seuls endroits au Canada qui n’ont jamais eu à subir l’épandage d’insecticide et la pulvérisation d’agent Orange. Marquée à jamais par les conséquences amères de son action engagée dans ce litige contre les sociétés de pâtes de papier « Scott Paper », sa famille a sacrifié sa maison et 70 acres de terre pour payer les frais de justice des plaignants, Élizabeth May a décidé plus que jamais de poursuivre sa lutte pour l’environnement.

Ensuite, Mme May a œuvré comme bénévole et instigatrice de nombreuses campagnes réussies visant à bloquer les projets d’extraction minière de l’uranium en Nouvelle Écosse, et ceux à l’encontre de l’énergie nucléaire. Elle s’est engagée à divers titres auprès de nombreux groupes environnementaux et organismes consultatifs chargés de faire des recommandations aux universités et aux gouvernements canadiens, comme par exemple, l’Institut international du développement durable, The Pollution Probe Foundation, les Ami(e)s de la Terre, la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, et la Charte de la Terre (coprésidée par Maurice Strong et Mikhaël Gorbatchev).

De 1985 à 1986, alors qu’elle occupait le poste de codirectrice du contentieux au Centre pour la défense de l’intérêt public, représentant des groupes de consommateurs, de lutte contre la pauvreté et d’environnementalistes, Élizabeth May a pu travailler avec plusieurs populations indigènes dans le monde, comme celles en Amazonie et les Premières nations du Canada. Elle a également aidé et participé à fonder le Fonds canadien de la Défense dans le but de financer des groupes et des individus œuvrant dans le secteur environnemental.

En 1986, elle fut nommée conseillère principale en politiques auprès du ministre fédéral de l’Environnement de l’époque, Tom McMillan sous la bannière conservatrice du premier ministre canadien Brian Mulroney. Cette nomination lui a permis de jouer un rôle de premier plan dans plusieurs actions et causes, notamment la création de nombreux parcs nationaux (particulièrement celui du sud de l’île Moresby), la participation aux négociations menant à la signature en 1987 du Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone, et la mise en vigueur de nouvelles lois et des mesures contrant la pollution. En 1988, et suite à l’octroi par le ministre d’une série de permis pour le projet de barrages Rafferty-Alameda, en Saskatchewan, dans le cadre d’un échange politique sans évaluation environnementale préalable, Mme May a démissionné de son poste. Les permis furent ultérieurement annulés par une décision de la Cour fédérale du Canada stipulant qu’ils avaient été délivrés illégalement.

Elle travailla ensuite avec les Algonquins du lac Barriere de 1991 à 1992 et fut la première directrice exécutive bénévole (de 1989 à 1992) de Cultural Survival (Canada).

Au niveau académique, Elizabeth May a également été chargée de cours à la School of Policy Studies de l’Université Queen’s en plus d’enseigner pendant environ un an à l’Université Dalhousie.

Carrière parlementaire

En 1989, Elizabeth May a été nommée directrice exécutive du Sierra Club du Canada, avant de démissionner en 2006 pour se présenter au mois d’août comme neuvième chef du Parti vert du Canada, l’un des organismes environnementaux de premier plan du Canada. Elizabeth May dirige le Parti vert du Canada depuis 2006. Elle s’est présentée en 2006 et en 2008 aux élections fédérales canadiennes, mais elle a été défaite. C’est le 2 mai 2011 qu’elle a été élue députée de la circonscription Saanich – Gulf Islands sur l’île de Vancouver pour la première fois. Elle devint alors la première candidate élue du Parti vert à la Chambre des communes. Elle a été réélue le 19 octobre 2015 pour un deuxième mandat dans la même circonscription, la seule candidate du parti Vert à obtenir un siège lors de ces élections.

En tant que députée, elle s’impliqua dans plusieurs causes. Elle a notamment fait voter la première loi initiée par le parti Vert au Canada, la loi C-442 visant à créer un cadre d’action national pour lutter contre la maladie de Lyme. Elle s’est opposée à la loi C-51 conte le terrorisme, qui conférait au gouvernement et aux services secrets de vastes pouvoirs portant atteinte au droit à la vie privée. Elle estimait de plus que ces pouvoirs pourraient être utilisés contres des groupes environnementaux ou de Premières nations. Elle s’impliqua également dans les discussions pour une réforme électorale.

Guidée par un grand souci de transparence, elle affiche publiquement ses dépenses personnelles en tant que députée et réclame plus de transparence de la Chambre des communes.

Son travail parlementaire est très apprécié de ses collègues. En 2012, ils l’ont élue « parlementaire de l’année », en 2013 la parlementaire la plus assidue et en 2014 la meilleure oratrice. Ses talents d’oratrice n’ont cependant pas toujours pu être appréciés par le public canadien puisque, lors des élections de 2008, 2011 et 2015, elle a régulièrement été écartée des combats télévisés des chefs de partis, le parti Vert n’étant pas jugé assez important par certains médias.

Après l’élection de Justin Trudeau en octobre 2015, plusieurs pétitions avaient circulé lui suggérant de nommer Elizabeth May comme ministre de l’environnement. Finalement, les deux côtés ont décliné cette proposition. Cependant, Trudeau l’invita, ainsi que les autres chefs de parti, à participer à la COP-21 (conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de Paris. Pour Elizabeth May, c’était sa première participation à une COP avec la délégation canadienne, puisque, lors des éditions précédentes, le gouvernement canadien de Stephen Harper avait refusé de l’accréditer. Elle s’était alors jointe à la délégation de l’Afghanistan pour participer à la COP-19 de Varsovie en 2013 et à celle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour la COP-17 de Durban en 2011 (à ses propres frais). Lors de la COP-19, elle avait jeuné avec d’autres délégués en soutien à la grève de la faim entamée par Seb Yano, représentant des Philippines, en solidarité avec les victimes du typhon Hayan.

