11 Edith Smeesters (1945-), Québec
Audrey Delisle
Biologiste de formation, auteure et conférencière, Edith Smeesters est une illustre militante environnementale belgo-québécoise. Elle est une pionnière dans le domaine de l’horticulture écologique et a été une personne clé dans l’élaboration du Code de gestion des pesticides au Québec.
De Belgique au Québec
Edith Smeester est née en 1945, en Belgique. Après son secondaire classique, elle a poursuivi ses études en biologie à l’Université de Louvain. Ses deux premières années de « candidatures » ont été consacrées à la biologie générale. Durant les deux dernières années de « licence », Edith s’est spécialisée en botanique. À la fin de ses études universitaires, elle a présenté un mémoire sur le phytoplancton de la mer du Nord.
En 1970, son mari était résident en chirurgie, lui aussi à l’Université de Louvain. Dans le cadre de ses études, il devait faire une année de stage à l’étranger. Sur la recommandation d’amis qui allaient s’y établir, Edith et son mari ont choisi le Québec. En juin 1970, ils s’installèrent dans la province, dans les environs de Montréal. Après seulement six mois, tous les deux savaient qu’ils y resteraient pour de bon. Le climat, les grands espaces et la gentillesse des Québécois les avaient conquis !
À son arrivée au Québec, Edith a travaillé trois ans en tant qu’assistante de recherche à l’Université de Montréal dans un laboratoire d’écologie des eaux douces. Alors qu’elle attendait son troisième enfant, elle a décidé de mettre sa carrière de côté. Elle a alors pu se consacrer à temps plein à ses enfants. Elle a maintenant quatre enfants.
Début de l’engagement
En 1975, sa famille emménagea dans une maison à St-Bruno-de-Montarville. Edith voyait souvent des camions-citernes circuler dans les rues de son quartier. Ces camions pulvérisaient les pelouses des voisins avec des pesticides. Un jour, un entrepreneur se mit à pulvériser un pesticide (du diazinon, aujourd’hui interdit) sur un très grand arbre qui surplombait son terrain. Le vent emportait le produit dans sa piscine et sur ses enfants ! Elle lui a alors demandé d’arrêter. L’homme était tout surpris : « Voyez, madame, je fais ça depuis 30 ans et je ne suis pas mort », « vous avez un traitement gratuit chez vous au fond », etc. C’en était trop pour elle. Venant d’un pays surpeuplé et déjà fort pollué, elle se disait qu’on ne pouvait pas répéter au Québec les mêmes erreurs qu’en Belgique, même si on ne pulvérisait pas les pelouses de pesticides là-bas. C’est précisément à ce moment que grandit son désir de trouver des alternatives aux pesticides.
Avec son bagage de biologiste et son désir de protéger l’environnement, Edith a donc vu, dans une situation de la vie quotidienne, un sérieux problème sur lequel se pencher. Déjà impliquée dans un comité pour préserver la propreté de sa ville, elle a voulu en faire plus pour protéger l’environnement. Son engagement est véritablement été né d’un geste banal.
Réalisations
Edith a d’abord créé le Comité d’embellissement de Saint-Bruno, en 1981, qui avait comme mission d’enjoliver la Ville et de veiller à sa propreté. Elle a présidé ce comité jusqu’en 1983. Par la suite, elle se lança dans un autre grand projet qui visait directement la protection de l’environnement.
En 1986, avec quelques amis, elle forma une ONG appelée Nature-Action. Les débuts de l’organisation n’ont pas été faciles, ses membres n’ayant que très peu d’écoute auprès des gouvernements. Ils ont tout de même réussi à tenir le coup en diversifiant leurs activités de sensibilisation. L’ONG avait comme mission de proposer des solutions alternatives aux pesticides en milieu résidentiel pour des raisons évidentes de santé publique. Aujourd’hui, Nature-Action Québec est devenu un des organismes en gestion de projets environnementaux les plus importants au Québec. Il emploie plus de 80 personnes avec un budget de 8 000 000$. En 2011, l’organisme a reçu un prix de reconnaissance des Phénix de l’environnement. Madame Smeester est restée à la tête de Nature-Action jusqu’en 2000.
De 1999 à 2004, Edith a présidé et fondé la Coalition pour les alternatives aux pesticides (CAP). L’organisation faisait la promotion des alternatives aux pesticides. En 2006, cette Coalition s’est fusionné avec Équiterre, formant alors le projet Horticulture écologique :
Dans le cadre du projet Horticulture écologique, Équiterre fournit des conseils pratiques aux jardiniers, aide les citoyens à bien choisir leurs entrepreneurs horticoles, organise des activités de sensibilisation, réalise des études, intervient par des actions politiques et gère la certification écologique Horti-Éco destinée aux professionnels en horticulture (Équiterre, 2011).
