12 Douzième feuillet

Chants dialogués féminins. La sérendipité!

Sais-tu que l’art traditionnel du chant, et tout particulièrement ce que j’appelle le « chant dialogué féminin », est l’objet d’un regain d’intérêt et de prestige parmi certains cercles d’intellectuelles dans notre pays, alors qu’il portait, il n’y a guère, le stigmate de la ruralité et d’une certaine rusticité? Je peux bien te confier que j’ai moi-même un répertoire, tout petit, mais qui ne manque pas de faire son effet lorsque je me sens suffisamment enthousiaste et concernée pour me lancer. Depuis le début des années quatre-vingt, j’observe, et m’en réjouis, une réappropriation exaltée de cette pratique par des actrices inhabituelles, et je dirais même « non conventionnelles ». J’ai le sentiment que cette tendance participe d’un mouvement général « d’irrédentisme culturel », de réappropriation des valeurs endogènes, de prise de distance réfléchie par rapport à la domination des schémas occidentaux. L’on peut y voir, à tout le moins, une revendication plus ou moins consciente, plus ou moins affichée, de l’identité africaine dans un monde menacé par l’uniformisation. Pour parler comme Felwine Sarr, « en Afrique, le défi est celui de la reconquête de l’estime de soi ».

Comme je l’expliquais lors d’un colloque en Norvège[1], les chants dialogués sont exécutés par les femmes lors de rassemblements heureux ou malheureux. Ce sont en réalité des dialogues entre une soliste — qui les entonne et en conduit l’exécution — et toutes les autres participantes. Même si en théorie, n’importe quelle femme peut jouer le rôle de soliste, chaque famille, chaque communauté reconnaît en son sein quelques virtuoses. Certaines femmes, étonnantes d’intelligence et de créativité, parviennent même à enrichir le répertoire classique de chants de leur propre cru. C’est le cas de ma chère Chantal, l’une des filles de monsieur Fidèle Kengni que tu as bien connu.

Pendant l’exécution du chant, le dialogue évolue sur une base convenue en ce qui concerne tant les interpellations de la soliste que les répons de l’assistance. La soliste dispose toutefois d’une marge de manœuvre pour improviser, en tenant compte des circonstances, variables, de la session. Elle est investie d’un réel pouvoir symbolique qui l’autorise à informer, à exhorter, voire à railler ou dénoncer, pouvoir qui la prémunit de toutes représailles ultérieures. Comme dans la chanson traditionnelle beti – mais c’est largement vérifié en Afrique – la musique et le chant servent traditionnellement d’exutoire « pour louer et célébrer, admonester et taquiner, railler et humilier, bercer et éduquer, contester et vider les rancœurs » (Essono 1996 : 52). Dans cet article, Essono montre comment la chanson populaire traditionnelle des régions du centre et du sud du pays s’est transformée jusqu’à développer de nos jours un discours politique.

Ces chants dialogués que j’évoque me fascinent encore davantage depuis que, lors de la tenue d’une assemblée féminine dans notre chère ville de Garoua, j’eus l’occasion d’entendre dans les années 2000 une de ces vaillantes solistes se faire l’écho de la campagne de sensibilisation sur le VIH qui battait alors son plein… Ce fut pour moi une révélation. Ainsi, un média traditionnel pouvait assumer des discours sortant du cadre convenu des traditions et savoirs anciens! Je réalisais de façon tout fait inattendue une découverte qui devait enrichir mes recherches futures. Ce devait être cela, la sérendipité! Ce mot étrange rapprochant dans un même destin l’Orient et l’Occident n’avait pas encore fait son entrée dans la langue française[2]. Au fond, les échanges spontanés et nourris que j’observai ce fameux jour tendent à montrer que le principe de la circulation de discours experts n’est pas nécessairement une démarche intrusive, mais peut répondre à une attente sociétale. Par ailleurs, la souplesse des structures du chant dialogué féminin fait de ce média un atout de premier plan dans le renouvellement des stratégies de communication sociale pour le mieux-être de l’humanité. Tu vois que je me garde bien de parler de « développement! Ce concept, défini de manière unilatérale par l’Occident et selon des valeurs qui lui sont propres, est l’objet de remises en question sérieuses par des intellectuel-le-s comme Felwine Sarr. Je n’ai pas encore eu entre les mains son Afrotopia paru aux Editions Philippe Rey, mais chacun peut avoir accès à divers comptes-rendus et interviews parus sur internet[3].