Ma vision me vient d’une enfance exceptionnellement politique, une éducation militante et un profond amour pour la démocratie. […] Elle vient du fait de savoir que travailler ensemble change le monde.

Publications

Durant sa carrière d’avocate et de militante engagée pour l’environnement et la justice sociale, Elizabeth May a écrit ou collaboré dans la publication de sept ouvrages :

  • Budworm Battles (1982);
  • Paradise Won: The Struggle to Save South Moresby (1990);
  • At the Cutting Edge: The Crisis in Canada’s Forests (1998, importante réédition en 2004), rédigé en collaboration avec Maude Barlow;
  • Frederick Street: Life and Death on Canada’s Love Canal (2000);
  • How to Save the World in Your Spare Time (2006);
  • Global Warming for Dummies (rédigé en collaboration avec Zoë Caron), 2008);
  • Losing Confidence: Power, Politics and the Crisis in Canadian Democracy (2009).

Prix et distinctions

Élizabeth May est titulaire de trois doctorats honorifiques (Université Mount Saint Vincent, Université du Nouveau-Brunswick en 2003 et Université Mount Allison en 2007). Durant sa carrière d’avocate, auteure et militante engagée pour l’environnement, elle a reçu de nombreux prix et distinctions.

  • 1989 : Prix pour réalisations exceptionnelles décerné par le Sierra Club du Canada.
  • 1990 : Prix international pour la conservation décerné par Friends of Nature
  • 1990 : Prix du Palmarès mondial des 500 des Nations Unies.
  • 1996 : Prix pour leadership exceptionnel en matière d’éducation environnementale décerné par l’organisme Ontario Society for Environmental Education.
  • 2002 (septembre) : Prix de la meilleure activiste décerné par Coast Magazine, Best of Halifax Readers’ Poll.
  • 2002 (septembre) : Prix de la Sierra Club.
  • 2002 : Prestigieux prix Harkin décerné par la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP).
  • 2004 : Création du prix annuel « Elizabeth May Award for Citizenship » décerné aux diplômé(e)s de l’école du droit à l’Université Dalhousie.
  • 2005 (novembre) : Officier de l’Ordre du Canada.
  • 2006 : Classée parmi les femmes environnementalistes les plus éminentes par les Nations Unies
  • 2006 : Prix Couchiching en reconnaissance de ses réalisations en politique publique.
  • 2006 (printemps) : Création de la Chaire «The Elizabeth May Chair in Sustainability and Environmental Health » en son honneur au Département des études sur la santé des femmes et l’environnement de l’Université Dalhousie.
  • 2010 (novembre) : Classée par le magazine Newsweek parmi les femmes les plus influentes dans le monde.
  • 2012 : Parlementaire de l’année du Maclean’s et de L’Actualité
  • 2013 : Députée avec le plus d’ardeur au travail du Maclean’s et de L’Actualité
  • 2015 : doctorat honoris causa en théologie de l’Atlantic School of Theology en Nouvelle-Écosse
  • Son œuvre dans le domaine environnemental a été présentée dans de nombreux documentaires, y compris dans le dernier épisode de la série primée Canada : A People’s History présentée sur les ondes de CBC/Radio-Canada.

Références

Biographie longue d’Elizabeth May fournie par le site internet officiel du Parti vert du Canada :
https://loe.org/images/content/081003/Elizabeth_bio_long.pdf (consulté le 01/12/15)

Page Wikipédia d’Elizabeth May :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Elizabeth_May (consulté le 01/12/15)

Page Bibliothèques et archives Canada sur Elizabeth May :
http://www.collectionscanada.gc.ca/femmes/030001-1116-f.html (consulté le 01/12/15)

Page de l’Encyclopaedia Britannica sur Elizabeth May :
http://www.britannica.com/biography/Elizabeth-May (consulté le 01/12/15)

Site internet officiel du Parti vert du Canada :
http://www.greenparty.ca/fr/elizabeth/biographie
(consulté le 01/12/15)

Site internet officiel d’Elizabeth May :
http://elizabethmaymp.ca/fr/ (consulté le 01/12/15)

Sources et liens intéressants

Ici Radio Canada, 5 moments marquants dans la carrière d’Elizabeth May. 29 septembre 2015. http://ici.radio-canada.ca/sujet/elections-canada-2015/2015/09/25/020-elizabeth-may-politique-biographie-moments-marquants-parti-vert.shtml.

Presse Canadienne, La chef du Parti vert, Elizabeth May, était prédestinée à la politique. 6 août 2015.
http://quebec.huffingtonpost.ca/2015/08/06/la-chef-du-parti-vert-elizabeth-may-etait-predestinee-a-la-politique_n_7951128.html.

Ici Radio Canada, Les Coulisses du pouvoir, « Elizabeth May : le prix de l’appui des Verts ». 27 septembre 2015.
http://ici.radio-canada.ca/tele/les-coulisses-du-pouvoir/2015-2016/segments/entrevue/3203/election-federale-elizabeth-may.

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