En 2003, madame Smeesters a grandement participé à l’élaboration du Code de gestion des pesticides du Québec, premier Code législatif pour la protection de l’environnement au Québec. C’est une première en Amérique du Nord et probablement dans le monde ! Le Code présente les normes rigoureuses qui encadrent la vente et l’usage de pesticides. On veut être capable de mieux prévenir les risques que ces produits occasionnent pour la santé, celle des enfants et pour l’environnement.
Quelques années après son arrivée au Québec, Edith commença à faire des conférences et des formations portant sur l’horticulture écologique. Depuis, elle a donné des centaines de conférences et diverses formations sur l’horticulture écologique au Québec. Elle a d’ailleurs eu un record d’assistance pour la conférence « solutions écologiques en horticulture » organisée par la société d’horticulture et d’écologie de Saint-Calixte.
Madame Smeeters a aussi collaboré et écrit plusieurs livres : Le compostage domestique (1993), Pelouse et couvre-sol (2000), Aménagement paysager adapté à la sècheresse (2004), Solutions écologiques en horticulture (2005), Pelouses écologiques et autres couvre-sols (2008), Guide du jardinage écologique (2013) et Le potager urbain (2013).
Edith Smeesters est actuellement conférencière en horticulture écologique et en environnement pour Équiterre. Elle est aussi porte-parole pour Équiterre dans le dossier des alternatives aux pesticides et horticulture écologique. De plus, elle est conseillère municipale et présidente du Comité consultatif en développement durable de la municipalité de Canton de Potton.
Cette dame a su se faire écouter et influencer autant les citoyens que le gouvernement pour le bien de l’environnement. En somme, Edith Smeester est une épouse, une mère de famille, une biologiste, une auteure, une conférencière et une femme engagée pour l’environnement.
Prix
Edith Smeesters a reçu de nombreux prix pour son implication exceptionnelle en environnement. Tout d’abord, en 1990, on lui attribua l’Épingle d’Or du mérite de Saint-Bruno. En 1992, elle reçu un certificat d’écocivisme de la part d’Environnement Canada. En 1993, le Gouvernement canadien lui remis la Médaille commémorative du 125e anniversaire du Canada. En 1995, elle fut titulaire du titre de Dame de Commanderie d’honneur de l’ordre de Saint-François.
En 2001, on lui a remis le prix Georges-Préfontaine de l’Association des biologistes du Québec. Au mois de mai de la même année, elle est devenue membre du prestigieux « Cercle des Phénix » qui rassemble des personnalités québécoises reconnues pour leur contribution remarquable à la cause de l’environnement.
En 2003, la Coalition pour les alternatives aux pesticides lui a valu le Prix canadien de l’environnement. De plus, en novembre 2009, elle s’est retrouvée parmi les 100 femmes les plus influentes au Québec dans la revue Châtelaine.
Références
Blouin, Mélissa (2015), « Un record d’assistance pour la conférence d’Edith Smeesters », L’Express Montcalm, 29 avril.
http://www.lexpressmontcalm.com/Communaute/2015-04-29/article-4125963/Un-record-d%26rsquo%3Bassistance-pour-la-conference-d%26rsquo%3BEdith-Smeesters/1 (consulté le 15/10/15)
Développement durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques Québec (2015), Code de gestion des pesticides, publication officielle du gouvernement québécois.
http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/pesticides/permis/code-gestion/ (consulté le 15/10/15)
Blog WordPress officiel d’Edith Smeesters :
http://edithsmeesters.org/?page_id=51 (consulté le 15/10/15)
Fiche biographique d’Edith Smeesters sur le site internet officiel d’Équiterre (2011) :
http://www.equiterre.org/equipe/edith-smeesters (consulté le 15/10/15)
Fiche de membre d’Edith Smeesters sur le site internet officiel des Phénix de l’environnement (2015) :
http://www.phenixdelenvironnement.qc.ca/fr/cercle-des-phenix/membres.php (consulté le 15/10/15)
Page LinkedIn d’Edith Smeesters :
https://ca.linkedin.com/pub/edith-smeesters/62/a19/595 (consulté le 15/10/15)
Page du projet d’Horticulture écologique d’Équiterre (2011) :
http://www.equiterre.org/projet/horticulture-ecologique (consulté le 15/10/15)
Page sur le Comité d’embellissement de Saint-Bruno-de-Montarville (2013) :
http://www.stbruno.ca/comite-embellissement (consulté le 15/10/15)
Site internet officiel de Nature-Action Québec (2011) :
http://nature-action.qc.ca/site/25e (consulté le 15/10/15)