Quelques années après l’événement de Garoua, je fus appelée à piloter une enquête de terrain visant l’élaboration d’une stratégie d’éducation sanitaire dans les zones de prévalence de l’onchocercose au centre et à l’ouest du pays. Ce terrain me donna l’occasion d’identifier plus concrètement les avantages comparatifs du chant dialogué féminin, avantages que partagent d’ailleurs l’ensemble des médias que nous pouvons appeler « traditionnels ». Quels sont-ils? J’en ai identifié quatre. D’abord, ces chants présentent l’avantage de s’intégrer parfaitement à l’environnement culturel des populations ciblées : cela constitue en soi un premier gage de recevabilité du message. En second lieu, ces chants permettent une communication interactive dans la langue locale, comprise par la plupart dans les milieux ruraux, linguistiquement homogènes. C’est ainsi que l’implication pleine et entière de la communauté maximise les chances de réussite de l’entreprise. Je ferais valoir, en troisième lieu que les aspects prosodiques et rythmiques, partie intégrante du chant, renforcent le processus de mémorisation pour l’individu, ainsi que la pérennité du message sur une période de temps illimitée. Allons! Pas de fausse pudeur! Pourquoi n’évoquerais-je pas, comme quatrième avantage, et non des moindres, la modicité incontestable du coût d’un tel dispositif? Certains esprits provocateurs crieraient à la candeur et me demanderaient si la minimisation du coût constitue bien un avantage, et si je pense sérieusement cela que constitue une priorité. Mais je ne relèverais point!

J’ai souvent été frappée par le dynamisme de l’exécutante principale dans la mise en œuvre de ces chants, par son habilité à interpeller l’assistance, à impliquer les unes et les autres, la règle voulant que ses bons mots suscitent non pas les applaudissements de l’assistance, comme cela serait de mise dans d’autres contextes, lors d’un concert par exemple, mais attirent littéralement sur elle de craquants billets de banque. Les compensations financières, actants à part entière de cette scénographie, témoignent de l’adhésion de l’assistance ou des personnes explicitement mises en lumière par le discours laudateur (voire flagorneur… ma foi, à la guerre comme à la guerre!) de la soliste. Elle détient à ce moment là le pouvoir d’exalter les profils les plus marquants au sein du groupe et d’apporter ainsi publiquement une sanction positive à leur aura sociale. Il y a, dans ces échanges, toute une forêt de symboles à décrypter, tout une dynamique qui met en branle un jeu subtil de négociation des faces dans un réseau social donné. Dans ces rites d’interaction, chaque sujet a donc intérêt à ne pas « perdre la face »; les dons ritualisés d’argent peuvent être considérés comme autant de stratégies à sa disposition pour lui permettre de la préserver.

Cependant, les aspects rituels et symboliques ne doivent pas occulter toute la dimension économique de cette pratique sociale. Tu conviendras avec moi que nous sommes là en présence d’un dispositif de levée de fonds. Traditionnellement, dans notre région, les membres des associations féminines redistribuent de façon équitable entre les participantes les gains collectés lors d’une session, mais j’ai constaté qu’il s’opère aujourd’hui certaines modifications du schéma classique : ces modifications concernent, comme je l’ai mentionné tout à l’heure, les thématiques développées, les circonstances de l’échange et le profil des solistes, mais elles touchent également la gestion des fonds collectés. Nous pouvons observer que certains groupes organisés ne les redistribuent plus séance tenante, mais les conservent dans un fonds spécial sur la base d’une entente préalable, en vue du financement ultérieur de quelque noble cause… Mais cela ne va pas toujours de soi, comme tu peux t’en douter[4].

