41 Jorge X.

Elisabeth Girard

Jorge X. est un jeune homme de 24 ans, arrivé au Québec depuis maintenant cinq ans. Étudiant à l’Université Laval en Études internationales et langues modernes, il étudie le chinois et l’allemand. Jorge est une personne pleine d’ambition qui souhaite travailler dans une ONG. Rempli de vécu, il est fier d’habiter à Québec et souhaite plus d’ouverture de la part des Québécois-es face aux changements socioculturels qui s’opèrent dans la société.

Son enfance

Il naquit le 14 février 1993 à Puebla, une ville du centre du Mexique. Il vécut avec ses parents et sa sœur dans cette grande ville de l’État de Puebla. Dès sa tendre enfance, ses parents lui apprirent comment faire de l’argent. Il a donc toujours eut l’habitude de travailler pour récolter un salaire. À l’âge de dix ans, il ouvrit un dépanneur dans son village pour vendre des croustilles à ses voisin-e-s. Puis, à l’âge de 15 ans, il travailla comme emballeur dans un supermarché de la ville. C’est pourtant à 17 ans que Jorge commença son entrepreneuriat en ouvrant son propre magasin de produits télécommandés à Léon, une ville située à 7 heures de sa ville natale. Il abandonna la Preparatoria (études préparatoires à l’université) pendant quelques mois pour faire rouler son entreprise. Ses parents étaient d’accord avec cette décision, mais ses professeur-e-s croyaient que c’était une mauvaise idée puisqu’il n’y avait rien, selon eux et elles, qu’un élève ne pouvait apprendre qui ne s’enseignait pas à l’école. Enfin, un an plus tard, à l’âge de 18 ans, Jorge revint à Puebla pour terminer la Preparatoria. Son goût de l’entrepreneuriat lui vient de ses parents puisque ceux-ci avaient un magasin de location de films. Puis, lorsque les géants du numérique ont modifié les normes en créant des réseaux de films en ligne, tels que Netflix, son père a trouvé une nouvelle passion et devint professeur d’anglais, alors que sa mère devint femme au foyer et, par la suite, secrétaire.

Son immigration

Le grand-père paternel de Jorge est Québécois. Il migra au Mexique lors de la Deuxième Guerre mondiale. Étant appelé à aller à l’armée lors de la circonscription, il utilisa l’excuse de sa maladie des yeux pour ne pas y aller. Un médecin lui conseilla alors d’aller vivre dans une ville où l’air est plus sec pour améliorer l’état de ses yeux. Comme il allait souvent au Mexique en vacances et qu’il vivait une relation amoureuse à distance avec une femme mexicaine qu’il avait rencontrée là-bas, son grand-père décida d’aller la rejoindre et d’y faire sa vie.

En retour, Jorge décida d’immigrer ici, car il a de la famille au Québec. Il avait un profond désir d’étudier à l’étranger et, par le fait même, de découvrir le Canada. Au départ, il désirait vivre dans le Canada anglais puisqu’il parlait déjà la langue anglaise. Il changea d’idée lorsque des membres de sa famille lui conseillèrent de s’installer au Québec pour apprendre le français et connaître les autres membres qu’il ne connaissait pas encore. Ainsi, en 2012, à l’âge de 19 ans, Jorge reçut son passeport, acheta ses billets d’avion et s’installa à Trois-Rivières quelques jours plus tard. Étant parti sur un coup de tête, Jorge ne s’était pas préparé à son arrivée au Québec. Il ne savait pas que le français était la seule langue parlée dans les écoles québécoises, qu’il devait aller au cégep avant de pouvoir entrer à l’université et qu’il existait une association pour les hispanophones pouvant l’aider dans son immigration. Jorge dut donc prendre quelques mois pour trouver son chemin et décider de ce qu’il allait faire dans ce nouveau pays. Puis, il fit un an de francisation et une année au cégep de Trois-Rivières en sciences humaines profil langues. Sa sœur vint le rejoindre en 2013.

Les différences culturelles

À son arrivée au Québec, Jorge adora les changements de saison. Il trouvait magnifique le fait que la ville change physiquement quatre fois par année : «C’est comme changer le quotidien chaque saison, c’est très beau à voir.» En effet, il trouvait que c’est comme un changement à l’intérieur de soi, autant psychologiquement que physiologiquement. Il n’eut pas de choc immédiat face au climat du Québec : il n’eut pas froid lors de ses premiers hivers passés à Trois-Rivières, mais il eut de plus en plus froid chaque hiver suivant!

