17 Corinne Lepage (1951-), France
Émilie Claveau
Corinne Lepage porte de nombreux chapeaux. Avocate, ministre, rien ne l’arrête quand il est question de défendre l’environnement. Elle a fait de sa passion un métier. Selon elle, l’écologie populaire est la solution pour se diriger vers « l’économie du Nouveau Monde ». Ce « Nouveau Monde » est d’ailleurs bâti par les citoyens. Cette femme qui considère mener « une politique centriste » défend ses idées jusqu’au bout.
Vie personnelle
Corinne Lepage est né le 11 mai 1951 dans la région de l’Île-de-France. Son père, parfumeur, lui donna le goût de la lecture et de l’effort académique. Jusqu’à son année de terminale, elle étudia au lycée Molière à Paris. Corinne est diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, en plus d’avoir obtenu un diplôme en droit public. Durant les années 1970, elle devient avocate à la suite de son assermentation.
Corinne Lepage est la mère de deux enfants. Sa fille, Hélène Jessua, est née de son premier mariage avec Christian Jessua. Son fils, Benjamin Huglo, naît de sa deuxième union avec Christian Huglo. C’est d’ailleurs avec son deuxième époux qu’elle s’associe pour créer le cabinet d’avocats Fuglo-Lepage, auparavant le cabinet Fuglo. Le cabinet Huglo-Lepage est un acteur émergent dans la défense du droit de l’environnement. La Commission européenne lui a confié de nombreux dossiers, comme celui de la transposition du droit communautaire de l’environnement dans une dizaine d’États membres de l’union européenne.
Vie professionnelle
Au tout début de sa carrière d’avocate, Corinne est en charge d’un dossier très médiatisé : l’affaire Amoco Cadiz. En mars 1978, ce navire pétrolier s’échoua sur des récifs et ses réservoirs se percèrent. Les vents et la marée ne tardèrent pas à pousser le pétrole près des côtes bretonnes. Le résultat fut une marée noire de plus de 300 kilomètres et un désastre environnemental. À la suite du procès d’une durée de 15 ans, le cabinet Fuglo-Lepage obtint gain de cause et la compagnie pétrolière a dû verser des millions de dollars aux victimes de la marée noire. C’est aussi à Corinne Lepage qu’on doit la victoire contre l’Érika, un paquebot qui déversait des déchets d’hydrocarbure dans l’océan.
Corinne Lepage s’impliqua aussi en politique. En 1980, elle fit ses débuts en tant que candidate écologiste. En 1995, elle devint ministre de l’Environnement sous les recommandations d’Alain Juppé, proche collaborateur de Jacques Chirac. Elle faisait alors partie du groupe des « Jupettes », ces douze femmes choisies pour former le premier gouvernement d’Alain Juppé. En entrevue, elle mentionne que durant son mandat en tant que ministre, elle souhaitait prouver que la défense de l’environnement pouvait aider à lutte contre le chômage. C’est aussi durant son mandat qu’est accepté son projet de contrôle de la pollution de l’air. À ce moment, la « Loi Laure » ou officieusement « Loi Lepage » est créée. Cette loi prévoit que la surveillance de la qualité de l’air soit assurée par l’État. L’État doit en plus définir des objectifs de qualité de l’air et informer la population de toutes les décisions qui sont prises par rapport au contrôle de la pollution de l’air. Durant son mandat en tant que ministre, elle s’opposa aussi au redémarrage de la centrale nucléaire Superphénix.
Par la suite, de 1997 jusqu’à aujourd’hui, elle se présenta quelquefois comme candidate aux élections. De 2009 à 2014, elle fut députée européenne au sein du MoDem, un parti politique souhaitant rassembler les démocrates soucieux d’un positionnement indépendant et central. En 2012, elle se présenta comme candidate aux élections présidentielles. Faute d’avoir recueilli un nombre suffisant de signatures, elle dut retirer sa candidature. Malheureusement, en 2014, elle ne fut pas réélue aux élections européennes.
Corinne Lepage enseigne aussi dans deux universités françaises, l’Université de Versailles à Saint-Quentin-en-Yvelines et à l’Institut d’études politiques de Paris dans le cadre d’une chaire sur le développement durable.
Accomplissements professionnels
Corinne Lepage a mis sur pied plusieurs organisations pour la défense de l’environnement. Dans les années 1980, elle fonda le mouvement politique écologiste français « Génération Écologie ». Plus tard, elle se disossocia de ce mouvement politique puisqu’il ne correspond plus à ses aspirations environnementales.
En 1996, elle créa le club de réflexion Citoyenneté, action, participation pour le XXIe siècle (Cap21). En 2000, ce groupe de discussion deviendra un mouvement politique. Ce mouvement est régi par une charte écrite par les membres. Les membres du Cap21 respectent aussi quatre pactes : le pacte social, le pacte citoyen, le pacte écologique et le pacte économique. En 2014, le groupe de discussion fusionne avec le groupe Rassemblement citoyen pour former le parti politique Le Rassemblement citoyen – Cap 21.