À propos d’oralité, j’ai retrouvé dans tes manuscrits la traduction d’un conte très populaire de nos contrées, « Le Sac magique », qui comporte un passage chanté revenant à la manière d’un refrain. Visiblement, un exercice vous avait été prescrit dans le cadre du cours de « Civilisations et cultures africaines ». De quoi était-il question dans cet exercice? De typologie du conte? De sa dimension anthropologique? De ce que les sémioticien-ne-s nomment savamment le « schéma actanciel » et qui décrit simplement l’organisation de l’action principale et des intervenants humains et non-humains? Je n’ai pas pu retrouver la consigne. Qu’à cela ne tienne, j’ai lu avec un réel plaisir une version française de ce conte que nous contait notre grand-mère Magni Tsob. Je me souvenais parfaitement des paroles ainsi que de la mélodie du refrain. Seule ton excellente connaissance des deux langues — le yémba, langue dans laquelle tu reçus le conte, et la langue cible, le français en l’occurrence — pouvait te permettre de restituer la truculence des expressions idiomatiques avec un tel panache. Ce conte, reproduit dans les annexes de la présente missive, ta petite-fille Cléty-Marie l’a saisi avec application, avec une de ces joies ferventes et sans débordement dont elle seule a le secret.

Pour moi, le conte fait partie, avec le chant populaire, des médias traditionnels, distincts des médias modernes (presse écrite, radio, télévision) ou numériques (internet). Les médias traditionnels jouent un rôle central dans nos sociétés africaines. Nous connaissons leur valeur ludique, pacificatrice, socialisatrice, ainsi que leur rôle dans l’édification morale et la diffusion des savoirs et valeurs. Il s’agit d’une des traditions encore vivantes de transmission socialisée des  savoirs populaires existant dans les communautés visées. C’est pourquoi ces médias demeurent dans leur rôle lorsqu’ils interviennent aujourd’hui dans la diffusion de connaissances nouvelles. On pourrait penser qu’il s’agit là d’un changement radical de paradigme. En fait nous observons simplement l’adaptation d’un paradigme ancien à un environnement culturel nouveau. J’ai eu connaissance notamment de la création de « contes scientifiques » par une équipe pluridisciplinaire. De l’aveu des initiateurs[5], ces contes[6], issus d’une rencontre entre littérature, psychanalyse, sciences et didactique, sont conçus dans la plus pure tradition des contes de fées, leur objectif premier étant de « permettre aux non-scientifiques de comprendre simplement certains phénomènes ». Les initiatives de ce genre se développent afin de sensibiliser l’individu, dès son plus jeune âge, à la réalité de son environnement, d’encourager cette curiosité, ce questionnement propres à l’esprit humain. De cette manière, un épais traité difficilement digeste devient matière à causerie interactive ou un compte-rendu parfaitement limpide dans un quotidien. Une austère plaquette technique devient jeu, devient conte, bande dessinée, chant! Le chant et le conte peuvent ainsi être valablement mis à contribution en vue de diffuser les savoirs – tous les savoirs – et faciliter l’accès aux sciences. Le Petit Robert ne définit-il pas la vulgarisation comme « le fait d’adapter un certain nombre de connaissances techniques, scientifiques, de manière à les rendre accessibles à des lecteurs non spécialistes »? Pour la forme, elle peut valablement s’inspirer des schémas narratifs mis en œuvre dans les contes.

