23 Sandra X.
Vincent Bergeron
Originaire de Barranquilla, une ville située au nord de la Colombie, Sandra X. est un exemple de persévérance.
Passé colombien
Sandra étudiait à l’Université du Nord (Universidad del Norte) la médecine générale pour devenir médecin. Elle eut la chance de travailler avec les communautés autochtones colombiennes lors de ses études. Après son mariage, elle déménagea dans la capitale de la Colombie, Bogotá. Sandra avait toujours rêvé de poursuivre ses études à l’international. De plus, son mari et elle cherchaient la sécurité. Non pas que la Colombie soit un pays dangereux, mais Sandra éprouvait quelques craintes face aux agressions dans les rues, plus précisément les vols qui sévissaient à l’époque. Cela l’inquiétait pour la sécurité de ses enfants futurs. Le couple choisit donc le Canada comme pays d’accueil pour vivre une expérience nouvelle, car les deux ne parlaient pas la langue et n’avaient jamais connu d’écarts de température importants.
Choix de destination
Ils avaient entendu parler du Québec lors de conférences grand public ainsi que dans les journaux locaux qui vantaient les opportunités offertes au Québec, l’ouverture des gens, etc. Ils s’inscrivirent donc dans un programme de travailleur-e-s qualifié-e-s, ce qui est différent du statut de réfugié. Il est plus facile d’obtenir ce statut lorsqu’on possède des études professionnelles et qu’on parle la langue du pays choisi. Ils parlaient un peu l’anglais en Colombie, mais souhaitaient une immersion totale. C’est d’ailleurs pour cette raison que leur choix s’est arrêté sur la ville de Québec et non sur Montréal. Dans la métropole, ils n’auraient pas pu vivre une immersion totale en français. Ils trouvaient tout de même un peu risqué de venir s’installer ici sans connaître personne, sans parler de la température glaciale qui les attendait. Ils voyaient le Canada comme certain-e-s s’imaginent le pôle Nord. Heureusement, comme ils s’attendaient au pire, la transition fut beaucoup moins pénible.
Arrivée au Canada
Arrivé-e le 3 avril 2011, Sandra et son mari logèrent dans un hôtel en attendant de se trouver un appartement. Certaines personnes hésitaient à louer un appartement à des immigrant-e-s et demandaient un versement en argent comptant correspondant aux trois premiers mois de loyer. Sandra ressentait toutefois que les Québécois-es étaient des gens ouverts à recevoir des immigrant-e-s. Une fois installé-e dans un petit 31/2 situé dans Limoilou, c’est là que le choc se fit ressentir. En Colombie, ils avaient une situation confortable, sans être riches. Dès son arrivée, Sandra se mit à fréquenter le centre multiculturel de Limoilou et débuta le programme de francisation. Sandra était la seule Colombienne de son groupe, avec 25 Népalais-es. Ces derniers et dernières l’ont très bien accueillie et Sandra se réjouit d’avoir pu connaître cette culture différente de la sienne.
Vie professionnelle
Malheureusement, les études de médecine de Sandra n’ont pas été reconnues. Pour obtenir une équivalence, Sandra dut passer trois examens, un test de français et trouver des lettres de recommandation pour obtenir une place en résidence. Ce fut difficile d’y parvenir et Sandra passa plusieurs mois à la bibliothèque de l’Université Laval pour étudier et bien maîtriser la matière. Sandra réussit haut la main et effectue actuellement sa résidence en médecine au CHUL.
Valeurs québécoises
Une des valeurs québécoises qui les marqua est le fait que les gens savent équilibrer leur vie personnelle, le contact avec la nature, le sport, les sorties, et leur vie professionnelle. Sandra trouve que les Québécois-es démontrent beaucoup de sensibilité les un-e-s envers les autres. Elle aime beaucoup le fait que les gens ne sont pas freinés par la température pour faire des activités, beau temps mauvais temps.
Sandra est positive face aux perceptions des Québécois-es envers l’Amérique latine. La plupart associent l’Amérique latine aux vacances, à la bière, à la salsa, à Shakira. Peu importe les perceptions, avec du recul, Sandra et son mari se rendent compte que les gens ne veulent pas être blessants. Par ailleurs, après six ans de vie au Canada, le couple considère avoir été très bien accueillis et ils n’ont jamais réellement été victimes de perception négative à leurs égards. Sandra conseille aux futur-e-s immigrant-e-s de venir s’installer ici jeunes, d’être au courant des sacrifices et des coûts monétaires ou personnels, et d’être conscient-e-s de ses valeurs et de ses buts lors d’une telle démarche. Par exemple, se poser des questions comme : que cherchez–vous? La sécurité? Un avenir meilleur pour vos enfants? De l’argent?
Les objectifs de Sandra lui ont permis de vivre cette transition plus facilement et de voir ses sacrifices d’un œil plus optimiste. Sandra ajoute que
chaque être humain est immigrant au départ, mais a tendance à l’oublier. Nous sommes tous voyageurs du monde et c’est important de voir cela comme une richesse, un ajout de connaissances.
La différence enrichit les perceptions, donne la chance d’écouter des histoires de différentes personnes et de combattre la peur de l’inconnu. Le meilleur médicament contre le racisme est le voyage.
Sandra a vécu un événement positif et marquant au Canada. Il s’agit de la naissance de son premier enfant. Même si sa famille n’a pas pu être présente avec elle ici, elle a néanmoins ressenti une énorme dose d’amour, de soutien et de réconfort de la part du personnel de l’hôpital. Québec est une ville ouverte à l’immigration et où il fait bon vivre, selon elle.