Dans les années 2000, Corinne Lepage fonde l’Observatoire de vigilance et d’alerte écologique. Cet observatoire est créé en collaboration avec Michèle Rivasi, une militante écologiste. Corinne Lepage est aussi fondatrice du CRIIGEN, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique. Depuis 2012, elle en est la présidente d’honneur. Selon le site internet, « il s’agit d’un comité apolitique et non-militant d’expertise, de conseil, indépendant des producteurs d’OGM, intervenant à différents niveaux : juridique, scientifique (santé, environnement), sociologique, technique notamment l’étiquetage ou les seuils de dosages d’OGM, et au niveau économique ».
Écologie populaire et économie du nouveau monde
Dernièrement, la ministre de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie, Ségolène Royal, a demandé à Corinne Lepage de proposer des mesures concrètes pour l’économie du « Nouveau monde ». Au nombre de cent, ces mesures visent à rendre l’écologie populaire. Bien que Corinne ne soit pas d’accord avec toutes les décisions prise par la ministre, elle a accepté cette mission. Même si Corinne Lepage considère que Ségolène Royal aurait dû autoriser la fermeture de la centrale nucléaire Fessenheim, elle croit que la ministre « a la volonté de sortir d’une écologie punitive pour aller vers une écologie désirable » (Rousseau et Chapelle, 2015). Selon Corinne Lepage, le développement d’une vision positive de l’écologie doit se faire avec la société civile puisque le monde politique court toujours derrière les citoyens. La société change de nature. De plus en plus, on se retrouve en présence du développement d’une économie sociale et solidaire, d’une économie de fonctionnalité, bref d’une économie dont les citoyens ont pris le contrôle.
C’est en juin 2015 que Corinne Lepage déposa le projet pour bâtir l’économie du « Nouveau Monde », en collaboration avec Jeremy Rifkin, un essayiste américain. Selon Corinne Lepage, le rapport qu’ils présentent a pour objectif « d’engager la France dans une économie basée sur la révolution numérique, la transition écologique et énergétique » (Environnement magazine, 2015). Elle estime qu’elle vit « dans un pays où les initiatives remarquables sont nombreuses, mais un plafond de verre les empêche de devenir le modèle dominant » (Environnement magazine, 2015).
Le projet contient cent mesures concrètes pour bâtir une la nouvelle économie. Celles-ci sont divisées sous cinq mesures structurantes :
- La création d’un « mouvement des entreprises pour la nouvelle économie »;
- Le partage des savoirs innovateurs;
- La cartographie des acteurs de l’économie du « Nouveau Monde »;
- La création d’une marque, possiblement la « France terre d’avenir »;
- La création d’un fond de remédiation, pour financer les investissements non rentables à court terme, mais qui le seront à long terme.
Critiques
Corinne Lepage s’attira plusieurs critiques. Beaucoup lui reprochent d’être autant de droite que de gauche, en plus de ne pas être transparente. Par exemple, durant les deux années où elle a été ministre, elle s’est souvent fait reprocher de ne pas se prononcer face à certains enjeux. Dans son livre On ne peut rien faire Madame la ministre, elle décrit la réalité à laquelle elle était confronté durant son mandat.
La réalité, c’est que les ministre sont sous haute surveillance. Que les grands corps sont des potentats qui font leur propre politique sans rendre de comptes à personne. Que certains lobbies exercent par personnes interposées un pouvoir de blocage absolu. Que la loi n’est pas la même pour tous. Que le secret, l’opacité, le mensonge constituent la règle (France culture, sans date).
À la suite de son mandat de 2 ans en tant que ministre de l’Environnement, Corinne a souvent été associée à la « droite écologique ». Comme elle le mentionne dans une entrevue, ce n’est pas de cette manière qu’elle se perçoit. Elle n’est ni de droite, ni de gauche, elle ne fait que défendre ce en quoi elle croit, c’est-à-dire la protection de l’environnement.
On me dit que je suis écolo de droite, non. D’abord, je ne suis pas écolo, je suis passionnée d’environnement, je ne sais pas si cela veut dire qu’on est écolo. Et je ne suis pas de droite, je me bats, peut-être parce que je suis une femme et que je sens cela dans mes tripes. Je me bats pour ce qui me paraît majeur pour nous tous dans les années qui viennent. Je pense que la question sociale a été le grand débat du XXème siècle, je pense que la question environnementale sera le grand débat du XXIème, sinon on va se casser la figure.
En entrevue, Corinne Lepage mentionne qu’elle ne voit pas de différence considérable entre un gouvernement de centre droit et un gouvernement de gauche. Elle se sent à l’aise avec autant avec l’un qu’avec l’autre.
