25 Cynthia McKinney (1955-), États-Unis

Alexandra Barbeau

Cynthia_McKinney

In the fight against bigotry, we stand together, and we must. In the fight against injustice, we stand together, and we must. In the fight against intimidation, we stand together, and we must. After all, a government that launches wars to steal another person’s birthright will do anything to all of us.

Première femme afro-américaine à représenter la Géorgie à la Chambre des représentants des États-Unis, Cynthia McKinney a choisi d’exprimer librement ses idées et de se mobiliser pour les causes qui lui tiennent à cœur : la protection de l’environnement et les droits de l’homme. Ses idéaux et ses valeurs l’ont finalement menée à être la chef du Parti vert aux États-Unis.

La politique dès sa plus tendre enfance

Cynthia Ann McKinney est née le 17 mars 1955 à Atlanta, en Géorgie dans une famille déjà très impliquée politiquement. Sa mère, Leola McKinney, était infirmière, tandis que son père, Billy McKinney, était un membre des forces de l’ordre en plus d’être un politicien très engagé dans l’état de la Géorgie. C’est donc son père qui lui a transmis sa passion pour le monde politique puisqu’il a servi dans la Chambre des représentants en tant que démocrate durant près de 10 ans avant de tenter sa chance pour le Congrès de façon indépendante et par la suite d’intégrer le Parti vert.

Billy McKinney militait activement pour le mouvement des droits civiques des Afro-Américains et des Afro-Américaines qui visait à instaurer une égalité des droits pour les citoyens et les citoyennes noirs. Malgré son rôle de représentant des forces de l’ordre, le père de Cynthia n’hésitait pas à manifester devant les commissariats, amenant souvent avec lui sa fille. À un très jeune âge, Cynthia McKinney a été exposée à de forts idéaux politiques qui ont guidé sa carrière politique par la suite.

D’étudiante à enseignante

Ses parents étant déterminés à offrir à leur fille les opportunités qu’ils n’avaient pas eu la chance d’avoir, Cynthia McKinney fut envoyée à l’école catholique. À cette époque, la jeune fille avait pour intention de devenir religieuse tellement son éducation catholique avait d’importance pour elle. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires du St. Joseph High School en 1974, Cynthia s’inscrivit à l’Université de Caroline du Sud. Elle y obtint son baccalauréat en relations internationales en 1978, avant de décider de pousser ses connaissances encore plus loin en décrochant une maîtrise en loi et diplomatie à la Fletcher School of Law Diplomacy de l’Université de Tufts au Massachusetts.

La politique l’intéressa à un tel point que Cynthia décida d’enseigner les sciences politiques à la Clark Atlanta University et à l’Agnes Scott College avant son entrée en politique.

Premiers pas dans la vie politique

Au milieu des années 1980, Cynthia se maria avec un politicien jamaïcain, Coy Grandison. Bien que très court, ce mariage lui permit de mettre un fils au monde, Coy Jr., avant de demander le divorce.

Cynthia McKinney vivait toujours en Jamaïque lorsque son père soumit son nom comme candidate à la Chambre des représentants de la Géorgie en 1986. Elle obtint 40 % des votes de cette façon, mais ce ne fut pas suffisant à son élection. Elle revint donc à Atlanta avec son jeune fils afin de plonger plus sérieusement dans la politique. Ce n’est que deux ans plus tard, en 1988, que la politicienne posa sa candidature pour le même siège et remporta les élections aux côtés de son père.

Durant les élections de 1992 et de 1994, Cynthia fut élue à la Chambre des représentants des États-Unis comme membre du Congrès dans la 11e circonscription, une région habitée majoritairement par une population afro-américaine. À cause de cette majorité, cette circonscription a été renumérotée pour être la 4e circonscription, une manœuvre politique que McKinney juge extrêmement discriminatoire. Même avec ce changement, Cynthia fut facilement réélue en 1996 et deux autres fois par la suite.

Elle fut rapidement considérée comme un leader et une politicienne innovatrice. Cynthia se coiffait toujours avec des tresses et portait ses espadrilles dorées lors de ses campagnes politiques, si bien que ces deux caractéristiques sont devenues sa marque de commerce. Cynthia croit que cela permettait aux électeurs et aux électrices de la voir telle qu’elle était vraiment et que c’était une des choses qu’ils appréciaient chez elle.

Vie familiale compliquée

Alors qu’elle s’est retrouvée toute seule pour élever son fils, Coy Jr., Cynthia expliqua qu’elle a eu du mal à être aussi engagée dans son travail sans négliger le temps de qualité avec son fils. Au début de ses mandats, elle croyait être en mesure de réaliser toutes ses tâches à Washington D.C. en trois jours pour ensuite rejoindre son fils qui habitait à Atlanta avec ses grands-parents. La politicienne s’est rapidement retrouvée débordée à jongler avec ses devoirs professionnels et familiaux. En effet, Cynthia déplorait le fait qu’elle ne pouvait s’engager pleinement dans le bien commun et le service public sans négliger l’éducation de son fils. Par contre, même avec ces difficultés de mère monoparentale, elle voyait le bon côté des choses pour elle et son fils : Coy Jr. pouvait ainsi être exposé à une grande diversité d’enjeux et au reste du monde. Encore aujourd’hui, Cynthia voit cette expérience comme positive pour elle et son fils.