Concernant le chant, j’ai souvent été frappée par la variété des tonalités — apologies dithyrambiques ou au contraire sévère satire sociale —, par la tonicité des messages diffusés et le large éventail des occasions de rencontre : nouvelle naissance, décès, promotion professionnelle, mariage. Lors des rituels matrimoniaux, les chants nuptiaux déroulent, à l’attention non exclusive de la fiancée, tout un traité de savoir-être et de savoir-faire. À dire vrai, sous nos latitudes, les conseils et recommandations prodiguées par les Anciennes évoquent toutes les mêmes sujets : la préparation des repas, les soins à apporter aux enfants, les interactions avec l’époux, les éventuelles coépouses, la belle-famille et tout particulièrement Belle-maman. Certains de ces chants expriment à leur façon l’importance capitale d’une relation digne et harmonieuse avec cette nouvelle mère, celle qui a porté dans son sein, protégé, soigné, veillé cet homme – mais aussi cette femme – que l’on dit aimer. Aussi étrange que cela pourrait paraître, c’est auprès d’une « fille du Nord » que j’ai pu contempler toute la profondeur de ce lien. Let me tell you a story instead!

1967. Noces emblématiques. Le futur Colonel Charles Kamdoum et Guylaine Macaigne, sa jeune épouse. À leur gauche, ma cadette Marie-Pascale et moi, déjà témoins d’un vécu potentiellement interculturel…

 

« Charles épouse une Blanche? Quelle idée! Non – quelle tragédie! Elle ne nous comprendra pas! Elle nous regardera de haut! Pire encore, elle ne parlera pas notre langue! » Tu le sais mieux que moi, une telle union, il y a près de cinquante ans, ne pouvait aller de soi. Et cela reste vrai aujourd’hui. Une telle épouse représentait, objectivement tout au moins, et bien involontairement en tous les cas, le clan suspect de ceux qui nous avaient politiquement, culturellement assujettis. Mais c’était ignorer les miracles – j’ai bien dit les miracles – que l’amour est capable d’accomplir. J’ai eu le privilège d’observer la tendresse avec laquelle cette « fille du nord » (en France, les gens du nord ont une tenace réputation de froideur) préparait le bain de Maa, la mère de son époux, lorsque cette dernière arriva à un âge avancé. Elle brisait ainsi, doublement, des stéréotypes bien enracinés. J’ai admiré l’aplomb avec lequel elle tint tête à quelques ténors de la famille lorsque sonna l’heure des adieux. Elle soutint son point de vue avec émotion mais fermeté. Pourquoi fallait-il affubler Maa d’une robe de mariée, alors que, mariée coutumièrement des dizaines d’années auparavant, elle n’en avait jamais porté de sa vie? Quel sens cela pouvait-il avoir? N’était-il pas préférable de choisir, pour son dernier voyage, l’un de ses kabas* préférés? Personne aujourd’hui n’oserait soutenir qu’une fille « du pays » aurait montré autant d’affectueuse vigilance. J’ai admiré avec quelle délicatesse Maa elle-même évoquait la mère d’Olivier, son petit-fils : jamais elle ne l’appelait par son prénom, Guylaine, mais plutôt Mia Mo, « la mère de l’enfant », avec une profonde tendresse mêlée de gratitude… Émue, je les ai entendues plus d’une fois communiquer, l’une en yémba, l’autre en français. Langage de sourds, prétendrait-on? Que non! Langage d’amour. Devenue grand-mère à son tour, plusieurs années plus tard, Mia Mo m’avait demandé de lui procurer des enregistrements de berceuse en yémba pour la petite Audrey. Je confesse qu’à l’époque, j’avais négligé de le faire, n’ayant pas soupçonné la profondeur de son attachement à cette terre d’Afrique pour laquelle elle avait choisi de tout quitter.