Publications
Corinne Lepage est aussi une auteure. En plus d’avoir écrit une vingtaine d’ouvrages, elle publie souvent des articles sur le site du Huffington Post. Le Cabinet Huglo-Lepage tient aussi un blog et Corinne y publie régulièrement ses écrits, tout comme tous les autres avocats de son cabinet. Les sujets couverts sur ce blogue sont diversifiés, mais ils concernent principalement l’environnement.
En 2007, Corinne Lepage confirme être l’auteur des deux pamphlets contestataires, « J’arrive » et « On efface tout et on recommence », co-écrit avec André Bercoff. Ces deux brochures sont publiées sous le nom de plume de Catherine Médicis. Corinne Lepage considérait ce stratagème nécessaire puisqu’elle se présentait comme candidate en période électorale.
Au cours de l’année 2011, elle est nominée par l’Inaugural Women in Business Law Awards aux European Women Business Law Awards. Elle remporte le prix « Best in environment ». Le Cabinet Huglo-Lepage est le seul cabinet français sélectionné pour cette compétition. Corinne Lepage fait aussi partie de la liste des cinquante acteurs écoresponsables sur les réseaux sociaux, présentée par l’agence Transitions. D’ailleurs, Corinne Lepage est très active sur les réseaux sociaux. Elle publie régulièrement sur sa page Twitter en plus de repartager des articles qui la concernent ou bien qui sont au sujet de l’environnement.
Références
Lepage, Corinne (2013), « Pour une écologie populaire », article du Huffingtonpost.fr, 19 novembre.
http://www.huffingtonpost.fr/corinne-lepage/pour-ecologie-populaire_b_3959622.html (consulté le 22/10/15)
Équipe Perspective monde (2015), « 16 mars 1978 Échouement de l’Amoco Cadiz et marée noire sur les côtes de la Bretagne », reportage de 1978 relayé par Perspective monde, vidéo accessible sur :
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=876. (consulté le 21/10/15)
Équipe Prisma Média (2015), « Corinne Lepage », revue Gala.
http://www.gala.fr/stars_et_gotha/corinne_lepage.
(consulté le 17/10/15)
Rousseau, Agnès et Chapelle, Sophie (2015), « Corinne Lepage : « Sans écologie populaire, nous n’aurons pas d’écologie du tout »», Bastamag, 9 juin.
http://www.bastamag.net/Corinne-Lepage-Sans-ecologie-populaire-nous-n-aurons-pas-d-ecologie-du-tout.
(consulté le 25/10/15)
S.a. (2012), « Erika : « une victoire totale », selon Corinne Lepage » , L’OBS société, 25 septembre.
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120925.FAP8946/erika-une-victoire-totale-selon-corinne-lepage.html#.
(consulté le 28/10/15)
S.a. (2011), « Inaugural Women in Business Law Awards: Winners announced », International Financial Law Review, 30 juin.
http://www.iflr.com/Article/2857171/Inaugural-Women-in-Business-Law-Awards-Winners-announced.html.
(consulté le 17/10/15)
S.a. (2015), « Top 50 des influenceurs éco-responsables sur les réseaux sociaux », blog de l’Agence Transitions.
http://agence-transitions.com/top-50-des-acteurs-ecoresponsables-sur-les-reseaux-sociaux/ (consulté le 18/10/15)
S.a. (2015), « Corinne Lepage et Jeremy Rifkin lancent l’économie du nouveau monde », Environnement magazine, 25 juin.
http://www.environnement-magazine.fr/presse/environnement/actualites/5500/eco-entreprises/corinne-lepage-et-jeremy-rifkin-lancent-l-economie-du-nouveau-monde (consulté le 27/10/15)
Entrevue avec Corinne Lepage à France 2 (1995), accessible en vidéo sur ina.fr.
http://www.ina.fr/video/CAB95030169/matinee-corinne-lepage-video.html (consulté le 22/10/15)
Entrevue avec Corinne Lepage dans le cadre de la série « Vie Publique » organisée par la Direction de l’information légale et administrative du gouvernement français (2001) :
http://discours.vie-publique.fr/notices/013002727.html.
(consulté le 22/10/15)
Fiche de membre de Corinne Lepage sur le site du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique :
http://www.criigen.org/membre/27/display/Me-Corinne-Lepage-Presidente-d-Honneur-du-CRIIGEN (consulté le 28/10/15)
Fiche de membre de Corinne Lepage sur le site du cabinet d’avocats Huglo Lepage (2015) :
http://blog.huglo-lepage.com/ (consulté le 22/10/15)
Page Wikipédia de Corinne Lepage :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Corinne_Lepage
(consulté le 15/10/15)
Rendu de la quatrième de couverture de l’ouvrage On ne peut rien faire Madame la ministre… de Corinne Lepage sur franceculture.fr :
http://www.franceculture.fr/oeuvre-on-ne-peut-rien-faire-madame-la-ministre-de-corinne-lepage.html (consulté le 15/10/15)
Site officiel du rassemblement citoyen Cap21, page expliquant « Les quatre pactes » :
http://www.cap21lrc.fr/?page_id=994 (consulté le 24/10/15)