Des critiques qui la mènent à une défaite

Cynthia McKinney n’est pas une femme qui a peur de faire valoir ses opinions politiques, même si celles-ci peuvent choquer le parti politique en place et tous ses électeurs et électrices. En effet, les critiques qu’elle adressait à l’administration politique en place ont certainement eu une incidence sur sa première défaite en 2002.

McKinney a déjà écrit que la tolérance raciale du vice-président des États-Unis de l’époque, Albert Arnold Gore, n’avait jamais été très haute. Elle lui reproche aussi de ne pas avoir soutenu la communauté amérindienne U’wa de Colombie qui tentait de s’opposer à la recherche de pétrole près de leur territoire.

De plus, elle a attiré l’attention de toute la nation en faisant des remarques sur l’attaque du 11 septembre 2001. Cynthia a avancé que le président des États-Unis, George W. Bush était au courant des attaques et les avait laissées se produire. Elle a aussi suggéré que les États-Unis devraient revoir leur politique étrangère dans le Moyen-Orient.

Lors de sa défaite en 2002, plusieurs facteurs étaient probablement en cause : ses déclarations controversées, son opposition à apporter de l’aide à Israël, son support pour la Palestine et les causes arabes. Ces enjeux étaient très sensibles à l’époque pour les électeurs et les électrices américains et le sont encore aujourd’hui.

Une pause de la politique

Alors qu’elle digérait sa défaite de 2002, Cynthia a voyagé en tant qu’oratrice aux États-Unis et en Europe où elle parla de sa défaite et de son opposition à la guerre en Irak et au gouvernement de George W. Bush.

En 2004, il y eut des spéculations sur son entrée à la course à la présidence des États-Unis en tant que membre du Parti vert. Elle déclina toutefois ce poste afin de reprendre son siège au Congrès au Parti démocrate.

Retour au Congrès

Bien que voulant que son retour au Congrès soit discret, Cynthia ne put s’empêcher de défendre les victimes de l’ouragan Katrina. Elle critiqua la réponse du gouvernement qu’elle considérait comme insuffisante. De tous les membres du Congrès, Cynthia a été la seule à participer à la marche sur le Crescent City Connection Bridge pour protester sur ce qui s’est produit sur ce pont aux suites de l’ouragan. Elle s’est aussi impliquée auprès des comités qui enquêtaient sur la préparation et la réponse du gouvernement par rapport à l’ouragan Katrina, et ce, même si cette démarche était contre la directive du chef de son parti politique.

Chef du Parti vert et positions environnementalistes

C’est finalement en 2008 que Cynthia McKinney se joignit au Parti vert en tant que candidate à la présidence des États-Unis. C’est le chef de son ancien parti, Barack Obama, qui a été élu au pouvoir. Dans une entrevue, elle explique que son passage du Parti démocrate au Parti vert est dû au fait que la protection de l’environnement est devenue l’enjeu majeur de notre époque et qu’elle souhaite que tout le monde vive en harmonie avec les autres et avec la planète, puisque c’est elle qui donne la vie. Cynthia McKinney croit aussi que le Parti vert lui permettra plus de liberté dans ses positions politiques, car elle ne doit pas nécessairement plaire à plusieurs donateurs et donatrices, mais seulement aux individus qui partagent déjà les valeurs du parti. Les quatre principes de base de son parti sont les suivants : une fin hâtive de la guerre en Irak, la sauvegarde de la vie privée et des libertés civiles, aucune augmentation de la dette nationale et un audit de la Réserve fédérale des États-Unis.

Cynthia McKinney est contre la dépendance aux énergies fossiles et polluantes que les États-Unis utilisent actuellement. Elle prône plutôt une exploitation des technologies environnementales pour créer de l’énergie et de nouveaux emplois.

Une politicienne antiguerre

Jusqu’en 2000, McKinney a servi dans la House International Relations Committee, où elle a obtenu le plus haut rang démocrate du sous-comité des droits de l’homme. Elle a travaillé à faire légiférer l’arrêt de transfert d’armes entre gouvernements qui, selon elle, va à l’encontre du respect des droits de l’homme. En 2005, elle a été l’une des trois membres de la Chambre des représentants qui a voté pour un retrait des forces armées en Irak.