Les traditions québécoises ressemblent beaucoup aux traditions de la famille de Jorge. Il vécut son enfance dans une communauté allemande à Puebla en raison de son grand-père maternel d’origine allemande. Par conséquent, il connaissait déjà le marché de Noël et la tradition du calendrier de l’avent. Ses ami-e-s mexicain-e-s trouvaient toujours étranges et inhabituelles ces traditions puisqu’elles ne sont pas pratiquées au Mexique. Pour ce qui est de l’école, Jorge constata plusieurs différences entre le Québec et le Mexique. Au Mexique, les élèves sont très respectueux et respectueuses envers leurs professeur-e-s, tandis que, au Québec, Jorge trouve que les élèves traitent les professeur-e-s sur le même pied d’égalité, sans leur démontrer un respect dû à la hiérarchie. Malgré cela, jamais il n’entendit un-e professeur-e québécois-e crier à ses étudiant-e-s, contrairement au Mexique. Jorge croit qu’une autre grande différence entre les deux pays est que les élèves québécois-es sont surmédicamenté-e-s, c’est-à-dire qu’ils et elles reçoivent des médicaments dès qu’ils sont agité-e-s ou qu’ils manquent d’attention. Au Mexique, les élèves sont très agité-e-s et n’écoutent pas nécessairement les professeur-e-s, ces derniers doivent donc crier, cogner sur une table et donner des punitions pour obtenir l’attention des étudiant-e-s. De plus, il voit une légère différence dans le comportement des professeur-e-s envers les élèves. Au Québec, le ou la professeur-e s’assoit à son bureau et attend l’heure pour commencer son cours, tandis qu’au Mexique, il ou elle interagit avec ses élèves jusqu’à temps que son cours commence. Il considère que les professeur-e-s mexicain-e-s sont particulièrement joviaux, joviales et bavard-e-s, et que les professeur-e-s québécois-es sont plutôt très enclin-e-s à aider les étudiant-e-s et sont ouvert-e-s et accessibles. Malgré tout, pour lui, il croit que le Québec et le Mexique se ressemblent beaucoup. En effet, sa famille québécoise s’apparente à sa famille mexicaine puisque les deux sont très tranquilles. De plus, comme il a été élevé selon les traditions allemandes et québécoises plutôt que mexicaines, il partageait déjà l’essence de la culture québécoise. Quand il parle avec d’autres familles mexicaines, Jorge se rend compte qu’il y a un grand choc de culture pour elles. Par exemple, lorsqu’un-e Québécois-e invite quelqu’un au restaurant, les Mexicain-e-s ne comprennent pas pourquoi la personne qui invite ne paye pas l’addition. Au Mexique, la personne qui invite paye pour l’invité-e. Selon Jorge, les Mexicain-e-s qui arrivent ici trouvent que les partys sont plus tranquilles, il y a moins de danse et d’alcool.

Jorge adore le respect et l’importance que les Québécois-es donnent au bien-être des autres.

Ici, quand tu as un emploi, c’est plus facile de demander une permission pour aller chez le médecin, chercher ses enfants. Les employeur-e-s ont une meilleure compréhension, le côté humain est plus développé.

Toutefois, il déplore le fait que les Québécois-es soient moins intéressé-e-s par les informations étrangères et qu’ils soient fermé-e-s sur le monde.

Le futur n’est pas le nationalisme et le protectionnisme. Plus le temps avance, plus que tout ce qui se passe ailleurs va avoir une influence sur nous et l’humanité.

Son intégration

Aujourd’hui, Jorge habite avec sa copine dans une appartement près de l’Université Laval. Il étudie en relations internationales et langues modernes et obtiendra son diplôme prochainement. Il travaille dans un restaurant mexicain. Quant à sa vie au Mexique, elle est terminée. Il n’y est pas retourné depuis son arrivée et il ne compte pas y aller de sitôt. Maintenant que ses parents et sa sœur habitent à Québec, il est comblé. Jorge eut une intégration facile. Il se fit beaucoup d’ami-e-s québécois-es parce qu’il a su s’adapter facilement. De plus, il devint aussi ami avec beaucoup d’hispanophones en devenant vice-président de l’Association des étudiants et étudiantes latino-américain-e-s de l’Université Laval (LARAZA).

Ses recommandations

Jorge espère que les Québécois-es vont s’ouvrir sur le monde.

Vous désirez que le Canada reste identique à aujourd’hui… Dans la mesure où le Québec est en constante évolution, il est illogique que le Québec se fige… Il va y avoir constamment des changements dans la société

Quant aux recommandations aux immigrant-e-s désirant venir s’installer à Québec, Jorge leur conseille d’apprendre le français le plus rapidement possible et d’être indépendant-e face à sa famille puisque c’est dur d’être éloigné-e d’elle. Finalement, il leur conseille de s’habituer à se faire direnon.

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