Mais revenons à la vulgarisation technoscientifique. Elle ne va pas sans susciter des questionnements de fond et exige d’être sérieusement encadrée. La question des conditions de l’implémentation d’une communication vers le grand public mérite réflexion. Quelle science vulgarise-t-on? Dans quelle(s) langue? Par quels canaux? Dans quels formats? Sur la base de quels pré-requis? Comment affronter la colonialité dans ce domaine, résister à l’invisibilisation dans un système où le savoir occidental est érigé au rang de savoir universel et exclusif? Par ailleurs, des questions se posent, pas tant quant au principe de la circulation des savoirs, mais quant à sa mise en œuvre. Techniquement, il s’agit là, à n’en point douter, d’un processus des plus complexes supposant, entre autres, un travail collaboratif et pluridisciplinaire Dès lors, comment penser l’articulation entre la société civile d’une part et le gisement d’expertise disponible au sein des universités d’autre part? Au fond, il faudrait faire de toute science une science fondamentalement « humaine » qui reconnaitrait à l’humain une place centrale afin qu’il puisse profiter du meilleur qu’offrent la science et la technologie, tout en minimisant les aspects dysphoriques qu’elles ne manquent pas de présenter.

Permets-moi alors de clore ma missive par l’extrait d’un document anonyme trouvé dans tes effets, et qui date visiblement du premier versant des années 1960.

L’homo technicus de demain sera-t-il condamné à devenir inhumain? On sait l’ampleur de cette question dans les pays occidentaux. Elle revêt une acuité particulière dans les pays en voie de développement où les phénomènes s’accélèrent pour accentuer la rupture entre la tradition et l’avenir immédiat.
Que sera l’homme africain de demain ?

[ ….]

L’Afrique avait réalisé un équilibre de vie avant de connaître les Blancs.
Peut-elle réussir rapidement un nouvel équilibre?
C’est là le vœu, en tout cas, de plus d’un intellectuel noir.


  1. C’était le 7th International Interdisciplinary Congress on Women, 20-26 juin 1999, Center for Women’s Studies and Women in Research, Université de Trömsø (Norvège).
  2. À la suite du Robert et du Larousse, plusieurs années auparavant, l’Académie française le signale par une notice du 10 juin 2014 comme « une forme de disponibilité intellectuelle qui permet de tirer de riches enseignements d’une trouvaille inopinée ou d’une erreur ».
  3. Nous pouvons tout de même avoir accès à l’article d’Aboubacar Demba Cissokho sur son blog https://legrenierdekibili.wordpress.com/2016/04/10/afrotopia-de-felwine-sarr-manifeste-pour-une-souverainete-intellectuelle-de-lafrique et à celui de Gladys Marivat via le lien suivant : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/03/29/l-utopie-africaine-selon-felwine-sarr_4891657_3212.html#KmT4R6QtdgyBTBIq.99
  4. Maman Bernadette, femme leader s’il en est, m’a raconté la cocasse odyssée à travers champs entreprise par deux membres d’une association féminine qui tenaient à soustraire à la convoitise de leurs congénères la somme rondelette collectée lors d’une de ces sessions de chant. Ces dernières pestèrent fort, mécontentes de n’avoir pu, avec cette somme, s’offrir quelques rafraichissements supplémentaires à l’issue de l’événement. Après quelques mois, elles virent arriver, angoissées, une échéance importante. Toutes étaient désargentées… C’est alors qu’elles apprirent avec grand soulagement des deux complices – ô miracle – que l’épargne sécurisée ce fameux jour allait suffire à y faire face!
  5. Je ne l’ai appris que tardivement, Mélodie Faury, qui a publié sous forme de billets de blog quelques feuillets de la présente missive, en faisait partie! C’est à l’occasion de cette expérience pour moi inédite que j’ai découvert l’ineffable douceur des retours et commentaires. Ceux de Nelly, Teguia, Tio Babena Bilal, Zra, Ron Pierre et quelques autres... Voir le site https://reflexivites.hypotheses.org/8588
  6. Je les ai consultés sur le site http://www.atomes-crochus.org/mot4.html

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