31 Samara X.

Frédérique Simoneau

Samara X., 41 ans, Colombienne d’origine, vit dans la ville de Québec depuis maintenant sept ans avec son conjoint et ses trois enfants, après avoir passé deux années à Victoriaville à son arrivée au Québec. Aujourd’hui, elle travaille comme représentante du service à la clientèle dans une institution bancaire.

La grande décision

La violence quotidienne sillonnant les rues, l’intolérance dans les transports en commun et la peur omniprésente de se faire voler : voilà le contexte difficile de la vie à Barranquilla, en Colombie, que Samara a souhaité quitter, il y a de cela neuf ans. Pour elle, il n’était pas question d’élever sa fille, alors âgée de cinq ans, dans cette réalité. En quête de sécurité, elle prit donc la grande décision de partir vers un endroit qui procurerait une meilleure qualité de vie et un avenir meilleur à ses enfants. Cet endroit de choix fut donc le Canada. En effet, le Canada s’avérait être la solution idéale puisqu’une entente pour les travailleur-e-s qualifié-e-s existait entre ce dernier et son pays d’origine. Étant qualifiée en administration des affaires, Samara pouvait donc profiter de cette entente. Le Canada étant un pays très vaste, elle devait maintenant faire le choix de la région où elle irait habiter. Son choix s’est donc arrêté sur la province de Québec qui, à ce moment-là, avait un grand besoin de main-d’œuvre. Elle était donc persuadée de pouvoir obtenir son visa ainsi qu’un emploi. La seule limite qui s’imposait à elle était celle de la langue française. Elle suivit donc des cours de français avec l’Alliance française de la Colombie juste avant son grand départ.

L’arrivée au Québec : un passage à Victoriaville

Elle arriva donc seule avec sa fille en avril 2008 dans la petite ville québécoise de Victoriaville. Une communauté importante de Colombien-ne-s habitait cette ville. À son arrivée, elle fut chaleureusement accueillie par un membre du comité d’accueil international. Cette personne l’aida à trouver un appartement, une école pour sa fille, une épicerie, etc., bref toutes les choses qui leur seraient essentielles pour vivre confortablement. Le soutien du comité d’accueil international fut un élément positif marquant à leur arrivée. Sans lui, l’intégration n’aurait pas été aussi facile.

De plus, par chance, elle arriva au Québec au printemps alors qu’il n’y avait plus de neige. Cela fit une bien meilleure première impression à leur arrivée, elle qui n’est toujours pas une amoureuse des hivers arides québécois. Pendant les deux années qu’elle habita dans la ville du Centre-du-Québec, Samara vécut de l’aide sociale, le temps de bien apprendre le français et de bien s’adapter. C’est à Victoriaville qu’elle fit la rencontre de son conjoint actuel, un colombien ayant immigré quelques mois après elle dans la ville de Québec. Ce dernier était en visite à Victoriaville chez un ami colombien qu’ils avaient tous les deux en commun. Ce fut le coup de foudre! Samara prit donc la décision de déménager chez lui à Québec. D’ailleurs, la ville de Québec avait un grand avantage que la ville de Victoriaville ne possédait pas : celui d’avoir une université reconnue où Samara pourrait poursuivre ses études en science de la consommation. C’est donc pour toutes ces raisons qu’elle décida d’emménager dans la ville de Québec, ville qu’elle adopta pour la vie!

Et aujourd’hui, dans la ville de Québec…

Arrivée à Québec, Samara réalisa son désir de poursuivre ses études en effectuant un certificat en science de la consommation pour compléter sa formation en administration des affaires qu’elle avait acquise en Colombie. Pendant ce temps, elle en profita pour agrandir sa famille; sa deuxième fille vit le jour. Après son congé de maternité, Samara commença à travailler à la Boutique Fairmont du Château Frontenac en tant que conseillère à la vente. Là-bas, elle put mettre à profit sa capacité de parler en espagnol avec les nombreux touristes hispaniques. Après trois ans, elle eut son dernier enfant, un garçon. Après son congé parental, elle fut de retour quelques mois au Château Frontenac avant de se trouver un emploi lié directement à son domaine d’étude. Elle travaille donc désormais en tant que représentante du service à la clientèle dans une institution bancaire.

Samara et sa famille vivent maintenant à Beauport dans une maison chaleureuse. La Colombienne d’origine adore sa vie à Québec. Elle trouve que c’est une ville de taille idéale qui est très propre et dans laquelle elle retrouve tout ce dont elle a besoin (services, produits, activités). Elle compte certainement y rester. Elle désire progresser comme professionnelle et elle sent qu’elle peut accomplir ce désir ici, à Québec.

L’intégration

Samara n’a jamais senti de choc culturel et n’a jamais eu de regrets d’avoir quitté la Colombie. D’ailleurs, elle n’a jamais été victime de racisme ou de discrimination. Toute sa famille s’est très bien intégrée avec les Québécois. Surtout sa première fille qui parle comme une vraie Québécoise, dont tous et toutes ses ami-e-s sont Québécois-es et qui se dit être davantage Québécoise que Colombienne puisque, selon ses calculs, étant arrivée à cinq ans au Québec et ayant maintenant 15 ans, elle a logiquement passé la majeure partie de sa vie au Québec. Samara apprécie fortement l’ouverture sur le monde que présentent les Québécois-es. C’est, entre autres, grâce à cette valeur nationale québécoise que leur intégration s’est faite aussi facilement.

L’accueil des immigrant-e-s se fait à bras ouverts ici.

Elle aime également l’équité sociale qui règne au Québec. Selon elle, en Colombie, les pauvres sont très pauvres et, au contraire, les riches sont très riches, tandis qu’ici, au Québec, il y a une classe moyenne. Le seul petit défaut qu’elle a trouvé aux Québécois-es, c’est leur côté individualiste.

Ils accepteront de t’aider sans problème, mais ils ont leur bulle à laquelle ils tiennent beaucoup.

Finalement, son plus gros défi d’adaptation fut l’apprentissage de la langue française. Arrivée au Québec, elle s’est vite rendu compte que les cours de français qu’elle avait suivis avant son départ n’étaient pas suffisants. Elle a donc dû poursuivre des cours de français au Cégep de Victoriaville pendant huit mois, puis suivre une formation en français écrit à l’école des adultes de Victoriaville.

Encore aujourd’hui, elle perçoit la langue comme étant son principal défi dans le cadre de son nouvel emploi en tant que représentante du service à la clientèle dans une institution bancaire. Elle craint qu’ils ne soient pas assez indulgents pour bien prendre le temps de la comprendre avec son fort accent espagnol.

Face à ses origines

Même si elle a renoncé pour de bon à la vie en Colombie, il est important pour elle de préserver des éléments de sa culture d’origine. Ainsi, à la maison, tout le monde parle espagnol. En effet, il est particulièrement important pour elle que ses enfants l’apprennent. D’ailleurs, elle a cité, en riant, « qu’elle se sentait beaucoup plus confortable de chicaner dans sa langue ».

D’autre part, il est important de rester en contact avec sa famille qui se trouve toujours à Barranquilla, où elle retourne avec son conjoint et ses enfants presque chaque année. Sa mère est également venue à quelques reprises les visiter à Québec. De plus, grâce à Internet, il est maintenant beaucoup plus facile de rester en contact. Elle utilise souvent Skype, une application d’appel vidéo, qui lui offre une proximité avec sa famille malgré la distance. Finalement, la mer et la chaleur qu’offre la Colombie tout au long de l’année lui manqueront certainement toujours, mais elle se sentira toujours mieux à Québec, sa ville adoptive.

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