En 2008 et en 2009, Cynthia a été à bord des bateaux du mouvement activiste Free Gaza qui avait pour but d’apporter une aide humanitaire à cette ville de la Palestine prise en otage par Israël. Lors de sa deuxième participation à ce mouvement, elle fut incarcérée au centre de détention de l’immigration de Givon à Ramie en Israël. Elle y fut retenue durant 5 jours avant d’être relâchée et renvoyée aux États-Unis.

Au mois de mai 2011, la politicienne a été l’une des seules membres du Congrès à s’être opposée publiquement à l’intervention militaire en Libye.

Causes sociales

Le respect des droits de la personne guide constamment les décisions et les actions politiques de Cynthia McKinney. En effet, elle fait partie du groupe pro-choix en ce qui concerne l’avortement. Elle souhaite aussi remplacer la peine capitale pour l’emprisonnement à vie. De plus, elle soutient les droits de la communauté LGTB. La politicienne déclare publiquement que les subventions versées à l’éducation publique sont insuffisantes. Cynthia croit aussi qu’il ne devrait pas y avoir de barrières entre les États-Unis, le Mexique et le Canada afin de favoriser le libre passage des habitants de ces pays.

En 2015

En avril 2012, Cynthia McKinney a annoncé qu’elle participerait aux élections pour la 4e circonscription en tant que membre du Parti vert. Malheureusement, elle les perdit contre Hank Johnson, un démocrate.

À la suite de cette défaite, Cynthia McKinney se retira de la vie politique américaine. Elle continue toutefois à faire le tour des États-Unis et d’Europe en tant que conférencière et clame haut et fort sa position contre les politiques de guerre du gouvernement américain.

On la voit aussi très active sur les réseaux sociaux pour dénoncer les situations qu’elle juge inacceptables, notamment lors de l’attaque terroriste en France du journal satirique, Charlie Hebdo, en janvier 2015. Elle n’hésite pas non plus à s’opposer aux décisions politiques du gouvernement en place en ce qui concerne l’environnement, les droits de l’homme et les mesures de guerre.

Prix et hommages

  • 2000 : Une partie de la rue Memorial Drive dans sa circonscription a été renommée Cynthia McKinney Parkway.
  • 2006 : Elle reçoit les clés de la ville de Sarasota en Floride.
  • 2006 : La ville de Sarasota nomme la journée du 8 avril Congresswoman Cynthia McKinney Day.
  • 2006 : Suivi dans son parcours politique par le documentaire American Blackout qui rapporte le modèle récurrent de l’interdiction de droit de vote de 2000 à 2004.
  • 2010 : Récipiendaire du prix Peace through Conscience du Munich American Peace Committee (MAPC).

Références

Hawkesworth, M. E. (2006), Feminist Inquiry: From Political Conviction to Methodological Innovation. New Jersey : Rutgers University Press, 286 p.

Marshall, Lucinda (2008), « Why I Am Supporting The Candidacy of Cynthia McKinney », Feminist Peace Network.
http://www.feministpeacenetwork.org/2008/10/30/why-i-am-supporting-the-candidacy-of-cynthia-mckinney/ (consulté le 20/10/15)

McKinney, Cynthia (s.d.), « Biography », Congresswoman Cynthia McKinney.
http://archives.allthingscynthiamckinney.com/mckinney.house.gov/ bio.htm (consulté le 20/10/15)

McKinney, Cynthia (s.d.), « Issues », Congresswoman Cynthia McKinney.
http://archives.allthingscynthiamckinney.com/mckinney.house.gov/ issues.htm (consulté le 20/10/15)

Roberts, Paul Craig (s.d.), « Cynthia McKinney », Clarity Press.
http://www.claritypress.com/McKinney.html (consulté le 15/10/15)

Sheppard, Kate (2008), « Green Party presidential candidate Cynthia McKinney talks to Grist », Grist, 23 août.
http://grist.org/article/mckinney/ (consulté le 20/10/15)

Wikinews contributors (2008), « Wikinews interviews U.S. Green Party presidential candidate Cynthia McKinney », Wikinews, 7 mars. https://en.wikinews.org/wiki/Wikinews_interviews_U.S._Green_ Party_presidential_candidate_Cynthia_McKinney (consulté le 20/10/15)

Fiche biographique de Cynthia McKinney sur le site biography.com (2008) :
http://www.biography.com/people/cynthia-mckinney-377842 (consulté le 10/10/15)

Page Wikipédia de Cynthia McKinney (2015) :
https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Cynthia_McKinney&oldid=686379982 (consulté le 10/10/15)

Page Wikipédia sur les positions politiques de Cynthia McKinney (2015) :
https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Political_positions_of_Cynthia_McKinney&oldid=670161134
(consulté le 20/10/15)

Reportage du National Geographic intitulé « American Blackout » (2008), vidéo accessible sur youtube.com :
https://www.youtube.com/watch?v=vjupTHsynec (consulté le 20/10/15)

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Citoyennes de la Terre Droit d'auteur © 2015 par Florence Piron est sous licence Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, sauf indication contraire.